mardi 28 juillet 2015 - par C’est Nabum

Le doigt dans le nez

Il y a un loup !

L'indélicatesse routière.

Je comprends mieux mes collègues automobilistes délictueux qui préfèrent s'autoriser une petite entorse au code de la route plutôt que de ne savoir que faire de leurs doigts quand le feu passe au rouge. Le portable leur évite le regard moqueur du voisin, la grimace outragée d'une passante, le haussement d'épaules de ses passagers. Pianoter sur son téléphone est, à bien des égards, bien plus convenable que de se curer le nez d'un doigt excavateur.

Il est vrai que le législateur ne l'entend pas de cette oreille et pointe d'un doigt accusateur celui qui dispose de manière inconsidérée de son forfait illimité. Que ce soit avec une oreillette ou à même le pavillon auriculaire, l'objet est prohibé pour la sécurité de tous. La mesure est tout aussi salutaire que nécessaire et loin de moi l'envie de la critiquer.

J'aimerais cependant que nos parlementaires se penchent sur une pratique qui nous pend à tous au nez et dont nous aimerions bien nous passer. Pour des raisons obscures et mystérieuses, l'automobiliste à l'arrêt aime à inspecter ses fosses nasales, y chassant, le temps d'un arrêt impromptu, les quelques loups qui viennent encombrer la circulation de son air vital.

Le doigt inquisiteur agit sans exiger beaucoup de concentration. Le danger n'est pas là. Le risque majeur est le blocage de l'index dans le conduit alors que la circulation reprend ses droits. Si la posture est malcommode, l'usage de la main fureteuse risque de faire défaut si une manœuvre routière s'impose soudainement. Il serait grand temps de verbaliser pareil comportement qui ajoute au manque de délicatesse, la mobilisation déplacée d'un membre supérieur à un usage qui n'est pas lié à la conduite.

Néanmoins, le danger qu'il faut pointer du doigt est d'une tout autre importance. Un choc postérieur violent alors que le conducteur extirpe une vieille croûte ou une belle morve peut entraîner une cascade de conséquences qui peuvent s'avérer dramatiques. Le doigt, tel un projectile incontrôlé risque alors de venir perforer la cavité dans laquelle il est lové.

Vous imaginez aisément où ce doigt dressé peut terminer sa course. Une perforation du cerveau serait même à craindre si beaucoup de conducteurs n'en étaient fort heureusement dépourvus quand ils prennent le volant. C'est sans doute ce qui explique le laxisme actuel dans ce domaine et le refus d'interdire ce nettoyage nasal du pilote.

Quelques voix s'élèvent également pour mettre en exergue le risque encouru par les piétons et les cyclistes qui peuvent glisser sur toutes ces desquamations qui terminent leur course sur le pavé ou bien sur le trottoir. On n'a pas conscience des quantités colossales de crottes de nez qui jonchent les chaussées à proximité des feux tricolores. Il y a là une question de salubrité publique qui reste dans l'ombre par manque de courage politique.

Le législateur préfère crier au loup que d'en faire une chasse systématique. Les automobilistes, quant à eux, n'aiment pas se faire taper sur les doigts dans pareilles circonstances d'autant qu'il ne faudrait pas alors qu'ils aient de manière concomitante un coup dans le nez. Il faudrait alors créer des cellules de dégrisement et de desquamation nasale. On mettrait ainsi le doigt dans un engrenage économique qui a de quoi effrayer en ce temps de restriction budgétaire.

Il ne reste plus qu'à mettre son mouchoir sur ce sujet de société. Il faudra continuer de fermer les yeux sur le curetage nasal du chauffeur. Notre police qui n'a pas l'habitude de mettre des gants, ne voit pas d'un très bon œil cette proposition. Le législateur, quant à lui est un peu morveux ; il sait mais manque de courage. L'enjeu pourtant en vaudrait la chandelle !

Vous pouvez donc continuer à vous mettre le doigt dans le nez quand ça vous chante en voiture. J'espère simplement que vous en resterez là et ne pousserez pas l'investigation de manière plus intime. Il faut quand même savoir se conduire au volant d'une automobile …

Nasalement vôtre.



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