L’arrogance du talent de Benzema
L’Euro s’est terminé lamentablement pour l’équipe de France, conséquence logique de l’incompétence avérée de son entraîneur Raymond Domenech. Cet ancien défenseur bad boy, sauvé en 2006 par le retour de Zidane, n’a jamais su renouveler une équipe vieillissante ni ses schémas tactiques défensifs figés.

Mais le drame ne réside pas dans ce résultat qui marque la fin d’une génération, mais plutôt dans « l’agression médiatique » contre le jeune prodige de 20 ans Karim Benzema. On a voulu dès le premier match contre la Roumanie lui faire porter le chapeau en évoquant sa faible prestation. Puis lors du deuxième match contre la Hollande où il est accusé de semer la discorde par son « arrogance et son irrespect » alors qu’il n’a même pas joué. Ce tapage médiatique anti-Benzema n’est pas innocent. Des esprits mal intentionnés veulent briser l’élan d’un potentiel successeur de Zidane. Comment peut-on ainsi surcharger les épaules d’un si jeune joueur ?
Benzema est comme Zizou un Kabyle rebelle qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Sûr de lui, de son talent et conforté par ses performances, il s’inscrit dans la lignée des grands footballeurs algériens qui ont enchanté les puristes du football. Rachid Mekhloufi, Mustapha Dahleb, Rabah Madjer, Ali Benarbia, pour ne citer que ceux-là avaient enflammé les stades de France avant Zinedine Zidane.
Les jeunes beurs talentueux ont toujours eu du mal à surmonter tous les obstacles qui conduisent au haut niveau. Le parcours exceptionnel de Zidane, protégé par des anges-gardiens, a permis de briser quelques carcans pour voir éclore de jeunes espoirs comme Camal Meriem ou Mourad Meghni. Mais des entraîneurs et des entourages sournois les ont vite démoralisés pour les pousser dans la banalisation et la médiocrité.
On a vu aussi comment des joueurs aussi talentueux que Samir Nasri et Hatem Ben Arfa sont maltraités et gâchés par leurs entraîneurs de club et par Domenech.
A toutes ces embûches psychologiques qui peuvent briser le moral et la carrière d’un jeune joueur dans cette jungle du football professionnel, s’est ajouté un fait nouveau. Une certaine froideur des "anciens" contre Nasri et Benzema au sein même de l’équipe de France. Des joueurs qui ont été ce qu’on appelle en football les « porteurs d’eau » et la garde rapprochée de Zidane ont du mal à accepter ces deux nouveaux futurs patrons. Deux pour le prix d’un. Durant la fin de saison du championnat de France, Benzema et Nasri ont subi plusieurs agressions délibérées qui leur ont occasionné des blessures à répétition. Il est quand même scandaleux de jalouser un joueur puis de l’accuser d’arrogance simplement parce qu’il a du talent.
Espérons que les bons samaritains du football français comme Jacquet, Larqué, Wenger, Fernandez, Blanc, Deschamps… sauront protéger ces nouveaux joyaux autour desquels sera construite la nouvelle équipe de France.
Saâd Lounès