Walkyrie, le complot qui aurait dû réussir

Dans quelques semaines sortira sur les écrans, après de nombreux incidents de tournage, le film sur l’opération Walkyrie, Tom Cruise endosse l’uniforme du général von Stauffenberg, la ressemblance avec l’original est d’ailleurs assez saisissante, et le portrait en sera, au vu des rushes, assez flatteur le but est, entre autres pour les commanditaires proches de l’acteur, d’amadouer un public allemand, assez rétif : outre-rhin depuis Hitler on a au moins appris à se méfier des idéologies douteuses…
Maintenant pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Opération Walkyrie, j’ai essayé d’en analyser les tenants et aboutissants car, le temps passant et l’ouverture des archives aidant, on a maintenant une autre lumière sur un complot qui aurait dû réussir et épargner ainsi la vie de plusieurs millions de civils et soldats.
Mais revenons aux origines : Allemagne années 20, malgré la crise les "Roaring Twenties" importées des USA enflamment les nuits berlinoises, le fox-trot et le charleston bousculent la valse et le tango, par contre le ressentiment est grand chez les militaires, la guerre perdue faute au haut commandement et aux planqués de l’« arrière », oblige à d’immenses sacrifices, la dette exigée par le France de Clemenceau est proprement écrasante, ultime humiliation : les troupes françaises occupent la Rhénanie. Hindenburg, le vieux « junker », reste pour beaucoup le seul recours. Dans son ombre lèvent les nouvelles graines de l’espoir du peuple allemand : parmi elles Adolf Hitler qui a déjà le soutien, outre-Atlantique d’un puissant industriel qui partage ses idées antisémites : Henri Ford.
Henri Ford… un de ceux a qui la guerre va profiter puisque ses usines fourniront à la fois l’Armée US, la Wermacht et… l’Armée Rouge . Henri Ford qui publiera bientôt dans son journal le très controversé « Protocole des Sages de Sion » et qui recevra des mains d’Hitler, en 1930, la plus haute distinction nazie réservée aux étrangers pour services rendus… les pièces du puzzle commencent à se mettre en place…
1933… Hitler arrive à s’imposer grâce à un chantage- il est au courant d’un scandale financier touchant nombre d’officiers supérieurs junkers dont Hindenburg- comme chancelier, les mesures qu’il va prendre vont séduire le peuple allemand humilié : le réarmement de la Rhénanie, l’extension du « Lebensraum » (espace vital) allemand vers l’Est, l’Anschluss (annexion de l’Autriche), tout cela plait aux nazis, bien sûr, mais aussi à l’ensemble des officiers de la Wermacht, même si le sort réservé aux ennemis du peuple allemand (nuit des longs couteaux, nuit de cristal) dérange la conscience de certains.
1939, après la reculade sur la Rhénanie, la reculade de Munich va encourager l’appétit de l’ogre nazi, la Pologne envahie, la guerre est inévitable, le succès de la Blitzkrieg donne encore raison à Hitler : la majorité des généraux applaudit, les industriels américains, encouragés par les lobbies pro-allemands US ( dont « America First » du célèbre Charles Lindbergh) font avec l’Allemagne de juteuses affaires, Ford, encore et toujours, la Standard Oil et d’ autres hommes d’affaires peu regardants- parmi eux : Kennedy (père du futur président) et Bush (grand-père de JR)- Tiens, tiens, déjà…
Arrive 1942, Les Etats-Unis d’Amérique, grâce à Pearl Harbor et au forcing de Roosevelt viennent d’entrer en guerre. Quelques officiers supérieurs de la Wermacht, ayant des connaissances en matière de stratégie, savent qu’ils vont bientôt être pris en tenaille entre Russes et Alliés, de plus le vent de la victoire est en train de tourner : les revers cuisants sur le front russe et en Afrique confirment leurs craintes, il faut agir !
Dès 1938, sont apparus des embryons de résistance au régime d’Hitler, l’un militaire représenté par Ludwig Beck, qui démissionne de son poste de chef d’Etat-Major de la Wermacht, l’autre civil, emmené par Goerdeler, maire de Leipzig, qui démissionne aussi pour intégrer l’entreprise Robert Bosch. Son nouveau poste va lui permettre de voyager à l’étranger et de nouer contact avec les alliés. A partir de 1942, d’autres mouvements dont le plus connu le cercle de Kreisau vont mettre en commun leurs énergies pour arriver à une solution finale : l’élimination physique d’Hitler. Mais leur plan comporte aussi la mise en place d’un régime qui devra conclure une « paix dans l’honneur » avec les alliés de façon à pouvoir concentrer toutes les forces armées à l’Est contre l’ennemi communiste : le puzzle avance et une pièce bizarre ne peut s’y intégrer car elle vient du puzzle nazi : pourquoi, en 1941, Rudolf Hess a-t-il été parachuté (au propre comme au figuré) sur l’Angleterre ? L’idée d’une paix séparée aurait-elle aussi effleuré l’entourage du führer ?
(A suivre)
sources : Wikipédia France et Allemagne et remerciements à J. Unterlechner , ancien légionnaire, qui m’avait fourni une source journalistique importante en provenance d’Allemagne - il y a déjà quelques années-sur l’idée principale de ce sujet