mercredi 20 janvier 2010 - par olivier cabanel

Des « Omos » pas comme les autres

Il y a sur cette terre des peuples extraordinaires, ceux de l’Omo par exemple. Ils réalisent sur leur corps des peintures sublimes qui n’ont rien à envier à Picasso, Miro ou Klee.

Hans W.Silvester les a rencontrés.

Ce grand reporter à un parcours atypique : parti en vespa pour visiter la Camargue, il se retrouve Guardian à cheval, s’étant fait voler son "deux-roues" à Marseille.

Silvester est un photographe militant, acquis de longue date à la cause environnementale.

Il photographie les ravages de la déforestation Amazonienne, une rivière (Calavon) assassinée, s’intéresse aux pluies acides, à la pollution de la terre, de l’air et de l’eau.

Les animaux sont aussi son sujet de prédilection.

lien

Il a 14 ans quand il fait ses premières photos.

Il a réalisé de nombreux livres, au cours de ces multiples voyages, des chats de la Grèce, (lien) aux filles du Rajasthan. lien

Qui ne connait pas ce magnifique livre sur la Camargue illustré de ses photos en noir et blanc de chevaux camarguais, légendé par des textes de jean Giono, et récompensé par un prix à la Foire du livre de Leipzig ? lien

Mais revenons aux tribus de l’OMO.

Hans Silvester était parti en expédition pour retrouver les traces de Lucy, notre ancêtre lointain.

En effet, la région du fleuve Omo est considérée comme le berceau de l’humanité, puisque c’est là qu’Yves Coppens a découvert en 1975 les restes d’’humanoïdes vieux de trois millions d’années.

Notre photographe s’est trouvé nez à nez avec ces étranges artistes que sont les peuples de l’Omo. diaporama

Silvester a découvert des femmes, des enfants et des hommes dont le plaisir évident est de considérer leurs corps comme une toile.

Ils doivent leur nom à celui du fleuve qui borde leur territoire. lien

Qu’ils soient des Mursis, des Surmas, des Karos, ou des Kwegus, ces Ethiopiens, dès l’âge de huit ans, deviennent de véritables chefs d’œuvres ambulants.

Ces tribus vivent à plus d’un millier de kilomètres de Khartoum, et sont en voie de disparition : les Karos ne sont plus que 300, et les Kwegus 165 ! vidéo

Ces tribus ont depuis des siècles le génie de la peinture.

Avec seulement le désir de décorer, d’être beau, de séduire, ils jouent comme des enfants à plonger les doigts dans la glaise, réalisant en quelques minutes une toile de leur corps.

Du bout de leurs doigts, de leurs ongles, ou à l’aide d’un bout de bois, d’une tige de roseau, ils font de leur corps un tableau magique, de la tête aux pieds. lien

Tout est prétexte à se parer, à plaire, à faire acte de création, d’inventivité.

Avec les fleurs, les baies, les branches, les pigments découverts çà et là ils décorent leurs corps, de la tête au pied, pour des résultats somptueux.

Ils parachèvent leur œuvre avec des plumes d’autruches, ou d’autres oiseaux, des feuilles, les inflorescences d’un roseau,

Ils ont la particularité d’être grands, souvent de 2 mètres, ou plus.

La région qu’ils habitent est volcanique, et c’est là qu’ils y puisent leur palette de couleurs : le blanc du kaolin, le vert du cuivre, l’ocre rouge, le jaune ou le gris des cendres.

D’après certains anthropologues, les motifs symboliques blancs dessinés sur leurs corps sont destinés à leur assurer la protection des forces surnaturelles. lien

D’autres pensent qu’aucune signification religieuse ne leur impose la réalisation de ce que l’on peut appeler sans hésiter des chefs d’œuvres.

De Picasso (lien) à Miro, (lien) en passant par Klee, (lien) tous, s’ils étaient encore parmi nous, n’hésiteraient pas à s’enthousiasmer de la créativité de ces tribus, et du résultat obtenu.

Art éphémère qui va disparaitre au premier plongeon dans le fleuve Omo.

Mais ces peuples libres vont-ils réussir à résister à la pression de nos civilisations, et devenir à leurs tours  éphémères ?

Espérons que les publications, illustrées des photos de Hans Silvester pourront permettre de sauver ces peuples et leurs cultures. (Natural Fashion, les habits de la nature, les peuples de l’Omo, les enfants de la vallée de l’Omo) lien

Car comme disait mon vieil ami africain : « une main toute seule ne peut pas applaudir  ».



24 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 20 janvier 2010 12:45

    Salut Olivier,

     Belle peuplade, en effet.
     « Avec seulement le désir de décorer, d’être beau, de séduire, »
    La scarification, les tatouages font pourtant partie de cet ensemble que l’on pourrait croire idyllique.
    Mais qu’est-ce qui a pris les hommes et les femmes d’enlaidir le naturel par des artifices pareils ?
    Quel serait la réponse de l’Africain, d’après toi ? smiley 


    • olivier cabanel olivier cabanel 20 janvier 2010 13:31

      Guy,
      j’ai le sentiment que tu n’as pas ouvert le diaporama proposé ?
      il est la preuve de la beauté de ces peintures corporelles, figées sur la « pellicule » numérique par Hans Silvester.
      le lien pour voir le diaporama de celui ci est sur le mot « diaporama »,
      c’est absolument superbe, et les « belles » de nos « civilisations » n’ont qu’à bien se tenir.
      regardes s’il te plait et après on en reparle.
      ok ?


    • L'enfoiré L’enfoiré 20 janvier 2010 13:50

      Olivier,
       Je n’ai pas ouvert tous les liens, mais le diaporama, celui-là je n’hésite jamais longtemps et cela avait été découvert. Bien fait d’ailleurs avec ses effets qui passent de l’une photo à l’autre.
       De plus, j’ai vu déjà des conférences sur le sujet.
       L’Ethiopie, très beau pays, je n’y ai pas même cherché à y aller parce que c’est un pays qui est en guerre permanente.
       De toutes manières, répondre à la question de savoir pourquoi l’homme a cherché à se grimer, est la base de ma discussion. Une manière de s’habiller ? Grands reporters apporte d’autres photos.
       Donc, tu peux entamer la conversation, je suis averti.


    • MICHEL GERMAIN jacques Roux 20 janvier 2010 14:16

      Faire un tour du côté de Hegel... laisser une trace, sa marque, soi, durer, se distinguer, des autres, de ce que la nature a fait de nous, plaire, être original parmi les autres, les rendre heureux, créer, se créer...être.

      Pourquoi demander aux Africains quand talons aiguille, corsets, soutien-gorges, bijoux aux oreilles, aux nez, aux seins, aux sexes, rouge à lèvres, aux joues, bleu aux yeux, mouche, cravates, costards, parfums, épilations partielles, totales, intimes, brushing, Couleurs...

      Comme disait un ami Africain tu vois le pinceau dans l’oeil du voisin et ne vois pas le rouleau (compresseur) dans le tien... 


    • L'enfoiré L’enfoiré 20 janvier 2010 15:09

      Jacques,
       « Faire un tour du côté de Hegel... »
      J’irai et j’espère y trouver ce que je cherche.

       « laisser une trace......être.’
      Tout à fait exact dans notre société de modernité. Le percing, les tatouages sont bien présent.
      Mais, pour ce qui est de l’originalité, quand on sait que l’on peut choisir sur catalogue, ce qu’on veut voir sur da peau... c’est pas assurer sur facture.
      Quand aux peuplades, le grimage est presque toujours pour faire peur à la peuplade adverse, pas pour faire beau.

      Comme disait un ami Africain en nous voyant »tu n’as pas l’occasion d’être toi, alors que tu voudrais que tout le monde te reconnaisse comme un « toi » unique."  smiley


    • olivier cabanel olivier cabanel 20 janvier 2010 16:42

      Guy,
      non, pour moi, mais je ne suis pas expert, ce n’est pas une nouveauté que l’homme (ou la femme) se sert de son corps (ou de notre temps de ses habits) pour faire passer une image créative de lui même.
      changer la couleur de ses cheveux, porter des bagues, des boucles d’oreilles, des colliers, voire des montres "bling-bling) en sont la preuve journalière,
      mais aussi se faire tatouer, se mettre du rouge à lèvre etc...
      en fait les tribus de l’omo ne font que pousser au chef d’oeuvre ce que nous faisons d’une manière un peu banale.
      ais-je bien répondu ?
      à+
       smiley


    • olivier cabanel olivier cabanel 20 janvier 2010 16:45

      Jacques Roux,
      je viens de faire une réponse à L’Enfoiré, et je découvre la votre,
      et je m’aperçois que nous avons fait la même analyse,
      sauf que les « Omos » le font avec beaucoup plus de créativité.
      nos grands couturiers ont des leçons à y prendre.
       smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 20 janvier 2010 17:37

      Olivier,
       Le fait de voyager par Internet apprend beaucoup de choses.
       Hengxi, tu te souviens, m’en a appris une hier.
       L’Omo, c’est au départ pour paraître beau. Là-bas, c’est pour repousser l’âge.
      Amusant, non ?


    • olivier cabanel olivier cabanel 20 janvier 2010 17:41

      Guy,
      et à part ce chinois aux tempes « argentées », n’oublions pas nos chers punks des années 80 qui n’hésitaient pas à délirer avec les couleurs de leurs cheveux, et les détails de l’accoutrement.
       smiley


  • kitamissa kitamissa 20 janvier 2010 14:10

    finalement ,c’est pas si con que ça,on change de fringues chaque jour,et pas de corvée de lessive ni de repassage,on plonge dans la flotte et hop !..on ressort tout neuf !..

    ,on peut soit se faire une chemise à fleur soit à rayures,sans passer par la case soldes et carte bleue !

    et pour les godasses ,c’est comment ?


    • LE CHAT LE CHAT 20 janvier 2010 14:48

      @maxim

      ceux qui aiment les marques peuvent même se faire la virgule de Nike ou le crocro Lacoste ,
      encore plus low cost que les contrefaçons made in China !  smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 20 janvier 2010 15:14

      Kitamissa,
       Vous oubliez une idéologie tellement prisée de notre civilisation : « time is money ».
       Pour aller travailler au bureau, grimé de la sorte, cela vous obligerait, dans un pays où la température le permet, à devoir vous lever vers 03:00, tous les jours.
       Pour les godasses ?
       Simple de ce côté, il y a la semelle naturelle pure cuir avec les doigts de pied à l’air. smiley 


    • olivier cabanel olivier cabanel 20 janvier 2010 16:43

      Kitamissa,
      à priori, les « Omos » ne se sont pas posé la question, vu qu’ils vont pieds nus,
      mais je ne doutes pas que s’ils avaient eu besoin de souliers, ils auraient fait quelques trouvailles.
       smiley


    • kitamissa kitamissa 20 janvier 2010 20:05

      salut mon pote Le Chat ...

      d’autant plus qu’en Afrique dans les rivières ,t’as déjà le croco ,et même plein si tu restes longtemps dans la flotte !

      encore mieux que chez Lacoste !


  • marcel 20 janvier 2010 17:13

    Les Omos ajoutent-ils une poudre à l’argile pour réaliser ces peintures étonnantes ?


  • sissy972 20 janvier 2010 23:29

    Bonsoir Olivier,
    Très bel article. Je ne connaissais pas du tout les Omos. Jolies fesses !
    Leur façon de se peindre est naturelle, ils utilisent ce que la terre leur offre, cela change des femmes et des hommes maintenant, occidentaux qui vont chez l’O... pour se farder et se faire beaux avec des produits chimiques.
    Bonne nuit
    Sylvia


    • olivier cabanel olivier cabanel 21 janvier 2010 07:49

      Sylvia,
      vous me donnez une bonne idée d’article,
      ces maquillages qui ont envahi nos vies, pour les femmes, comme pour les hommes, que contiennent-ils ?
      reste-t-il encore aujourd’hui des produits naturels pour nous refaire le portrait,
      excellente idée que vous m’avez donné,
      et bonne journée !
       smiley


  • ddacoudre ddacoudre 20 janvier 2010 23:49

    bonjour olivier

    merci pour cet article la vidéo est splendide je l’ai enregistré, et en même cela m’a fait pensé au débat sur l’identité, et un paragraphe que j’avais écrit en 99

    Chacun d’entre nous porte un signe culturel pour se distinguer des autres, malgré les signes morphologiques ; pourtant certains de ces signes distinctifs remontent à des pratiques coutumières qui se perdent dans les âges de notre histoire. Néanmoins certaines demeurent vivaces, comme le tatouage, le piercing, la scarification (cicatrices dans les chairs), les mutilations d’organes génitaux, etc. Heureusement le monde occidental et d’autres sont passés à des représentations moins traumatisantes ou plus discrètes et esthétiques, telle le baptême, les boucles d’oreilles, mais elles n’en demeurent pas moins présentes.

    j’avoue que je ne connaissais pas le peuple Omo sinon je l’aurai mentionné ,c’est trop beau dans toutes ses acceptions du terme.

    cordialement.


    • olivier cabanel olivier cabanel 21 janvier 2010 07:53

      ddacoudre,
      je n’ai pas trop développé certains aspects moins « décoratifs » à mon gout, des signes distinctifs de ces tribus, comme par exemple, la déformation des lèvres pour le port du plateau,
      c’est généralement ce qui est mis en avant dans beaucoup de reportages,
      et comme hans Silvester, j’ai préféré mettre en avant ces magnifiques peintures de corps,
      à bientot,
       smiley


  • dominique 21 janvier 2010 09:24

    Superbe article et des images plus que belles.


  • DIMEZELL 21 janvier 2010 09:52

    Merci pour cet article et les liens qui sont intégrés.

    Ca nous change vraiment de certains thèmes et d’un certain nombre de commentaires attendus sur ce site et dont on se passerait bien.

    Magnifiques photos et extraordinaires personnages aux visages incroyablement bien décorés, avec finesse,sensibilité et un sens très fort de l’harmonie des couleurs et des formes. Super.


  • olivier cabanel olivier cabanel 21 janvier 2010 10:00

    Dimezell,

    merci.
    j’espère seulement que cet article, et surtout le travail de fond fait par Hans Silvester pourraient contribuer à sauvegarder ces peuples magnifiques, qui comme vous l’avez compris sont très menacés aujourd’hui,


Réagir