samedi 1er août 2020 - par C’est Nabum

La véritable épopée du bigoudis

Du plomb dans la tête.

Une histoire qui défrise.

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Je me souviens avec nostalgie de ses élégantes ou du moins qui se croyaient comme telles, traversant nos rues affublées d’un curieux équipage. Elles portaient sur la tête un filet à maille fine, sans doute pour éviter que les oiseaux de passage, ne viennent leur chercher des poux dans la tête ou ne s’en prennent à ces curieux rouleaux qui agrémentaient leur chef.

Car en effet, c’était là le secret du harnachement des dames, elles avaient disséminé sur leur occiput de gracieux ustensiles, piqués de délicates aiguilles. Le tout pour enrouler des mèches de cheveux qui étaient récalcitrantes à leur désir de volume. Les dames ainsi parées avaient fort belle allure pour peu qu’elles aient eu le bon goût de diversifier les couleurs des rouleaux, des aiguilles et du filet. Un carnaval avant l’heure et assez curieusement surtout le samedi et le dimanche matin pour celles qui n’allaient pas à la messe.

Je me suis longtemps gratté la tête pour comprendre la raison de qui qui apparaissait à mes yeux d’enfant ingénu une sorte de décoration de Noël pour laquelle le rouleau avait suppléé les boules. Désirant découvrir par moi-même le secret de la chose, il me prit l’idée de suivre à la trace un samedi matin l’une de ses élégantes, habituée à ce curieux rituel.

Le cheveu plat, la mèche rebelle, la couleur faisant grise mine, la pauvre femme rasait les murs de sorte de n’être point vu par les jeunes coqs de l’endroit. Elle avait le pas rapide, se hâtant de gagner l’antre des fées capillaires, les dames aux doigts d’argent et à la langue leste. C’est ce qu’on nommait alors tout simplement un salon de coiffure avant que tous les gens de mots possibles et imaginables ne viennent décliner à l’infini ce tiffe qui se pose sur la langue.

Celui que gagnait la dame hirsute était curieusement celui qui focalisait mon attention car une camarade de classe y passait le plus clair de son temps libre. S’il n’avait été que moi, je me serais fait couper les cheveux en ce repère de femmes, au risque du ridicule certes mais pour le bonheur de l’y retrouver. Hélas, la mixité n’était guère de mise en ce domaine et jamais je n’ai pu pénétrer le cœur du mystère du Puits de l’Avoine.

Ce que je voyais à travers la grande vitrine attisait naturellement mon imagination. Des femmes se crêpaient le chignon, subissaient des tortures qui d’après les informations que je glanais de ci de là, duraient plusieurs heures. Les têtes des victimes n’étaient pas coupées même si des paires de ciseaux voletaient parfois autour d’elles. Ce qui leur arrivait étaient bien plus étrange, elles moussaient, elles se paraient d’étranges teintes avant que de disparaître sous un casque de cosmonaute.

Une visière en plexiglas, bien avant l’arrivée inopinée d’un virus chinois, les isolait du reste de la ruche bruissante. C’était alors pour les pénitentes une sorte de retraite. Elles se retrouvaient coupées des conversations qui nourrissaient les ragots de la cité. Pour compenser, elles se retrouvaient avec un magazine sur papier glacé, évoquant les mêmes sujets mais à plus grande échelle : Paris Match, journal que je ne voyais que chez les coiffeuses et les médecins.

JPEG D’autres sortaient de l’endroit avec ce fameux filet sur la tête pour vaquer à quelques occupations essentielles avant que de revenir dans ce laboratoire des joyeuses alchimistes du cheveu féminin. C’est ainsi que j’appris de la bouche même d’une déguisée que ces fameux rouleaux étaient des bigoudis et non des antennes de satellites comme je le subodorai à cause du curieux casque de cosmonaute.

M’enquérant de la chose, je découvris qu’elle datait juste du siècle précédent celui dont je vous parle. Une encyclopédie (rouleaux obligent) me fut nécessaire pour en savoir plus. Les premiers bigoudis apparaissent au XIXème siècle. À l'époque, il s'agissait de petits rouleaux de plomb recouverts d'un tissu de fibres, puis de cuir. La pose de bigoudis constituait la mise en plis, et servant à donner aux cheveux du volume et de la tenue.

Je n’avais pas besoin d’en apprendre plus. Je découvrais stupéfait la raison essentielle de cette pratique. Elle avait sans doute échappé à nombre d’entre vous mais pour moi, enfant à l’esprit retors, elle me sautait aux yeux bien mieux qu’un nez au milieu de la figure. Cette torture d’un autre temps aujourd’hui disparue n’avait d’autre but que de mettre un peu de plomb dans la tête à ces braves dames. Comme nous étions au cœur d’une région de chasse, je n’en fus pas plus étonné que ça. Le filet venant sans doute compléter la panoplie pour ces belles chasseresses.

Capillairement leur.



13 réactions


  • Wald 1er août 2020 21:31

    J’aime beaucoup la tonalité de cet article et son évocation d’une époque.

    Merci en plus de faire autre chose que les macérations idéologiques qu’on voit sur ce forum bien trop souvent. Heureusement qu’il y a quelques auteurs comme vous.


    • C'est Nabum C’est Nabum 1er août 2020 21:46

      @Wald

      C’est très gentil

      Je n’ai ni la prétention ni le talent d’être n auteur
      Je suis un simple persifleur rêveur


    • Wald 1er août 2020 22:06

      Désolé Nabum, je crois que je vous ai causé un moinssage (j’y ai eu droit aussi). Je ne saurais m’en remettre, j’espère que vous survivrez à une telle épreuve. smiley smiley

      J’ai comme une idée du frustré qui s’est pointé ici. smiley


    • C'est Nabum C’est Nabum 2 août 2020 07:35

      @Wald

      Nombreux sont mes contempteurs, gens de plume incapables d’écrire autre chose que des commentaires haineux qui viennent soigner leur foie ici


  • caillou14 rita 2 août 2020 09:02

    Une époque de l’Amérique en plein boom économique bien sympathique...envahissant la planète de frigos et de jazz... !


    • C'est Nabum C’est Nabum 2 août 2020 09:04

      @rita

      Le monde bascula alors dans le grand n’importe quoi


    • caillou14 rita 2 août 2020 09:27

      @C’est Nabum
      Sans les inventions de l’Amérique, vous ne pourriez pas écrire vos textes..Tout n’est pas à mettre à la poubelle, faut justes avoir du bon sens pour faire le tri ?


    • Ouallonsnous ? 2 août 2020 10:05

      @rita

      « Du bon sens pour faire le tri ! »

      Il me sembles que vous n’en avez pas ni êtes capable de faire le tri entre la propagande main stream et la réalité, Rita qui voyez des gens pris de boisson atteints par le covid alors que la grippe et les virus sont éteints depuis presque 6 mois !!!!!


    • caillou14 rita 2 août 2020 10:37

      @Ouallonsnous ?....La réalité je la vois tous les jours dans mon service à soigner les malades atteint du virus, et vous votre « réalité » elle se trouve dans le caniveau de votre esprit embué ?
       smiley
      bonne journée... smiley


    • Ouallonsnous ? 3 août 2020 11:56

      @rita

      « votre « réalité » elle se trouve dans le caniveau de votre esprit embué ? »

      Par contre je n’ai pas besoin de recourir au mensonge voire l’insulte, comme vous, pour redire que le seul virus qu’il convient d’éradiquer en vous d’abord, c’est celui de la propagande covid19 macroniste mensongère, qui vous dresse contre vos contemporains, en second, de la population victime d’une agression propagandiste, anxiogène, destructrice de ses habitudes de vie et de son bonheur !
       


  • juluch juluch 3 août 2020 15:41

    toute une époque...

    les bigoudis de ma mère !!

    C’est vrais que ça ne se fait plus ou peu...

    merci Nabum pour les souvenirs !


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