mardi 24 novembre 2015 - par arax

Valls invité de la matinale, France Inter

CECI EST UNE PARODIE

france inter {PNG} « Bonjour Manuel Valls. »

« Bonjour Léa Salamé. »

Un ange passe.

« Dites, Léa, avez-vous une question ? J'ai horreur des muettes. Surtout de la grande. À 11 heures, je dois être à une messe laïque au Panthéon. Messe à laquelle je convie d'ailleurs toutes les Parisiennes et tous les Parisiens à venir communier, qui avec une rose, qui avec un fanion tricolore, qui avec un lampion, pour la fraternité, pour que la France vive, pour la paix, pour l'élect… l'érection d'une société fraternelle et pacifiée. »

« Plus je vous regarde et plus je me dis que les Français, moi bien comprise, ont trouve un vrai chef dans ces événements tragiques. »

« Arrêtons-là les compliments, Léa. Il faut des actes. Je veux d'abord rendre un hommage aux victimes. Toutes les victimes : serveuses de café, caissières du Bataclan, jeunes professeuses des écoles, innocentes ou malines et qui ne désiraient que de jouir de la vie, venues voir le concert du groupe Angels of Death Metal, et tous les anonymes qui ont péri dans ce massacre. Car, par chance, aucun membre du gouvernement ou des autorités ne se trouvait dans ces parages. L’État fonctionne plus que jamais. Tous les moyens seront mis en oeuvre pour châtier les coupables, grands ou petits ; surtout petits. Les Français peuvent nous faire confiance... »

« Je vous interromps Manuel Valls, pour signaler aux auditeurs de France Inter qu'un sondage Ipsos vous gratifie, vous et Francois Hollande, d'un frémissement vers la hausse. »

« Merci Patrick Cohen, je sens aussi ce flux monter dans l'opinion. Votre travail préliminaire n'y est pas étranger et je tiens à remercier votre rédaction pour son soutien plein et assumé à notre politique. Mais je reviens à cette journée qui rappelle les heures les plus sombres de notre République qui, malgré tout, illumine toujours le monde de son aura, par ses idées émancipatrices, par ses femmes légères, par ses parfums Dior et ses lampes Berger. Le Président a décidé qu'une plaque commémorative serait apposée sur la façade du Bataclan et un brasero éternel brûlera devant l'entrée en hommage à la jeune inconnue morte pour la France, ceci grâce à GDF et à Qatargas.

Soyons clairs, Léa, nous vivrons encore beaucoup de moments Charlie, de spasmes et de larmes. La France, l'humanité même, est outragée, touchée dans ce qu'elle a de plus profond. L'arrière-ban de la société, pour ne pas dire l'arrière-train du Lumpendjihadisme, le croupion de l'inhumanité, nous a lancé un défi sanglant. Hisser le drapeau tricolore sur son réseau social, c'est bien ; allumer des bougies sur toutes ses fenêtres, c'est encore mieux, car la République des lumières chérit ses enfants ; mais ce n'est pas suffisant : nous allons riposter à la mesure de la provocation. Nous allons chevaucher jusqu'au Proche-Orient. Vous connaissez bien cette région, Léa, c'est vous-même qui m'y avez initié, votre mignon séant posé sur un pouf rouge et doré dans un café à chicha de Beyrouth-Plage : flagellation chiite, alévitation levantine, décollation sunnite, pal à la Ouite, cloche assyrienne, essorage kurde, roulette druze, flûte perse, alphabet cunéiforme ... »

« Arrêtez Manuel, vous m'excitez là. Ça va vite devenir indécent, hi, hi... »

« D'accord chère Lea, je vais me contrôler. Je me garderai de l'incantation précoce. Je veux que le peuple français : juifs, l'avant-garde républicaine, sans qui la France ne serait pas ce qu'elle est, catholiques, même papistes – excusez-moi d'évoquer nos ennemis de toujours – protestants de toutes obédiences, orthodoxes barbus, méfions-nous quand même de ces agents poutiniens déguisés en hypsters, Musulmans, il faut bien les mettre dans la liste mais j'ai la rature facile, athées bien sûr, salut Alain derrière la vitre, salut moi-même, bouddhistes, taoïstes, jéhovas, adventistes, gnostiques, salut Papa si tu m'entends, et toutes les autres communautés, qui je le rappelle ne sont pas reconnues par la République maçonn… euh, par la République française, donc je veux que ce peuple auquel nous appartenons, vous et moi, Léa, vous Patrick, vous Bernard, vous les techniciens anonymes, sauf vous là-bas, avec votre autocollant « SUD Radio France - Ingénieurs du son en colère », qui avez refusé de me serrer la main, et qui aurez de mes nouvelles très bientôt, je veux que ce peuple, notre peuple... »

« D'accord, on a bien compris, Manuel Valls. Je répète ton… heu ...votre nom pour les auditeurs qui prendraient l'émission en route... »

« Je n'ai pas terminé, Léa. Vous qui nous écoutez, augmentez le son de votre poste parce que ce que je vais dire là concerne chacun, chacune d'entre-nous. Les Français doivent connaître la vérité. Connaître leurs ennemis qui les attaquent au coeur de leur Nation. Ces ennemis qui haïssent notre mode de vie : votre verre de Jurançon, Bernard, votre entrecôte à l'ail et aux petits oignons, Patrick, votre jupe fendue, Léa… À tous ceux qui m'écoutent, je vous prends tous…hem… je vous comprends tous. Vous en avez assez des discours insipides, de la tolérance envers les voyous en bandes organisées, des élucubrations des antisémites notoires, de ces pays dictatoriaux et organisations terroristes qui s'attaquent à la France. Je suis l'homme de la situation… enfin, je veux dire que notre Président peut compter sur moi.

Ma main ne tremblera pas quand il s'agira d'appliquer la nouvelle législation antiterroriste, fraîchement passée avec un 49.3 sur la nuque des parlementaires : patrouilles de soldats aux abords des écoles, des hôpitaux et des hypermarchés ; contrôle des véhicules aux portes de Paris, aux péages d'autoroute et bien sûr aux frontières. J'annonce d'ailleurs en exclusivité la fusion des douanes françaises et belges. Ainsi nous serons plus efficaces et nous donnons d'ores et déja une impulsion décisive vers l'Europe fédérale, mieux à même de combattre le terrorisme islamique. Par ailleurs, au niveau local, des citoyennes et citoyens se chargeront de rééduquer les jeunes en perdition. Nous allons distribuer des subventions conséquentes aux associations écologiste « biocompagnon-n-e-s de route  » , communiste « Muguet, oui, mai  » et féminosociétale « soutien phrygien » , associations qui vont quadriller les bibliothèques, les Maisons des jeunes et les Mac Donald's dans les quartiers ; sans oublier l'association canine « quatre pattes blanches » qui fait un travail formidable lors des contrôles d'identité inopinés.

Enfin dernière mesure : mise au pas du web où pullulent nos ennemis et garde à vue préventive des comploteurs de tout poil, je prônerai ce soir à l'Assemblée en séance spéciale avec vote accéléré le retrait des kiosques et le blocage par les fournisseurs d'accès des publication confusionnistes, complotistes, racistes et antisémitistes, je crois ne pas avoir oublié de -iste. Patrick, je parle sous votre contrôle, vous qui êtes un des derniers cerveaux sains du pays. »

« Oui oui… heu... non non... Je ne connaissais pas cette association… heu... « à quatre pattes », dites-vous ? Bon, je note. Léa, votre question et attention à vos gestes avec votre stylo, vous risquez d'éborgner notre pauvre Bernard. »

« Je le pose voilà. Manuel Valls, laissons de côté le « à quatre pattes ». C'est une position intéressante que de couvrir les chiens de garde, mais ça n'est ni le lieu ni le moment pour expérimenter... »

« Léa, j'évoquais l'association canine de la police, et je veux d'ailleurs ici rendre hommage au valeureux chien policier, Samplon, odieusement tué lors de l'assaut à Saint-Denis. Demain à 10:15 heures, il sera procédé à une cérémonie au Cimetière d'Asnières avec remise de... »

« Pardonnez-moi Manuel Valls mais justement, le régime de Poutine veut offrir à la police française un chiot de remplacement. Votre analyse ? »

« Croyez-le, Léa, nous n'avons ni besoin de chiots ni de chiottes russes, nous savons parfaitement élever nos propres amis à quatre pattes et leur apprendre à pisser droit dans le caniveau, donc je ne donnerai pas suite à cette offre farfelue et même indécente. »

« Que manigance Poutine, selon vous ? »

« Cela saute à la figure… euh pardon, enfin c'est clair pour tout le monde, Le Monde justement, je parle du quotidien de référence, Libé, L'Obs, votre station bien sûr, tout le monde s'accorde sur l'analyse suivante : se raccrocher vaille que vaille aux opérations décidées par François Hollande. Je rappelle à vos auditeurs que le Charles de Gaulle, le navire, pas l'autre, se dirige manu militari vers les côtes syriennes... »

« J'en conclue pour les auditeurs inattentifs que la Russie n'est pas prête à lâcher l'abominable régime Syrien. L'OTAN garde donc tout son intérêt dans un monde aussi dangereux ou Russie et Chine jouent la politique du pire. Manuel Valls ? … Manuel, vous êtes toujours avec nous ?...Manu, tu m'entends ? »

« Sssssnnnnnnnniiiiiiiiiiiifffffffffff… aaah, ça va mieux. Excusez-moi, je me mouchais sur le rebord de la fenêtre. J'ai attrapé la crève à la réunion du Bilderberg. Oui, tu as … vous avez raison, Léa : on ne les laissera pas nuire à la paix. » 

« Charline vient d'arriver ; bonjour Charline. Asseyez-vous là entre le Premier ministre et Bernard. Bernard, décalez-vous, sans oublier vos pantoufles. Monsieur Valls, une question pour vous justement de Bernard Guetta. »

« Merci Patrick, 'tendez, voiiilà. Passez-moi mon café Charline ! Merci. J'attendais sagement mon tour. Oui, Monsieur Valls. Finissez votre ligne, je vous en prie. Je suis un maniaque de la propreté et je laisse toujours ce studio dans l'état où je l'ai laissé la veille. Voilà. Tenez mon mouchoir, blanc comme neige. Quoi ? Oui Charline, j'ai dit blanc ? Ca m'échappe de temps en temps, croyez-le bien. Vous direz votre bon mot tout à l'heure car c'est à moi de parler. Revenons-en à nos moutons. Monsieur Valls, ce que vous disiez à l'instant avant l'invasion belge, n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Vous mentionnez le Spielberg qui sortira dans quelques semaines, mais je voudrais m'entretenir avec vous sur un sujet d'une importance extrême, bien plus important que ces avant-premières terriblement ennuyeuses : à savoir ce qu'il doit advenir d'Assad et de son régime. Quand, où et comment cet ignoble individu, responsable du gazage de la Ghouta, sera démis, écarté, renversé, fusillé, taillé en pièces, empalé, décapité, incinéré, éparpillé dans la Mer de Marmara, façon Ravensburger… 

Tiens, c'est bizarre, Patrick, les pilules bleues de mon frère me font un drôle d'effet de language. David m'a pourtant affirme que trois suffisaient pour enflammer une matinale poussive. Je crois pour ma part que deux feraient amplement mon affaire. Non merci, pas de speculoos. j'abhorre la canelle. Vous ramasserez les miettes ensuite, Charline. J'ai horreur de… Oui, Léa, j'ai terminé ma question. »

« Je résume la question de Bernard : quand est-ce qu'on bombarde ? Manuel Valls ? »

« Merci Bernard Guetta de vos questions toujours aussi pertinentes. Assad doit partir, Laurent Fabius, l'a encore répété avant d'être hospitalisé pour cette étrange maladie du sommeil. J'envoie mes condoléances à sa famille, en particulier à son fils en cavale, dont je je n'ignore point l'adresse et que je me réserve de révéler l'heure venue. Je vous le certifie : nous ferons tout pour que le peuple syrien puisse être libéré de cette infâme personnage ; je parle d'Assad évidemment. Je vous laisse deviner quels moyens nous utiliserons. Vous lirez ça bientôt dans Slate ou Le Huffington. Par ailleurs, nous allons éradiquer Daesch de la surface de la terre. Je tremble et je sue déjà quand je vois les tâches gratifiantes qui nous incombent, qui m'incombent au premier chef. Je n'ai pas peur de le dire : la France sauvera le monde, et accessoirement Israël. »

« Moi j'en prendrais bien un ou deux, merci Charline… scrunch, scrach... ».

« Patrick a la bouche pleine ; j'enchaîne. Manuel, je suis toute émoustillee à vos propos, j'en mouillerais presque si Bernard ne nous cassait pas l'ambiance avec ses pilules bleues et Charline avec ses biscuits dégueux. Revenons à ce que vous disiez à l'instant. Quelle est la priorité de la France : dégager Assad ou dégager Daesch ? »

« Il faut arrêter avec les pilules bleues. Est-ce que j'en prends moi des pilules bleues ? Vous savez bien que non, Lea. Mais je me protège, je vous protège, car le RAID est avec moi, derrière vous pour assurer votre défon… defense. Arrêtons avec ces bluettes que propagent les Chevènements et autres Fillons : Assad est le principal responsable de la situation. Si nous ne nous en occupons pas, je crois que je ne trouverai plus le sommeil, que j'ai déjà difficile avec tous ces illuminés qui mitraillent jusque dans mon quartier. »

« Scrunch… Charlime, crunch...scrach… un commenpaire, scrrch… ? »

« Monsieur Valls, cessez donc, votre main me chatouille dans le dos. Je ne suis pas contre le fricottage, mais j'aimerais fort pouvoir vous questionner d'abord : Paris est aussi la capitale gay-friendly, du room gang et de la belgitude, comment... »

« Non, Charline, laisse-moi parler, il est à moi, c'est mon interview. Manuel êtes-vous libre avant... heu... pour 2017 ? Je ne sais pas si je pourrai attendre jusque là pour un rendez-vous gal… gagnant avec les Français... »

« Et avec les Françaises, Léa ! »

« Charline, dégage de ce studio, retourne dans ton pays. il a mon numéro, pas le tiens. Na ! »

« Non, non, j'ai tous les numéros, y compris celui de Charline. Je ne vous cache pas que mes services écoutent tous nos citoyens. C'est une mesure de salubrité publique. Charline, jeudi matin j'ai une case de libre, entre l'installation d'un portique tout-sécuritaire en forme d'arche à l'exposition sur l'art onaniste et pompier du XIXe siècle au Musée d'Orsay et l'expulsion et l'arrestation manu militari des squatteurs antilaïques de l'Église Sainte-Rita. Charline : j'ai glissé à l'instant ma carte dans votre jean taille basse. Attention, je hais les lapins, mais je vous prendrais bien les trois speculoos là. »

« Pour vous, Monsieur Valls, je serais prête à me damner, pire à devenir flamande ! Prenez-les. J'en ai d'autres dans mon sac. »

« Léa, il faut conclure, l'horloge tourne ! »

« Sniff… oui…trooommp ! Sniff... Manuel Valls, sniff… premier ministre de la F… à vous les… euh… Patrick, c'est à vous ! Troooooooooommmp ! Sniff. »

« Merci Léa, et maintenant Augustin Traquenard. Bonjour Augustin. Ajourd'hui dans Boom Rang, le gai Paris après le 13 novembre et vous recevez les patrons des célèbres clubs trans miches et braguettes et libertin couette fauchée ... »

 

Article précédent :

Géopolitique, France Inter

http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/parodie/article/geopolitique-france-inter-173390

 



2 réactions


Réagir