Un toit pour 2000 euros
Par ces temps où des millions de français sont à la recherche d’un toit, et où la construction bat de l’aile, pourquoi ne pas chercher des solutions esthétiques, et si possible pas chère, pour se loger ?
Selon la fondation Abbé Pierre, près de 10 millions de français sont « en fragilité » par rapport au logement, et l’on compterait aujourd’hui 3,5 millions de SDF, ou de mal logés. lien
Et ne parlons pas des loyers qui, dans les grandes villes, atteignent des sommets : à Paris, il n’est pas rare de trouver des loyers dépassant les 1000 euros mensuels, pour 18 petits mètres carrés. lien
Pas étonnant dès lors que certains dorment dans leur voiture, ou pire sous un pont…alors qu’ils ont un travail…sauf que leur salaire ne leur permet pas d’envisager de payer un loyer. lien
Au passage, répondons à la question que nombreux se posent sur la légalité de dormir dans sa voiture : la loi ne l’interdit pas, à part certaines villes, Nice par exemple, et à condition de ne pas rester toujours à la même place, afin d’éviter l’embarquement en fourrière. lien
Pourtant, ce ne sont pas les appartements qui manquent, puisque l’on compte dans notre pays environ 2,6 millions d’appartements vides. lien
Oublions la piste, pourtant logique, qui permettrait de réquisitionner ces appartements vides, puisqu’elle ne semble pas à l’ordre du jour présidentiel. lien
Une loi existe permettant cette réquisition, mais il y a tant d'amendements qu'elle est quasi inapplicable.
C’est certainement pour toutes ces raisons que dans l’immobilier, on a vite compris qu’il fallait se lancer dans l’habitat « pas trop cher », qualifié de « minimaliste », même s’il faut quand même envisager un budget voisinant les 120 000 €. lien
D’autant qu’il y a moins cher.
Aux USA, une initiative a été lancée : elle vous permet de construire vous-même une maison de 18m² pour la modique somme de 2000 €. lien
Le promoteur de cette solution affirme qu’elle peut accueillir 6 personnes, qu’elle comporte un rez-de-chaussée avec salle à manger, salle de bain, et mezzanine avec bien sur la chambre à coucher…sauf que manifestement, l’unique lit ne pourra difficilement accueillir 6 dormeurs.
Toujours est-il que cette modeste maison est équipée d’une éolienne, de capteurs photovoltaïques assurant ainsi son autonomie énergétique.
Pour le chauffage, c’est celui au GPL qui est proposé, mais un bon poêle au bois peut aussi faire l’affaire.
Mais restons en France : une entreprise propose d’habiter dans un container aménagé, lequel peut être couplé avec un autre pour une maison plus spacieuse, solution peu chère, puisque le budget se situe entre 1500 et 4000 €, pour un résultat tout à fait original.
Pourtant, dans le minimalisme, il y a encore moins cher, puisqu’avec la « casa pas cher », il vous suffit d’avoir 200 euros, et quelques amis, pour construire une maison de 15m².
Pour arriver à tenir un budget si extrême, il faut sortir du système marchand, promouvoir une récupération tout azimut, afin de mettre en œuvre de manière concrète les alternatives écologiques.
La réalisation a été possible en moins de 3 jours avec l’aide de quelques ariégeois auto constructeurs labellisés « producteur de solidarité locale », des toulousains aux normes « punkrocker biologique ». lien
Le tour du matériel utilisé est vite fait : une botte de paille, 100 palettes, des portes et fenêtres récupérés, 60 € de clous, des résidus de scierie après découpe, sable, terre, grillage, moquette, bâche agricole, tout est de la récupération, et le résultat n’est pas ridicule.
C’est l’occasion de se pencher sur une nouvelle tendance, qui renoue avec d’anciennes pratiques, celle des « chantiers participatifs » qui fleurissent un peu partout aux 4 coins du pays.
Pour lancer de tels chantiers, rien de plus simple : si vous cherchez une occasion de travailler l’enduit terre sur un chantier d’éco-construction et si vous cherchez aussi des bénévoles pour y participer, il suffit de passer une annonce sur le site des « petites annonces de l’immobilier écologique », en décrivant en détail votre projet. lien
En voici un des exemples :
Mais le plus intéressant est à venir.
Au milieu d’un bois, dans la droite ligne de la série « le survivant », un jeune homme a construit sa maison en fabriquant ses propres outils, comme ont du le faire nos ancêtre, et le résultat est surprenant.
Comme eux, il a fait du feu en tournant une baguette de bois sur une pierre dure, il a fendu des branches en deux avec une hache de sa composition, un silex taillé, il a fabriqué des récipients avec de l’argile qu’il est allé prélever à proximité, il a fabriqué un four, puis une cheminée, il a appliqué un torchis sur les branches entremêlées, et après avoir démarré la couverture de son toit avec de larges feuilles, il parachèvera l’ouvrage en y ajoutant l’écorce souple qu’il a prélevé sur les arbres.
Intéressant à méditer, car à l’évidence cette maison est la moins chère qu’il puisse exister puisqu’elle n’a couté que de la patience, de la technique, et de l’effort… vidéo
Au delà de cette performance, découvrons ceux qui ont la volonté d’intégrer leur maison aux arbres, et à la nature qui les entoure, quitte à laisser les arbres se développer à l’intérieur de l’habitation.
En effet, s’il existe des cabanes construites dans les arbres, il y a aussi des maisons qui ont intégré la présence d’un ou de plusieurs arbres, aménageant la maison pour que l’arbre puisse continuer de pousser.
Ces maisons, fantasmes de nos jeunes années, symbole de ce « petit nid douillet » que nous recherchons tous, sont maintenant construites par des professionnels, et leur coût se situe entre 15 000 et 30 000 euros, suivant le niveau de confort recherché : installation électrique, plomberie, fenêtres avec, ou sans vitrage…
Il est essentiel de choisir son arbre, de prévoir un mode de fixation qui ne l’abime pas, et qui permette qu’il continue sa croissance.
Certaines maisons sont même construites au milieu de plusieurs arbres, et quand ce sont des bouleaux, la cure de sève de bouleau en sera beaucoup plus facile.
Le pompon est peut être pour ces vietnamiens qui ont décidé d’habiter un arbre mort géant : cette maison appelée Hang Nga, ou parfois « Crazy House » mérite le détour.
Restons dans l’originalité en faisant confiance à l’imagination débordante de quelques architectes.
Ces maisons originales sont même l’objet d’un concours, doté d’un prix de 10 000 €.
De la « maison « igloo », compose d’un amoncellement de 240 tonnes de pierres (photo) à la maison « kerterre », constituée d’un mélange d’herbes et d’argile (photo) en passant par la maison « chapelle des templiers », authentique chapelle du 13ème siècle, (photo) ce qui a du faire grincer les dents de quelques archéologues, il y a l’embarras du choix. lien
Évidemment, il n’est pas simple d’obtenir l’autorisation de construire de tels bâtiments, la règlementation française étant assez contraignante.
Je me souviens d’avoir participé à la construction, à Vignieu, en Isère, d’un abri bus en Pisé, (terre compactée) pour lequel un toit en forme de voute inversée avait été décidé, avec l’accord du maire.
Le groupe qui avait lancé le chantier (devenu plus tard le groupe CRAterre), était composé d’étudiants en architecture de Grenoble… ils allaient par la suite lancer de nombreux chantiers en Isère, notamment à l’Isle d’Abeau, d’habitations en Pisé. lien
Il faut savoir que le Pisé, mélange de terre argileuse, et de cailloux, tassée a l’aide d’un pisoir dans des coffrages, a permis tout au long des siècles de fabriquer des maisons dans un esprit de solidarité (on s’aidait entre voisins, voisines, pour monter les murs), et que ce matériau est très performant en terme d’isolation thermique et phonique.
Les plus anciennes maisons en Pisé remontent à près de 10 000 ans, et des villes ont été entièrement construites en Pisé.
Hélas, quelques temps après, un nouveau maire avait été nommé, (il nous a quitté aujourd’hui), et sa première action a été de faire démolir ce petit bâtiment pourtant construit gratuitement, et si pratique. Il s’agissait manifestement de montrer son autorité.
Comme dit mon vieil ami africain : « c’est au bout de la vieille corde qu’on tisse la nouvelle ».
L’image illustrant l’article vient de free.niooz.fr
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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