jeudi 11 décembre 2008 - par ARMINIUS

Walkyrie, le complot qui aurait dû réussir

Dans quelques semaines sortira sur les écrans, après de nombreux incidents de tournage, le film sur l’opération Walkyrie, Tom Cruise endosse l’uniforme du général von Stauffenberg, la ressemblance avec l’original est d’ailleurs assez saisissante, et le portrait en sera, au vu des rushes, assez flatteur le but est, entre autres pour les commanditaires proches de l’acteur, d’amadouer un public allemand, assez rétif : outre-rhin depuis Hitler on a au moins appris à se méfier des idéologies douteuses…

Maintenant pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Opération Walkyrie, j’ai essayé d’en analyser les tenants et aboutissants car, le temps passant et l’ouverture des archives aidant, on a maintenant une autre lumière sur un complot qui aurait dû réussir et épargner ainsi la vie de plusieurs millions de civils et soldats.

Mais revenons aux origines : Allemagne années 20, malgré la crise les "Roaring Twenties" importées des USA enflamment les nuits berlinoises, le fox-trot et le charleston bousculent la valse et le tango, par contre le ressentiment est grand chez les militaires, la guerre perdue faute au haut commandement et aux planqués de l’« arrière », oblige à d’immenses sacrifices, la dette exigée par le France de Clemenceau est proprement écrasante, ultime humiliation : les troupes françaises occupent la Rhénanie. Hindenburg, le vieux « junker », reste pour beaucoup le seul recours. Dans son ombre lèvent les nouvelles graines de l’espoir du peuple allemand : parmi elles Adolf Hitler qui a déjà le soutien, outre-Atlantique d’un puissant industriel qui partage ses idées antisémites : Henri Ford.

Henri Ford… un de ceux a qui la guerre va profiter puisque ses usines fourniront à la fois l’Armée US, la Wermacht et… l’Armée Rouge . Henri Ford qui publiera bientôt dans son journal le très controversé « Protocole des Sages de Sion » et qui recevra des mains d’Hitler, en 1930, la plus haute distinction nazie réservée aux étrangers pour services rendus… les pièces du puzzle commencent à se mettre en place…

1933… Hitler arrive à s’imposer grâce à un chantage- il est au courant d’un scandale financier touchant nombre d’officiers supérieurs junkers dont Hindenburg- comme chancelier, les mesures qu’il va prendre vont séduire le peuple allemand humilié : le réarmement de la Rhénanie, l’extension du « Lebensraum » (espace vital) allemand vers l’Est, l’Anschluss (annexion de l’Autriche), tout cela plait aux nazis, bien sûr, mais aussi à l’ensemble des officiers de la Wermacht, même si le sort réservé aux ennemis du peuple allemand (nuit des longs couteaux, nuit de cristal) dérange la conscience de certains.

1939, après la reculade sur la Rhénanie, la reculade de Munich va encourager l’appétit de l’ogre nazi, la Pologne envahie, la guerre est inévitable, le succès de la Blitzkrieg donne encore raison à Hitler : la majorité des généraux applaudit, les industriels américains, encouragés par les lobbies pro-allemands US ( dont « America First » du célèbre Charles Lindbergh) font avec l’Allemagne de juteuses affaires, Ford, encore et toujours, la Standard Oil et d’ autres hommes d’affaires peu regardants- parmi eux : Kennedy (père du futur président) et Bush (grand-père de JR)- Tiens, tiens, déjà…

Arrive 1942, Les Etats-Unis d’Amérique, grâce à Pearl Harbor et au forcing de Roosevelt viennent d’entrer en guerre. Quelques officiers supérieurs de la Wermacht, ayant des connaissances en matière de stratégie, savent qu’ils vont bientôt être pris en tenaille entre Russes et Alliés, de plus le vent de la victoire est en train de tourner : les revers cuisants sur le front russe et en Afrique confirment leurs craintes, il faut agir !

Dès 1938, sont apparus des embryons de résistance au régime d’Hitler, l’un militaire représenté par Ludwig Beck, qui démissionne de son poste de chef d’Etat-Major de la Wermacht, l’autre civil, emmené par Goerdeler, maire de Leipzig, qui démissionne aussi pour intégrer l’entreprise Robert Bosch. Son nouveau poste va lui permettre de voyager à l’étranger et de nouer contact avec les alliés. A partir de 1942, d’autres mouvements dont le plus connu le cercle de Kreisau vont mettre en commun leurs énergies pour arriver à une solution finale : l’élimination physique d’Hitler. Mais leur plan comporte aussi la mise en place d’un régime qui devra conclure une « paix dans l’honneur » avec les alliés de façon à pouvoir concentrer toutes les forces armées à l’Est contre l’ennemi communiste : le puzzle avance et une pièce bizarre ne peut s’y intégrer car elle vient du puzzle nazi : pourquoi, en 1941, Rudolf Hess a-t-il été parachuté (au propre comme au figuré) sur l’Angleterre ? L’idée d’une paix séparée aurait-elle aussi effleuré l’entourage du führer ?

 

(A suivre)

sources : Wikipédia France et Allemagne et remerciements à J. Unterlechner , ancien légionnaire, qui m’avait fourni une source journalistique importante en provenance d’Allemagne - il y a déjà quelques années-sur l’idée principale de ce sujet



10 réactions


  • Hieronymus Hieronymus 11 décembre 2008 15:15

    sur les dates :
    la remilitarisation de la Rhenanie c’est en mars 1936
    l’annexion de l’Autriche (Anschluss) en mars 1938
    Munich ou l’abandon de la Tchecoslovaquie en septembre 1938


  • LE CHAT LE CHAT 11 décembre 2008 15:29

     C’était un peu tard , mais Patton aurait bien lancé ses blindés jusqu’à moscou ! smiley


    • cogno1 11 décembre 2008 16:10

      Il a bien fait de s’abstenir, son matos ne faisait pas le poids, et il aurait perdu la bataille de la logistique de toute façon.

      Sinon il y a déjà un film la dessus, je ne savais pas qu’ils en refaisaient un.
      Je reste néanmoins dubitatif, je ne sais pas qui fait ce film, mais vu l’acteur, je suppose que ce sera un film Américains, or ces films comportent souvent une part de propagande déguisé en morale, le genre de truc à vous fouttre un film en l’air.
      J’attends de voir.


    • ASINUS 11 décembre 2008 16:40

      " son matos faisait pas le poids"



      yep pourquoi croyez vous qu ils se sont dépecher de faire peter leurs bombes atomiques ?


      le signal a été reçu "fort et clair"


    • ARMINIUS ARMINIUS 11 décembre 2008 16:46

       C’est sous entendu dans mon introduction, je ne voulais pas trop insister sur le fait que c’est un film de propagande
      C’est pour ça que j’essaie de replacer l’histoire dans un contexte un peu plus authentique.
      @Hièronymus : merci pour la précision sur les dates, je ne me suis pas assez relu.


    • Médiateur Médiateur 11 décembre 2008 17:17

       ARMINIUS,
      Si vous voulez modifier quelque chose dans votre texte, il suffit de m’indiquer les changements souhaités. 


  • Hieronymus Hieronymus 11 décembre 2008 23:15

    Je voulais ajouter, mais j’attendrais plutot la suite pour etre plus disert
    l’histoire de la resistance allemande au nazisme est quasi inconnue en France, il faut dire que le courage de ces resistants devait etre enorme, car ils etaient aussitot accuses de lachete ou de traitrise, aussi la plupart ont choisi l’exil, assez tot, certains cependant sont restes en Allemagne et ont joue un role tres discret mais essentiel ds la defaite du nazisme ..
    le cas d’officiers superieurs comme Stauffenberg est plus problematique, etant donne leur haut niveau de culture ils ne pouvaient qu’etre degoutes par l’ideologie nazie et la generalisation de pratiques barbares, cependant par patriotisme, par loyalisme, ils sont restes presque jusqu’au bout fideles au regime et c’est seulement a la derniere extremite quand ils ont realise vers quel abime les dirigeants nazis entrainaient l’Allemagne, qu’ils se sont dresses et ont agi contre le regime, avec maladresse, d’ou leur perte ..
    l’exemple de la vie et de la fin tragique de von Stauffenberg constituerait un formidable sujet de piece de theatre pour un auteur d’art dramatique ; quel dilemme moral insoutenable a du ecarteler la conscience de cet officier allemand epouvantablement tiraille entre sa culture, son instruction, sa sensibilite d’homme d’une part et son sens de l’honneur militaire d’autre part ..


  • ASINUS 12 décembre 2008 06:59

    entre sa culture, son instruction, sa sensibilite d’homme d’une part et son sens de l’honneur militaire d’autre part .. "


    yep hieronymus la caste militaire prussienne a non seulement appuyée hitler bien sur culturellement
    l approbation du nazisme n a pas du passer " comme une lettre a la poste" mais outre les liens
    qu entretenait le haut commendement avec l industrie allemande la plupart des decideurs industriels
    etaient d anciens officiers de 14/18 , les militaire n ont eu aucun mal à passer du coté d un pouvoir qui a remis l armée au centre de la societé ,ces prussiens si distingués ont d autant plus joué le jeux des lors
    que le nazisme s est purgé de son aile gauche "par trop plébéene"et que les ss l ont emportés sur les sa
    la reichweir a d ailleurs prétée son concour logistique a "la nuit des longs couteaux" , yep il est patent que la caste prussienne a servit loyalement le reich son opposition vient de l implication de plus en plus prégnante d hitler dans la sratégie et ses conséquence son obstination a combattre de maniere irréaliste
    la poussée sovietique , les generaux pensent encore sauver les meubles et assurer la perenité de leur societé de caste qui s est accomodée d hitler tout en méprisant silencieusement " der bohmishe gefreiter"
    en ce sens il n est pas anodin que votre heros" s en est un"soit Von et epoux d une comtesse


  • hihoha 12 décembre 2008 07:10

    Ford qui publiera bientôt dans son journal le très controversé « Protocole des Sages de Sion »

    Permettez- moi d’être un peu surpris par le "très controversé"...

    Les historiens contemporains sont unanimes pour attribuer la paternité de ce pamphlet antisémite aux agents secrets du Tsar !

    Il est vrai que nos jours dans maints capitales du monde arabe et musulman en général , il circule librement et atteint des ventes records dans ces pays....

    Bien à vous.


  • Stéfan Stéfan 12 décembre 2008 10:42

    "’(à suivre)" : d’accord mais bon on n’apprend pas grand chose sur l’opération Walkyrie à la lecture de cet article dont c’est pourtant le titre...
    Pourquoi interrompre le déroulement au moment où on sent qu’il va enfin être question de ce qui a été promis en introduction ?
    Après avoir lu l’article je n’en sais pas plus sur Walkyrie. Pourquoi est-ce un complot qui aurait dû réussir ?
    Il faut soit changer le titre et l’accroche, soit réécrire l’article.


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