mardi 25 juin - par C’est Nabum

Pérégrination

 

Errances multiples ou folle divagation.

 

Pérégriner : en dépit de l'étymologie de ce magnifique verbe, je ne suis ni pèlerin ni un voyageur d'au-delà des frontières. Je pérégrine en notre ici à la rencontre des gens, des histoires et des légendes tandis que l'ailleurs me semble trop vaste pour que je m'y aventure. Je vagabonde au fil des mots que l'on veut bien m'accorder ou qui traversent soudainement à mon passage. Comme celui-ci, qui du reste, ce matin-là, a réclamé que je lui octroie un peu d'attention.

Pour aller de la sorte, il importe de prendre son temps, d'aller du pas lent de celui qui ouvre grand ses yeux et ses oreilles, se privant du réflexe absurde de se murer dans de la musique pour se fermer au monde qui nous entoure. L'esprit en éveil, l’intérêt focalisé sur ce qui peut advenir à l'improviste, le pèlerin du quotidien ne cherche nullement le spectaculaire ou l'extraordinaire pour peupler son univers de l'instant présent.

Être aux aguets c'est marcher non vers un but mais vers une nouvelle occasion de tisser un récit, de nouer une rencontre, de puiser une idée dans le spectacle de l'ordinaire, du banal, de l'impromptu. C'est ainsi que les idées surgissent sans même se soucier de la véracité de l'instant. Qu'importe si l'esprit divague et invente une situation qu'un moment fugace a déclenché.

Le regard au loin, le pérégrinant n'est pas un témoin objectif. Il se plaît à ne pas faire le point, le flou lui sied parfaitement afin de se départir des contours, des circonstances et de l'environnement. Il n'est pas là pour établir un rapport de police ou bien un article journalistique. Il dérobe des fragments, il abandonne tout le reste pour écrire un tout autre scénario.

Pour lui, les humains certes mais également les animaux, les plantes, la rivière ou bien les créatures mirifiques peuvent se rencontrer, se mêler, établir des connections qui deviendront un récit né d'une vision fugace se télescopant à une pensée abracadabrantesque. Son errance se glissera sur un écran, il fera son chemin de lignes en lignes pour mettre en scène une étrange distribution.

Pour se faire, il doit regarder de travers, ne pas fixer son attention mais tout au contraire la laisser s'émanciper du réel. L'imaginaire n'est pas un mystère, c'est une discipline de chaque instant, une manière d'aller au-delà du factuel, de le prendre à contre-pied ou à rebrousse-poil. C'est une manière de s'élever en restant les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.

Je vous invite à pérégriner ainsi, oubliant les codes et les injonctions, les a priori, les convenances, les rendez-vous imposés, les manifestations calibrées et prétendument incontournables. Faites donc le détour à chaque instant, prenez la tangente, passez au-delà du miroir de nos vanités et de nos grimaces. Le rêve dans vos chaussures, ne vous souciez pas de la sordide réalité.

Allez toujours plus loin dans ce chemin sans bornes ni repères. Évadez-vous du carcan dans lequel on entend vous enfermer. Prenez la clef des champs, faites la toile buissonnière, partez en imaginaire sans céder aux agences de voyage qui veulent toutes vous mener aux confins de la banalité. Pour voyager, point n'est besoin d'avion et de lointain, c'est ici que l'épopée commence.

Quel démon m'a poussé à vous raconter tout ça en ce petit matin ordinaire ? Je n'entends jamais brider mon inspiration et je laisse aller mes doigts sur le clavier, m'exonérant de la crainte de passer pour un imbécile ou un parfait idiot. Il y a bien longtemps que tout ceci est acté ce qui m'autorise à jouer toujours plus le Berlaudiot de service, les pieds nus et la tête pérégrinant à sa guise...

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