Spielberg est de retour ! Alléluia ? Pas vraiment, son « Tine-tine », comme disent les Américains, fait peine à voir tant il est un pot-pourri, bien plus pourri que pot d’ailleurs, des Admirables Aventures de Tintin du maître de la bande dessinée franco-belge Hergé (1907-1983). Du 1 sur 5 pour moi. Le meilleur de cette grosse tambouille numérique qui fait mal aux yeux ? Certainement, son générique, or il n’est pas signé Spielberg : un comble ! Ce générique ravissant, tout en aplats de couleurs, en contrastes marqués, en ombres chinoises et en gags visuels (cf. Tintin qui vient mettre le point sur le « i » du nom du réalisateur), est une bonne transposition au cinéma (image animée) de l’univers graphique (image fixe) de la série légendaire labellisée Casterman et constituée de 22 albums, ni plus ni moins ; au passage, on se souviendra également du superbe chromatisme pop du générique de l’excellent Spielberg, Arrête-moi si tu peux (2002), conçu par les graphistes français Florence Deygas et Olivier Kuntzel. L’ensemble du film sinon qu’est… Tine-tine, avec sa soi-disant méthode révolutionnaire qu’est la « Performance Capture »*, est selon moi pas loin d’être un ratage complet.
Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorneest laid visuellement : il y a une clarté de l’image qui abîme la rétine du spectateur (cf. les images rutilantes style pub SFR de la Castafiore dans le désert d’une laideur sans nom !). Au fond, dans la machinerie mi-spielbergienne, mi-jacksonienne, où est la bande dessinée là-dedans, ce merveilleux art ? Et même, où est le cinéma tout court ? Croyez-moi bien, je n’ai absolument rien contre Spielberg. Il peut-être un très bon réalisateur basique jouant malicieusement avec les peurs primales (Duel, Les Dents de la mer, Jurassic Park, A.I., Minority Report, La Guerre des mondes) mais, on le sait, c’est un créateur inégal capable du meilleur (Arrête-moi si tu peux) comme du pire ; le Spielberg guimauve d’Always et de Hook, pour ne citer que ces deux titres-là, est selon moi à fuir à toute berzingue ! Avec la dernière cuvée Spielberg, on est plongé, bien malgré nous (quelques spectateurs sont sortis de la salle UGC Danton, Paris, on les comprend), dans un parc d’attractions pour gamins : les 7 ans sont invités, pas les 77 - navrant. On a l’impression de voir les figurines estampillées Tintin, celles qu’on vend au Carrefour du coin, en train de s’agiter dans des décorums toc, ressemblant fort aux emballages lisses des boîtes standardisées de Playmobil. On n’est pas dans une « BD en mouvement », on n’est pas dans un film. Mais on est dans un jeu vidéo qui avance tout seul, en pilotage automatique. En plus, saperlipopette, on n’y joue même pas ! La scène des grues qui combattent, à la fin du film, est aberrante. D’où cela sort-il ? Du grand n’importe quoi ! Tonnerre de Brest, on se croirait dans Transformers ou dans un pop corn movie réalisé par un simple tâcheron, obéissant aux diktats de la surenchère pyrotechnique. Spielberg avance dans le plan comme s’il maniait un joystick-voyeur qu’il pouvait introduire partout, ce qu’il fait. Hergé, ce n’est pas du tout ça, ce maître s’arrête souvent au seuil de l’image, par pudeur, par classe, par intelligence de la main et de l’œil ; aucune ostentation putassière chez le père de Tintin, jamais. Il y a une sorte de « jansénisme » de l’image d’ailleurs chez lui.
Dans ce Spielberg, l’un des pires de sa filmographie selon moi, il y a une rapidité de l’enchaînement des plans qui ressemble plus à un montage épileptique genre Formule 1 en roue libre qu’à une véritable mise en scène de cinéma ou de BD. Au fond, Hergé est un metteur en scène minimaliste. Si l’on y regarde de près, il est graphiquement économe, il varie peu l’échelle des plans, et distribue au compte-gouttes, dans l’aventure de la page, les cases de vaste dimension. Or Spielberg, dans le but certainement de ne pas ennuyer les spectateurs d’aujourd’hui, croit bon de multiplier angles de prises de vue et récits gigognes. Il fusionne, accrochez-vous bien chers lecteurs, et le tout pour le prix d’un (à 10€ la place, mazette, les ménagères de 50 ans seront ravies !), Le Secret de la Licorne+ Le Crabe aux pinces d’or + Le Trésor de Rackham le Rouge et, me semble-t-il, une pincée des Bijoux de la Castafiore. Hergé n’en rajoute pas, lui. Il fonctionne par ellipse saisissante, par retrait : ses figures réalistes, aux silhouettes simplifiées à l’extrême, confinent à l’abstraction : ce sont des logotypes, quasi des pictogrammes. En ce sens il est proche plastiquement d’un Charlot ou d’un Hulot/Tati, dont les personnages sont de véritables signatures visuelles. Or Spielberg voudrait faire d’Hergé un Peter Jackson bis - au secours ! Les planches épurées de Georges Rémi, jouant subtilement avec ce qui échappe à l’image (ellipses, hors cadres, blancs entre les vignettes), forment un tout métonymique qui fait que la saga fonctionne en miroir, en constante mise en abyme. Dans le monde de la BD, on l’admire (y compris ceux qui s’en prennent au fond catholique quelquefois un peu rance) notamment pour ça : son œuvre fonctionne en boucle, c’est un objet rond, un monde en soi qui fait qu’on y revient sans cesse. Il y a un univers Hergé comme il y a un monde Hugo. On ne se lasse pas de relire une planche signée Hergé, de revenir en arrière, de revenir à la case départ, de s’arrêter sur une vignette parce qu’un détail nous absorbe complètement. Spielberg ne fait rien de tout ça, ou si peu (on reconnaîtra à son film quelques ellipses et flashbacks réussis). Il construit un récit linéaire, qui file droit, complètement obsédé par le « robinet à images » contemporain. Il « dysneylandise » Hergé, le « pixarise », croyant maximiser Tintinen le saturant. Comme si la BD était un art handicapé qui avait besoin du son et de la vitesse pour être au top, ridicule ! D’après moi, il fallait faire tout le contraire ! Quantité n’est pas qualité. Hergé ne cesse d’épurer son trait, de fuir le trop-plein. Il suffit de voir ces crayonnés originaux bardés de traits compulsifs à la Giacometti pour finir par être simplifiés à l’extrême. Il s’agit pour lui d’affiner le trait et le tir, d’aller à l’essentiel : créer une image dont le lecteur se souviendra à jamais. Qui par exemple, après l’avoir vue (lue ?), peut oublier la vignette surréaliste d’un Haddock, alcoolique patenté, confondant notre cher Tintin avec une bouteille de Bourgogne (Le Crabe aux pinces d’or) ? Par contre, qui pour se souvenir d’une seule image du dernier Spielberg ? Hum, j’en doute. Il paraît même que Daniel Craig et Gad Elmaleh sont de la partie – ah bon, même pas vu passer !
On dirait que Spielberg voit encore la BD, ou 9e art, comme l’art des petits Mickeys et des gros nez, aïe ! Et, au fait, c’est quoi dans ce grand barnum by Spielberg tous ces gros nez affreux qui semblent collés, telles des rustines, sur les visages botoxés du capitaine Haddock et des Dupondt ? Où est l’admirable économie de moyens de la fameuse ligne claire du maître ? On dirait que Spielberg n’a rien compris à Hergé. Il n’en garde que les Aventures, son film avance à toute vitesse, il réduit les personnages de cette BD, bien plus complexes qu’ils n’en ont l’air, à des jouets. Ca fait non seulement mal aux yeux, mais aussi au cœur. Le pire dans tout ça ? Certainement le traitement infligé aux personnages. Tintin, si sympathique dans la BD, ne l’est pas dans le film. Quant à Milou, il est quasiment aux abonnés absents. Le chien culte fait ici de la figuration. Il en est réduit – pauvre Milou ! – à être le toon de service alors que chez Hergé, il parle et est même un narrateur commentant le récit en train de se faire. Les personnages en jet-lag ou bug permanent que sont les Dupond & Dupont sont vus chez Steven comme de simples benêts, Spielberg oubliant leur idiotie notoire pouvant pourtant confiner au génie ! Il y a chez Hergé une belgitude (Haddock en est l’un des parangons : derrière le soûlard invétéré, il y a de la fulgurance, de la création verbale hallucinante !) et un je-ne-sais-quoi d’ubuesque (le fameux humour belge si cher à Noël Godin !) que ne capte pas l’Américain, dommage. Enfin, il y a mille fois plus l’empreinte de Tintin chez Tati bien sûr, dans les Indiana Jones et chez le talentueux Bruno Podalydès (Le Mystère de la chambre jaune, Liberté-Oléron) que dans le dernier pudding high-tech de Spielberg. Et si le papa d’E.T., producteur ayant du flair, confiait la réalisation du n°2 de sa désormais franchise (qui devrait s’appuyer sur Les Sept boules de Cristal + Le Temple du soleil) aux frères Podalydès ? On peut toujours rêver !
* Le tournage est en studio, les acteurs, équipés de combinaisons recouvertes de capteurs numériques permettant aux logiciels informatiques de les reproduire à l’identique en images de synthèse, jouent sur des fonds verts. Ensuite, plus besoin de décors extérieurs, on peut les incruster où l’on veut.
Les fameux quotas quickties produit en masse afin concurrencer le cinéma de hollywood. D’insipides cinéastes comme Powell ou Hitchcock y ont travaillé.
Pour remettre la chose dans son contexte : hollywood résulte de l’exil d’indépendants qui fuyaient l’hégémonie cinématographique française qui, par le biais de Pathé (par exemple) écrasait tout sur son passage.
Les choses ont bien changé, depuis^^
Korda et la « London Films » ont eu un rythme de production industriel sans oublier de produire quelques chefs d’oeuvre comme « La Vie Privé d’Henry VIII » (réalisé par Korda) ou « Le Troisième Homme » de Carol Reed...
Le cinéma de la Hammer qui inspira énormément de cinéastes tels Roger Corman ou Tim Burton
La série des James Bond dont le succès n’empêcha point un free cinéma salvateur de remettre le cinéma anglais au niveau des plus grands !
Sans compter les cinéastes étranger (Truffaut, Losey...) tourner des films en Angleterre...
David Lean... ;blabla....Les Monthy Python...Mister Bean....Stanley Kubrick....John Boorman (qui fit des chefs -d’oeuvre, tel « Le Point de non Retour » à Hollywood et revint en Angleterre pour des films de qualité tels « Le Général » ou « Hope and Glory »)..
Enfin, je vais pas passer ma vie à faire du name dropping pour convaincre que le cinéma anglais s’est concrètement porté comme un charme (et qui se porte toujours bien)
Je pourrais parler du cinéma espagnol qui à eu énormément de mal à exister jusqu’à la Movida (malgré quelques perles de réalisateurs comme Narcisso Ines Serrador et le biseux Jess Franco qui, après avoir mis en scène des scénarios de Jean Claude Carrière, se mit à enchaîner les films d’exploitations souvent mauvais...des fois de très bonnes factures) et Almodovar.
Aujourd’hui, le ciné fantastique espagnol de (très haute) qualité prospère et fait l’envie de nombreuses nations du cinéma...
Le cinéma hollandais à été inexistant jusqu’à Paul Verhoeven (« Turkish Delight », « Katie Tippel » « Spetters », « La Chair et le Sang ») qui finit par partir à Hollywood pour le dynamiter de l’intérieur (avec des films faussement simpliste comme « Robocop » ou « Starship Troopers » qui, en plus d’êtres d’excellent films de genre, sont des brûlots rageurs contre la société actuelle et l’aliénation de l’être humain dans un monde conformiste (« Turkish Delight », en Hollande et « Starship Troopers » aux USA le montrent)
Bon, bref...
En tout cas, si certain(e)s n’ayant peut-être pas vu tout les films que j’ai cité sont intéressé, je vous conseille vivement d’y jeter un oeil !
A propos du cinéma commercial et du cinéma d’auteur, le grand critique français Michel Ciment a écrit ceci il y a une vingtaine d’années : « Le problème est qu’un cinéma de pointe n’a jamais existé sans un fort cinéma populaire (cf. l’Italie dans le passé) et que l’opposition commercial / artistique est la source des pires erreurs de jugement. »
J’écris car je trouve navrant les commentaires négatifs de certains, surtout ceux qui touchent au « physique » du réalisateur (lourdaud Spielberg - incroyable quand on voit sa vie et son oeuvre) ou à ceux qui se font les défenseurs du classicisme ou de l’esprit Hergé. J’aime beaucoup ceux aussi qui commencent par « Et pourquoi c’est pas Disney, et pourquoi c’est pas un studio européen, etc ». Pourquoi, on le sait : vous n’avez qu’à tenter de monter un tel projet pour que nous regardions un peu et critiquions).
De mon côté, je pense que j’irai voir ce film car je trouve remarquable cette restitution de la réalité et de l’univers de Tintin. Oui, c’est nouveau, c’est trop coloré, trop clair, trop caricatural, etc (Ca me fait sourire car je parie que les remarques lors du passage du film muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, de l’art classique à l’impressionisme, etc ont été du même acabit). Peut-être. En revanche, c’est une tentative que j’attendais depuis longtemps car je n’avais jamais accroché avec les dessins animés TV et les films des années 70. Car oui, au delà de relire pour la énième fois mes albums, j’aime que l’univers se développe sous une autre forme.
Que ceux qui sont allés voir gratuitement ce film, en raison de leur statut de journaliste ou critique, puisse être critique de façon équillibrée. Ceux qui critiquent de fait et en regardant la bande-annonce devraient aussi s’exprimer sur des romans, à partir du résumé de 4e de couverture, ou sur un artiste, à partir d’une compilation.
L’intérêt d’ailleurs est qu’entre ce « dialogue » sur ce site et le film de Spielberg, seul restera ce film d’animation. Que vous n’aimiez pas, dîtes pourquoi. Que d’autres puissent aimer, heureusement que chacun est libre dans ses goûts et ses décisions.
Soyez adultes effectivement pour parler des sparadraps sur le nez, du manque de « finesse » d’un scénario (mais bon, le passage du roman ou de la BD au cinéma souffre de cette contrainte). Mais de grâce, nous n’avons qu’une vie : soyez un peu enfant pour vous émerveiller sur ce que l’on peut faire aujourd’hui. Il y a déjà suffisamment de nouvelles tragiques et sinistres pour que cette iniatitive déclenche des critiques aussi amères et fielleuses.
Et oui, je considère Toy Story 3 comme un bijou de mise en scène : désolé.
Mais j’ai cité pleins d’autres films et, comme par hasard, vous prenez celui dont le nom (rien que le 3 du titre) est le plus susceptibles d’être proche de votre vision fantasmatique de la grosse machinerie hollywoodienne (dont je ne nie pas l’existence).
« Perdita Durango » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Perdita_Durango) est un film dit « indépendant » produit, en partie par des studio mexicain par un réalisateur espagnol lancé par Pedro Almodovar et qui, aujourd’hui est considéré comme l’un des grands contestataires européens sur le plan cinématographique (il réalise en Europe, excepté le premier film cité).
« Hustle et Flow » et « Blake Snake Moan » de Brewer s’inscrivent dans la tendance du cinéma « indi » que vous semblez tant aimer..
M’enfin vous n’avez même pas lu mon passage sur le ciné indépendant américain affilié aux majors ni même jeté le moindre coup d’oeil sur la liste (nombreuse) des quelques réalisateurs américain ayant évolué dans Hollywood.
En fait, je me demande si vous avez vu la moitié des films que j’ai cité.
Tous mes remerciements à Tantoche pour ses livraisons et références très intéressantes et authentiquement cinéphiliques
J’ai toujours été surpris que sur ce site, il y ait beaucoup de gens qui font du vent en ressassant des lieux communs en manière de grincheux mais très peu d’érudits tels Lagorce, Taupo, Tantoche. J’ai remarqué que sur des sites spécialisés, par exemple de bagnole, et dans chacun d’eux sur divers sujets, il y a une proportion plus forte de pointures. Tout se passe comme si AVox réunissait des spécialistes de la posture, des imposteurs, des BHL en herbe.
Le film commence de manière très intéressante : sur le marché au puce qui ouvre « Le Secret de La Licorne »
Tintin, dont le visage n’est pas cadré, se fait tirer le portrait par un peintre dont le visage est calqué sur celui de Hergé.
Ce peintre, donc, tend le portrait au héros (dont nous ne voyons pas toujours le visage) et dit, en gros : « Voilà, tel que je vous vois »
Le portrait est une réplique de Tintin tel qu’il était dessiné par Hergé.
Cut. Nous voyons le visage du héros face au portrait.
Je ne sais pas mais c’est clair comme note d’intention : vous n’aurez pas une réplique mais une vision, un point de vue de la bd
Voilà, après on aime, on déteste...je peux vous dire que les adaptations françaises étaient calamiteuse et que Hergé admirait le cinéma de Spielberg (il à autorisé ce dernier à adapter ses bandes-dessinés et l’as même encouragé)
Je ne sais pas ce qu’Hergé avait fait avec Spielberg (qui à l’époque de la mort d’Hergé ... n’avait il me semble pas atteint le niveau de célébrité qu’il a à présent) ...
Mais je peux dire un truc ... si Hergé était là, il n’accepterait pas ça !!!
C’est un Tintin sans âme ... juste du Spielberg pour enfants ... heu ... et même un peu plus !
A l’époque de la rencontre, Spielberg était déjà extrêmement célèbre pour avoir torche des films comme « Les Dents de la Mer », « Rencontre du troisième type », « 1941 » et « E.T »
N’importe quelle biographie officieuse ou officielle de Spielberg ou Hergé qui est un tant soi peu complète parle des conversations (surtout téléphonique. Je ne sais pas si ils se sont vu face à face) entre les deux artistes.
Il est également chose connue et avéré que Hergé admirait le cinéma de tonton Steven.
Là, pour le coup, si tu ne me crois pas, vérifie.
Mais quitte à faire l’empaffé et à abuser de l’argument d’autorité : Kubrick admirait également le cinéma de Spielberg (admiration réciproque) à tel point qu’il lui as donné son script sur « AI ».
Donc...bon
« Bon ... j’ai été voir quelques extraits sur la toile .. »
Cela veut tout dire : ça me rappelle une discussion avec un étudiant en cinéma qui s’est amusé à dénigré Spielberg. J’ai finis par comprendre qu’il n’avais vu aucun de ses films. Ce qu’il reconnaissait avant de finir par un candide : « Oui...bon...mais Jean-Luc-Godard n’aime pas Spielberg, donc....etc »
Voilà.
J’ai la faiblesse extrême de regarder le film avant de le juger et il ne me viendrait pas à l’idée, par exemple, de jeter aux gémonies un cinéaste dont je ne connais pas (ou mal) l’oeuvre.
A l’époque de la rencontre, Spielberg était déjà extrêmement célèbre pour avoir torche des films comme « Les Dents de la Mer », « Rencontre du troisième type », « 1941 » et « E.T »
Quatre navets !
Les dents de la mer ; du mauvais cinéma d’horreur/gore, faisant appel aux pulsions primitives, d’une façon lourdingue
1941 ; un nanar irregardable
E.T. : une fable bêtasse pour enfants attardés
Rencontres du IIIème type ; désopilant au IIIème degré, pour l’espèce de tas de matière vaguement fécale comme symbole prémonitoire du lieu de la rencontre, et le numéro de David Guetta joué par Truffaut, pour « parler » aux extra-terrestres : hilarant !
Gore, « Les Dents de la Mer » alors que c’est un film qui joue en permanence sur le hors-champs ?
Pour « 1941 », je suis assez d’accord...c’est quand même pas génial/
Pour les deux autres films....bon, je pourrais vous étaler des tartines sur la mise en scène hallucinante et sensitive de ces deux films mais bon...je pense pas que ça fera échos en ces lieux...
Une intervention plus particulièrement destinée à Sysiphe :
Cher Sisyphe,
sincèrement vous êtes un de mes contributeurs préférés sur agoravox. Je partage souvent vos opinions, même si je les trouve parfois très musclées. Mais bon...
Cela a été un grande surprise de découvrir en vous un tintinophile. Tintin est belge et sent beaucoup l’eau bénite de la bourgeoisie bruxelloise, ce qui ne collait pas directement au profil de vos interventions. J’étais un grand amateur de BD dans ma jeunesse, et mes étagères IKEA ploient encore sous le fardeau de mes collections passées. N’y trône qu’un seul tintin, « Tintin au pays des Soviets ». Une réédition, hélas...
J’ai écrit ailleurs mon opinion de Tintin et d’Hergé, qui sont plus sentimentales qu’artistiques. Je ne nie pas d’ailleurs l’impact majeur de cet auteur sur le neuvième art francophone. J’aime bien Tintin, sans en être un aficionado, mais reconnaît volontiers à Hergé tout le génie créatif que vous voudrez lui attribuer.
Mais j’aime bien aussi Spielberg, qui tout comme Hergé, a imprimé un courant puissant au sein de son art, a influencé pour ne pas dire fait bifurquer une industrie entière, tout en gardant en tête une espèce de moralisme naïf qui le pousse à toujours peindre la victoire du bien contre le mal. Spielberg ne correspond pas dans ma tête au metteur en scène par excellence, loin s’en faut, mais il a su renouveler le cinéma populaire, sous une forme particulièrment efficace et toujours éthique : le bien ne triomphe pas toujours, mais vaut toujours mieux que le mal. Au fond, Spielberg et Hergé, ce sont deux boy scouts attardés.
Je n’ai pas vu le film, mais me réjouis de le voir. Non pas parce que j’y retrouverai l’émerveillement de mon enfance, mais parce que je pourrai partager ce moment avec mes enfants, nourris de mangas et de séries télévisées. Je n’estime pas leur art moindre que le mien, mais simplement, ce dessin animé fera raccord avec le passé, et les poussera peut-être à s’intéresser aux tonnes de bouquins qui prennent la poussière sur mes rayons abandonnés.
Je ne savais pas que Tournesol avait été évincé. Quel dommage. Ils ont du longuement hésiter avant de prendre cette décision...
Merci Bluebeer de remettre les pendules à l’heure. A une période de changement d’heure, c’était pas mal. Sisyphe est ce qu’il est. Un adorateur d’un type de cinéma. Quelqu’un d’autre aimera un autre genre. Le cinéma suit souvent un livre. On ne sait plus lire un livre trop long aujourd’hui. « Dis-moi ce que lis, je te dirai ce dont tu rêves », ai-je écrit récemment. A la recherche de ce qui fait un bestseller. C’est jamais gagné d’avance, que ce soit par écrit ou par l’image. Alors, quand c’est un challenge en plus, cela dépasse l’entendement.
Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre la version Spielberg de « On a marché sur la lune » ; avec la rencontre sur le sol lunaire de Tintin avec E.T. et des 2 Dupondt avec le 3ème type !
Le seul suspense étant .... quel acteur va-t-il être choisi pour jouer E.T. en « performance capture » ?
Un esprit mal tourné pourrait prendre vos smileys comme des insultes ou un foutage de gueule....
Très bien : tout d’abord, je vous invite à lire cette analyse sur « Les Dents de la Mer » qui parle du hors-champs et du son comme vecteur des émotions et outil de suspens :
E.T : Article intéressant avec analyse de la mise en scène et de la symbolique qui montre que le film, loin d’être la guimauve que beaucoup voient avec condescendance, est en réalité un constat désabusé sur le monde des adultes
Je sais que je ne serais point prophète en ces lieux mais si ne serait qu’une seule personne, je dis bien une seule, se penche avec assiduité sur ça et à envie de revoir des films de Spielberg, je pourrais mourir heureux (enfin, pas tout de suite, hein ?)
Oui, oui... beaucoup d’exégèse sur la forme, mais sur le fond ?
Bah.... rien de dit, parce que si peu à dire....
Spielberg a fait quelques bons films « sérieux » ; la Liste de Schindler, Munich.... et quelques bons films d’aventure ; Le premier Indiana Jones, quelques parties du second....
En revanche, combien de nanars infantilisants, pleurnichards, guimauve, ou pseudo science-fictionnesques, dont le sommet du ridicule est, effectivement atteint par les « Rencontres du IIIème type ».
Pour en revenir au sujet de l’article (qui énonce ses arguments très clairement, et auxquels je ne vous ai pas lu répondre), je suis entièrement d’accord avec l’auteur ; ce produit marketing lourdingue n’a rien à voir avec Tintin (le ridicule étant atteint lors de cette espèce de « bataille de grues » grotesque et hors sujet, ou encore dans le duel maritime, avec l’accrochage des bateaux par leurs mâts... mon dieu.....) ; c’est un gros blockbuster US pour produits dérivés et enfants de moins de 6 ans, qui est une mauvaise parodie de l’univers d’Hergé ; sans son humour, son sens de l’ellipse, son efficacité linéaire du récit, son univers cohérent...
Un mauvais film de Spielberg ; qui ne sera pas le premier, et, je le crains, hélas, pas le dernier non plus...
Maintenant, si Spielberg est pour vous une idole intouchable, ce n’est que mon avis.... qui vaut largement le votre...
oui, effectivement, « le duel maritime, avec l’accrochage des bateaux par leurs mâts » (entre autres) est une daube sans nom. Pire : ce que serait le rajout de d’un peinturlureur sur le sourire de la Joconde, un ’fioriture’ de DJ sur la neuvième symphonie.
Pour enfants de moins de 6 ans ? Même pas ! Ils ne ’méritent’ pas ça !
Tintin qui construit des hélices avec un canif’, qui bat un ours à main nue, qui manque de se faire pendre, concasser, transformé en steak-haché, brûlé vif, manger par des crocodiles, assassinés par des trafiquants d’opium....etc.
Non, Tintin n’accumule pas les morceaux de bravoure improbable mais on me dira que « Non, mais attends, c’est fait avec une ligne claire (argument sortis par les mecs qui défoncent le film et qui est surement sorti des articles de presses »
Cet article est très excessif. D’après l’auteur rien n’est bon et tout est à jeter dans ce film. Ce qui, pour l’ avoir vu, est totalement inexact. L’excès, l’outrance des propos et le manque de nuance enlèvent à mon avis toute valeur à cet article dont l’ auteur n’avait manfestement d’autre but que de vider son fiel ou de faire de la provocation.
Comme la plupart des commentaires qui chient sur un mec sans avoir vu ne serait ce qu’un dixième de ses film ou sans avoir ne serait ce qu’un argument d’ordre analytique ou cinématographique.
Steven Spielberg considéré, en 2011, comme un réalisateur pour mioche (le mépris dans la manière dont c’est dit....« Le Roi et L’oiseau » est également un film qui peut aller au enfants et c’est l’un des dix chef d’oeuvre du cinéma français, donc bon...) c’est quand même ignorer ses épisodes de la quatrième dimension, Duel, Sugarland Express, Le Terminal, Arrête moi si tu peux, Munich (dont la fin hyper nihiliste laisse un personnage principal traumatisé et totalement perdu)....
Une haine incompréhensible, vraiment...
Puis, merde, en quoi ses films dit pour enfant seraient mauvais ? (à part dire que c’est hollywood et que c’est « niais » ?)
Au vu du consensus mou et de l’esprit à la « ferme t’as gueule, t’as tort », au vu de ces lieux ou la discussion et l’esprit de débat n’ont, me semble t-il, pas droit de cité.
Au vu du mépris et de l’immaturité qui semble régner en ces lieux ou le rôle du Torqueimada semble être très prisé.
Pour l’absence d’argument d’un article sans culture ni nuance à part la nuance du « je suis le gardien sacré de l’esprit de Hergé » (même si celui ci avait donné son accord à Spielberg pour une adaptation après avoir vu et adoré ses films...si, si !)
Bref, on va pas pinailler cent sept ans, nom de Dieu ! Je me casse^^
Merci Tangoche, Merci et bravo d’avoir tenu tête avec tant d’obstination et de verve à ce flot de lieux communs et de méconnaissance du cinéma. Oui, je vous remercie et j’ai bien envie de te tutoyer tant j’aurais aimé écrire chacun de tes mots. Laisse les mépriser le cinéma de Dante, Corman et autres. Le sujet leur importe plus que la forme. Le cinéma ne les intéresse pas. Merci Tangoche, la réaction de Sisyphe (dont le pseudo à lui seul est un gage de modestie) est ta victoire. Je n’ai pas vu Tintin, mais vu ce qu’écrivent ses détracteurs, j’y cours demain. Tangoche, si tu étais une femme....
Je ne suis pas totalement d’ accord avec l’ article Le personnage est hyper beau et révèle les fantasmes de mon enfance, un léger malaise sur l’ ensemble, et surtout le gros nez des personnages, sauf Tintin heureusement.Film captivant du début a la fin.
Comment ne pas être à 100% d’accord avec ce qui vient d’être dit par tangoche.. Quelqu’un qui visiblement sait de quoi il parle, qui s’exprime simplement, précisement, et qui enrichit son point de vue par de nombreuses références pertinentes et intéressantes.
D’autres ne peuvent effectivement pas se vanter de posséder les mêmes ... Et pour tenter de sauver la face, adopter une attitude condescendante n’est sans doute pas la meilleure solution.
En ce qui concerne ce Tintin, il me tarde d’aller le voir.
Si cette adaptation permet, à ne serait-ce qu’une seule personne de découvrir l’oeuvre d’Hergé (et notamment aux Etats-Unis ou le personnage est assez méconnu), alors ce film aura été une réussite !
Spielberg vient de découvrir que les acteurs de synthèse sont aussi efficaces que les vrais, mais il reviennent moins cher et sont bien plus obéissants. Dans 5 ans tout le monde pourra faire un film du genre avec les outils open source.