vendredi 20 septembre 2013 - par Michel DALMAZZO

Question de volume

Il y a crâneur et crâneur...

Le volume crânien de l’homo sapiens adulte est d'environ 1500 cm3, c'est-à-dire un litre et demi, mais c’est une moyenne et l’écart autour de cette moyenne est très large : plus ou moins deux verres à moutarde, sinon plus. Par exemple, on sait qu’Anatole France et Gambetta dépassaient à peine le litre et qu’il fallait remplir au moins deux bouteilles pour Lord Byron ou Tourgueniev.

Une telle imprécision ne saurait satisfaire celui qui veut s’instruire de lui-même, curiosité bien naturelle si l'on pense que le « connais-toi toi-même » n’est pas une parole en l’air.

Il faut donc mesurer.
On pourra s'inspirer de la méthode suivie par la cuisinière qui veut connaître la capacité de son moule à tarte : elle le remplit d’eau à ras bord et recueille le liquide dans un verre gradué.

En l’occurrence, un travail préalable sera nécessaire car il y a plusieurs trous dans un crâne normalement constitué et les obstruer de l’extérieur est loin d’être évident. En tout cas, si on veut faire les choses proprement.


Il n’y a qu’une seule vraie solution : ouvrir.
On sciera donc le crâne en deux, à l’horizontale, à peu près à la hauteur d’un béret basque.
Il est important de couper aussi droit que possible. L’idéal sera d’utiliser une scie circulaire de qualité, mais je ne saurais trop conseiller de confier l’opération à un spécialiste. Contre un peu de monnaie, on trouvera facilement un technicien serviable au rayon découpage-sur-mesure d’un magasin de bricolage.

Avant de procéder au colmatage dont je parlais plus haut, celui des trous que la Nature a pratiqué dans la boite et son couvercle (surtout la boite), on en nettoiera tous les recoins soigneusement. Il arrive en effet que la matière molle ait laissé ici ou là quelques concrétions - mauvais souvenirs, traumatismes, chagrins ou autres résidus de cette sorte - qui pourraient fausser la mesure.
Une brosse à dents à poils durs fera parfaitement l’affaire.

La suite ne présentera aucune difficulté si on utilise le bon matériau. On évitera la mie de pain ou la purée de pomme de terre, qui ne résisteront pas longtemps, et même le chewing-gum ou le ciment de rebouchage qui, eux, sont parfaitement efficaces mais on aura un mal fou à s'en débarrasser quand on aura terminé, ce qui est quand même la moindre des choses.
Je recommande la cire. Amollie à feu doux, elle s’appliquera facilement et un simple passage à l’eau chaude permettra de l’enlever aisément. Ai-je besoin de recommander l’eau froide pour le remplissage ? Faute de quoi la cire pourrait fondre ; j’imagine qu’on y aurait pensé.

Voilà.

Un coup de serviette éponge et quelques points de colle parachèveront la remise en état.
Evidemment, le trait de scie restera visible, mais c’est un maigre inconvénient si on songe au service rendu et à la facilité avec laquelle on pourra, si on le souhaite, effectuer d’autres relevés. De plus, on s’apercevra vite, au simple regard des passants, que cette étrange cicatrice ne manque pas d’élégance. 

 



9 réactions


  • Prudence Gayant Prudence Gayant 20 septembre 2013 14:54

    Michel Dalmazzo,

    Auriez-vous une solution intéressante pour qui a le syndrome d’Arnold Chiari ?
    Ma question n’est pas farfelue, vous avez des idées, je cherche une solution pas bancale.

  • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 20 septembre 2013 16:44

    Prudence Gayant,

    Je vous remercie pour votre question.
    Je sens bien qu’elle n’est pas farfelue, aussi y répondrai-je avec le plus grand sérieux.
    Voilà.
    Au risque de vous décevoir, je n’ai pas de solution pour les problèmes du cervelet (le syndrome d’Arnold Chiari n’étant pas le moindre). 
    Il faut dire que je m’y suis intéressé trop tard. En effet, quand j’étais jeune (oui, j’ai été jeune), j’étais idéaliste, plein d’idées arrêtées... Et je me refusais à étudier de cette partie de l’homme autre chose que le cerveau beau, considérant que le cerveau laid ne méritait pas qu’on s’en occupe.
    Ah, que j’étais bête ! 
    J’espère que vous ne m’en voudrez pas..

    • Prudence Gayant Prudence Gayant 20 septembre 2013 23:35

      Michel Dalmazzo,

      Que j’aurais aimé que vous puissiez me donner plus.
      Je ne suis pas porteuse de ce syndrome mais un être jeune, idéaliste plein d’idées qui doit dire adieu à sa belle profession si chèrement acquise. Un rêve de gosse réalisé enfin il y a si peu de temps. Je crois que j’avais besoin d’en parler et votre article est sorti. Je vous remercie de m’avoir permis d’extérioriser cette angoisse.
      Je ne peux vous en vouloir de n’avoir pas de réponse car la seule est une opération bien trop risquée.
      Bonne nuit


    • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 21 septembre 2013 09:41

      Prudence Gayant,

      Pour apporter une réponse à la relative tristesse de votre message, je vous envoie mon meilleur d’ondes positives, de celles qui aident un peu beaucoup.. (Il faut quand même y croire).

  • jef88 jef88 20 septembre 2013 21:16

    on coupe, on recoud, on mesure et ensuite ?


    • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 21 septembre 2013 09:35

      Jef88, j’ai mal placé ma réponse à votre message.. Elle est située quelque part là-dessous.. Du coup, je ne sais pas si vous en avez été informé.. J’espère que c’est maintenant réparé..


  • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 20 septembre 2013 22:02

    Ah, jef88, voilà bien la vraie question. Juste.

    A quoi peut bien servir le « connais-toi toi même » du philosophe ? On me dira que le philosophe n’a pas dit « mesure-toi, toi-même ». C’est vrai, mais les temps ont changé, la science a tout envahi. On est en droit de penser que ce qui se connaît aujourd’hui se pèse, se calibre, s’évalue, se chiffre.. Je n’ai fait que moderniser la méthode....
    Mais le résultat, chiffré ou pas, n’a aucune importance seule la démarche compte : quel qu’il soit, le nombre trouvé est petit et remet l’homme à sa place : modeste.


  • NastyCruncher 21 septembre 2013 15:32

    Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse


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