lundi 3 septembre 2018 - par C’est Nabum

Le spectacle du musée du train miniature

Retour six ans après.

Il y a six ans, j’avais découvert le surprenant et envoûtant spectacle que deux passionnés avaient créé autour d’un réseau de 120 mètres carrés de trains miniatures. J’avais écrit ceci à l’époque.

Le train-train de Patrick et Jacques !

Patrick est un retraité du prêt-à-porter heureux qui vit sa Passion en majuscule à Châtillon-sur-Chalaronne, y mêlant son épouse Dany, responsable de l’accueil, de la comptabilité et de la promotion. Ne pensez pas que l'homme manque d'ambition, bien au contraire, il n'a de cesse de faire grandir sa belle et merveilleuse petite reconversion ; son musée du train miniature qui attire les petits et les grands pourvu qu’ils soient restés enfants.

Début juillet 2000, l'homme cesse une carrière professionnelle pour rentrer dans une nouvelle aventure, il ne conçoit pas de ne rien faire, il a le désir fou de partager son passe-temps de maquettiste, de donner à tous ce plaisir simple de la reconstitution d'un monde factice, animé et ferroviaire.

Enfant, c'est en fabriquant des crèches et des santons avec son père Eugène, que lui est venue cette passion du détail et de la précision, de la fidélité au modèle tout en se gardant une grande part d'inventivité. Il a grandi dans cet art mineur par la taille mais majuscule par le soin à y porter. Fort de ce savoir-faire, quand il eut 25 ans, il se prit d’affection pour le train électrique.

C'est dans les années 1980 qu'il associa ces deux passe-temps d'alors pour en faire une activité dévorante. Il se lança dans le « Diorama » reproduction réduite et fidèle d'un site historique. La Gare de Brotteaux, l'ancienne grande gare de la ville de Lyon fut son coup de maître, elle trône en majesté dans son musée. Il ne s'arrêta pas en si bon chemin, et ce Lyonnais de toujours s'offrit le Stade de Gerland, le restaurant de Bocuse, le viaduc de Lyon, la gare Sainte Claire, le pont sur la Saône, … Autant de décors en arrière plan pour permettre à ses trains d’évoluer dans un décor majestueux.

Vaste travail d'orfèvre, Patrick s'appuie sur des clichés d'époque, des plans d'origine quand il parvient à les obtenir puis l'artisan ingénieux prend le relais pour reconstituer un monde oublié. Le carton plume est sa matière première, la patience et le talent, ses énergies inépuisables. Il utilise aussi du polystyrène qu'il recouvre de plâtre pour les besoins de ses réalisations. La peinture et l'électricité viennent ensuite compléter l'illusion enchanteresse.

Il avait la matière, il lui fallait associer l'ensemble pour aller au bout de son rêve. Il le fit à Châtillon sur Charonne en installant pas moins de 1000 mètres de rails, 35 trains, 50 véhicules routiers, une fête foraine, une maison de passe (eh oui !), un téléphérique, une soucoupe volante, et bientôt des parapentes vinrent animer un spectacle qui émerveille les enfants et fascine les plus grands.

Les débuts furent difficiles pourtant, 2 000 visiteurs la première année, 3 000 l'année d'après. Il fallait ramer pour garder le cap. Mais Patrick garda la voie, le bouche à oreille d'abord, le coup de pouce de TF1 ensuite firent le succès de l'entreprise. Aujourd'hui, ce sont 15 000 grands enfants de toute l'Europe qui viennent retrouver ce plaisir simple du train électrique.

Pour la maintenance 8 heures par jour, 6 jours par semaine (fermeture le lundi) Patrick compte sur l'aide précieuse de Jacques, un autre fondu du train électrique. Jacques, dit La Taupe, car il passe ses journées sous la montagne de câbles et de fils, est né presque sur le rail. À quatre ans, il vivait face à la gare de triage, les trains ne l'ont plus jamais quitté. Il a 400 locomotives et 200 wagons dans des vitrines chez lui, ces deux-là étaient faits pour se croiser.

Et il en faut de la maintenance pour garder en mouvement et en lumière cet incroyable ensemble. Pour les spécialistes, nous sommes à l'échelle HO au 1/87° en mesures anglaises). Il faut être précis dans ce genre d'activité. Un jour, un intégriste du rail est venu faire scandale à cause de la présence d'un autorail qui n'avait jamais mis les roues en gare de Brotteaux. La pièce de collection dut disparaître du décor …

En France, il n'existe qu'un autre lieu analogue, à Clécy dans le Calavados. Je vous assure que la visite de l’un ou de l’autre mérite le détour. Prenez le temps de vous laisser gagner par la magie des détails, le bonheur simple de ce retour en enfance. À voir nos deux retraités, la cure est profitable, ils sont en pleine forme et si actifs. Merci encore de leur accueil !

La magie opère à nouveau

Six ans plus tard, si l’environnement n’a pas changé, les somptueuses halles de Châtillon sur Chalaronne sont toujours là, immuables et massives, le musée a gardé le même aspect extérieur. Il n’est d’ailleurs pas aisé de le trouver, nulle pancarte ne précise sa localisation. Interrogé à ce sujet P. Crolle préfère éluder la question qui fâche en bottant en touche : « Le musée n’est pas vraiment soutenu par la communication institutionnelle ! » Il n’en dira pas plus, pour ne pas froisser qui que ce soit.

À l’intérieur pourtant, c’est tout autre chose. Le réseau ferré n’a sans doute pas évolué. Il est figé dans sa représentation, elle est d’ailleurs si bien huilée, si précise, qu’il ne convient pas d’établir une nouvelle ligne. Vous savez combien il est difficile de nos jours de percer un autre trajet, vous risquez de voir se dresser face à vous un comité de riverains mécontents… Patrick et Jacques n’y tiennent pas et tout au contraire font leur possible pour enchanter les habitants de leur domaine.

C’est ainsi que l’environnement a pris le pas sur le circuit proprement dit et offre une multitudes de sollicitations, toutes plus précises ou drolatiques les unes que les autres. Le musée est devenu spectacle miniature d’un monde qui s’est figé dans une autre époque. Il est devenu par là même le théâtre d’une époque heureuse, d’un art de vivre que l’on peut sans trahir les concepteurs, qualifier d’à la française.

Comment énumérer toutes ces petites animations sans paraître fastidieux ou pire encore, en vous privant du plaisir de la découverte. Car c’est là ce qui fait de la visite un moment rare d’enfance. Après vous être laissés aller à la nostalgie du train électrique de votre enfance, admirant les trains qui entrent en gare, ceux qui se croisent, ceux qui disparaissent sous un tunnel, vous devenez le visiteur curieux et amusé à la recherche de toutes les facéties semées tout autour.

Nos deux amis n’en manquent pas. Chaque élément décoratif et animé est alors l’occasion d’un sourire ou d’un éclat de rire. Il n’est qu’à voir et écouter les enfants qui vont et viennent à la lisière du circuit, s’exclamant, criant pour que les adultes observent à leur tour ce qui leur avait échappé. Ça ne s’arrête pas, chaque décor est l’occasion d’un clin d’œil, d’une touche d’humour ou bien d’une citation quelconque à l’actualité ou au cinéma.

Le musée devient une chasse au trésor, un jeu de piste au long du réseau ferré pour découvrir un cochon au nom douteux, un camping car qui s’agite étrangement, des skieurs qui dévalent une piste, une pelleteuse en action, des parapentes survolant la montagne, le stade de Gerland qui bruisse encore de la rencontre Barcelone – O.L. Tandis qu’un écran géant (miniature lui aussi) diffuse la rencontre.

Chaque centimètre du décor est l’occasion d’une rencontre de la sorte. Vous n’en finissez pas de vous étonner devant tant d’inventivité tout en étant admiratif de la qualité de la réalisation. Les deux hommes circulent parmi les visiteurs, jouant de la télécommande pour actionner une animation plutôt qu’une autre, le public a quant à lui des boutons à sa disposition, pour faire de même en d’autres endroits.

Le temps passe, vous êtes encore là, dans cette pièce vaste certes mais pas immense. Vous avez agi comme les enfants, les cris en moins. Vous revenez en arrière, découvrant encore un gag visuel, les coureurs du tour de France qui font une étape en montagne, un handicapé se déplaçant sur son fauteuil, le clairon qui sonne à la caserne tandis qu’une mutinerie a lieu à la prison.

Pendant ce temps, les trains vont et viennent, les véhicules routiers font de même. Tout ce monde fictif est en branle, il donne le pouls d’un monde de carton pâte qui lui même est en activité. Des magasins comme autrefois, une ambiance qui n’est pas l’agitation délirante de notre époque. Une sérénité qui fait du bien. On se surprend à vouloir aller dans les manèges de la fête foraine, prendre le temps de monter sur la grande roue pour admirer le paysage.

Tout là-haut perché sur la colline, le moulin de Daudet tourne tranquillement. C’est un conte d’enfance qui s’est déroulé sous vos yeux étonnés. Vous êtes retombés en enfance tandis que ce sont les enfants qui ont mené le bal. Vous quittez l’endroit avec des étoiles dans les yeux. Vous vous jurez d’en parler autour de vous afin que nombreux soient ceux qui profitent de ce bonheur simple.

Patrick, Dany et Jacques ont tout fait par eux-mêmes. Ils reçoivent environ 15 000 visiteurs par an. Ils aimeraient légitiment qu’ils soient plus nombreux mais comment faire savoir en une époque où tout doit être spectaculaire, grandiose, énorme, qu’il y a à Châtillon-sur-Chalaronne, un petit plaisir miniature qui vous donnera un bonheur majuscule ?

Grandiosement leur.



11 réactions


  • juluch juluch 3 septembre 2018 08:55

    les trains miniatures font toujours rever, petits et grands !!


    • baldis30 4 septembre 2018 09:16

      @juluch
      bonjour,

      miniatures ou pas ils sont NOTRE civilisation .

      En espérant que l’article donne envie à des politicards connards de rouvrir TOUTES les voies ferrées que des intérêts lugubres ont fait fermer.


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 septembre 2018 18:24

      @juluch

      Manifestement pas les imbéciles

      Merci l’ami


  • zygzornifle zygzornifle 3 septembre 2018 09:39

    Vous n’avez pas vu le train de la fiscalisé Française ou la locomotive touche le dernier wagon ....


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 3 septembre 2018 10:03

    Aujourd’hui, ils seraient remplacés par des TGV. A peine montés déjà démontés. Le tour en valait-il la chandelle ? Ces salauds de cinquantenaires : eux au moins ont eu une enfance. Le futur nous enviera toujours ce passé là. Oubliant qu’il y eut un prix à payer : l’horreur de la guerre. Comment expliquer aux jeune d’aujourd’hui qu’à toutes chose, il y a un revers à la médaille,....


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 3 septembre 2018 11:18

    Pour atteindre le merveilleux, il faut un père veilleur..... L’INTER-DIT. Enfant, nous sentions entre les aiguillages que ces trains étaient souvent construit en piochant dans la cassette du ménage. Quelques repas sautés pour s’offrir la partie qui manquait au tout. Les trains souvent caches dans des lieux où n’allaient pas les femmes. Une connivence des pères avec les enfants. Le rêve est en haut et c’est moi seul qui en détient la clé,....Déjà commençait le conte de fées, sans le dur rappel des faits : Ah !, c’est pour cela qu’il n’y avait pas de dinde à Noël ??? qui était vraiment le dindon de la farce ? si je puis dire. Celui qui pris des kilos en trop ou l’autre qui participa au rêve. Qui dort, dîne,...


  •  C BARRATIER C BARRATIER 3 septembre 2018 21:01

    Bonjour

    Il y a un musée semblable en ardèche, près de Valence (26) à SOYONS. Deux hommes ont créé ce musée, l’un s’occupant de tout le parc (le musée est à l’extérieur) et l’autre de l’"électiricité et des trains. Il y a une représentation claire de tout le département de l’ardèche avec les trains qui circulent même sous la pluie.


  • zygzornifle zygzornifle 4 septembre 2018 09:06

    a la maison on a des milliers de locomotives , wagons etc , mon fils est un passionné 


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