samedi 21 décembre 2013 - par C’est Nabum

Vin chaud et marché de Noël !

La foire à gogos !

La magie du commerce …

Je me souviens des vins chauds que nous trouvions dans les buvettes des stades. A l'époque, ce genre de boissons ne subsistait plus que dans quelques villages, dans les quelques régions encore à l'écart de cette modernité qui refusait délibérément tous les archaïsme de nos grands-parents. Seuls les hommes portant casquette à carreaux vissée sur la tête, osaient encore ce breuvage d'un autre temps.

En ce temps-là, il ne faisait pas bon réclamer un vin chaud dans un bar flambant neuf. On vous y regardait au mieux, avec condescendance, au pire, avec un mépris teinté d'ironie. Le vin chaud sentait la ruralité à plein nez, le passé qui n'arrivait pas à s'effacer, le mauvais goût des derniers buveurs de vin étoilé, la tisane des grands-mères et la vinasse des comptoirs.

C'était un temps où l'on ignorait tout des marchés de Noël, cette incroyable poussée du modernisme consumériste. C'était encore une époque où les rues résonnaient de quelques chansons de circonstance ; Tino Rossi sévissait encore et les commerçants de nos villes distribuaient des tickets de loterie. On dépensait dans son quartier et il n'était nul besoin de chalets en bois multicolores pour nous rappeler la venue toute proche de la belle magiede la nativité …

Puis une vague nous est venue de l'est, de Strasbourg, plus précisément. La mode, cette merveilleuse célébration de l'imitation et du conformisme, a déclaré de nécessité publique, l'édification des chalets marchands dans tous nos centres villes. De la couleur et des babioles made in china, des odeurs et des produits douteux de l'industrie agro-alimentaire, de l'artisanat de pacotille avec des itinérants du bijou ou de l'œuvre d'art illusoire.

Ce fut la grande plongée dans ce monde factice, piège à gogos, invitation à la fièvre acheteuse. Il fallait pousser les clients à la déraison ; les a ttractions firent leur apparition. La patinoire artificielle fut la première étape de ce merveilleux monde frigorifié. Puis la grande roue prit le relais pour atteindre les sommets du ridicule.

Pour s'appuyer sur le poids d'une tradition et offrir une dépense raisonnable au client de passage, le vin chaud est revenu en force. Devenu la boisson à la mode hivernale, il a retrouvé son prestige d'antan. Dans certains endroits, on se dispute même le droit de le vendre car il est la garantie d'un bénéfice juteux, pour peu qu'on se trouve à la bonne place. Certains se livrent même à quelques négociations souterraines pour obtenir ce nouveau privilège …

Mais qu'est-il donc devenu notre vin chaud maison ? À de rares exceptions, c'est le même produit standardisé qui vous est proposé dans toutes les échoppes. Caractérisé par une saveur médiocre, un équilibre plus ou moins judicieux des épices et des saveurs, pour ne choquer personne, c'est un ersatz de cette merveilleuse boisson d'antan où vous pouviez trouver le pire ou bien le sublime. Tout est aseptisé, préfabriqué par les inévitables officines de la vente en gros et de l'hygiénisme conquérant.

Quand il se trouve encore une confrérie capable de confectionner elle-même sa potion magique, de vilains accords la relèguent à l'écart de la foule, pour ne pas faire de tort aux marchands du temple. La magie de la fête passe toujours par des accords incertains ou des passe-droits honteux. Le marché de Noël est souvent l'illustration des postures de cour. On devine que telle association bénéficie des faveurs du Prince quand d'autres sont écartées sans ménagement. Certains privilégiés ont droit à la gratuité quand d'autres, mal venus, sont taxés comme au coin du bois.

Je n'aime pas ce monde qui persiste à nous faire croire que ce système est merveilleux. La crise, il ne faut pas la voir surtout, la pauvreté doit être reléguée bien loin de nos centres villes car ceux-ci sont dédiés, sans vergogne ni pudeur, au Dieu commerce. Les marchés de Noël sont le dernier avatar de notre indignité, de notre folie dépensière. C'est la fuite en avant vers une indigestion de choses inutiles, un étalage de verroteries et de confiseries artificielles. Ça dégouline de bonnes intentions trompeuses, de lumières clinquantes qui habillent le vide sidéral de cette ignominie ! Tournez manèges, buvez votre tisane insipide, participez à cette mascarade honteuse si cela vous chante. Ce sera sans moi !

Aromatiquement leur.



15 réactions


  • C'est Nabum C’est Nabum 21 décembre 2013 09:10

    Bonnes fêtes de Noel


    Le vin chaud est devenu un enjeu de pouvoir dans une bonne ville que je ne nommerai pas tant j’ai honte de ce qui s’y passe.

    Vendre du vin chaud sur un marché de Noël est désormais un luxe pour la confrérie de Cléry à qui le Bon Prince réclame 4 200 euros pour la location du Chalet ( record national sans doute) tandis que des commerçants locaux bénéficent de prix plus raisonnables ou de la gratuité et qu’un forain obtient un privilège ...

    La transparence n’est pas le fort de cette bonne municipalité.

  • BA 21 décembre 2013 10:52
    Vendredi 20 décembre 2013 :

    Les enseignants d’une école primaire de Petite-Rosselle ne donnent plus cours. Des élèves de 10 ans sont incontrôlables et les punitions ne servent à rien.

    À 10 ans, ils terrorisent leurs professeurs. La situation est devenue intenable dans l’une des écoles primaires de Petite-Rosselle, en Moselle. Les punitions ne servent à rien. La violence verbale et parfois physique pourrit l’ambiance de toute l’école.

    A tel point que les enseignants se sont fait porter pâles. Devant l’école, les parents sont consternés. 

    « Pour une école primaire, avoir des enfants qui tapent leurs professeurs, qui les insultent et qui leur crachent dessus, c’est aberrant », confie une mère.

    « Ce sont des enfants de six ans qui n’ont plus aucun respect de l’adulte et ce n’est pas pensable. Un enfant, si on ne lui apprend pas le respect, qu’est-ce qui va devenir au collège ? », s’inquiète une autre.

    L’école scolarise 12 enfants placés en foyer éducatif. Deux d’entre eux seront extraits de l’établissement prochainement. Pour l’inspecteur de l’académie, « l’attitude des enseignants n’est pas acceptable parce que cette relation de travail était en cours et l’école était tout à fait informée des avancées sur ce dossier ».

    Pour calmer les esprits, une rencontre est prévue à la rentrée avec les parents pour reprendre en main la discipline.



    • C'est Nabum C’est Nabum 21 décembre 2013 11:42

      BA


      L’inspecteur du haut de sa superbe gronde ceux qui n’en peuvent plus ...

      Vite ! Que chaque personne dans un bureau passe une journée par semaine en responsabilité en classe

  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 21 décembre 2013 11:24

    Il n’y a pas encore de marché de Noël au milieu du Larzac...

    Et l’on doit bien y trouver un éleveur qui saura faire du vin chaud à l’ancienne.
    Allez le voir, cela lui tiendra compagnie !!!

  • Pepe de Bienvenida (alternatif) 21 décembre 2013 11:32

    fric, flouze, artiche, pèze, blé, pognon, tune, oseille, pépètes, liste non exhaustive des valeurs qui fondent les échanges humains au XXIe siècle. Ce qui est délicieux, c’est que nous venons tous fanfaronner sur AV que nous voulons y changer quelque chose, mais qu’au fond de nous-mêmes cette situation nous rassure parce qu’elle induit un avenir mesurable.


  • Vipère Vipère 21 décembre 2013 14:13

    Nabum


    Ce que m’inspire les fêtes de Noël ?

    Décembre, le paganisme a planté son décor partout, dans nos villes et bleds de campagne.
    Tout s’est transformé en une gigantesque foire du trône où le clinquant et la bimbeloterie s’affichent sans vergogne, comme une fille de rue exhibe ses appâts à la vue des clients. 

    S’il est facile d’éblouir un lapin pour l’attraper et le passer à la casserole, c’est une autre paire de manche que de fasciner des foules pour leurs soutirer, les pépètes planquées sur le livret A du rouquin à panache.

    Pour faire croire à la magie de Noël, il ne suffit pas d’une lampe torche et d’un sac de jute, l’attirail n’’est bon que pour les lapins de garenne. C’est une autre paire de manche que de faire passer à la casserole, des millions de braves gens. Il faut sortir la grosse Bertha et l’artillerie lourde. Flécher le parcours de gros lampions en direction des supermarchés, leurs en mettre plein la vue, des stands bourrés jusqu’à la gueule de foi gras de canards élevés dans des caisses à savon, de gigots d’agneau engraissés à l’herbe parfumé au diesel, de bûches au beurre de palme. 

  • auguste auguste 21 décembre 2013 16:40

    @ C’est Nabum

    Je profite d’un instant rare où toutes les conditions sont réunies (ordinateur presque en état de marche, électricité et Internet à peu près stables) pour vous présenter mes meilleurs vœux, même si j’ai moi aussi peu d’affinités avec ce moment de l’année.

    A l’an prochain, si tout va bien...


    • C'est Nabum C’est Nabum 23 décembre 2013 15:42

      Auguste


      Je vous rend la pareille ! 

      Joyeuses fêtes à vous avec ou sans liaison internet

      Restez en forme je vous prie !

  • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 22 décembre 2013 00:39

    « Certains se livrent même à quelques négociations souterraines pour obtenir ce nouveau privilège … »


    Des pots de vins chauds ?  smiley

  • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 22 décembre 2013 06:18

    « Panem et circenses » et cette foutue télé de bas étage qui flatte et fait croire. Surtout oublions la crise : hier c’étaient les vacances au ski et Valls qui en revenait sain et sauf (pardon pour cet humour déplacé, c’est en Algérie qu’il visitait).
    Sinon, ne jetez pas Noël avec la boue des médias et le mercantilisme sociétal. Plutôt que de vous enfermer dans la coquille, continuez de dire et d’écrire NON, que nous ne voulons pas de cet ordre mondial là, que nos enfants méritent autre chose !
    Noël, même détourné, c’est toujours le solstice, l’arbre toujours vert, la bûche au feu, le moment de paix, l’espoir entretenu pour ceux qui veulent que cela bouge et qui se sentiraient plus seuls si ceux qui savent parler se taisent ! .
     « A l’an que ven, se sian pas mai, que sioguen pas mens » (A l’an qui vient, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins nombreux). Cela vaut pour nos familles, sinon, pour la cause qui nous interpelle, surtout que nous soyons toujours plus nombreux !
    Bon Noël à tous !


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