jeudi 17 août 2006 - par Alban MARTIN

Se tourner vers les futurs lecteurs pour financer un livre

Avec les nouveaux outils de communication numérique, de plus en plus d’artistes se tournent vers leur public pour financer directement leurs albums : cela ressemble à du mécénat culturel, ou plutôt à de la production gratuite. On pense à Maria Schneider, ou plus près de nous à Myassa. Et pour le livre, certains auteurs ont également recours à cette désintermédiation (financement directement par les futurs lecteurs), permettant de co-créer de la valeur : L’exemple de Roland C. Wagner

Roland C. Wagner, auteur de plusieurs ouvrages de Science fiction, cherche à écrire une Uchronie sur la guerre d’Algérie (Uchronie, selon wikipedia, consiste à prendre comme point de départ une situation historique existante et d’en modifier l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles.)

Son projet de livre est très abouti, et bien argumenté. Mais n’ayant pas trouvé les subventions nécessaires pour écrire ce livre, il se retourne vers les lecteurs intéressés (à ce jour, il a reçu 510EUR de dons paypal) pour voir cet ouvrage sortir un jour. Comme il l’explique en ces propres termes, il s’agit de co-création d’expériences "divertissantes" personnalisées : vous financez un livre que vous aimeriez lire, et qui en plus sera personnalisé avec sans doute votre nom dedans... :

"Je précise que l’écriture du roman n’est pas conditionnée à votre aide. Je finirai bien par l’écrire. Mais votre participation peut nettement accélérer les choses, en me permettant de dégager du temps de travail pour ce projet.

En gros, je vous propose de vous substituer au Cnl dans la mesure de vos modestes moyens. De subventionner directement le projet d’un roman que vous avez envie de lire, pour permettre à son auteur de l’écrire dans de bonnes conditions. Il n’y a rien à gagner. J’aimerais bien mettre la listes des éventuels donateurs dans le livre quand il paraîtra, mais je ne peux m’engager avant d’en avoir parlé à l’éditeur - c’est à dire une fois le roman terminé et accepté"

Si cette expérience vous intéresse, vous savez ce qu’il vous reste à faire...Merci à Patrice pour l’info.



3 réactions


  • Jesrad 18 août 2006 12:14

    C’est une excellente initiative, même si pour l’instant elle se cantonne à un auteur que je ne connaissais pas du tout. Si je me souviens bien, il existe un « cinéma à la carte » similaire dans son principe.

    Une remarque cependant : pourquoi faire appel à un éditeur, au lieu de directement diffuser le livre au format électronique ? D’ailleurs, si l’auteur est déjà rémunéré, il n’y a plus besoin de verrouiller l’oeuvre avec copyright pour le rémunérer une seconde fois, non ?

    En mettant le texte dans le domaine public une fois qu’il a reçu suffisamment d’argent pour son travail, l’auteur permettrait à n’importe qui de faire une édition papier à moindre coût. Il n’aurait plus besoin d’intermédiaire pour se faire rémunérer, le public pourrait accéder à ses oeuvres à moindre coût, tout le monde gagne.


  • Roland C. Wagner (---.---.242.240) 18 août 2006 23:46

    Un livre électronique, ce n’est pas un livre. Lire sur écran n’est pas confortable, et imprimer soi-même plusieurs centaines de pages revient cher pour un résultat peu esthétique. En outre, mon éditeur principal, L’Atalante pour ne pas le nommer, fait de beaux livres, des livres soignés, des livres agréables à regarder, à prendre en main - et à lire, bien entendu.

    Quant à mettre le texte dans le domaine public, désolé d’être si direct, mais faut pas déconner ! Il se trouve en effet que j’ai des frais, comme tout un chacun. J’ai un estomac, une fille à qui je dois payer des études, et j’ai la faiblesse de détester dormir dans la rue. (En plus, il n’y a pas de prise électrique sous les ponts pour mon macintosh.)

    Si j’ai lancé cette demande d’aide auprès de mes lecteurs, c’est pour financer une partie de l’écriture du livre, parce que mes revenus sont insuffisants pour me permettre de dégager assez de temps d’écriture pour venir à bout de ce projet. Il me semble évident que le montant des dons ne sera pas suffisant pour le financer en totalité, et je serais le premier étonné si le contraire se produisait. Les dons viennent donc uniquement en complément de l’argent que me versera mon éditeur après la signature du contrat d’édition.

    Cela dit, si vous voulez accéder à mes œuvres « à moindre coût », vous pouvez aller dans une bibliothèque ou en télécharger quelques-unes sans bourse délier. Vous en trouverez la liste ici :

    http://tinyurl.com/pv4l2

    Je vous souhaite une bonne lecture gratuite,

    RCW


    • minijack minijack 19 août 2006 04:29

      Excellente mise au point de l’intéressé, Roland C. Wagner ! J’approuve.

      A moins de s’appeller Stephen King je sais par expérience que la vente en ligne de fichiers n’est qu’une utopie illusoire pour les auteurs qui tentent l’expérience. Ca peut servir à se faire connaître mais c’est tout. Et un livre reste d’abord un objet.

      .


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