« Sujet : Chomsky ! », de et par Saïda Churchill, à l’ Akteon Théâtre

Depuis plus de dix-sept ans, Saïda Churchill arpente les scènes de théâtre et même si la compagne de Romain Bouteille n’a pas encore atteint la notoriété acquise par le fondateur du légendaire « Café de la Gare », de toute évidence, la comédienne que la critique affectionne avantageusement n’attend guère d’être plébiscitée par le grand public, trop soucieuse de rester maîtresse de sa carrière et surtout de sa liberté à perpétuer incognito la vie de saltimbanque.
En parcourant son nouveau site Web officiel sur lequel notamment elle commente, en page d’accueil sous forme de blogs, ses pérégrinations d’artiste au quotidien, se révèle une jeune femme à la fois très structurée et pleine de fantaisie assumant la contradiction vaniteuse d’être plus que jamais émoustillée par un excellent papier du Figaro.
Aussi, ce soir d’octobre, en venant assister à son spectacle intitulé Sujet : Chomsky ! repris depuis une quinzaine à l’Akteon Théâtre, classé avec peu de visibilité dans la récente rubrique du Pariscope en « salle de moins de cent places », il est d’emblée déconcertant de constater que nous ne serons que cinq spectateurs pour assister à ce one woman’s show.
A posteriori pourtant, ce fut un véritable privilège car le gruppetto se trouvant hors de son champ de vision, l’interprète seule dans sa bulle de lumière livra un combat de gladiateur avec l’auteure son alter ego devenue l’unique point d’ancrage.
Jamais sans doute le poisson rouge tournant bourrique dans son bocal ne fut-il aussi précieux compagnon de fortune scénique pour l’héroïne car aucun rire n’osa ponctuer le déroulement de cette pièce à conceptualisation pathétique et donc essentiellement comique !
C’est dans ces circonstances exclusives que le véritable talent peut être évalué avec la certitude du charbonnier convaincu d’avoir sous les yeux une pépite qui ne demanderait qu’à éclore dans l’instant, en papillon de haut vol.
Il faut dire qu’entre la préparation de sa thèse sur Chomsky, fustigeant la désinformation médiatique, la manipulation des masses, le terrorisme d’état... et celle de son sketch sur la « mère de Jésus » moquant allègrement la mystification des miracles à répétition de son fils, le téléphone qui relie Lena à sa copine, à son logeur et à son directeur de thèse, ne cesse de distraire l’attention de la re(belle) au détriment de toute diplomatie qu’elle rejette au nom du « penser et parler vrai »... non sans ajouter avec humour et perfidie : « Mais je peux me tromper ! »
C’est donc tout à son honneur mais gageons que le jour venu, les projecteurs vont effectivement lui faire la part belle en l’invitant à se souvenir des paroles de la chanson When you’re smiling de Frank Sinatra avec laquelle elle clôture sa thèse ou son clone virtuel « Sujet, Saïda Churchill » :
« Quand tu souris, quand tu souris, le vaste monde sourit avec toi... »
Photo LD. presse
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