samedi 29 décembre 2018 - par C’est Nabum

Des bulles à en perdre la tête

Avec quelques coupes de champagne !

Ils se sont retrouvés. Le rendez-vous s’imposait à eux comme une évidence. Mais comment réaliser un rêve sans un complice bienveillant ? Une bouteille s’insinue entre eux, elle leur donnera ce merveilleux coup de pouce qui les fera basculer dans la région du tendre. Elle s’impose à eux. C’est elle qui détache délicatement la capsule et la gaine de fer. C’est lui qui lentement, imperceptiblement libère le bouchon tout autant que cette tension qui les empêchait de parler, de respirer, de vivre sereinement depuis qu’ils se sont trouvés.

La coupe est pleine. Les bulles montent délicatement à la surface du verre avant que d’éclater en de tendres promesses. Ils n’ont pas encore trinqué. Chacun espérant en secret que ce délicat breuvage va abattre les défenses de son convive. Faut-il croire qu’ils ne se doutent pas encore que toute réserve est abolie ? Ils se sont retrouvés, l’histoire qui reste à écrire semble se résumer à ces merveilleuses bulles : légères, enivrantes, délicates, tendres…

Ils vont choquer leurs verres. Leurs yeux se mêlent, leurs regards se perdent dans le désir. Ce vin délectable est la plus belle des invites. Sa robe translucide est une promesse. Transparente, prémice d’une nudité qui les débarrassera de tous leurs oripeaux. Ils se découvriront, se montreront l’un à l’autre sans faux-semblants. Ils le savent, le redoutent tout autant.

Le premier verre devra libérer les craintes et les angoisses, les réserves et les complexes. Le mystère est tel que la découverte de l’autre n’est jamais sans risque. C’est une longue exploration, un jeu de colin-maillard qui se pratique à tâtons. L’alcool leur fournira le courage d’oser tout en aiguisant leurs sensations. C’est du moins ce qu’ils espèrent secrètement.

La première gorgée explose dans leurs palais. Il leur faut mêler leurs bouches, se griser déjà de l’autre. Ils savent désormais que toutes les murailles vont s’effondrer, qu’ils seront seuls au monde avec un désir qui monte, qui monte pour finir par éclater lui aussi, tout comme ces bulles dans lesquelles ils ont fondé tous leurs espoirs.

Le premier verre est bu. Le temps est venu de ne plus différer, de se donner à la douce folie qui s’impose à eux. La tête leur tourne, ils perdent déjà pied avec le réel. Ils se touchent, se caressent, s’effondrent sur ce lit tout proche qui leur a semblé si effrayant il y a quelques instants. Il portait un message qu’ils n’assumaient pas pleinement. Le premier verre avalé, le bel espace horizontal est moins menaçant. Tout au contraire, il va recevoir délicatement des corps qui vacillent.

Ils s’effeuillent, ils s’égrappent, ils se goûtent, se délectent l’un de l’autre. Un autre verre s’impose. La peur de l’inconnu est encore trop présente. La découverte à venir est une plongée dans le plus grand mystère qui soit. Le partage est pour eux une évidence même s’ils ont tout à découvrir de l’autre. Le plaisir, cette énigme absolue, réclame encore de libérer les freins, de lâcher prise. Le Champagne est le plus fidèle serviteur des futurs amants.

Le second verre fait son effet. La tête leur tourne. L’amour ou bien l’alcool ? Les deux à la fois ! Ils s'enivrent de mots, se grisent de caresses, se perdent en soupirs. Ils s’abandonnent totalement l’un à l’autre. Le divin breuvage, une fois encore a uni dans son lit deux êtres qui lui ont confié leur rêve commun.

Ce qui se passera ensuite ne nous regarde pas. Le bouchon a fait sauter tous les barrages. C’est désormais un flot tumultueux qui coule dans leurs veines. La fusion se nourrit de confusion, le désir est à son comble. L’explosion les laissera pantelants et épuisés. Ils pensent avoir déposer les armes. Le temps est venu des confidences, des promesses, des espoirs.

Il reste cependant un dernier verre. C’est avec lui que, plus tard, tout basculera. Si le vin est éventé, les espoirs seront vite déçus. S'il a gardé sa pétillance, tout est encore possible pour eux, tout va recommencer une nouvelle fois pour ne jamais plus s’arrêter. Bientôt, ils n’auront plus besoin de boire pour se déguster ainsi. Ils se sont trouvés et s’aimeront ainsi, longtemps encore, très longtemps encore.

Légèrement sien.



7 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 29 décembre 2018 09:52

    Duand les temps sont à la haine, les corps de se réchauffer à l’haleine des mots. Dans un couple, si les bulles ne se remplissent de mots, elles éclatent dans le vide et la distance s’installe. Si au contraire, les mots font éclater la bulle, l’espace de densifie, se remplit, se livre. Une histoire s’écrit et jamais ne se termine. Même si le corps se dérobe, l’infini des éch« anges » demeurent à perpétuité. C’est une prison de velours bien difficile à déchirer. Le corps à corps de s’inscrire dans la durée, se sculpter dans la force, des cris de joie et des écrits. Le temps alors se fige en un instant« années » qui ne se comptent plus. Dépêchez-vous d’aimer,....


  • zygzornifle zygzornifle 29 décembre 2018 17:46

    Comme l’UPSA effervescent ....


  • La Voix De Ton Maître La Voix De Ton Maître 30 décembre 2018 05:25

    Nabum se permet encore une fois de plus le luxe d’être futile.

    Luxe futile, la nouvelle définition du luxe à la française que personne n’a heureusement compris pour la gloire de notre industrie.


  • xana 31 décembre 2018 13:10

    Bonjour Nabum, bonjour Mélusine.

    Je vous souhaite le meilleur pour cette année 2019

    Xana


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