lundi 23 janvier 2017 - par Theothea.com

« Vie et mort de H. » pour succession annoncée à La Tempête

Dirigeant le Théâtre de La Tempête depuis vingt années, Philippe Adrien s’apprête à transmettre cette responsabilité à Clément Poirée qui l’assiste avantageusement depuis l’année 2000 sur de nombreuses créations.

 

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VIE ET MORT DE H.
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L’annonce de cette prochaine transmission, en ce début janvier 2017, est concomitante avec la mise en scène de « Vie et mort de H. » que son successeur désigné signe comme le témoignage d’une pleine confiance artistique en la force expiatoire du spectacle vivant.

En effet, il fallait oser emmener le public dans l’intimité fantasque de cette famille « tuyau de poêle » pour laquelle un « pique assiette et néanmoins souffre-douleur » aurait véritablement réussi à devenir le point focal du ressentiment général. 

C’est précisément au cœur de cette haine stratégiquement entretenue que va s’élaborer la distanciation d’avec la souffrance dans laquelle ce tiers doit, en permanence, être maintenu pour garantir à ses « bourreaux » leur « laisser passer » à jouir agréablement des bienfaits de la vie.

Car pour être heureux, il serait impérieux de réunir les conditions d’une situation subjectivement bénéfique mais il faudrait surtout avoir la preuve tangible du malheur d’autrui, de façon à pouvoir apprécier positivement le décalage entre ces deux états opposés.

 

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VIE ET MORT DE H.
Louise Coldefy, Camille Bernon & Luce Mouchel

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Toutefois ce rapport de forces reste extrêmement vulnérable car au jeu du souffre-douleur endurant stoïquement les épreuves de sa soi-disante destinée malheureuse mais qui, de fait, n’obéirait qu’à la main d’autrui le conduisant au pire, il suffirait, dans cette perspective de dépendance mutuelle, que ce « maillon faible » finisse par lâcher prise pour que tous se retrouvent sans aucun alibi protecteur à leur contentement vaniteux.

Ainsi, il n’aura fallu à Froga que la déclaration de sa flamme nuptiale à un autre que H. pour que celui-ci ne soit plus en mesure de maintenir son self-control, tant le système élaboré pour résister jusque-là à toutes les humiliations fomentées par la famille n’avait d’autre objectif que la reconnaissance, au final, d’un amour qui viendrait compenser, neutraliser, annihiler l’ensemble des vexations, brimades et autres turpitudes endurées sans coup férir tout en pressentant que celles-ci étaient effectivement destinées, par effet inversement proportionnel, à assurer voire rassurer le nirvana familial y trouvant sa plénitude, sa légitimité ainsi que son fondement ultime.

 

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VIE ET MORT DE H.
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Cependant H. aurait-il le dernier mot, dans cette course désespérée en trompe l’œil, où sa recherche jusqu’au boutiste d’un amour impossible, l’aurait tant aveuglé qu’il fut capable d’accepter l’humiliation sans limite organisée par toute sa « famille d’accueil » ?

Aurait-il le culot suprême d’entraîner, dans le passage à l’acte déniant sa propre vie, la chute vertigineuse d’un système coercitif renvoyant son entourage à sa misérable vacuité ?

Ce pourrait être, en l’occurrence, l’immense satisfaction de Philippe Adrien d’apprécier que les prémisses de sa succession s’effectuent, ainsi symboliquement, au cours d’une création brillante mais ô combien transgressive d’une fraternité réputée consensuelle.

 

photos © Theothea.com 

 

VIE ET MORT DE H. - ***. Theothea.com - de Hanokh Levin - mise en scène Clément Poirée - avec Moustafa Benaïbout, Camille Bernon, Bruno Blairet, Eddie Chignara, Louise Coldefy, Emilien Diard-Detoeuf, Laurent Ménoret & Luce Mouchel - Théâtre de La Tempête

 

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VIE ET MORT DE H.
Clément Poirée prochain directeur de La Tempête
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