A poil, c’est au poil !
Au XVIIe siècle, le terme "à poil" s'utilisait dans le domaine de l'équitation. En effet, monter un cheval "à poil" signifiait qu'on le montait "à même le poil", c'est-à-dire sans couverture ni selle. La locution "à cru", employée au XVIIème siècle avait la même signification. Cette expression avait par ailleurs le sens de "à même la peau". Gordon71, amateur de tout ce qui hennit et se cabre pourra vous le confirmer.
Monter "à cru" m’autorise de parler cru.
Pour revendiquer, la mode est de manifester à poil. Plus fort qu’ 1968, alors que les femmes brûlaient leur soutien-gorge pour revendiquer leurs droits et leur liberté, en 2006, elles l’enlèvent.
Si au départ, l’idée des célébrités qui posaient nu avec le slogan « plutôt à poil qu’en fourrure » pouvait être drôle et efficace, on a vu que depuis PETA use de la nudité, ou plutôt de l’érotisme, tout le temps avec parfois des méthodes plus que contestables puisqu’il s’agit de sélectionner des adhérentes sur des critères physiques pour appâter les badauds dans la rue.
Si cette nudité revendicatrice vous gêne, dites vous que les responsables sont ceux qui n’écoutent pas les manifestants. Comment comprendre qu’aujourd’hui, on sacrifie la jeunesse (et toutes les couches de la population) au profit des spéculateurs et des marchés financiers ? Comment accepter que nos représentants politiques (au Chili, ici ou ailleurs) ne représentent plus les citoyens ? Ces manifestations nues ne sont qu’un symptôme d’une maladie grave ; la disparition de la démocratie, la rupture entre les classes dirigeantes et les citoyens, la fin d’un système…
Prenons l’exemple de nos cousins : En grève depuis douze semaines pour protester contre la hausse des droits de scolarité, les étudiants du Québec ont fait un coup d'éclat le 3 mai. Des milliers d'entre eux ont pris d'assaut les rues de Montréal, répondant à un appel lancé sur Facebook dans lequel les organisateurs invitaient les participants à se déshabiller, soulignant que jusqu'à présent toutes les tactiques utilisées avaient été vaines face à un gouvernement qui persiste à rien ne vouloir entendre, précise le journal.
Autre exemple : Les militantes "topless" du collectif FEMEN se sont placées devant la Tour Eiffel à Paris le samedi 31 mars. Elles étaient une dizaine de femmes a prendre d'assaut le parvis du Trocadéro et se montrer seins nus avec des slogans écrits sur le corps comme "Intégrisme dégage" et "No charia" afin de protester notamment contre le port de la burka.
A Rome, trois féministes du mouvement ukrainien Femen, dont les militantes ont pour habitude de manifester les seins nus, ont été stoppées dimanche par la police italienne avant de pouvoir atteindre la place Saint-Pierre. A moitié déshabillées ou en tenues légères, ces féministes multiplient les actions publiques pour dénoncer la prostitution, le tourisme sexuel, ou le harcèlement dont sont victimes les étudiantes des universités en Ukraine.
Effectivement aujourd'hui, il semblerait que le nu soit de plus en plus utilisé pour médiatiser une action, un coup de gueule ou des revendications politiques.
Et pas que par des femmes. La preuve : En colère, les producteurs laitiers indépendants se mettent à poil ! Action coup de poing, dimanche 26 février 2012 à 15h au salon de l'agriculture : les producteurs laitiers membres de l'Apli se sont déshabillés et ont symboliquement jetés leur bleu de travail sur le stand du ministère devant des centaines de visiteurs. Ils dénoncent les décisions de Bruno Le Maire concernant la contractualisation et celles de la Fnsea qui entend ouvrir les interprofessions aux syndicats minoritaires.
Manque de pudeur ou acte de bravoure ? Aliaa Elmahdy, elle fait polémique en Egypte et on parle beaucoup d’elle. La raison ? Elle a posé nue et a posté la photo sur son blog pour revendiquer sa liberté de femme. Son avenir n’est pas des plus probants.
Nous pourrions évoquer la « Marche des Salopes » à Jérusalem. Des dizaines d'Israéliennes ont participé à une "marche des salopes" vendredi dans les rues de Jérusalem pour protester contre les agressions sexuelles et le discours sexiste pour les justifier. Très légèrement vêtues, parfois de manière provocante, les manifestantes, pour la plupart jeunes et escortées de quelques hommes, ont défilé dans les rues de la Ville sainte en scandant des slogans contre le machisme.
Si comme moi, vous avez des problèmes avec la langue anglaise, traduction : La "SlutWalk" est un concept né à Toronto en avril dernier, en réponse "aux propos sexistes d'un policier" enquêtant sur une série de viols commis sur un campus, selon un tract de SlutWalk France. "Lors d'une réunion de prévention, il a conseillé aux femmes de ne pas s'habiller comme des sluts (salopes) si elles ne voulaient pas se faire violer".
D'autres brandissaient des banderoles barrées des inscriptions suivantes : "Justice pour les femmes !", "Uniquement avec consentement !", "Une femme de valeur s'habille comme elle veut !" "Comment je m'habille ? Cela ne vous regarde pas !", pouvait-on lire sur un autocollant couvrant la poitrine nue d'une jeune femme. Les manifestantes ont baptisé leur mouvement "marche des charmoutot" (terme arabe hébraïsé signifiant "putes").
J’avoue que j’avais préparé cet article pour justifier cette forme de revendication. Mais maintenant, j’ai un doute.
Les danseuses du Crazy Horse ont entamé depuis mardi la première grève de leur histoire afin d'obtenir des augmentations de salaire et une meilleure reconnaissance de leurs prestations sur scène. « Cela fait des années qu'on leur demande d'avoir un peu plus de considération pour notre métier, explique la déléguée syndicale des danseuses, Suzanne Durand, alias Liv mee not. Notre salaire ne tient pas du tout compte de la charge de travail qui est la nôtre et de notre nudité.
Les danseuses du Crazy Horse ne se sont pas déshabillées ni mardi ni mercredi soir.
Illustration : http://www.fumed.com/le-crazy-horse-arrive-au-quebec.html