mercredi 7 août 2013 - par Fergus

Vieux gréements et chants de marins : bienvenue à Paimpol 2013

2 ans déjà ! Comme en 2011, Paimpol (Côtes d’Armor) sera en fête les 9, 10 et 11 août lors du traditionnel « Gouel Kan Ar Vartoloded » (Festival du Chant de Marin). Un festival qui, dans le célèbre port des Islandais et des Terre-Neuvas, sera une fois encore un grand moment de musique et d’échanges sur fond de voiliers gréés à l’ancienne. Au programme, des dizaines de groupes professionnels et amateurs, français et étrangers, tous passionnés de tradition maritime...

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Choeur Marine - Paimpol 2009

« Rue des Trois-Matelots, à Nantes il y a des filles, rue des Trois-Matelots, des filles qui ont le sang chaud... » À Nantes et ailleurs, dans ces ports du monde où les matelots en bordée cherchent du bon temps pour oublier, le temps d’une escale, les dures servitudes du bord. À Paimpol, on chante les filles, certes, mais aussi les exigences des armateurs, la souffrance des marins dans les tempêtes, la morsure du sel, la cruauté des officiers de bord, l’attente des épouses sur les quais, la duplicité des recruteurs de la Marine, le joyeux retour des campagnes de pêche. À Paimpol, on chante les baleiniers et leurs piques, les morutiers ballotés sur leur doris, les matelots de la Royale ; on y chante les gabiers, les mousses, les calfats et les coqs ; on y chante même les mariniers de la Loire ou de l’Adour. Bref, l’on chante la mer et la navigation, et tous ceux qui en vivent, souvent dans la peine, parfois dans la joie.

Le Festival paimpolais, c’est aussi l’occasion d’entendre ces chants de métier – souvent écrits par des anonymes – qui ont rythmé le travail de bord de tous les matelots de la marine à voile en France comme dans les autres pays de tradition maritime : chants à hisser, à virer, à déhaler, à ramer. L’occasion également de découvrir en chansons l’avènement de la marine à vapeur et des grands paquebots dans le prolongement des longues courses assurées autrefois par les grands clippers à voiles. Sans oublier les chansons grivoises dans lesquelles le mât, l’écume ou la houle prennent un sens détourné. Paimpol, c’est l’assurance d’entendre tout cela sur l’une des six scènes (dont le pont de la gabarre La fée de l’Aulne) ou au hasard d’une déambulation sur les quais. Paimpol, c’est également la possibilité de danser, pour ceux qui le souhaitent parmi les 130 000 spectateurs attendus, au son des accordéons diatoniques et des violons, en se laissant entraîner par le rythme des polkas, des mazurkas, des valses, voire des horlepieds flamands ou des turluttes québécoises.

Cap vers les îles

Après avoir mis à l’honneur le monde celtique en 2011 pour compléter l’offre musicale, Pierre Morvan et les organisateurs du Festival du Chant de Marin ont choisi pour cette 11e édition de se tourner « Vers les îles ». ïles proches, îles lointaines, îles exotiques, le thème retenu permettra, n’en doutons pas, de transcender l’imaginaire de chacun, souvent peuplé de rêves d’îles et parfois d’îles de rêve. Tout cela dans une ambiance sympathique où petits et grands prennent un plaisir toujours renouvelé.

Paimpol 2013, ce sera bien sûr la soixantaine de formations musicales, venues pour certaines de Belgique, du Canada, des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Irlande et même du lointain Japon, mais aussi 300 vieux gréements dans le port, dont un grand nombre arrivé tout exprès des îles britanniques dès le jeudi 8 août. À Paimpol, l’on entendra également des bagadou et des fanfares, et l’on pourra chaque soir participer à un fest-noz et danser sur un hanter-dro ou une gavotte. Sur les quais, des quantités impressionnantes de moules-frites, de galettes-saucisse et de harengs fumés ou marinés seront consommés, le plus souvent arrosés de bière et de muscadet dans une ambiance festive faite de rires et d’émotion. Tout cela pour seulement 23 euros la journée (5 euros pour les enfants de 6 à 14 ans) ou 45 euros les trois jours (9 euros pour les enfants). Un véritable prix d’ami pour de la musique à gogo dès 10 heures du matin sur les quais et des dizaines de concerts chaque jour de 14 heures jusqu'à près de 2 heures du matin sur les différentes scènes.

Pour tout savoir sur cet évènement, son organisation et sa programmation : Paimpol 2013. Cerise sur le gâteau, Météo-France est formel : il fera beau !  

Degemer mat e Gouel Kan ar Vartoloded ! (Bienvenue au Festival du Chant de Marin !) 

 

Á déguster sans modération pour tous ceux que les chants de marins intéressent : l’excellent site chants-marins.info

À déguster également cette évocation de Paimpol 2011 par Bertrand Rennes

À déguster encore ces quelques liens musicaux :

Le Corsaire, le grand coureur par Les Naufragés

Savez-vous danser la polka par Batafierh

Mon petit garçon par son auteur Michel Tonnerre

Quand je suis parti de La Rochelle par Christian Desnos

Fanny de Laninon par Mickael Yaouank (Chanson de Pierre MacOrlan)

L’harmonica par Les Naufragés

Le forban par Gilles Butin

Rue des Trois-Matelots par Les gabiers de l’Odet

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Cré Tonnerre - Paimpol 2011
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Exmouth Shantymen - Paimpol 2011
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Exmouth Shantymen - Paimpol 2011
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Vieux gréements - Paimpol 2011
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Sur les quais (Julie) - Paimpol 2007
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Quai Morand - Paimpol 2011


9 réactions


  • Abou Antoun Abou Antoun 7 août 2013 23:10

    Bonsoir Fergus,
    ou des turluttes québécoises
    Les turluttes françaises ne sont pas mal non plus.
    Plus sérieusement, puisqu’on parle de Paimpol, il semble que le mystère de la falaise de Théodore Botrel est en passe d’être résolu.


    • Fergus Fergus 7 août 2013 23:25

      Bonsoir, Abou Antoun.

      Effectivement, il est impossible que Botrel (né à Dinan, la ville où je vis) ait pu ignorer qu’il n’existait pas de falaise à Paimpol. Et il est vrai que l’on évoque dans le port des Islandais un ancien bar à prostituées appelé « La falaise » et disparu depuis fort longtemps. Sans doute la confusion vient-elle de là. Mais j’avoue ne pas en savoir plus.


    • Fergus Fergus 7 août 2013 23:35

      A noter que la musique de « La Paimpolaise » a été utilisée par Paul Lack en 1910 (année de la grand inondation de Paris) dans une désopilante chanson intitulée « Le jardin des Plantes aquatique » et mettant en scène les animaux du zoo confrontés à l’inondation.


    • Abou Antoun Abou Antoun 8 août 2013 00:07

      Toujours votre érudition en matière de chanson française, bravo ! On vous voit moins disert sur la dérive sémantique entre le Québecois et le Français, si Aïta passait par ici il dirait que ça le turlutpine.


    • Fergus Fergus 8 août 2013 08:48

      Bonjour, Abou Antoun.

      La dérive sémantique entre le québécois et le français, j’avoue mal connaître le sujet. Il me semble d’ailleurs que nos cousins du Québec sont, à bien des égards, plus respectueux de la langue française que nous-mêmes. La question mérite d’être posée à des Québécois qui connaissent bien notre pays. Précisément il y en aura à Paimpol. Si j’en ai l’occasion, peut-être aborderai-je le sujet pour connaître leur avis.


  • alinea Alinea 8 août 2013 21:42

    Bon, je vois sur une photo - toujours très belles les photos- un djembe pas très catholique !
    Quant aux chants, ma foi, j’espérais que vous nous fissiez part d’un petit lien..
    tant pis, on gardera les paillardises continentales dans l’oreille parce que, Paimpol, c’est trop loin !!


    • Fergus Fergus 8 août 2013 23:24

      Bonsoir, Alinea.

      Le djembé, pourquoi pas ? La musique est désormais de plus en plus métissée, et les traditions maritimes y échappent d’autant moins qu’elles sont issues d’échanges culturels nés des voyages de nos marins.

      Quant aux paillardises, désolé de n’avoir pu trouver de lien car certaines chansons sont des petits bijoux d’écriture.

      Le fait est que Paimpol est loin des Cévennes, mais outre ce festival, le voyage vaut la peine pour de multiples raisons. Cela dit, il en va de même pour le Languedoc qui recèle nombre de trésors en matière de sites, d’architecture et de patrimoine culturel.

      Je vous souhaite une très bonne nuit.


  • Bernie Bernie 8 août 2013 23:02

    Demat dit Fergus,

    Merci pour cet article sentant l’iode de cette si belle région que j’affectionne. Bon la musique n’est pas particulièrement mon rayon, mais je vous souhaite un agréable festival.

    Pour la météo, vous savez ce qu’on dit, en Bretagne, il ne pleut que sur les c...

    Kenavo arvechal


    • Fergus Fergus 8 août 2013 23:29

      Bonsoir, Bernie.

      Merci pour ce souhait concernant le festival.

      Vous avez raison de rappeler ce bon vieux dicton : les véritables amoureux de cette région ne font pas une fixation sur la météo.

      Kenavo !

       

       


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