mardi 5 décembre 2017 - par C’est Nabum

La pièce rapportée

L’intrus dans la famille

Qui n’a jamais entendu cette expression a sans doute eu le bonheur d’être accueilli à bras ouverts dans sa belle famille. Mais hélas, tel n’est pas le cas de tout le monde et je sais des gens de ma connaissance pour qui l’anathème a pesé durablement et ne cesse, pour certains, de se prolonger en dépit des années. C’est pour eux que j’écris ce billet ; que les autres profitent du bonheur d’être acceptés sans hypocrisie ni réticence.

La pièce rapportée se trouve, le plus souvent, en but à l'inénarrable belle-mère, objet de tous les ressentiments, des acrimonies, des plaintes et des reproches. Bienheureux encore quand tout cela ne s’exprime qu’en regards de travers, petites piques vachardes ou bien oublis fort opportuns. Parfois, la pièce rapportée se trouve taillée en pièces, interdite de séjour ou bien si ignorée qu’elle en devient transparente.

Mais qu’a donc fait cette pauvre pièce pour qu’on lui taille des croupières ? Le pire des crimes pour une mère aimante ou bien un père possessif - car il n’y a pas d'exclusive dans cet odieux ostracisme, homme et femme s’y entendant parfaitement pour jeter l'opprobre sur l’indélicat - réside sans doute par ce qui est vécu comme un vol, un rapt inacceptable. L’affreuse pièce rapportée est venue enlever la prunelle des yeux : le cher petit gars ou la merveilleuse fille qui s’est laissé abuser par ses maudites grimaces.

C’est alors la litanie des reproches et des suspicions. L’argent d’abord, l’argent surtout, dans certains milieux, ne peut être que la motivation de celui ou de celle qui a jeté son dévolu sur l’héritier ou l’héritière potentielle. On n’aime pas monsieur, on compte ! Gare à la pièce rapportée s'il venait à manquer d' argent : ce serait alors la démonstration flagrante de sa vénalité. Dans pareil cas, pas la moindre aumône, pas la plus petite pièce pour le pauvre quémandeur.

L’éloignement ensuite. La pièce rapportée a la fâcheuse tendance de vouloir mettre de la distance entre une belle-famille envahissante et le couple qu'elle veut fonder dans la sérénité. C’est sans doute un mauvais calcul car elle se trouve assaillie d’appels téléphoniques : ces merveilleuses sonneries qui, quand elle décroche, lui renvoient systématiquement le redouté « Allô ! » suivi immanquablement du prénom de ce cher enfant qu’on regrette tant. La pièce rapportée se sent alors invisible, quantité négligeable pour ce correspondant indélicat.

Les valeurs plus encore car la pièce rapportée est toujours coupable d’une influence désastreuse sur le brave petit ou la bonne enfant d’autrefois. Cette greffe qui ne peut prendre se trouve diamétralement à l’opposé de l’échiquier politique. Pire encore, c’est un mécréant ou bien une païenne qui va élever les petits-enfants, mon Dieu quelle horreur, sans le secours de la religion. « Mais qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu pour mériter pareil châtiment ? »

La pièce rapportée fait tâche. C’est encore un sujet d’indigestion. Sa profession n’est pas digne de fierté. Comment avouer à ses fréquentations, aux gens de sa côterie que son enfant se trouve uni à un parasite, un incapable, un fonctionnaire ou bien un individu le plus souvent sans emploi ? Les ambitions sociales se sont fracassées sur cette terrible réalité. Il n’y a rien à espérer de cette pièce qui va contraindre le cher enfant à une vie sans relief, sans confort, sans reconnaissance.

La pièce rapportée a tellement mauvaise influence qu’elle ne peut qu’élever en dépit du bon sens les petits-enfants. Ces gamins ne pourront être que mal éduqués, impolis, désagréables. « Comment faire pour qu’ils échappent à sa détestable éducation ? J’en tremble ma bonne dame ! Le pire de tout c’est qu’elle a refusé d’inscrire mes petits-enfants dans une école privée sous prétexte d’une nécessaire mixité sociale... »

La pièce rapportée n’a aucun espoir de tomber un jour en grâce. Pour elle, les réflexions cinglantes, le traitement méprisant, l’indifférence ou bien l’évitement. Elle doit ronger son frein, faire preuve d’une immense patience quand, pour quelques jours, elle se trouve plongée dans un monde inquiétant et hostile. Elle se fait discrète, garde ses réflexions, mange son chapeau jusqu’à la délivrance du retour dans sa tanière. Mais gare au faux pas ! le rejet de la pièce rapportée surviendra , à la plus petite faute, afin d'extirper le pauvre enfant du piège dans lequel il s’est fourvoyé.

La pièce rapportée n’accédera jamais au statut de membre de la famille. Éternellement il lui faudra traîner ce statut de la honte, porter une croix dont aucun péché n’expliquera vraiment la raison d’être. Tout s’est joué ailleurs, dans une relation passée, en un temps où elle n’était qu’une éventualité, une hypothèse incertaine et le plus souvent inenvisageable. La pièce rapportée paie très cher le prix d’un cordon qui n’a jamais été coupé, et contre ça, il n’est hélas rien à faire !

Justapositionnement vôtre.



17 réactions


  • juluch juluch 5 décembre 2017 15:19

    Je crois qu’on fut tous témoin de ces désagréments dans la famille.....ça arrive souvent.


    ma mére avec sa belle mère et mon père également.

    moi ma fois RAS !!

    par contre certains copains de mon aînée me voit une fois et puis après je ne les revois plus.....bizarre quant meme...... smiley

    merci nabum du partage et de la photo de la fin !!

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 décembre 2017 16:09

    La maniere d’enter en piece rapportée, a quelque correspondance avec celle à l’escussonaiant ceci de commun, qu’un seul oeillet suffit à faire un ente. Feuilletant le carnet de poésie de ma chère mère, j’ai trouvé ceci : 5éme message


    Dans l’aube, un oeillet dit à une rose qu’il l’aimait et les fleurs de sourire au joli compliment tourné si galamment, ainsi naquit l’amour d’une rose pour un oeillet. Sur la page d’en face se trouve un dessin de son caniche : PLUCHE.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 décembre 2017 16:24

    Il est du destin d’un enfant de faire son nid loin de sa famille d’origine. Au grand dam de celle-ci. Jean mon père, (D’or mais sans,.....) avait préféré une « ette », de moins basse condition. Pauvre blanche,...personne pour lui conter fleurette. Une pensée pour elle,...Article du jour précédent :https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/blanche-199306. Veisberg : la montagne de la Vache. A une grande amie disparue dans les limbes : Anne Fettweis.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 décembre 2017 16:47

    En 2003, j’avais le rêve d’ouvrir une boutique de rêve avec des petits objets au bonheur de la chance,... La vitrine aurait été de sable avec une aquarelle de Turner pour horizon. Une femme émergeait d’une cabine avec des cartes postales en éventail. Le risque était grand de voir mon rêve saccagé. Pour vivre heureux.... je me suis tournée vers la ruche,...moins risqué. https://www.google.be/search?q=Carte+postale+femme+cabine+sager&tbm=isch&source=iu&ictx=1&fir=aPnV4Qdwco3J5M%253A%252Cvi3Aajskm9zfvM%252C_&usg=__CGfr4uVozA8uQUuwhUtBCgBkzH0%3D&sa=X&ved=0ahUKEwil2Y_lm_PXAhUQ56QKHWF3CiUQ9QEILzAD#imgrc=p1uiUDPVyqH9fM :


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 décembre 2017 17:06

    Une autre M. a réalisé son rêve rue des Bouchers à Bruxelles dans une FORGE https://www.rtbf.be/info/societe/detail_passion-cartes-postales-anciennes?id=5141053


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 décembre 2017 17:22

    Les parents de Guillaume invitèrent olga à partager leur table pour le déjeuner.


    Depuis qu’il était parti, il y a quinze ans en amérique, après le décès de la mère d’Olga, Arturo n’avait plus de nouvelles de son père. Il comprenait très bien ses souffrances dues aux nombreuses éclipese qu’il avait imposées à son entourage. Vagabond du ciel et des longs-courriers qui le maintenaoent à distance des personnes lui étant pourtant ch§res, son père, Pégase infatigable, toujours en fuite vers le soleil levant des fuseaux horaires, laissait aux autres le filage de la quenouille de l’absence.

    Olga pensait à Jean, le peintre. A peine s’étaient-ils retrouvés qu’il partait vers d’autres nouveaux horizons, construire ses perpétuels scâteaux de sables mouvants. Chaque instant qui la préparait à leur séparation finale inaugurait un changement Total de sa vie. L’anaconda du passé relâchait lentement son étreinte funeste autour de son coeur et le sang comme purifié reprenait son voyage dans les vaisseaux eéabimés de son corps meurtri,

    Dans un tour de magie, Arturo tendit une boule de neige dans laquelle un couple sur une vespa rouge se dirigeait vers le Mont-Saint-Michel. Les parents d’Olga l’avaient oublié aux « dormantes » et il ne s’en était jamais séparé.

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 décembre 2017 17:27

    Et de deux :Les parents de Guillaume invitèrent Olga à partager leur table pour le déjeuner.


    Depuis qu’il était parti, il y a quinze ans en Amérique, après le décès de la mère d’Olga, Arturo n’avait plus de nouvelles de son père. Il comprenait très bien ses souffrances dues aux nombreuses éclipses qu’il avait imposées à son entourage. Vagabond du ciel et des longs-courriers qui le maintenaient à distance des personnes lui étant pourtant chères, son père, Pégase infatigable, toujours en fuite vers le soleil levant des fuseaux horaires, laissait aux autres le filage de la quenouille de l’absence.

    Olga pensait à Jean, le peintre. A peine s’étaient-ils retrouvés qu’il partait vers d’autres nouveaux horizons, construire ses perpétuels châteaux de sables mouvants. Chaque instant qui la préparait à leur séparation finale inaugurait un changement total de sa vie. L’anaconda du passé relâchait lentement son étreinte funeste autour de son coeur et le sang comme purifié reprenait son voyage dans les vaisseaux abimés de son corps meurtri,

    Dans un tour de magie, Arturo tendit une boule de neige dans laquelle un couple sur une Vespa rouge se dirigeait vers le Mont-Saint-Michel. Les parents d’Olga l’avaient oublié aux « Dormantes » et il ne s’en était jamais séparé.

  • McGurk McGurk 5 décembre 2017 23:03

    Sympa l’article.

    On peut même, éventuellement, le raccrocher à la société et l’école qui exclue pour des raisons diverses et débiles. Les vieux, les « trop jeunes », les chômeurs et sdf, etc. Tous les critères sont un bon prétexte.


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