lundi 27 août 2012 - par Taverne

Un petit tour avec Georges de La Tour

Il a avec beaucoup de talent continué l'oeuvre du Caravage et puis son nom est très vite tombé dans l'oubli. Ce n'est que deux-cent-cinquante ans après sa mort qu'on l'a redécouvert. En 1915. Longtemps ses oeuvres ont été attribuées à d'autres peintres. Mais aujourd'hui, il a pris sa revanche et son nom brille au firmament des arts.

Le scénario choisi ici pour la présentation des oeuvres de Georges de La Tour est le suivant : le film débute par les scènes bibliques et miraculeuses, la représentation de la sainteté. Puis, peu à peu, il s'oriente vers des scènes quotidiennes très prosaïques jusqu'à conclure sur une image désabusée du monde avec ses perversités, ses mensonges. Pour clore la partie religieuse et métaphysique des clairs-obscurs, un enfant souffle sur une bougie. Pour terminer le film, un gros plan est fait sur le visage de la victime des mauvais tours de joueurs de cartes.

Pour l'illustration sonore, le choix s'est porté sur "Leçon de ténèbres " François Couperin, un compositeur français contemporain de La Tour, ce peintre qui faisaient sortir ses personnages de l'obscurité à la lueur de la flamme d'une bougie.

L'attribution des œuvres à Georges de la Tour s'est faite de façon progressive après sa résurrection en 1915 grâce à l'historien d'art allemand Hermann Voss. Une exposition « Les Peintres de la Réalité en France au XVIIe siècle » sera organisée au musée de l'Orangerie de novembre 1934 à février 1935. Elle permet au public de découvrir le « Nouveau-né », premier tableau attribué à Georges de La Tour en 1915 et qui a permis la redécouverte du peintre, après deux cent cinquante ans d’oubli. Le poète René Char a visité cette exposition et en fut marqué pour la vie, notamment pa la Veilleuse.

"Je voudrais aujourd'hui que l'herbe fût blanche pour fouler l'évidence de vous voir souffrir : je ne regarderais pas sous votre main si jeune la forme dure, sans crépi de la mort. Un jour discrétionnaire, d'autres pourtant moins avides que moi, retireront votre chemise de toile, occuperont vôtre alcôve. Mais ils oublieront en partant de noyer la veilleuse et un peu d'huile se répandra par le poignard de la flamme sur l'impossible solution. " Dans "Partage formel ", publié dans le recueil "Fureur et mystère" / Seuls demeurent, 1938/1944).

« Le Reniement de Saint-Pierre » est l’un des derniers tableaux de La Tour. Il représente une scène de soldats jouant aux dés tandis qu’une servante interroge Saint-Pierre. Les formes simplifiées et le coloris chaleureux et contrasté - caractéristiques des dernières années du peintre - ont fait rapprocher l'oeuvre de celles de peintres nordiques, d’où d’attribution erronée du tableau à Gérard Seghers jusqu’en 1915. Pareil pour « Un vieillard endormi réveillé par une jeune fille » ou « Songe de Saint-Joseph ») qui est peut-être le plus beau nocturne de La Tour. « Job et sa femme » est identifié en 1935. « L’Adoration des bergers » sera une nativité très populaire. Quant au « Tricheur à l’as de carreau », ni la lumière froide ni le réalisme ne permettait de reconnaître la patte de l’auteur des nocturnes. Mais l’artiste a signé son nom de façon latinisée dans un coin du tableau. L’attribution du « Vielleur » (joueur de vielle) à La Tour mit du temps à convaincre. Mérimée et Stendhal l’attribuaient à Vélasquez.

Seule une trentaine de tableaux ont aujourd'hui été rendus avec certitude à l'artiste. Le travail d'attribution n'est donc pas encore terminé.



9 réactions


  • gordon71 gordon71 27 août 2012 14:24

    bonjour et merci


    somptueuse association que De la Tour et Couperin

    lumineuse mise en lumière de ce maître que vous tirez de l’ombre

    et qui va bien au delà de peintre réaliste.....

    du temps où la mode n’était pas au pipi caca

    • Taverne Taverne 27 août 2012 16:09

      Merci. La Tour a connu lui-même les ténèbres, en quelque sorte, puisqu’il a été plongé dans l’obscurité de l’oubli pendant 250 ans. J’ai moi aussi un problème avec les oeuvres modernes, comme vous dites « pipi caca ». Il y a beaucoup d’imposture aujourd’hui. C’est que la logique s’est inversée : avant, des mécènes commandaient des oeuvres, à notre époque des spéculateurs font des placements dans l’art et font monter les cotes...


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 27 août 2012 16:39

      Oeuvres pipi-caca,ça doit etre pour ça qu’on voit plein de jeunes exposer leur slip !


    • Fergus Fergus 28 août 2012 00:03

      Bonsoir, Taverne.

      Font « artificiellement » monter les cotes sans se soucier un instant de la réelle valeur des artistes.

      Georges de La Tour, un peintre de grand talent quelque peu relegué au second plan, et c’est bien dommage.


  • alberto alberto 27 août 2012 14:58

    Taverne : + 1 pour moi !

    Mais les autres clips ne sont pas mal non plus...

    Bien à toi


    • Taverne Taverne 27 août 2012 16:13

      Plus un ? Et « Pousse un » pour Poussin ! Merci ! smiley

      Poussin, Lorrain, Rubens, sont les autres peintres du 17ème siècle que j’ai mise en vidéo. Playliste 17ème siècle sur YouTube. Mais je n’ai pas trouvé encore l’amorce pour faire un article accrocheur sur ceux-là. Des fois, je regroupe, comme j’ai fait pour la Renaissance italienne.


  • Richard Schneider Richard Schneider 27 août 2012 16:42

    Excellent article qui associe un peintre - encore un peu méconnu - et un musicien que l’on a plaisir à (ré)écouter.

    Félicitations à l’auteur.
    RS

  • gordon71 gordon71 27 août 2012 18:33

    les visages et les attitudes extrêmement étudiées ont quelquechose qui rappelle les compositions de Vermeer



    le temps comme arrêté, suspendu

  • Taverne Taverne 2 septembre 2012 11:31

    Aux lecteurs : un souci technique fait que c’est la vidéo de Vélasquez - publiée hier - qui apparaît. Pour avoir celle de Georges de La Tour :

    - appuyez sur « play »
    - puis cliquez deux fois sur la flèche « suivante ».


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