mercredi 13 août 2014 - par Maxim Rosa

Le jour où j’ai perdu ma virginité

(et où je me suis rendu compte qu’elle serait moins facile à retrouver que mes clefs de scooter)

Il y a des dates dont on se souvient forcément : le 11 septembre 2001, la mort de Diana, les adieux de Sheila à la scène et le jour (ou plutôt le soir) où l’on rentre chez soi avec la sensation étrange d’avoir laissé quelque chose derrière soi, de se sentir tout à la fois un peu plus léger et un peu plus lourd. C’est que le moment était attendu. Perdre sa virginité au fond ce n’est pas autre chose que de passer le baccalauréat : on s’y prépare longtemps à l’avance, on est jamais aussi bon que l’on aurait souhaité le jour du grand oral et une fois l’épreuve passée, on se rend compte que le plus dur commence : droit ou histoire ? Je ne me souviens plus des circonstances exactes de ce moment, de la somme de verre ingurgité, ni du nombre de participants (à la fête qui précédait ! ), mais je garde une sensation de devoir accompli, de fierté bien placée, et de l’envie irrésistible de tout raconter à ceux qui à l’époque étaient mes amis.

Tout dire, raconter l’histoire en détail et comme votre auditoire en connait immanquablement la fin, insister sur le début : les premiers gestes, les hésitations, le rythme, les audaces, les mots échangés et les regards rendus. Etendre le temps, faire durer : faire d’un 100 mètres, le récit d’un marathon. Toujours prendre le soin, en dépit des demandes insistantes et indécentes de son public, d’épargner les détails techniques qui n’apporteraient rien à l’histoire. Perdre sa virginité n’implique pas nécessairement d’y laisser avec, sa dignité, qui, contrairement à la première, pourra (peut être) servir de nouveau plus tard. Au fond Avatar reste un grand film alors même que l’on continue d’ignorer si les habitants de Pandora porte des slips ou des caleçons. A cet égard, je mesure la chance que j’ai eu de "passer le pas" à une époque où l’Internet n’était pas aussi familier et répandu que les restaurants japonais et que la consultation de sites coquins nécessitait un temps et une préparation équivalente à l’ascension du Mont-Blanc en Crocs. La chance donc de ne pas avoir vu "The Artist" juste avant mon premier solo de claquette.

C’était un mercredi et la seule la chance du débutant qui nous guidait a pu faire de ce moment un instant définitivement imparfait : ni hot, ni palme d’Or, mais un inoubliable super 8.



18 réactions


Réagir