mardi 21 juin 2016 - par C’est Nabum

Ramener sa fraise

C’est désormais inutile …

Si la fraise est de saison, la ramener semble devenu bien inutile. Notre avis, notre sentiment et nos ressentiments ne sont jamais pris en compte dans ce monde où tout est organisé en fonction des intérêts économiques et de stratégies politiques qui échappent à toute raison. Nos dirigeants sont désormais tout justes bon à sucrer nos chers fruits rouges, mais le leur faire remarquer relève du crime de lèse-majesté.

Qu’un Macron soit couvert de crème chantilly s’inscrit dans la démarche gourmande des amateurs de fraises. Le pauvre homme qui aime à se monter du col, drapé dans sa dignité, n’a pas compris le discours. La métaphore échappe à ce triste sire, la fraise pour lui est, sans aucun doute, le nécessaire complément du pourpoint d’ancien régime : ce mode de gouvernance dont il a la nostalgie.

Les jardiniers qui arpentent ces drôles d’espaces verts entourés de pelouse que sont nos arènes modernes, ne sont pas là pour planter des fruits. Il sèment la haine et la violence, la vulgarité et l’ivrognerie. Avec eux, la police est dans les choux, les autorités dans les pommes. Rien ne se passe comme prévu, il faut laisser entrer dans le pays des hordes de supporters derrière lesquels l’herbe ne pousse plus.

Mais comment séparer le bon grain de l'ivraie dans cette foule beuglante ? C’est une question qui se poserait si nos élus avaient envie de se presser le citron. Mais leur seule envie est de se faire mousser, de profiter de l’aubaine d’un immense rassemblement populaire pour faire passer le brouet d’une loi indigeste. Qu’importent les mauvaises herbes qu’on laisse envahir le jardin intérieur, l’aubaine permet de coller les nigauds devant leurs écrans : ce qui est bien mieux que devant les piquets de grève.

Le pays aura la patate si la France gagne. La France qui gagne c’est désormais uniquement les équipes de sport. L’économie est en berne, la terre manque d’eau, le liseron envahit les cultures, les fruits pourrissent dans les arbres, les fleurs baissent le nez. C’est le désespoir du jardinier qu’il faut faire oublier à coups de matchs de football. Les pousseurs de citrouilles sont là pour nous faire avaler des couleuvres.

Le spectacle proposé est un navet insipide. Fort heureusement, tous les médias se donnent la main pour dorer la pilule, mettre de la cire brillante sur ces fruits pourris du libéralisme honteux. Le football n’a rien de populaire : c’est une foire aux vanités, au fric, aux mesquineries des puissants. Ils nous prennent pour des poireaux et ont bien raison. On se bouscule dans les chaumières pour tomber dans le piège.

Pendant ce temps, nos rues sont le théâtre de batailles rangées. Les doryphores, les limaces et autres pucerons sont venus prétendument pour encourager leurs équipes nationales. En fait, ils viennent semer la haine et le désordre. C’est à chaque fois pareil et pourtant on s’exclame, on s’indigne, on joue les vierges effarouchées devant ce qui était prévu d’avance. La récolte sera bonne pour les uns, le désastre sera pour tous les autres.

Mais ne ramenons pas notre fraise, surtout pas. Dénoncer les jeux du cirque c’est être un mauvais Français ; l’Euro a pour but de rendre sa fierté au pays, de faire reculer les vilains grévistes, de cesser de passer des nuits debout pour les passer devant des écrans géants. L’opium du peuple, la grande manipulation des masses est en route. Les petits incidents qui vont émailler ce cirque honteux font partie du décor. Il faut les accepter, fermer sa gueule et réparer les dégâts pour la grandeur du pays.

Il conviendrait enfin que nos médias cessent de mettre en avant cette odieuse manipulation de masse. Le football n’est pas la chose la plus importante au monde. Il faut raison garder et replacer ce sujet dans le fond des rubriques de loisirs. Quant aux chers Guignols qui nous gouvernent, leur présence dans les stades atteste de leur parfaite inutilité. S’ils avaient vraiment la moindre influence sur la société, ils auraient mieux à faire que de perdre leur temps dans ces écrins onéreux de la bêtise ordinaire.

Fraisement leur

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6 réactions


  • JBL1960 JBL1960 21 juin 2016 11:14

    Merci Nabum, c’est léger, et joliment troussé ; J’suis jalouse... Tenez, voilà ce que m’inspire le même spectacle affligeant et dans la même rubrique semailles et moissons = https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/06/11/semer-les-graines-du-futur/
    Une moins que rien également, enfin qui se prend pas pour ce qu’elle n’est pas...


    • C'est Nabum C’est Nabum 21 juin 2016 15:20

      @JBL1960

      Entre moins que rien nous allons finir par compter et leur donner leur décompte final

      Ce n’est plus possible de continuer ainsi

      Merci


  • juluch juluch 21 juin 2016 11:57

    Un vrais potager avec ses arbres fruitiers !  smiley


    attention au chien-dent, il faut le couper avant qu’il n’étouffe ce coin de verdure !  smiley

    merci Nabum pour ce billet tout en poésie et jeux de mots.

    • C'est Nabum C’est Nabum 21 juin 2016 15:24

      @juluch

      La poésie et l’humour étant totalement incompréhensibles à nos joyeux drilles des abus de pouvoir en tous genres, je peux aller librement sur ces terrains

      NOs chantres du mensonge n’y sont jamais


  • ZenZoe ZenZoe 21 juin 2016 14:21

    Joli et goûteux article, et sans sucre ajouté.
    Puisqu’on parle ici de poésie, je ne peux m’empêcher de penser à l’un de nos politiciens qui lui aussi savait nous enchanter avec par exemple son vers devenu célèbre :
    « A-t-on jamais caché un éléphant derrière une fraise des bois ? »
    Las, et le poète le savait déjà, le ver(s) était dans le fruit et maintenant les éléphants ont piétiné tout le potager, et les fraises ont perdu leur pouvoir enchanteur...


    • C'est Nabum C’est Nabum 21 juin 2016 15:26

      @ZenZoe

       Le seul ver qu’ils connaissent est celui de leurs cocktails
      C’est d’ailleurs nous qui trinquons et eux qui se rincent

      Alors que l’éléphant les écrase et je serai ravi


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