lundi 14 février 2022 - par Sandro Ferretti

Soyons lucides

C’est pas pour faire mon désagréable, ni me la jouer Pérec, mais je me souviens. Je me souviens de toutes les c…ries qu’on nous a dit dans notre jeunesse. On y croyait dur comme fer (ou plutôt on faisait semblant). Eh bien, soyons lucides. Je suis en mesure de le dire à présent : « c’était menti », comme disait cette vieille souche, alias Alain Souchon, extra-lucide à ses heures perdues…

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  • Aline, d’abord. Pendant 40 ans, on nous a dit qu’il suffisait de crier son nom sur la plage pour quelle revienne. A la rigueur, de dessiner son doux visage sur le sable mouillé. Faux.

Elle n’est jamais revenue. Il faut affronter en face cette réalité implacable, et ne pas se cacher derrière sa pelle et son râteau : elle ne reviendra pas. Inutile de se mettre la tête dans le sable comme les autruches, qui en profitent pour écouter les Pink Floyd au casque, en espérant que « ça passera crème » si on les prend pour des flamants roses.

Aline, je suis en mesure de le révéler aujourd’hui « Urbi et Orbi », n’a jamais été sensible au charme discret des anciens élèves de l’école Boule griffonnant sur le sable. Vous me direz, pour paraphraser Bashung (poète disparu, période fin 20 eme/ début 21 eme), « à quoi ça sert la frite si t’as pas les moules, à quoi sert le cochonnet si t’as pas les boules ? ». Hein ?

J’ai bien connu Aline moi aussi, je dois l’avouer. Je peux le dire, à présent que son premier amour, un certain Daniel Bevilacqua, a rendu sa copie. Les premiers temps, ça allait, je me prenais pour Rocco Siffredi : une nuit, dans notre 5 pièces de l’avenue Foch, encore toute en nage après nos ébats, elle m’avait confié (les yeux tout enamourés) que depuis ses vacances au ski l’année du Bac et les assauts de Bernard (moniteur de ski à Val torride), elle n’avait plus revu une telle vigueur dans le « planté de bâton » qu’avec moi.

Menteries.

Mon enquête approfondie menée depuis lors me permet de révéler qu’Aline, pendant que tout le monde la cherchait sur la plage, avait tout prévu depuis longtemps, et qu’elle s’est envolée en First aux Maldives avec la DRH de Roux-Combaluzier, de 20 ans son ainée, divorcée du PDG de Jacob et Delafon, et qu’elle vit de ses rentes du CAC 40 dans une paillotte sur pilotis dans le lagon bleu pétrole, ses amours saphiques gardés par les requins-citrons au pied de l’échelle de coupée. Le couple envisage d’organiser prochainement des cérémonies de mariages transgenre à 8 000 euros les 3 jours, vol compris.

Alors, le « planté de bâton », vous repasserez.

Faut être lucide, c’est tout.

  • « Ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne guerre », ça calmerai tous ces cons…

Dans mon enfance, on entendait souvent ça. On l’attend toujours cette guerre, sans la souhaiter évidemment. Même si des esprits chagrins disent qu’elle est là, qu’elle a déjà eu lieu le 13 novembre 2015, sur les terrasses parisiennes, ou encore au Bataclan, et le 14 juillet 2016 sur « La prom » (comme on dit chez les Nissart.)

Oui, soyons lucides.

  • On nous avait dit (et on l’entendait dans la rue dans les années 80-90) que « quand l’essence sera à 10 francs ( NB : dix francs français) ; tout va pêter, les gens seront dans la rue (sic) ».

Eh bien, corrigé des variations saisonnières et du passage à l’euro, le litre de SP 95 est aujourd’hui à l’équivalent de (feu) 12 francs français. Et que se passe-t-il ? Quelques convois de retraités paisibles de l’Aubrac ou de Dordogne, bien bronzés mais un peu lassés de regarder le soleil descendre derrière la colline le soir venu en sirotant des gin fizz, sans doute en mal de frissons et de nouvelles relations sociales (pas de honte à cela), veulent « monter » à Paris. Ils le font pour certains avec des camping-car qui valent plus qu’une voiture de sport (celles qu’ils haïssent tant… ), en tous cas deux fois plus que la voiture des banlieusards franciliens qui bossent tous les jours à Paris et sont coincés dans les bouchons des dits-camping-car….

 Ils le font (on peut comprendre) contre le racket du prix de l’essence. Mais ce faisant, ils vont faire plus de 1.500 kms aller-retour, avec l’essence à 1,80 euros/ litre, avec des camping-car qui « tètent » gentiment 15 litres au 100 kms.. Cherchez l’erreur.

Ils le font en fait parce que madame voudrait retrouver dans la ville lumière les frissons interlopes de « quand on était djeunes dans les concerts », et que monsieur s’est lassé de contempler l’ex. miss Rodez 1981, dont la pilosité jadis réduite à la bande brune du ticket de métro, dépasse aujourd’hui largement de la charrette, sans pour autant «  mettre le feu à la garrigue ».

Bref, soyons lucides. Tout cela est « menti ».

  • L’égalité hommes / femmes et le « quand on veut, on peut ».

J’ai jadis occupé des postes importants et « porteurs d’avenir » (sic) : directeur Export d’une marque de frigo chez les Inuits, importateur exclusif pour le Yemen de manteaux de vison sans vison. J’avais fini par me faire un nom dans le métier, j’avais « une réputation », comme on dit chez les Bac moins 12 des « rezosocio ».

J’étais un peu ce que Cahuzac était au classement de « Transparency international »sur la corruption, ou ce qu’Aquilino Morel était à la sauvegarde de la chaussure haut de gamme à Romans (pour ceux qui voient ce que je veux dire).

Et puis, comme souvent, j’ai fait « le coup de trop ».

J’étais cadre supérieur dans une société internationale de forage et d’exploitation de terres rares. Un marché porteur. J’ai tout gâché en acceptant bêtement ce marché de forage à la recherche de couches/ strates d’intelligence chez les maires de Grenoble et Lyon, et chez la candidate malheureuse de la primaire EEV.

Les campagnes de fouilles et d’explorations d’éventuels filons porteurs se succédaient sans résultat. Pas une trace, un embryon de filon. Seuls les déficits filaient, et ma société, à capitaux australiens et japonais, a fini par me rendre responsable de ce fiasco industriel et de R&D. J’ai eu beau plaider que si je ne trouvais pas, c’est peut-être qu’il n’y avait pas, on a fait de moi le fusible 20 ampères de cet échec.

Licencié sans toucher 2.000 francs…

La cinquantaine bien sonnée, je me suis retrouvé à rouler en Zoé, et j’ai décidé une reconversion comme gigolo.

Mais ça ne s’est pas passé comme prévu.

J’ai déposé un dossier de prêt à ma banque, considérant que je ne pouvais décemment pas exercer chez moi, une panthère noire aux yeux verts (Myrtille, ma chatte noire, jalouse comme une teigne), ne supportant aucune femme à mon contact. Elle en a plus éborgné que les LBD des Gendarmes mobiles pendant les gilets jaunes.

Donc je dépose un dossier à « la Société Particulière » (pour les particuliers, quoi…), pour financer un T2 discret et bien aménagé pour mettre ces dames en confiance, avec mobilier Stark, diffuseur automatique d’huiles essentielles et de papier d’Arménie et tout et tout...

Ma chargée de clientèle m’a reçu très courtoisement (ça aurait dû m’alerter), en fermant les stores vénitiens de son petit bureau vitré en retrait de l’open space. Au lieu de s’asseoir face à moi, elle a fait rouler son fauteuil à roulette de côté, très proche de moi. Elle m’a parlé très doucement, en détachant bien ses mots, comme on le fait pour les enfants, les simples d’esprit et les aliénés qu’on craint de fâcher.

Elle m’a dit que cela n’allait pas être possible pour le prêt, vu mon âge (un peu) mûr et l’activité professionnelle envisagée.

Le business plan n’était pas bon, il n’a pas passé la barre de l’audit d’implementation, des « feasability studies et du risk assessment », m’a-t-elle confié. Un homme au milieu de la cinquantaine, c’est pas un bon « buisiness model » pour faire gigolo. Une femme oui, au besoin en usant d’expédients peu couteux.

Un homme, non. Pas suffisamment rentable en nombre de clientes/ jour.

Comme je levais un sourcil circonflexe et semblait surpris, elle s’est lancée dans une démonstration osée avec son téléphone portable, le fil et le chargeur. Elle m’a bien parlé des temps de recharge, de la période réfractaire, du nombre de barres qu’il fallait pour remettre le couvert, etc…

Elle m’a raccompagné dans le hall comme un cancérologue raccompagne son patient dont les résultats du petscan sont vilains-vilains.

Et moi, j’ai voulu mourir.

Bref, il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte, notamment sur l’égalité homme-femmes, le fait qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot, ni que « quand on veut, on peut ».

Faut être lucide.

Epicétou.

J’ai alors voulu raconter mes malheurs dans une chanson, mais un mec gentil et doux, avec le cheveu rare mais hirsute, m’a tapé sur l’épaule en me disant de laisser tomber, qu’il l’avait déjà fait en son temps.

J’ai écouté son morceau, et j’ai hoché la tête gravement.

« Et toi tes mots d’amour au piano, est-ce que c’était tout du pipeau ? ».

Ce Souchon, il n’y a plus guère que lui pour poser les bonnes questions…

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33 réactions


  • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 14 février 2022 09:39

    L’école Boulle prend bien deux « l » et Aquilino Morelle aussi.

    Je suis fâché avec les ailes.


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 14 février 2022 10:56

      @voxa
      Oui, ces deux là (et un petit sauce-y-à-l’eau dont j’ai oublié le nom, qui était frappé de terreur administrative amnésique) sont au Panthéon des crev.. de la sauce y à lie, celle qui s’étonne à présent de faire 3 % d’intention de vote, tous mouillés...

      Mais le must, celui que je n’oublierai jamais, c’est quand même Crozemarie, le directeur de l’ARC ( Association de Recherche contre le Cancer), qui s’est barré de Villejuif avec la cagnotte des cancéreux... avant d’être lui-même rattrapé par la patrouille cellulaire et un commando de crabes vengeurs.
      Je me revoie encore (avec deux témoins) aller verser à son secrétariat une somme importante en liquide qu’on m’avait remise et que j’estimais naïvement ne pas pouvoir accepter si le voulais encore me raser tranquille le matin.
      J’ai encore le reçu.
      Il est parti avec , la crevure.
      Pas longtemps certes, mais c’est l’intention qui compte, comme dirait l’autre...


  • S.B. S.B. 14 février 2022 13:18

    C’est très joli « Myrtille » comme nom pour une minette.


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 14 février 2022 14:16

      @S.B.
      Oui, mais j’en connais deux ou trois qui ont compris à leurs dépens ce qu’était « le black power »...
      Elle « se sentaient fraiches » en arrivant et se mettant à l’aise sur le canapé, en se disant « celui-là, je lui fait son affaire vite fait ».
      C’était sans compter avec la négresse des mezzanines.
      Elle commence à observer le manège du haut de l’escalier, au travers des barreaux de la rambarde la mezzanine. Quand elle sent que ce devient chaud-bouillant et qu’on va vers l’irréversible, elle descend l’escalier en rampant, une patte après l’autre, comme un crotale. Puis, elle prend son élan, saute à la tête de la donzelle avec des fouettés des pattes avant et des petits jab de la griffe gauche, tout en sifflant et crachant comme une bouilloire.
      En général la fille, ramassant à tâtons ses lentilles de contact, prononce un définitif : « c’est elle ou moi, vu ? ».
      Là, je marque un temps, comme les vieux acteurs, accoudé au mur. Et, tel ce vieux Clint dans Pale Rider, l’allumette au coin de la bouche, je lâche un sobre « ce sera elle ».
      La porte claque, Myrtille me saute sur l’épaule en ronronnant comme un diesel de vieux bateau, et me regarde l’air de dire« t’as vu celle-là comment on l’a niq.. ? »

      Je la regarde vite fait dans les yeux ( elle est comme avec certaines filles, tu peux pas tenir très longtemps les yeux dans les yeux) et je lui répond :
      « Parle pour toi. Moi j’ai rien senti, avec tes conneries ».


  • PhilVite PhilVite 14 février 2022 14:00

    Ah ! la petite banquière qui roule son fauteuil de votre côté, la jupette qui remonte jusqu’en haut des bas quand elle se contorsionne malicieusement pour prendre le dossier sur le classeur juste derrière mais un peu loin quand-même ! Tout d’un coup vous ne savez plus si vous êtes venu réclamer des sous ou en déposer. De toute façon vous signez là où elle pointe son doigt rouge carmin. Et en plus elle sent bon. Décidément Minc avait raison, banquier c’est vraiment un métier de pute. Mais comment rester lucide ? Une recette ? Et vous venez de signer pour des parts d’une scpi de merde dont vraisemblablement vous ne reverrez jamais la couleur. Mais quelle importance au fond ? vous avez décoller pendant quelques secondes... (qui coûtent un peu cher, quand-même ! )

    Le vieux Souchon l’avait bien dit, c’est par là-dessous que tout se joue : https://youtu.be/i3bgATxmemc


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 14 février 2022 14:25

      @PhilVite
      Ouais, mais maintenant elles sont en pantalon.
      C’est pas du jeu.


    • PhilVite PhilVite 14 février 2022 15:06

      @Sandro Ferretti

      Z’êtes pas dans la bonne banque. Faut en changer !

      Déjà qu’on se fait plumer, si c’est par une vieille rombière en pantalon de velours marron, je dis stop  ! Ma tolérance à l’arnaque a ses limites.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 février 2022 19:31

      @PhilVite
      Si y’avait qu’a la banque... Lorsqu’ on voit Valou la versaillaise plus capable de mettre pull fin , col Claudine , jupe plissée et socquettes blanches ...tain et nos fantasmes alors ?


    • PhilVite PhilVite 14 février 2022 21:09

      @Aita Pea Pea

      Sûr ! Y’a de l’abus !!  smiley


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 14 février 2022 21:25

      @PhilVite
      Oserais-je le dire ?
      Chuis un peu déçu que vous n’ayez aucune anecdote personnelle à partager sur le « planté de baton », qui est, avec le moniteur sur le retour dans sa combinaison fluo et ses lunettes Vuarnet, et le verre « d’ vain choo », l’une des trois mamelles d’un séjour au ski réussi.
      ( PS : mais peut être êtes vous excusé par le fait que par grosse neige, les Peugeot 103 avaient du mal à monter jusqu’à Val torride et ses parisiennes en furie...)


    • PhilVite PhilVite 14 février 2022 23:38

      @Sandro Ferretti

      Mais c’est que je n’ai jamais pratiqué le planté de bâton ni à Val Torride ni à Couchevieille ! Moi je donnais dans le glissé soyeux des pistes de fond des monts ronds et doux du Massif Central. C’est plutôt à l’aligot de la Germaine à Aubrac City qu’on carburait et nulle parisienne n’aurait tenu le choc de la gnôle finale sans terminer les quatre fers en l’air (Ce qui, faut bien l’admettre, ne nous aurait pas déplu). Et chez ces gens-là Monsieur, point de fluo ni de Vuarnet. Pas de Frida non plus, mais de fort accortes autochtones qui à elles seules étaient les x mamelles (inoubliables d’ailleurs) d’un séjour réussi.


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 15 février 2022 08:34

      @PhilVite
      Ah, vous avez perdu gros en négligeant les vallées alpines( ..)
      Les souvenirs précieux des petits matins avec vue sur l’Ubac rosi par l’aube, quand il fallait farter de bon matin pour assurer une bonne glisse et des trajectoires tendues...Je pouvais alors me vanter, même en slalom ( très) spécial, de n’avoir (presque) raté aucune porte...
      Tout cela finissait dans un déluge de neige fondue.

      C’est Alain Bashung et Jean Fauque (et leurs double-sens grivois) qui en parlent le mieux, de la neige fondue sur le balconnet de la dame......

      Que n’ai-je
      Que n’ai-je appris la luge
      Que n’ai-je appris à skier
      Sans me soucier du déluge
      De la texture des glaciers
      Que n’ai-je glissé
      Que n’ai-je fondu
      Sur ton balconnet
      Que n’ai-je été torride
      Que n’ai-je tombé la veste
      Lâché du lest
      Pris de l’altitude
      Avant de piquer
      Déchaîner les esprits
      Parmi les êtres et les cèdres
      Faire la tournée des grands ducs
      La nuit de l’épiphanie
      Et puis les autres nuits
      Tendre l’arquebuse
      Jusqu’à me rompre
      Que n’ai-je pris l’Everest
      Pour une aspérité
      Sommé l’amour et le reste
      De s’entrelacer à jamais
      Que n’ai-je visé
      Que n’ai-je été stupide
      Au point de succomber
      En Écosse des gosses écossent
      Des chimères en chair et en os
      D’accortes soubrettes les escortent
      En Écosse des gosses précoces
      Chopent des crampes
      À faire l’amour à tue-tête
      À bâtons rompus
      Que n’ai-je appris la luge
      Que n’ai-je appris à skier

      Paroliers : Alain Bashung / Jean Fauque
      Paroles de Que n’ai-je © Universal Music Publishing Group

    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 15 février 2022 10:48

      Pour celles et ceux qui ne sont pas fan des doubles sens allégoriques de Bashung et JF, l’original ( marque déposée) du « planté de bâton », c’est là.

      « Flexion, piqué de bâton, extension ». A répéter autant de fois que nécessaire. C’est pourtant pas sorcier, M’sieur File vite.

      https://www.youtube.com/watch?v=PzDM_C-5G2M


    • eau-mission eau-pression 15 février 2022 11:11

      @Sandro Ferretti

      « Flexion, piqué de bâton, extension » se dit aussi BA-O-BA.

      Y voit une allégorie qui veut.


    • PhilVite PhilVite 15 février 2022 18:59

      @Sandro Ferretti

      "Fartez fartez, il en restera toujours quelque chose !" ... ou à peu près, je ne me souviens plus très bien.

      En espérant que le ’quelque chose’ ne vienne pas vous dire « papa ! » quinze ans après.


      (Curieux comme la poésie de Bashung/Fauque coule gentiment à mes oreilles alors que je suis presque totalement étanche à celle de L.Ferré.)


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 15 février 2022 19:31

      @Sandro Ferretti
      Bonsoir. Tu as eu le nez creux , le film repasse ce soir sur la 1 . Du coup vais aller mater le fameux « planté de baton » .


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 15 février 2022 21:02

      @PhilVite
      Oui, ce n’est pas que de la poésie, c’est aussi un gros niveau technique, notamment sur les allitérations en « s » ( « en Ecosse des gosses écossent »), ou quelques bijoux comme « les ombres s’échinent à me chercher des noises », etc et bien sur « l’Apiculteur », sans doute sa plus belle.

      « Que n’ai-je » est extrait de l’album « Chatterton » ( 1994) sans doute le plus réussi au niveau des textes, notamment cet OVNI parlé qui cherche délibérément la poésie étrange . Un morceau fait « sur un coin de table » au studio ICP de Bruxelles, quand trois musiciens étaient malades, et qu’il fallait tuer le temps.
      AB et JF écoutaient des CD de Ferré en attendant( le studio ICP a des appartements pour les artistes en enregistrement) et cet OVNI (« j’ai longtemps contemplé » ), très typé « y ’a plus rien » de Ferré, a surgi.

      Depuis, « chuis pas libre , j’ai ma luzerne » est un clin d’œil des « happy few » du canal historique, de même que le fameux :
      «  au self, les elfes me sollicitent :
      tire-moi ou tires-toi ».

      Bonne écoute.
      https://www.youtube.com/watch?v=hfS8hAQMoYs

      PS : Comme le dit Aita, ce soir y ’a « planté de bâton » sur TF1.


    • PhilVite PhilVite 16 février 2022 02:26

      @Sandro Ferretti

      Oui, pour un ovni, c’est un ovni ! C’est à peine si on reconnaît sa voix.

      Un côté musique expérimentale en plus. Étrange.

      Là on entre carrément dans le domaine des exégètes bashungophones certifiés.


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 16 février 2022 11:08

      @PhilVite
      Parmi les pépites atypiques « parlées » et peu connues, il y a aussi « Samuel Hall » dans l’album fantaisie militaire (textes d’Olivier Cadiot et Rodolphe Burger, dont j’ai souvent parlé ici).
      Un des rares textes où il a fait des infidélités à Jean Fauque.
      Beau clin d’œil revisité au traditionnel original du 19 eme et à Johnny Cash :
      https://www.youtube.com/watch?v=JMFfmJNF5mM

      Bref, « allez au diable, je vous déteste tous »...


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 16 février 2022 11:28

      Pour ceux que ça intéresse, la vraie histoire de Sam Hall, bandit de grand chemin, lançant au bourreau, au shériff et à la foule, au pied de sa potence :« God damn your eyes, I hate you one and all ».

      https://www.article11.info/?God-damn-your-eyes


    • PhilVite PhilVite 17 février 2022 02:42

      @Sandro Ferretti
      Celle-ci ne m’est pas inconnue tant j’ai usé ma platine CD avec ’Fantaisie militaire’.
      C’est pas une des plus faciles à aborder. Très déroutante aux premières écoutes. Faut insister.


  • Sergio Sergio 14 février 2022 14:21

    Sandro Ferreti, super votre réflexion

    Et moi qui croyait être autosuffisant dans ma ferme, faire mon bois et me chauffer avec, ce que je fais depuis 25 ans, mon jardin, monter sur le toit, etc. autonome même un peu anarchiste, et surtout tout pour la famille et le boulot mais !

    Anarchiste : j’ai quand même cotisé à la sécu*, à la retraite …

    Autonome  : monter sur le toit de la grange, débarder le bois avec le tracteur et faire le jardin, je ne peux plus voir ça en peinture car je deviens vieux et vais devoir profiter de *

    Famille : j’ai pris du retard, alors vieux j’ai eu des enfants, je les élève encore et je me dis que la vie de couple après les enfants, c’est un malentendu.

    Le boulot : travailleur social, je vais être en retraite et le monde va tourner sans moi et c’est tant mieux

    Illusion et oui soyons lucides.

    Alors

    Je ne suis pas malheureux et je fais ce que je peux, et puis comme disait un certain « à force de regarder l’abime, l’abime te regarde »

    https://www.blagues-et-dessins.com/wp-content/uploads/2020/11/religion-illusoire.jpg

    Cordialement


  • Mellipheme Mellipheme 14 février 2022 17:09

    ...

    C’est fini, la mer, c’est fini, sur la plage, le sable bêle
    Comme des moutons d’infini
    Quand la mer bergère m’appelle

    1970... Oui...j’avais 22 ans, je bandais pour une ptite conne et ne comprenais rien à Léo Ferré. Ouai... Soyons lucide !  smiley


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 14 février 2022 17:27

      @Mellipheme
      Ouais, comme chante Léotard dans le morceau ci-dessus ( « demi-mots amers ») :

      « Pisser, pas pleurer ».


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