vendredi 8 juin 2007 - par Mathieu2

Les petits pays sont de grandes nations !

Le sport sert dans certains cas à exprimer un patriotisme chez le public, plus ou moins relayé, voire entretenu artificiellement par les médias. Toutefois, en Europe du moins, il faut faire le tri entre le patriotisme de bon aloi, souvent issu des « petits » pays, pacifiques et ouverts, et le stato-nationalisme outrancier de divers « grands » Etats en mal d’hégémonisme et d’impérialisme plus ou moins post-colonial. Pour des résultats sportifs qui n’ont pas grand-chose à voir avec la taille des pays.

Puisque c’est d’actualité (en France surtout), parlons du tournoi international de tennis de Roland-Garros. Parmi les quatre demi-finalistes dames de cette année, on en compte trois issues de petite pays comparables à la Bretagne : la Belge Justine Henin (1e au classement WTP, lauréate du tournoi en 2005 et 2006), la Russe Maria Sharapova, et face à elles nous avons deux Serbes : Jelena Jankovic (5e WTA) et Ana Ivanovic (7e WTA, récente lauréate du tournoi de Berlin). Jelena Jankovic a même battu la coriace américaine Venus Williams. En Serbie, l’engouement grandit pour les deux Belgradoises dans un patriotisme sportif plus sain que certains relents de la guerre de l’ex-Yougoslavie (tiens, encore un grand Etat qui dominait plusieurs petits, quelle coïncidence !)... La Serbie n’est pas en reste cette année puisque Novak Dojkovic affrontera en demi-finale le jeune Rafael Nadal, n° 2 mondial, catalan de nationalité (tiens tiens, encore un « petit » pays de 5 millions d’habitants, ils sont partout ma parole !). L’autre demi-finale opposera le russe Nikolay Davydenko, tête de série n° 4, au numéro 1 mondial, Roger Federer (qui vient d’où ? de Suisse, encore un de ces « petits » pays). En matière de tennis, on pourrait encore citer d’autres petits pays comme la Croatie, la Tchéquie, la Suède...

J’ai pris l’exemple du tennis mais on pourrait parler de n’importe quelle discipline. En sports d’équipe, les « petits » ne sont pas en reste. Il n’est pas besoin d’être un Etat centralisé régnant sur diverses régions du continent ou même du globe pour se distinguer. Ainsi, en rugby, une bonne moitié de l’élite mondiale concerne des pays comprenant entre 3 et 5 millions d’habitants : Nouvelle-Zélande, Pays de Galles, Ecosse et Irlande. En football, parmi les finalistes des quatre dernières Coupes d’Europe des nations, on compte deux « grands », l’Allemagne et la France, et deux « petits » la Grèce et le Danemark, toujours de taille comparable à la Bretagne. Et encore : beaucoup de petits pays de taille comparable possèdent des sélections nationales que l’on n’autorise pas à jouer officiellement dans ces compétitions : Pays basque, Catalogne, Bretagne notamment, et qui se contentent de jouer des matchs amicaux qui avec la Serbie, qui avec le Nigéria, qui avec la Cameroun... Et cependant, d’autres, qui ne sont pourtant plus non plus des Etats indépendants, y ont droit : Pays de Galles et Ecosse, alors pourquoi pas eux ? Parce que les « grands » dont ils sont politiquement dépendants les en empêchent. Et pourtant, même certaines régions encore plus petites (moins de 1 million d’habitants) y sont représentés (et c’est leur droit) : Malte et le Luxembourg (moins de 500 000 habitants chacun), que le hasard de l’Histoire a bien voulu laisser indépendants de grands voisins au comportement guerrier. Même la région autonome des îles Feroe (moins de 50 000 habitants) a sa sélection qui participe à la Coupe d’Europe, la Coupe du monde... Il y a là des injustices patentes.

En réalité, il n’est pas de petits nations qui ne se distinguent dans au moins un sport : la Finlande en rallye automobile et en hockey sur glace (premiers européens sinon mondiaux), la Bretagne en voile, la Belgique en cyclisme, la Slovaquie ou les Pays-Bas en natation, la Suède ou la Norvège en sports d’hiver, la Hongrie, la Lituanie...

A l’inverse, ce n’est pas parce que l’on est un « grand » pays, riche et développé de surcroît, que l’on brille en matière sportive. L’exemple type est la France, qui compense sa médiocrité sportive centenaire en déifiant le moindre champion (il semble maintenant que Zinédine Zidane ait pris sa retraite et que décidément, en matière de tennis ou encore de cyclisme aucun champion français n’émerge depuis 25 ans, Laure Manaudou doive faire face à ce culte politico-médiatique). Citons aussi l’Angleterre qui, après un passé sportif particulièrement brillant, semble s’en tenir à un palmarès singulièrement médiocre.

Non, vraiment, il est mal venu pour les « grands » de mépriser les « petits ». Les réguliers cocoricos franchouillards politico-médiatiques sont sans doute les plus ridicules et mal venus d’Europe.



17 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 8 juin 2007 11:10

    moi je trouve que la France qui représente que 1% de la population mondiale a pas mal de champions dans des domaines variés . L’Inde est complétement inexistante avec 15 fois plus d’habitants !


    • Mathieu2 Mathieu2 8 juin 2007 11:14

      Oui vous avez raison, parce que l’Inde est (encore) un pays pauvre et en voie de développement. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai limité mon article essentiellement à l’Europe. Le but est surtout de parler des « petits » pays et des « grand » pays d’Europe, les comparaisons restent plus pertinentes.


    • Ragowoh 8 juin 2007 16:56

      Je pense que c’est très subjectif comme notion : L’Inde, votre exemple, se considère peut-être comme une grande nation sportive car elle compte parmi les meilleures en cricket, qui est le sport principal là-bas.

      De la même façon, tous les pays du monde ont au moins UN ou DEUX sports privilégiés (foot puis tennis en france, baseball et football américain aux Etats-Unis, etc.) dans lesquels ils comptent parmi les meilleures nations de la planète, justement parce que c’est leur spécialité.


  • ExSam 8 juin 2007 11:35

    cocoricos franchouillards politico-médiatiques sont sans doute les plus ridicules et mal venus d’Europe.

    Ils sont de toute façon ridicules, ce qui n’empêche les maîtres de les utiliser à toutes les sauces, dans le sport et aileurs.

    Ainsi, on vit de grandes bouches carnassières les lancer pour le « patriotisme économique », aujourd’hui, tandis que notre gouvernement faisait, auparavant et discrètement tout pour que Forgeard ait sa prime, ou que Lagardère s’« initie », puis garde la fortune qu’il a ponctionné tranquillement.

    Ainsi on vit les masques méprisants au-dessus des gilets rebondis de notre Comité des Forges entonner le cocorico du sauvetage de la Patrie pour envoyer, hier, les pauvres cons se faire tuer tandis que les industriels français pactisaient tranquillement avec les Kommandantur.

    Et notre Janus biface se trouve réuni pour saluer bien bas les figures d’un pouvoir autoritaire aux mains dégoulinantes du sang des opposants. Au nom, naturellement, de l’intérêt commercial des entreprises qui recouvre la survie de la Patrie quasiment affamée.

    C’est en Chine, c’est aujourd’hui là-bas et c’était hier en France.

    Et l’on entend encore des ânes s’étonner bruyamment que certains soient anti-militaristes et que certains déplorent qu’on n’ait pas assez tondus de patrons à la Libération, où qu’on ne claque pas le museau des Lagardère de tous poils avant de les coller en taule, presto.

    Vous me direz, on est loin des petits et grands pays. On est pas loin des petites et grandes saloperies, ce qui nous rapproche du sujet initial, quelque soit la route choisie pour le retour.


  • djschorn 8 juin 2007 14:57

    Mouai... smiley
    Je suis un peu sceptique, un constat (très discutable) plus qu’une analyse, et pour moi le principal exemple pris dans cet article (tennis) dépend tellement de qualités individuelles que la notion de pays ne représente pas grand chose et varie du tout au tout selon les années.
    D’autre part, je pense que en fonction de la culture (et de l’économie) de chaque pays, les résultats sont très différents. En Suisse, le hockey et un sport roi alors qu’en France, il a une place secondaire. Résultat, la Suisse est supérieur à la France dans cette discipline.

    Enfin question pour l’auteur, qu’est ce qu’un petit pays ?? smiley


    • Mathieu2 Mathieu2 8 juin 2007 15:45

      Bonjour,

      Je n’ai pas dit que les performances des athlètes dépendait du pays dont ils viennent, ce qui serait simpliste. Peut-être n’ai-je pas été assez clair sur ce point... Ce que j’affirme (cela vous a échappé), c’est que la perception que le public a du sport dépend beaucoup de l’état dans lequel ils vivent et peut se classer en « petits » pays et « grand » états. Mais ne parler que de l’économie et encore plus de la culture pour expliquer les différences de perceptions me semble peu rigoureux. Poour l’exemple de la France, il est certain que les médias, dont les relations avec le pouvoir politique sont plus malsaines que jamais, jouent un grand rôle dans l’entretien d’un sentiment artificiel d’adhésion au « sport national français » qui est avant tout un faire-valoir étatique et une manipulation (Jacques Chirac n’est-il pas allé jusqu’à affirmé sans ciller, la finale de Coupe du Monde à peine finie, que Zidane n’avait pas frappé de joueur italien ?) smiley

      Enfin, je pense avoir fourni suffisamment d’exemples pour vous donner une idée de ce qu’est un petit pays en Europe (jusqu’à 6/7 millions d’habitants) : Bretagne, Galles, Euskadi, Danemark, Catalogne, Suisse, Suède, Norvège, Slovaquie, Serbie, Lituanie, Slovénie, Croatie, Finlande, Lettonie, Hongrie, Belgique j’en passe... et pourquoi pas les Pays-Bas et le Portugal même si je les qualifierais plutôt de « moyens ».


    • wallalai 8 juin 2007 21:15

      Pourquoi considérer Bretagne, Euskadi et Catalogne comme pays ?

      Dans ce cas reconsidérons chaque canton suisse comme pays et le Valais serait un des plus petits pays avec de grands champions. Je ne suis pas très bien votre logique sur ce coup.


    • Mathieu2 Mathieu2 9 juin 2007 17:35

      Moi non plus je ne suis pas bien votre logique.


    • Mathieu2 Mathieu2 9 juin 2007 17:57

      ... le Pays Basque n’est pas un pays, comme son nom l’indique... smiley


  • Thomas Roussot Thomas Roussot 8 juin 2007 20:55

    Français gavés de thunes et de paraître qui disparaissent dès les premiers tours de Roland-Garros depuis des années (des décennies) et nos amis serbes que nous bombardions il y a peu encore dans le dernier carré. Il y a parfois une justice symbolique immanente.


  • bernard29 candidat 007 8 juin 2007 23:22

    Il n’y a pas besoin d’être un grand pays pour avoir de fins analystes sportifs.

    Je crois que c’est à Monaco, que les grands sportifs sont les plus nombreux.

    Conclusion de votre article « plus le pays est petit, moins on a besoin de champions pour être un trés grand pays de sportifs ».


  • moebius 9 juin 2007 23:04

    poc poc poc poc poc poc


  • moebius 9 juin 2007 23:14

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  • moebius 9 juin 2007 23:15

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