samedi 18 juillet 2015 - par C’est Nabum

Saumur fête la Loire

Pétard mouillé ?

Les chats noirs et la dame imposante.

À l'invitation du président des mariniers de Saumur, je me suis rendu dans cette charmante sous-préfecture en compagnie de mon ami le Pirate de Loire, photographe de passion. L'un avait ses livres et l'autre ses magnifiques clichés pour tenir un stand lors de cette fête en bord de Loire. Nous y retrouvions amis et connaissances, tous des fondus de cette drôle de rivière qui n'en finit pas de nous faire parler.

Parler, c'est justement ce qu'Edmond, le président homme-orchestre de cette belle manifestation attendait de votre serviteur. L'homme avait sorti de son chapeau une bien curieuse idée : m'associer à une chorale locale pour un spectacle permettant aux Saumurois d'attendre les explosions multicolores du feu d'artifice.

Allumer la mèche, en quelque sorte, était donc la mission de cet assemblage hétéroclite entre des chanteurs distingués, tout de noir vêtus et un pauvre berlaudiaud, perdu loin de ses terres habituelles. En quelques messages, la mayonnaise était censée prendre par la bonne volonté des uns et des autres et le miracle du bon vouloir de tous. Bernard, le chef du chœur, n'était pas inquiet même si l'homme me semblait plus soucieux qu'il ne voulait le laisser paraître.

 

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Je donnais le change, ne voulant pas montrer mon habituelle inquiétude, feignant comme toujours la décontraction. Il me fallait trouver place dans cet ensemble et son programme sans perturber les chanteurs ni tomber à plat par des interventions mal à propos. La première partie faisait place à un répertoire traditionnel de chants marins. J'avais sans doute ma place à la condition de ne pas tirer la couverture à moi, d'autant plus qu'il faisait fort chaud en cette belle soirée de juillet.

La seconde m'interrogeait davantage. Comment allais-je ne pas être un cheveu sur la soupe dans ce joli répertoire de cabaret avec des chansons passées dans la mémoire collective ? Il me fallait faire dans la discrétion et entrer véritablement dans le conte qui fait pleurer dans les chaumières. Pas vraiment l'idéal lors d'une fête populaire où la foule se masse simplement pour admirer la belle bleue !

Nous nous lançâmes à l'eau même si celle-ci venait à manquer cruellement dans notre Loire. L'étiage bat cette année des records amplifiés par un ensablement qui ne cesse d'inquiéter ceux qui aiment la rivière. La sécheresse alarmante et les erreurs des décennies passées faisant le reste, la fille Liger se languit entre bancs de sable et empierrements mis à nus.

 

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Mais revenons à nos chats noirs chantants. Ils étaient nombreux : une bonne trentaine de chanteurs accompagnés de musiciens : accordéoniste, guitariste, clarinettiste, violoniste, claviste. La scène était bien petite pour ce bel ensemble et je passai le plus clair de mon temps au pied de celle-ci. J'allais et venais, jouant le monsieur à peine loyal pour des chats de gouttière que je taquinais un peu.

Un petit public s'installa devant notre prestation tandis que l'immense foule, ne voulant sans doute pas manquer la première fusée, nous tournait le dos pour attendre, à la bonne place, la nuit tombante. Ingratitude ou indifférence, qu'importe, puisqu'une poignée de curieux était à notre écoute. Prêcher dans le désert avec autant de sable dans la Loire ne fait que préfigurer l'avenir probable de la rivière.

La représentation eût été agréable si la multitude n'avait décidé de passer et de repasser inlassablement au pied de la scène. Je remarquai bien vite une femme particulièrement remarquable, tant par son accoutrement que par sa prestance. On ne pouvait la manquer, d'autant qu'elle allait et venait de son allure pachydermique pratiquement une fois par chanson ou conte.

 

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Je finis par en prendre ombrage tant ce manège illustrait à merveille l'irrespect de tous les autres. Je fis alors quelques grimaces, singeai les passants indifférents, me moquai, tançai, fis les gros yeux mais ce fut en vain. La foule et particulièrement la dame indigne se moquaient bien des pauvres saltimbanques qui s'agitaient vainement pour faire passer le temps. Les spectateurs attentifs s'amusèrent de mes vains efforts, ils rirent de mes rodomontades sans effet, ;certains tentèrent même de faire barrage au flux ininterrompu. Rien n'y faisait : devant la scène, passait sans doute le GR du Mont-Blanc …

N'en pouvant plus, j'interrompis une intervention. Si chanter est possible dans pareil contexte, conter devant des ombres fugaces devenait impossible, d'autant que la dame infernale n'en finissait pas de vouloir jouer l'étoile filante. Cette fois les spectateurs prirent totalement parti pour les pauvres marionnettes de la scène. Ils firent un pas, deux pas, puis finirent par s'avancer jusqu'au podium pour barrer le chemin des vagabonds de l'artifice.

 

Pour les remercier, je leur offris alors un conte à vous tirer des larmes. Ce qu'ils firent comme des grands enfants qui se prenaient au jeu des peurs enfantines. Les vrais gamins ouvraient des yeux à décrocher la lune, tremblaient et se figeaient dans la position de ceux qui ne veulent pas en manquer une miette. La prestation pouvait laisser place aux fusées éclairantes, aux pétarades et à l'émerveillement de la foule enfin immobile. L'honneur était sauf.

 

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Que les organisateurs songent à l'avenir à ne pas mettre un podium en travers du chemin de la masse mouvante. Celle-ci ignore tout des règles qui autrefois prévalaient concernant le respect du travail d'autrui. Désormais, le rouleau compresseur de l'irrespect systématique balaie tout sur son passage. Parlant fort, téléphonant ou écoutant leur propre musique, en bandes compactes, les hordes mouvantes sont indifférentes aux autres.

Quant à la dame imposante, j'allai courtoisement la remercier de m'avoir ainsi déconcentré avec une remarquable constance durant toute la prestation. Elle ne comprit rien à mes propos et je doute fort qu' elle sache jamais se préoccuper des autres, ayant tellement à faire avec son incontournable personne. C'est bien elle qui est la plus à plaindre et il n'est pas impossible qu'elle devienne, à son corps défendant, personnage d'un conte prochain. On s'offre les petits plaisirs qu'on peut …

 Moqueusement sien.

 

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5 réactions


  • TSS 18 juillet 2015 19:09

    Vivement fin septembre et la fete de loire à Orlééans.... !!


    • C'est Nabum C’est Nabum 18 juillet 2015 20:26

      @TSS

      Il se peut qu’on ne m’y voit pas

      Je suis le mal venu dans mon pays.
      La liberté d’expression n’est pas raisonnable au pays des notables

      Vous me trouverez, bâillonné sur la quai à la demande d’un margoulin qui a de l’importance


    • TSS 19 juillet 2015 09:25

      @C’est Nabum

      Vous me trouverez, bâillonné sur la quai à la demande d’un margoulin qui a de l’importance

      Pourtant le maire a changé(quoique Grouard fasse encore partie du conseil municipal), maintenant

       c’est un orléanais pur sucre... !!
       


  • TSS 18 juillet 2015 19:10

     Orléans.


    • C'est Nabum C’est Nabum 18 juillet 2015 20:28

      @TSS

      La ville des chiens, la preuve

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      Les chiens et le berger.





      Au bord de l’eau vivait un homme

      Simple gardien de ses moutons

      Un humble berger en somme

      Loin de la ville et ses tensions


      Sur la rive, du matin au soir

      Il sculptait des personnages

      Sur des bois flottés de Loire

      Pour les enfants du voisinage


      Ils aimaient à le regarder

      Lui donnaient de tendres sourires

      De tous, il était respecté

      Gentil berger aimant à rire


      Quand soudain l’orage éclata

      Pour les adultes de ce bourg

      Il ne fallait pas qu’on aimât

      Celui qui vit à rebours


      *

      C’est la femme de l’échevin

      Grande dame respectable

      Qui distilla tout le venin

      Dont on la savait capable


      La mégère se fit sorcière

      Proclamant à la cantonade

      Par des paroles à manières

      Un mensonge sans parade


      Son mari lui avait mandé

      De porter une affreuse rumeur

      Pour que l’homme fut pourchassé

      Par tous ces chiens sans honneur


      À qui voulait bien l’écouter

      Elle déclarait sans vergogne

      Que non loin était un berger

      Plus redoutable que charogne



      *




      Prétendant le berger porteur

      De la si redoutée peste

      La femme en son déshonneur

      Avait la langue bien leste


      Le berger en ce pays délétère

      Fut soudainement mis au banc

      Les enfants à coups de pierres

      Les adultes bien plus méchants


      Il se cacha plus loin encore

      Seul maintenant avec ses moutons

      Tandis que ses maudits pécores

      Lui jetaient sans cesse des orrions


      Le temps passa ainsi longtemps

      Le berger le cœur chagrin

      Se souvenait des jours d’avant

      Quand il n’était pas le vilain



      *

      Un jour un chaland s’arrêta

      Un vieux marin s’en vint vers lui

      Ce grand sage lui conseilla :

      « N’accepte plus cette infamie ! »


      « On te rejette par ignorance

      C’est de cette arme qu’il faut user

      Avec ton flutiau pour la danse

      Tu les auras tous à tes pieds »


      Ce que fit le brave berger

      Par ses rondes mélodieuses

      Envoûtant ceux qui l’avaient chassé

      Y compris la dame odieuse


      C’est la langue des oiseaux

      Qui attrape par la douceur

      Les menteurs, et tous les sots

      Qui ignorent avoir un cœur


      *




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