MACRON VA DIRE (essai d’anticipation de son discours TV jeudi 12 avril 2018)
Français françaises,
Je sais que vous souffrez atrocement des réformes que je mène à coup d'ordonnances, et que vous refusez de comprendre la logique ultra-libérale que mes parrains de Bruxelles m'imposent de vous imposer ainsi qu'aux médias-carpette, que je tiens à bout de bras à coups de réformes saccageuses. Le temps de parole de mes opposants sera désormais réduit pour la seconde fois, après que l'équité ait remplacé l'égalité de temps de parole lors de mon élection factice et inéquitable qui a mené à votre situation d'inégalités sans précédents dans l'histoire du CAC40. Et leur parole sera bientôt sous surveillance d'une loi réprimant la curiosité et la responsabilité individuelle et collective de s'informer en jugeant par soi-même. Je ne peux plus prendre mes concitoyens pour des gens responsables. Ce n’est plus possible. Ils s’en prennent à moi et c’est très méchant car je suis sans défense devant leurs idées et ça nous emmerde profondément, donc stop.
Je suis prêt, pour répondre aux velléitaires qui imaginent encore que la grève est un levier de négociation, à utiliser le 49.3, à envoyer des saboteurs de grève recrutés parmi les identitaires de chaque extrême sous bonne garde de nos services d'espionnage, et à solliciter le cabinet noir du Ministère de l'Intérieur pour mater les meneurs qui viendraient à troubler le sommeil profond de mon Assemblée que je veux tout sauf "En Marche". Je suis également prêt à positionner l'armée dans les rues de Paris le temps qu'il faudra, quitte à provoquer un attentat terroriste bidon (oh le vilain complotiste que je suis) qui m'obligera à rétablir l'état d'urgence.
Je suis prêt à toutes les ignominies dont vous n'avez pas idée, pour protéger les 80 milliards d'évasion fiscale - de quoi rétablir 2 fois tous les comptes sociaux- que le réseau capitaliste qui m'a porté au pouvoir veut absolument planquer dans des paradis fiscaux, malgré les milliers de sdf et les flots de réfugiés que nos aventures coloniales et prédatrices de gaz naturel en Libye et en Syrie ont déversés sur nos routes de l'espace Schengen, et aux portes des grandes villes françaises qui n'en veulent pas même à coups d'attentats.
Je suis prêt à pourchasser jusque dans ses chiottes, le moindre français qui osera objecter en conscience que mes réformes vicieuses menées sous mes airs patelins et un faux noviciat angélique de gendre idéal, vont contre ses intérêts. Tout simplement parce que ce n'est pas possible, parce que pour moi c'est une fausse information punissable, parce que ce français là a tort, parce que cette infirmière là dit n'importe quoi, parce que ce cheminot là n'a pas à s'exprimer de la sorte, bref parce que les français me font franchement chier avec leurs velléités de résistance.
Il faut une fois pour toute que mes con-citoyens à qui je mets chaque jour la tête à l'envers comprennent que je suis mondialiste européiste pro-OTAN et pro-conservateur et que je considère que la caste qui m'a porté au pouvoir n'a pas le choix un poing c’est tout. Que la caste qui m'a poussé sur le trône a droit au respect et au paternalisme. Que la caste qui m'a intronisé a droit au flot de l'argent fictif de la dette des ménages et de la multiplication des bulles financières. Que les condottières qui me dirigent exigent une rentabilité de 10%. Que les émirs qui viennent me demander de bronzer à Nice sur des plages privatisées -leur désert entier l’est aussi, sillonné d’esclaves en hardes mais surtout pas enhardis- exigent de moi la tête de quelques impétrants pourchassés diabolisés par la Cabale OTAN, eux aussi jusque dans leurs chiottes.
Bref que "c'est notre projet", celui des patrons du CAC40 qui exigent de moi le dépeçage continu de notre pays pour lui en soutirer les dernières gouttes de sang humain et y remplacer le vieux "laborariat" par des hordes d'esclaves sous-payés et dociles qui n'auront jamais connu le CNR et les réformes sociales. Qui n'auront surtout pas la plus petite idée de ce qu'est le partage collectif de valeurs fondatrices d'une nation ou l’entraide désintéressée entre citoyens. Ou encore qui n’auront pas même le courage ou l'audace d’imaginer que l’échange respectueux d’idées politiques alter-libérales ou anti-libérales peut constituer un creuset créatif producteur d’idées pour reconstruire le pays par sa base et non par sa pointe. Ou pire encore, qui n'auront jamais la possibilité de concevoir ou d'imaginer que la pensée unique qui étouffe notre pays chaque jour davantage, n’est simplement pas une fatalité.
Français, françaises, à présent je vous laisse parce que j'ai vraiment autre chose à foutre que de parler pour rien à des con-citoyens qui ne veulent pas comprendre et j'ai mieux à faire. J'ai rendez-vous à Bruxelles, Frankfort, Londres, Washington, Riyad et Tel-Aviv.