lundi 7 décembre 2015 - par C’est Nabum

Nez en moins

Billet enchifrené

L'air du temps …

Depuis la tirade du nez de ce brave Edmond, Cyrano semble avoir tout dit de cet aimable appendice. Je risque de me casser le mien à vouloir, le nez au vent, suivre son exemple et traiter de la chose nasale. Qu'importe ceux qui se le pinceront et qui en feront un de six pieds de long, rendons grâce ici au meilleur ami de la moutarde par une ode à sa gloire.

Le nez en l'air, mine de rien, je hume les relents du moment. Je devine que certains veulent nous mener par le petit bout de notre cher balcon facial, celui qui justement surplombe une barbe qui ne fait pas toujours bon ménage avec lui. Pour l'heure, il nous faut montrer patte blanche ; ils ne tarderont pas à nous chercher des loups dans le nez et alors, nous l'aurons à la crotte comme on dit malicieusement par chez nous !

Comme le nez a des ailes, il convient de ne pas détourner le propos ni même d'avoir les membres d'un commando masqué comme passagers clandestins au moment où il désire prendre l'air. Notre cher nez n'y voyant goutte, il faut mener l'investigation d'un doigt fouilleur pour chasser d'une chiquenaude les parasites et autres morveux furieux. Le nez supporte la fouille au corps !

Certains prétendront que j'ai un verre dans le nez : belle occasion pour eux de venir me le bouffer. Ils seraient surpris d'y voir couler du lait, preuve que j'ai encore la naïveté d'un nouveau nez. Je l'ai certes creux et perspicace, crochu et aquilin, ce qui explique pourquoi je joue les toutiers quand je suis perché sur le nez d'un bateau, mais cela ne l'empêche nullement de couler quand le temps se met au froid !

J'ai voulu mettre mon nez à la fenêtre. Comme il était bien rouge, certains ont cru voir une marque ostentatoire de nationalisme. Ils devaient être de mèche avec ceux qui le prennent pour un blason ou bien un blase. Je me dégage vite de la place, ne souhaitant pas me trouver nez à nez avec un patriote irascible. Je craindrais de saigner au milieu de la figure ; je devine que le quidam ne se mouche pas du nez …

Quand les poules auront des dents, je veux bien me prendre de bec avec mes adversaires. Je sais que ça me pend au nez, qu'ils me font le nez sous prétexte fallacieux que le mien est drôle et toujours collé à mon travail. Je m'empresse de leur fermer la porte au nez ; il n'est pas question qu'ils viennent mettre le leur dans mes billets.

Plus loin, il me faut froncer le nez. Curieusement, ça ne fait pas un pli. Il n'a pas besoin d'un cou de fer, il reste effilé et retroussé dans le même temps. Là vraiment, il m'épate. Je lui tire mon chapeau ; lui, aurait préféré que ce fût mon cache-nez. Hélas, je ne supporte guère cet accessoire qui vous dissimule le visage. J'aime l'avoir dégagé, tout comme mon cher appendice !

À vue de nez, j'en arrive au terme de cette épreuve. J'avais le nez dans le guidon, je vais pouvoir le lever fièrement. Je suis arrivé au bout de cet exercice, les doigts pas vraiment là où vous le supposez. J'aurais pu mettre en vers cette prose enrhumée, me sortant ainsi les vers du nez mais je ne souhaitais pas vous faire un pied de nez. J'espère que vous me saurez gré de cette délicate attention.

Néanmoins, mon nez bourgeonne, il devient gros comme une patate. Pourquoi pareille métamorphose ? À trop déblatérer sur son compte, aurait-il pris la grosse tête ? Nul n'est à l'abri de ce travers, lui, pas plus que les autres parties de mon honorable anatomie. Je me fais tirer l'oreille, il est temps que j'aille mettre le nez dehors et abandonner ici ce pauvre texte qui coule à pic.

Je chausse mes lunettes et découvre, à ma grande stupeur, que j'ai, au beau milieu de la figure, un nez qui n'est ni exceptionnel ni considérable. La tirade a viré au drame ; le nez en trompette, je sonne la fin de la farce. Mon nez dégage toute responsabilité devant de tels propos dérisoires ; il pense même qu'une bonne fumigation s'impose pour oublier ces quelques lignes couchées à la va-vite sur un mouchoir en papier. Vous faites grise mine et moi je file au Cap Gris-Nez !

Nasalement sien.



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