Le hasard du calendrier
De l'Avent à l'avant
De vous à « mois », à la bonne heure !
Ainsi donc, le calendrier, cette chose immuable et sans doute intangible qui scande le temps et nos activités se serait mis à jouer à la roulette ou bien aux dés. Les chantres de la nouvelle langue, les princes de la métaphore approximative, affirment sans rire qu’il existerait un hasard du calendrier. Il convient de rester prudent sur cette affirmation et de vous à « mois », le jour n’est pas encore venu, de découvrir lundi après jeudi …
Je veux bien admettre que le bouleversement climatique peut nous faire vivre juillet juste après Noël et que rien désormais ne garantit que les giboulées surviendront en mars ni qu’en avril, on recevra un coup de fil. Il n’y a plus de saisons : le temps s’accélère, les jours raccourcissent et les cyclistes courent contre la montre. « Tout fout le camp », comme le dit ma vendeuse de miel qui, en matière climatique, en connaît un rayon.
Le hasard jouerait donc de sa grande et imprévisible incertitude pour fixer les rendez-vous avec l’histoire, les coïncidences, les télescopages, comme disent si bien nos virtuoses du microphone, analystes politiques et prévisionnistes à la petite semaine. Il est vrai que l’accélération de la communication facilite les coups du sort, les rapprochements fortuits, les rencontres improbables, les surprises de dernière minute. Le sablier a supplanté la grenouille ; celle-ci ayant trouvé refuge dans un bénitier pour quelque temps.
L’aléatoire gouverne désormais nos existences et, en bons responsables qu’ils sont, nos élus mettent l’intrusion de l’aléatoire sur le dos du calendrier, de la conjoncture, des tendances, des impondérables … tous ces habits dont ils revêtent les réalités qui échappent à leur contrôle. Ils en ont oublié de préciser que rien n’est désormais sous contrôle, que les mouvements de la Bourse sont erratiques, les courbes de l’emploi fluctuantes, les sondages inexacts et les citoyens irascibles. Du temps dépendrait donc leur incompétence. Nous voilà rassurés !
Le calendrier n’est en rien responsable du bordel ambiant. Il se contente de maintenir l’ordre établi par notre sainte Mère l’Eglise, qui fait davantage confiance aux saints qu'à Dieu lui-même pour fixer l’ordre des saisons, la succession des jours et le retour des fêtes fériées. Certains regardent du côté du Soleil quand d’autres ne voient que par la Lune ; c’est sans doute là, l’origine des querelles religieuses et des conflits actuels.
Je me hasarderai à quelques remarques. La révolution est au cœur du calendrier. Les planètes tournent autour de leur astre, notre satellite fait le tour des quartiers. Il aurait certainement quelques influences sur nos comportements car nous sommes faits d’eau. Le marnage n’est pas le seul apanage de l’Océan. Nous avons des hauts et des bas et bien peu de débats véritables. Nos gouvernements nous font marner.
Le calendrier est parfaitement innocent dans tous les soubresauts de notre époque. Il égraine inexorablement le temps qui passe ; il fixe les jours et ne joue pas aux dés avec notre avenir. Ce n’est pas lui qui impose l’agitation absurde et frénétique des hommes. Il sera grand temps de le dédouaner de toute responsabilité et d’oublier cette expression oiseuse.
« Respectons le calendrier », comme aiment à dire les mêmes quand ça les arrange. C’est curieux comme ils savent soudain mettre à leur avantage ce qui, l’instant d’avant, leur était défavorable. L’un d’eux a même prétendu qu’il fallait donner du temps au temps. C’est sans doute pourquoi, ces gens pensent faire la pluie et le beau temps, aiment à ouvrir le parapluie à la moindre tempête et se couvrent toujours derrière une immunité honteuse.
Qu’ils se rassurent : la dernière heure sonne pour tout le monde et pour toutes choses également. Leur République est au bout du rouleau, le temps est venu de changer et il n’y a pas de hasard : le calendrier fera sa révolution une fois encore. Faites vos jeux, rien ne va plus, noir passe et manque. Le calendrier ruse et le temps est aux grands bouleversements.
Aléatoirement vôtre.