samedi 29 juin 2013 - par C’est Nabum

Quelle aventure !

Le Bonimenteur en galère ...

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L'Allier pour se faire la main …

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Quand on est arcandier, on le reste pour le restant de ses jours …. À vouloir infléchir la destinée, le bonimenteur risque de se mettre en danger. C'est ainsi qu'il devait se faire la main sur le bateau qui doit le conduire, si la destinée lui est favorable, de Nevers jusqu'à Mauves sur Loire. Tout commença dans les aléas routiers pour se terminer dans le presque naufrage ligérien !

Reprenons par le début ainsi qu'il se doit de pratiquer dans les histoires rondement menées. Nous partîmes, avec mon Pirate de Loire photographe, d'Orléans à 8 heures pour arriver raisonnablement deux heures plus tard au bec d'Allier. C'était hélas sans compter sur les travaux, les déviations, les encombrements subséquents qui nous firent perdre une heure. La journée débutait sous de bons augures !

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Le temps d'effectuer les transferts automobiles, de prendre un petit en-cas pour éviter le coup de moins bien, nous partîmes effectivement vers 14 heures du charmant village d'Apremont qui mérite une visite bien plus longue. Je découvrais ce splendide et parfaitement préservé lieu historique de notre marine de Loire, là où, d'une carrière, partaient de nombreuses pierres de taille vers l'aval en bateaux lourdement chargés …

Ma plate de Loire et d'Allier, longue de 7 mètres m'attendait pour une première prise de contact que je redoutais un peu, d'autant que le professeur, Bibi, est d'une redoutable et nécessaire sévérité. Les premiers coups de rame ne furent pas aussi parfaits que je l'espérais. Je me mis bien vite en travers, « m'enganais » dans la berge tout en percutant gentiment mes deux camarades à bord du bateau d'assistance : une autre plate bien mieux pilotée !

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Je commençais à faire moins le malin, même s'il ne m'étais pas venu à l'idée de prétendre jouer les fiers à bras. Je redoutais l'expérience, je ne fus pas déçu. La suite me confirma bien vite que la navigation sur nos rivières n'est pas une promenade de santé. Le danger existe à chaque virage, les pièges sont nombreux et les chausse-trappes prennent parfois des allures dantesques pourvu que les hommes s'en soient mêlés.

Le premier seuil à franchir fut celui du barrage des Lorrains. Une marche de près d'un mètre, des dalles en béton au milieu du courant, des effondrements de ci et de là et des pieux redoutables pour arranger le tout. Il était impossible de passer à bord. Il fallut découvrir les joies du « pédiluve » et les mystères de la corde. Les bateaux, retenus dans le courant par la force des bras retenant la corde salvatrice et nos Hercules de rivière arrivèrent à bon port cette fois-là !

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Nous nous en étions tirés sans dommage. La suite était plus redoutable encore. Si le pont Pô fut un petit intermède qui me fit accélérer le rythme cardiaque sans mettre le pied à terre, son collègue le pont Canal du Guétain fut d'un tout autre calibre. Totalement infranchissable avec nos longues barques en bois, il nous mit au supplice. Ce fut une bagarre de près d'une heure avec des frayeurs à vous décourager un novice raisonnable …

Il fallut renouveler le passage des bateaux à la corde, mais cette fois le débit était bien plus violent, la pente plus importante encore et au sortir du pont, une jetée en forme de demi-lune compliquait encore plus la complexité de la tâche. Pour corser le tout, je commis une erreur de mouillage qui faillit tourner à ma déconfiture. J'en perdais simplement la face, ce qui n'est pas très grave mais aussi mes chaussures qui était trop légères pour l'opération.

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C'est donc pieds nus, que je dus poursuivre la manœuvre, tentant, tant bien que mal de maintenir les bateaux écartés des rocailles en marchant sur des rochers bien peu confortables. Je faisais ainsi pénitence pour prix d'une ambition déraisonnable ! Si le premier bateau passa, fut-ce au prix de quelques entailles sous la plante des pieds, le second donna lieu à un incident qui faillit tourner au drame en se contentant de notre plus totale déconfiture ....

Nous renouvelions l'opération délicate quand la bourde bien nommée provoqua, sous l'effet conjoint de ma légendaire maladresse et de la force du courant la chute de l'ancre au plus mauvais moment. Mon pauvre pirate fit alors un joli saut périlleux en tentant de récupérer la maudite pièce métallique et se retrouva dans le bouillon... Il réussit au prix d'un incroyable rétablissement à se sortir de là avec notre miséricorde dans les bras. Nous l'avions échappé belle !

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Nous pensions avoir fait le plus dur et je me laissais aller à admirer le paysage. Je passais pour la première fois ce passage mythique du Bec d'Allier, là où le bel affluent se donne à sa sœur jumelle. C'est tout naturellement que je manquais l'arrimage final et comprenais ainsi que j'avais encore beaucoup à apprendre avant que de me lancer en solitaire dans mon périple fluvial.

Heureusement, notre professeur nous offrit alors une leçon de navigation à la voile sur son « Enfant Castor ». Une toue imposante de 15 mètres avec, excusez du peu, 110 mètres carrés de torchon. Ce grand bonheur nous fit oublier nos plaies, nos égratignures et nos frayeurs. Nous pûmes mesurer le chemin qui nous restera éternellement à parcourir pour atteindre le niveau de maîtrise de Bibi.

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Nous rentrions en prenant soin de changer de rive pour éviter les travaux. Nous avions hâte de regagner nos pénates et de prendre une bonne douche. Pour un baptême du feu, c'était un vrai baptême et nous n'avions pas lésiné sur l'eau bénite. Pourvu qu'elle me préserve du pire avec l'aide désormais incontournable du Grand Saint Nicolas quand je me retrouverai seul à bord.

Catastrophiquement vôtre

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Photographies de Pirate de Loire

 



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