vendredi 15 janvier 2021 - par C’est Nabum

Révélations culturelles de l’année

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Pas de concurrence s’il vous plaît.

Bon nombre d’entre-nous, cherchions depuis quelques temps les raisons de l'acharnement du pouvoir contre les milieux culturels. Nous y voyions alors mesquinerie, couardise, méfiance, incompréhension, crainte et nous faisions fausse route. Nous évoquions aussi la volonté sournoise de briser toute forme de résistance intellectuelle n’ayant pas encore compris que les grands médias avaient depuis longtemps fait le travail pour réduire à néant toute velléité de critique contre un système absurde et mortifère.

Nous cherchions midi à quatorze heures dans notre volonté citoyenne de respecter les horaires du couvre-feu, traquant la petite bête, examinant si nous avions des poux dans la tête à moins que nos poules disposent de dents, à moins qu’elles ne pondent des œufs couverts de poils. L’absurde de nos investigations étant en corrélation directe avec la totale incompréhension qui interpelait les milieux culturels.

Nous étions à mille lieux de lever le rideau sur ce mystère, bien incapables que nous étions de cerner tous les éléments d’un dossier dont nous ne disposions pas de toutes les pièces. Il fallait modifier radicalement notre système critique, ne plus considérer les actes politiques de ce pouvoir en représentation mais simplement le jeu de scène des différents acteurs de la tragédie actuelle pour lever un peu le voile sur ce vaudeville miteux.

Nous cherchions côté cour, élevant la Culture à un rang qui n’est absolument pas en rapport avec la considération que ces misérables figurants qui tentent vainement de récupérer un peu de lumière derrière le jeune premier qui prend toute la lumière et le texte. C’est en poussant nos regards côté jardin que la réponse est apparue soudainement, dans toute son évidence, sa clarté et sa simplicité.

Incapable d’assurer un générique digne de ce nom, le grand metteur en scène de l’heure n’est pas un bon directeur d’acteur et encore moins un avisé recruteur. Il s’est entouré d’une troupe d’une rare médiocrité, de seconds rôles et parfois de seconds couteaux de la politique. Ne tenant ni leur texte ni leur jeu, n’ayant aucun charisme et encore moins de présence, il leur fallait la plus totale exclusivité pour parvenir à être crédibles.

En fermant les théâtres, les cinémas, les cabarets et toutes les salles où habituellement se produisent de véritables artistes, le bon Freluquet faisait place nette pour sa joyeuse troupe. Les caméras du rouleau compresseur médiatique n’avaient d’autre choix que de filmer cette abominable représentation. Au début de l’histoire, l’orgueil des uns et des autres imposa l’absence du fameux masque de la Commedia dell'arte. C’est donc à visage découvert que Arlequin, Colombine, Capitan, Polichinelle, Scaramouche, Matamore et consorts vinrent pérorer sur les plateaux.

Leur expression ne convainquait personne, leurs mensonges sautaient aux yeux, leurs grimaces étaient aussi feintes que leur compassion vis à vis d’un public qu’ils avaient souhaité captif, dans leur demeure. C’était un fiasco colossal, un bide d’une telle ampleur que bien vite les braves gens firent assaut des rayons de papier toilette dans les grandes surfaces. Il fallait réagir au plus vite. Capitan fut renvoyé, on alla chercher Pantalon en province qui bien vite hérita du sobriquet de Cache-Sexe pour tenter de mettre un peu d’ordre dans la troupe. Le masque fut de rigueur pour cacher au public l’insincérité de toute la troupe. Le texte ne fut pas changé mais des oreillettes furent soigneusement dissimulées derrière ce voile pour souffler aux plus mauvais les tirades qu’ils avaient à débiter.

Vous avez compris, toute concurrence un peu sérieuse eut mis à mal ce plan machiavélique. Que les vrais comédiens, artistes, acteurs, musiciens et gens du spectacle vivant disparaissent à jamais de la vue des braves gens pour enfin rendre crédibles ces clowns pathétiques, ces équilibristes instables, ces jongleurs malhabiles, ces acteurs minables qui constituent la troupe du Freluquet.

Artistiquement vôtre.



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