jeudi 24 octobre - par C’est Nabum

La taille d’automne

 

Sur les dents.

 

Le printemps et l'été n'ont pas été avares d'humidité. La végétation s'est faite un malin plaisir à croître comme elle sait le faire lorsqu'on ne la bride pas. L'exubérance fut son lot, allant titiller les sommets ou du moins lignes électriques et toiture tout en envahissant la rue voisine. Si le coup d'œil n'est pas désagréable, il envoie malgré tout un signal d'alarme à son destinataire.

La situation doit rester sous contrôle à moins d'accepter de se laisser déborder par dame nature. Ici, ce sont les mimosas qui mènent le bal, s'offrant une envolée belle qu'il conviendra de circonscrire avec les moyens du bord. Afin de ne pas se lancer dans une entreprise inconsidérée, il fut fait appel à des amis qui ont l'âme sylvestre.

C'est ainsi qu'en ce premier jour des vacances, nous nous fîmes un malin plaisir de mettre en branle deux tronçonneuses et une armée de petites mains assurant la logistique des bûcherons du petit matin. Autour des stakhanovistes du travail à la chaîne se démènent sécateurs de toutes dimensions et scie à bûche.

Pour lutter contre la poussée de croissance, échelles et escabeaux doivent être de la partie même si les pieds ne sont pas assurés chez ces estivants automnaux. Les gants du reste leur sont indispensables pour éviter de revenir en ville avec une ampoule, ce qui ferait mauvais genre dans leur univers aseptisé.

La bataille est rude, la nature n'entendant pas céder sans créer des difficultés à ses agresseurs. L'escabeau est branlant, l'échelle instable, les sécateurs mal aiguisés et je n'évoque pas la hachette qui avait depuis fort longtemps perdu le fil. Tout ce petit monde est sur les dents tandis que les deux bûcherons sont déchaînés.

Ils taillent, coupent, segmentent, tronçonnent, découpent, fendent à qui mieux mieux, s'offrant une belle panoplie de synonymes. Tandis que les petites mains découvrent avec un bonheur rare ce que fut autrefois le rôle des essarteurs, ces anonymes qui participèrent au grand défrichement du moyen-âge en fagotant à qui mieux mieux.

Le petit bois est entassé, les rondins se lovent en rang d'oignons sur des palettes le long d'un muret abrité tandis que les écureuils qui assistent de loin à la séance se disent in-petto : « L'hiver sera rude, les humains rentrent du bois ! ». Les malheureux ignorent alors que la limite d'âge a atteint un de leurs pieds en l'air et qu’ils devront bientôt découvrir le sens de l'expression : « déménager à la cloche de bois ».

La troupe forestière abat autant d'ouvrage que de branchages dans une vaste sarabande d'actions que nul contremaître ne vient diriger. C'est là le miracle du travail quand celui-ci devient un loisir occasionnel. Il semble alors que les acteurs sont mus par des directives ancestrales ou un instinct qui a échappé à la modernité de l'époque.

Du reste, à l'heure où le soleil se trouve à son zénith, ils arrêtent tous leur ouvrage sans que nulle sirène ne vienne sonner la fin de la distraction. Le repas sera en conséquence des efforts fournis, accompagnés comme il se doit du sang de la terre. Une pause méridienne sera nécessaire avant que de se remettre en mouvement pour achever le labeur.

Merlin n'étant pas du coin, la suite imposera la location d'une fendeuse. Il y a des limites à ce que peuvent réaliser des amis en goguette, fusse l'année du castor. Ils peuvent se fendre d'aimables plaisanteries mais ne peuvent débiter un tronc de près de 60 centimètres de diamètre qui a été coupé à 70 centimètres de hauteur de manière à en faire une table pour boire l'apéritif.

Il convient toujours de joindre l'utile à l'agréable. À avoir ainsi été sur les dents toute la journée, rien de plus normal que de s'hydrater pour reprendre des forces.

 



2 réactions


  • juluch juluch 31 octobre 12:38

    Dans mon village dans l Hérault, j’ai un petit bout de terrain dans la foret ou j’y bricole de temps à autre.

    N ’ayant pas de tronçonneuse j en ai emprunté une à un copain pour élaguer des branches mortes.....3 heures de taff !!!


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