vendredi 17 avril 2009 - par olivier cabanel

Le Pape et les Guignols

Toutes les villes ont leur histoire, mais celles de Lyon méritent qu’on s’y attarde, car un pape en est mort, et les guignols y sont nés.

Ce qui fait un étrange raccourci.

En effet, la patrie des traboules et du saucisson a été le théâtre de ces deux évènements..

Il y a 7 siècles, un pape, Clément V, allait se faire couronner à Lyon par philippe le Bel.

Ce Clément est le « Pape Maudit » des fameux « Rois maudits » de Maurice Druon qui vient de nous quitter.

Il faut imaginer la scène.

Le Pape, habillé d’or et de bijoux, couvert de sa tiare, dont la valeur est équivalente au PIB de nombreux pays, venait d’être couronné.

La peuple lyonnais s’est entassée sur son passage.

le Pape, juché sur un cheval, fend majestueusement la foule

C’est là que le drame se produit :

Un mur s’écroule sur le Pape, entraînant dans sa chute sa magnifique couronne couverte de bijoux et de perles, tous aussi magnificients les uns que les autres.

Le choc disperse sur la pente raide de la Croix Rousse des centaines de perles et de pierres précieuses et la foule chrétienne, mais aussi fauchée, se précipite sur la manne qui lui est miraculeusement proposée.

Le pape ne peut réagir, encore sous le choc de sa chute et de sa surprise.

Il se remet lentement, et on l’aide péniblement à lui faire reprendre ses esprits.

L’accident fera 12 morts dont le duc de Bretagne.

Allez vous le croire, mais le pape se met à déprimer, non seulement suite à sa chute, mais aussi, à cause des bijoux irrémédiablement perdus.

A tel point qu’il consulte un guérisseur, un peu sorcier.

Celui ci lui propose un remède dont il ne doute pas un instant de l’efficacité : il va broyer des émeraudes, les mélanger avec un peu de liquide, et le faire boire au saint Père.

Celui ci ne s’en remettra pas, et va mourir en quelques mois dans d’atroces souffrances.

(la version officielle ne rentre pas dans les détails, et parle d’un cancer…)

Voir lien

Etonnant non ?

Mais il y a mieux.

Tout le monde connaît « les Guignols de l’info » qui depuis tant d’années accumulent des records d’audience sur Canal+.

Mais peu d’entre nous connaissent l’origine de Guignol.

Bien sur, chacun sait qu’un nommé Laurent Mourguet en est l’inventeur, mais nous sommes nombreux à ignorer le point de départ de cette invention.

Etonnante elle aussi.

C’est une histoire d’arracheur de dents.

Il n’est pas rare d’avoir dans un cabinet de dentiste une douce musique se déverser pendant que le pratricien s’affaire dans notre bouche.

Parfois même un écran de télévision se trouve en face du patient pour lui faire oublier la douleur à venir.

C’est l’origine de Guignol.

Mourguet était dentiste et arracheur de dents.

Il eut l’idée de réaliser un théâtre de marionnettes, afin de distraire le patient au moment le plus crucial.

Ce qui fut fait. Voir lien

Devant le succés rencontré par son petit théâtre, l’affaire prend de l’ampleur, et bientôt, non seulement les enfants, mais aussi les adultes se rendent nombreux pour assister aux facéties, et aux insolences du célèbre Guignol.

En effet, en ces temps de crise, le créateur de Guignol en profitait pour régler des comptes avec les puissants qui gouvernaient alors.

C’était l’époque des Canuts, ces travailleurs tisseurs de soie, qui se rebellaient contre le pouvoir en place.

« C’est nous les Canuts, nous allons tout nus » chantaient-ils.

Ils se mirent en grève, pour obliger les patrons à respecter le tarif réclamé pacifiquement lequel avait été déterminé auparavant par le maire et le préfet.

La garde nationale et l’armée, envoyée par le gouvernement ne l’entendent pas de cette oreille.

Résultat : 200 morts, 400 blessés.

L’histoire finira mal, puisque le 9 avril 1834, lors de leur procès, des coups de feu furent tirés sur le peuple, provoquant la mort de 300 personnes, 600 blessés, entraînant une répression brutale : prison, déportation, rétablissement de la censure, privation de la possibilité de s’associer et interdiction de journaux.

L’éternel recommencement en quelque sorte.

Car comme disait un vieil ami africain :

« Celui qui rame dans le sens du courant fait rire les crocodiles ».



6 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 17 avril 2009 10:51

    Il y a toujours Jésus à Lyon ! ça lui fout les glandes , à benoit !

    il a néanmoins de quoi payer les marchands du temple !


    • olivier cabanel olivier cabanel 17 avril 2009 11:45

      au Chat,

      bien vu...
      tu aurais pu aussi évoquer les bugnes, vu qu’il s’en est pris une bonne quand il a reçu ce mur au coin de la figure,
      quand aux canuts, les lyonnais qui ont l’humour parfois cynique ont inventé un plat :
      la cervelle de canut.
      c’est en fait un fromage blanc égoutté, que l’on consomme avec un peu de sel, de poivre...
      bon appétit
      à+


    • olivier cabanel olivier cabanel 17 avril 2009 11:49

      Papy,
      ah bon ?!
      moi j’étais plutot fier de mon titre...
      mais bon.

      le mur n’est pas tombé tout seul, bien sur.
      il faut connaitre la croix rousse, et les rues en pentes, bordées de mur.
      c’est assez étroit par endroit, et la foule s’était agglutinée sur les murs qui bordaient la petite rue empruntée par le Pape,
      c’est l’accumulation des gens sur ces murs qui les a fait tomber.
      du moins c’est ce que racontent les historiens lyonnais,

      pour revenir à Clément, il n’a pas laissé beaucoup de bons souvenirs, puisque c’est lui qui est a l’origine de la disparition des templiers.


  • souklaye 17 avril 2009 13:19

    Si j’étais le Pape Benoît XVI, un complexe d’infériorité me rongerait car subir la comparaison avec un mort, s’il est son patron c’est une chose ; mais s’il est un ancien collègue s’en est une autre…

     

    …qui conditionne l’interprétation du dogme vers un extrême originel et en latin, voire vers une confusion certaine du libre arbitre et de l’autisme.


     

    …qui crée une concurrence contre un ennemi imaginaire ou mort-vivant ayant pour conséquence l’oubli de la diffusion théologique et l’omniprésence d’un combat ésotérique.


     

    …qui entérine une tolérance univoque concernant les vices de procédures historiques et révisionnistes.

     

    La suite ici :

    http://souklaye.wordpress.com/2009/03/18/le-subjectif-au-conditionnel-si-j’etais-le-pape-benoit-xvi/


    • olivier cabanel olivier cabanel 17 avril 2009 14:51

      Souklaye,

      d’autant qu’un pape qui le précédait combattait la pédophilie,

      une position qu’on lit moins ces temps ci en catholiscisme, puisque qu’aujourd’hui ceux ci ferment pudiquement les yeux sur ces pratiques condamnables.

      je vous invite à aller lire mon article, sur ce sujet, paru dans av, et qui m’ a valu les foudres de nombreux catholiques,
      entre le luxe étalé, la condamnation du médecin qui a permis l’avortement d’une fillette violée par son beau-pere, et la levée de l’excommunication des dignitaires catholiques négationistes, çà commence a faire beaucoup.
      sans oublier les anciens nazis qui étaient protégés en amérique du sud par l’église catholique.
      ceci dit, je pense que d’autres religions ne sont pas exemptes de critiques.


  • L'enfoiré L’enfoiré 18 avril 2009 09:08

    Salut Olivier,

     Et si tu venais voir nos marionettes ?
     Elles travaillent sous le Péruchet ou chez Toone.
     Toone, affaire de famille, une dynastie même, nous en sommes à Toone VIII.
     Chez lui, vaut mieux avoir révisé ses bons mots en
     Cela vaut le détour. Mon article en ligne sur Bruxelles n’en parle pas vraiment ; J’aurais pu, oubli de ma part ? Pas vraiment. Je faisais plutôt dans le plus grand. Mais une photo, le rappelle tout de même.


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