Un petit tour avec Georges de La Tour
Il a avec beaucoup de talent continué l'oeuvre du Caravage et puis son nom est très vite tombé dans l'oubli. Ce n'est que deux-cent-cinquante ans après sa mort qu'on l'a redécouvert. En 1915. Longtemps ses oeuvres ont été attribuées à d'autres peintres. Mais aujourd'hui, il a pris sa revanche et son nom brille au firmament des arts.
Le scénario choisi ici pour la présentation des oeuvres de Georges de La Tour est le suivant : le film débute par les scènes bibliques et miraculeuses, la représentation de la sainteté. Puis, peu à peu, il s'oriente vers des scènes quotidiennes très prosaïques jusqu'à conclure sur une image désabusée du monde avec ses perversités, ses mensonges. Pour clore la partie religieuse et métaphysique des clairs-obscurs, un enfant souffle sur une bougie. Pour terminer le film, un gros plan est fait sur le visage de la victime des mauvais tours de joueurs de cartes.
Pour l'illustration sonore, le choix s'est porté sur "Leçon de ténèbres " François Couperin, un compositeur français contemporain de La Tour, ce peintre qui faisaient sortir ses personnages de l'obscurité à la lueur de la flamme d'une bougie.
L'attribution des œuvres à Georges de la Tour s'est faite de façon progressive après sa résurrection en 1915 grâce à l'historien d'art allemand Hermann Voss. Une exposition « Les Peintres de la Réalité en France au XVIIe siècle » sera organisée au musée de l'Orangerie de novembre 1934 à février 1935. Elle permet au public de découvrir le « Nouveau-né », premier tableau attribué à Georges de La Tour en 1915 et qui a permis la redécouverte du peintre, après deux cent cinquante ans d’oubli. Le poète René Char a visité cette exposition et en fut marqué pour la vie, notamment pa la Veilleuse.
"Je voudrais aujourd'hui que l'herbe fût blanche pour fouler l'évidence de vous voir souffrir : je ne regarderais pas sous votre main si jeune la forme dure, sans crépi de la mort. Un jour discrétionnaire, d'autres pourtant moins avides que moi, retireront votre chemise de toile, occuperont vôtre alcôve. Mais ils oublieront en partant de noyer la veilleuse et un peu d'huile se répandra par le poignard de la flamme sur l'impossible solution. " Dans "Partage formel ", publié dans le recueil "Fureur et mystère" / Seuls demeurent, 1938/1944).
« Le Reniement de Saint-Pierre » est l’un des derniers tableaux de La Tour. Il représente une scène de soldats jouant aux dés tandis qu’une servante interroge Saint-Pierre. Les formes simplifiées et le coloris chaleureux et contrasté - caractéristiques des dernières années du peintre - ont fait rapprocher l'oeuvre de celles de peintres nordiques, d’où d’attribution erronée du tableau à Gérard Seghers jusqu’en 1915. Pareil pour « Un vieillard endormi réveillé par une jeune fille » ou « Songe de Saint-Joseph ») qui est peut-être le plus beau nocturne de La Tour. « Job et sa femme » est identifié en 1935. « L’Adoration des bergers » sera une nativité très populaire. Quant au « Tricheur à l’as de carreau », ni la lumière froide ni le réalisme ne permettait de reconnaître la patte de l’auteur des nocturnes. Mais l’artiste a signé son nom de façon latinisée dans un coin du tableau. L’attribution du « Vielleur » (joueur de vielle) à La Tour mit du temps à convaincre. Mérimée et Stendhal l’attribuaient à Vélasquez.
Seule une trentaine de tableaux ont aujourd'hui été rendus avec certitude à l'artiste. Le travail d'attribution n'est donc pas encore terminé.