samedi 11 août 2012 - par Caroline Courson

To Paris with love

En picorant avec un plaisir aussi raffiné qu’épicé les meilleurs mézés de la capitale au restaurant panoramique ET gastronomique (c’est assez rare pour être signalé !) de l’Institut du Monde Arabe, les touristes inspirés embrassent d’un seul regard en enfilade les symboles parisiens des trois grandes religions monothéistes (Cathédrale Notre-Dame, Synagogue de la Victoire, Grande Mosquée de Paris) : un choc absolu, sur fond d’une Seine brillante, paresseuse, enjôleuse, pour tous les passionnés de l’histoire éternelle (bien que récente malgré tout, dans la longue et sombre existence de l’homo sapiens) des civilisations dites « abouties »…

Sous le soleil de Satan sans cesse combattu et par une chaleur accablante digne de l’Afrique même nordique, chacun prend en pleine figure une leçon - non didactique, elle saute seulement à tous les yeux ouverts, qu’ils soient habillés en Prada, Afflelou ou Krys solaires – d’amour universel. Cette co-existence, qui n’est pas pacifique mais simplement tout bêtement visuelle, pourrait-elle être, par hasard, la découverte signifiante de ce stupide été olympique ?

Pourquoi la tolérance programmée devrait-elle porter un micro-short fluo et se gaver d’anabolisants cancérigènes, alors qu’il suffit de regarder, d’aimer, d’apprendre, de vivre - au lieu de se combattre à coup de chrono et aux points, quand ce n’est pas aux poings, devant les caméras voyeuses du monde désespérément occidentalisé ?

Les religions, même hyper-décriées (par moi la première) et tant qu’elles ne sont pas intégristes, portent en elles une aspiration à la spiritualité que le matérialisme, soit-il dialectique, a jeté aux orties. Les dieux grecs et romains de la mythologie, aussi ridicules et paumés qu’ils fussent dans leurs représentations humanoïdes, tiraient les esprits vers le haut, donnaient à penser, à réfléchir, à questionner, sans juger pour autant, et essaient d’éclairer, d’expliciter, depuis Freud, les grands malaises névrotiques des sociétés modernes. N’est-ce pas là l’essentiel ?

La nuit des étoiles, magique et lumineuse, de ce 10 Août, c’est une bonne occasion pour lever en même temps la tête et le débat…

Mais vous pouvez aussi la baisser un peu (la tête) en pénétrant dans la crypte archéologique du parvis de Notre-Dame où une expo originale et éclairante s’intéresse à une période un peu méconnue de l’histoire : le passage de l’Empire Romain et des cités de Gaule aux premiers balbutiements de l’Europe médiévale – époque charnière, cruciale et riche d’enseignements où « Lutèce devint Paris ». Elle vous attend jusqu’au 14 Octobre prochain.

 Pour terminer, en accord avec le titre, une petite pensée pour Woody Allen que la majorité des critiques français, rigoristes, sans folie ni fantaisie, viennent d’assassiner pour son grand cri d’amour envers la Ville Eternelle (j’ai même lu sous leur plume, horrifiée par tant d’à peu près, des références à la Fontaine de « Trévise » !!!), alors que toute la magie de son film réside dans le regard plein d’une tendresse excessive et baroque qu’il porte au berceau de Fellini, empreint en vrac de nostalgie, satire, truculence, lyrisme de l’insolite ou du dérisoire, c’est selon…

Et si vous êtes fiers, Mesdames et Messieurs, de votre Q.I. de 150, n’oubliez pas qu’en dollars (et même si je n’ai pas une passion immodérée pour les Zétazunis !) ça fait beaucoup moins qu’en euros ! Ca calme tout de suite…

 

Institut du Monde Arabe – 1 Rue des Fossés-Saint-Bernard – 75005 Paris

 

« De la mythologie à la psychanalyse. Souffrances d’enfance. »

Henry Thomas Editions IMAGO

 

http://crypte.paris.fr/fr/expositions/et-lutece-devint-paris



5 réactions


  • easy easy 11 août 2012 21:01

    Tant qu’on n’a pas appris à défendre son ontologie, son archéologie, malgré, envers et contre tout, on ne pratique que le Marie-Chantal


    • Caroline Courson Caroline Courson 11 août 2012 21:55

      Pardon Easy, j’ai pas tout compris ?


      De toute façon, c’est l’oenologie qui m’intéresse !

    • easy easy 12 août 2012 00:02

      Si ça vous intéresse vraiment, dites-moi quand vous y serez à jeûn et je viendrai vous en parler plus en détail.


  • ctadirke 12 août 2012 07:44

    Votre intro est originale ; Mais pourriez-vous SVP nous aider à la visualiser effectivement

    Notre-Dame saute aux yeux.

    Non Parisien, je sais néanmoins où on trouve et l’Institut et la Grande Mosquée et la Synagogue de la Victoire. Mais sur « votre » photo ? 

    Sur le fond  : La religion cléricalisée, avec textes sacrés, docteurs et rites, anthropomorphise la Source de tout et asservit même les plus désintéressés admirables et « charitables ».

    Par contre la spiritualité théiste cordialement et intuitivement basée, dans l’indépendance modeste, sur la sagesse équanime et l’altruisme compatissant , libère et élève jour après jour ..... si on le veut.

    Mais souvent on ne le peut pas, donc on refuse d’ouvrir les yeux , car il n’est vraiment pas évident de dire à son entourage « religieux » :

    « J’ai désormais compris ; je cesse ma pratique religieuse pour une spiritualité épurée dont les seuls concepts sont la Source Ineffable de tout et l’application de Son invitation à aimer le plus possible son entrourage, ce qui est la meilleure façon de L’aimer ..... et donc de m’aimer ». 


    • easy easy 12 août 2012 12:30

      Restons au fond de ce que Caroline a semblé vouloir aborder

      (Ce n’est pas de cette terrasse qu’on peut voir l’alignement des trois temples qu’elle a mentionnés et cet alignement n’a pas d’autre sens que hasardeux)

      Vous semblez dire que vous vous retrouvez en difficulté pour dire aux vôtres (religieux ?) que vous virez vers une formule théiste débarrassée de toute grammaire et grammairiens.

      Oui c’est difficile, quoique permis, ce dont on peut déjà se féliciter. C’est difficile parce qu’on croit qu’on doit s’expliquer donc, que chacun doit s’expliquer sur ses manières ou conduites. Et qu’on croit alors qu’il faut s’en expliquer dans la langue du juge à qui on s’explique. 
      Or il n’existe pas de grammaire de ce qui n’existe pas, de ce qui n’est pas reconnu comme existant.
      Alors se retrouver solo, isolé, en chemin vers une vision originale, qui n’existe pas aux yeux des autres, à devoir s’en expliquer dans le volabulaire des institutions alors qu’on n’a même pas développé sa propre grammaire (on ne peut pas s’inventer un imaginaire vraiment original tant on se retrouve, in petto, à devoir recourir aux briques institutionnelles).
      On ne pas aller bien loin en termes de pensée originale tant on se retrouve obligé, pour la triturer sa pensée, d’utiliser les mots usités.


      Ainsi du mot aimer.
      Rien ne prouve qu’il soit le mot juste (d’autant qu’en France, il sert tant au cassoulet, qu’à son enfant, qu’à son amant, qu’à son dieu, qu’à sa patrie)

      Comment peut-on définir le sentiment que l’on Ressent alors qu’on n’a pas d’autre mot-définition que ce ’aimer’ qu’on sert à toutes les sauces et qui fait déborder nos poubelles ?
      Oui, nos poubelles débordent ce ce que nous avons aimé.

      Il n’y a qu’un moyen pour échapper à cette insurmontable difficulté c’est d’entreprendre de croire qu’on n’a pas à s’expliquer. Qu’on n’a jamais à dire la Chose, pas même à la Penser.

      Penser c’est déjà altérer, c’est déjà corrompre, c’est déjà soumettre, c’est déformer, c’est mentir. C’est loin, très loin de la pureté.



Réagir