vendredi 7 octobre 2011 - par Edwin Baret

Welcome to London .... J-300

L’été prochain, pour la troisième fois de leur histoire les Londoniens accueilleront les Jeux Olympiques d’été 2012 (inédit dans l’histoire de l’Olympisme de Coubertin après 1908 & 1948). Ces 3e Jeux du 21e siècle entreront sans doute dans une nouvelle ère autant sportive, économique et géopolitique. Aujourd’hui que représentent réellement les Jeux Olympiques ? Les enjeux économiques et commerciaux semblent avoir pris le pas sur l’aspect strictement sportif de l’évènement. Mais à 300 jours du début de la manifestation, analysons l’influence des Jeux sur son environnement économico-sportif proche et mondial.

LONDRES 2012 en chiffres

26, 300, 10 500, 7 millions, 5 milliards…… ces nombres vous disent certainement rien mais tant de chiffres entourent ces XXXe Olympiades de l‘ère moderne dont certains sont aussi impressionnants que controversant.  26 sports, 300 épreuves, 10 500 athlètes, par rapport aux derniers Jeux de Pékin le nombre de sports présents durant la quinzaine olympique britannique a été réduit (excluant ainsi le baseball et le softball). Cependant, le nombre d’épreuves et d’athlètes seront eux inchangés. Côté billetterie, les organisateurs des Jeux Olympiques de Londres (le LOCOG) escomptent vendre plus de 7 millions de tickets (avec des prix oscillant entre 23 et 2300 euros la place), et cela dès l’ouverture à la vente plus de 17 mois avant le début des épreuves en février dernier.

 Si 4.5 milliards de téléspectateurs (nombre cumulé) ont suivi l’épopée des athlètes durant deux semaines à Pékin, les médias du monde entier espèrent « exploser l’audimat » s’appuyant sur l’exploitation et la vente exponentielles des supports audiovisuels et numériques  de dernière génération (Smartphones, tablettes….).

Les Jeux de Londres entreront effectivement dans une nouvelle dimension. Si initialement le budget alloué à l’évènement fut arrêté à 10.4 milliards d’euros (9.4 milliards de £), entre-temps la crise financière de 2008 est passée par là, l’organisation olympique, non sans peine et inquiétude, réévalua le budget à 13.5 milliards d’euros dépassant ainsi de plus de 25% l’épargne originel !  Jeux de la démesure ? Sûrement pas, car ce chiffre est à relativiser par rapport aux chiffres du budget pour les JO de 2008 en Chine qui frôlaient les 50 milliards de $. Cela n’empêcha pas l’indignation et l’incompréhension  de nombreux citoyens britanniques à propos de ce sujet, qui plus est que ce dépassement de coût total fut passé quasiment en catimini par le gouvernement Blair et Brown entre 2007 et 2009.

A l’inverse des villes d’Athènes ou de Pékin, Londres a cette avantage de posséder des infrastructures récentes et loin d’être obsolètes  (réseaux de transports en correct état, l’aéroport d’Heathrow multifonctionnel avec une capacité d’accueil colossale pour le flux massif de spectateurs…) même si toutefois un renouvellement des sites existants et la création de nouveaux espaces furent nécessaires (création du village olympique, du stade et de sites olympiques…).  A l’heure actuelle et aux vues du contexte économique fragile, les principaux responsables de l’organisation se refusent de faire des pronostics sur les retombées financiers que vont engendrer la fête olympique.

« Carotte financière et politique plutôt que sportive ? »

En ce jour du 6 juillet 2005-journée presque funeste pour les  Français- Londres et Paris se tirent la corde à  Singapour au siège du Comité Olympique, toutes deux villes favorites pour s’adjuger le droit d’organiser les Jeux de la XXXe Olympiade. A l’issue d’un scrutin très serré et au fruit de nombreux lobbyings qu’ils ne se cachèrent pas d’ailleurs d’avoir réalisés, les Londoniens  ressortent vainqueurs de cette joute.  Derrière ces appels du pied résident bien évidemment d’énormes intérêts. Sans nul doute, des promesses passées auprès de nombreux gouvernements étrangers, par le biais de leur comité olympique, en termes d’échanges de bons procédés (partenariat préférentiel en termes de matières premières et d’énergie pour les infrastructures, main d’œuvre ou encore pour le secteur tertiaire et les transports notamment aérien…) avec de nombreux pays asiatiques, du golfe Arabique et d’Europe occidentale. Cette vitrine géopolitico-économique semble loin des préceptes et des valeurs de l’Olympisme dictés par le baron de Coubertin  au début du siècle dernier, qui prônait pour le rappeler l’amateurisme et l’humilité sportive. Néanmoins, ces procédés ne seraient-ce t-il pas nécessaire pour organiser un évènement de cette portée à l’heure actuelle où tout nous paraît si fébrile économiquement ? L’appui de ces pays peut ainsi soulager le pays organisateur et être un excellent accélérateur pour avancer dans la réalisation de ces Jeux.

« Mais que fait-on de la vitrine sportive alors ? » On est en droit de se poser tout de même cette question de savoir, comme dans le milieu des années 80, où la publicité servait encore à nourrir le monde sportif, si « la mouche n’a pas changé d’âne » et que les slogans publicitaires se servent de plus en plus du sport comme support pour les partenaires,  reléguant une partie du jeu au placard au profit du domaine commercial. Coca-Cola, Mc Donalds’, Panasonic… exemples de grands empires économiques qui se bagarrent sur ce marché  juteux du sport olympique, évènement planétaire pour diffuser leur idéologie publicitaire et commerciale à travers la planète.

Preuve de cette guéguerre économique entre grandes sociétés sur les enjeux olympiques, un exemple parmi tant d’autres : la bataille du sponsor équipementier du maillot de l’Equipe de France féminine de Football qualifiée pour les JO de Londres l’été prochain. Ce conflit opposant Adidas à Nike, est né d’une divergence contractuelle entre ces deux marques sportives, de la FFF et du CNOSF (Comité Olympique Français). Ce dernier voulant imposer à toute la délégation tricolore présente dans la capitale anglaise de porter des vêtements de la marque allemande se voit heurter à l’impasse de la question du maillot des Bleues. En effet, par contrat avec Nike, la FFF a donné l’exclusivité à la société américaine d’y figurer sur le tricot des footballeuses et des Bleus (contrat maillot le plus cher du monde à raison de 42 millions d’euros par an jusqu’en 2018). Noël Le Graët, fraîchement nommé à la tête de la FFF et ancien préposé aux contrats commerciaux de la FFF -à l’époque de la signature avec la marque à virgule-se voit ainsi confronter à un dilemme et dans les deux cas pourrait se voir pénaliser financièrement par une des deux parties….à suivre

Aujourd’hui, comme dans tous les domaines, le sport lui ne fait pas figure d’exception et rentre dans le rang et intègre le processus de mondialisation. Il s’adapte ainsi à son époque, l’impression pour beaucoup qu’à l’heure actuelle l’enjeu  tue le(s) Jeu(x).

CITIUS, ALTIUS, FORTIUS

« Plus vite, plus haut, plus fort », la bagarre pour la breloque dorée reste tout de même la finalité de l’athlète. Seul évènement planétaire qui aujourd’hui encore peut réunir le petit paysan d’un pays en voie de développement fou de son sport favori plus que fier de représenter son pays et le plus champion de la discipline sur le même plateau. Souvenez-vous d’Eric Moussambani, ce nageur de Guinée Equatoriale qui à Sydney en 2000, a gravé la mémoire des témoins de cet acte de courage et de dépassement de soi digne de l’esprit olympique (il courut un 100m nage libre en 1min 53’’ seul dans ce bassin olympique de 50m, après disqualification de ses concurrents pour faux départ, tenant la distance avec quelques difficultés, alors que le temps moyen dans cette discipline à l’époque était aux environs de 49’’). Des milliers d’athlètes de plus de 203 pays et de fédérations sportives à travers le monde parfois travaillent plusieurs années avec leurs moyens, des plus modestes (dignes des bobeurs du film des RASTA ROCKETS) aux plus sophistiqués, dans le but d’un jour rejoindre la famille olympique.

L’élan olympique peut vous transcender un athlète pour littéralement « se défoncer » pour son pays. Mais l’évènement permet aussi au pays organisateur de s’intégrer et évoluer dans des domaines sportifs qui n’est pas forcément le sien (la Grande-Bretagne, pays initiateur du football et du rugby s’adonnera entre-autres à des rencontres de handball et de basket-ball, disciplines collectives où elle ne brille pas du fait de l’anonymat des ces sports dans le pays). La mise en place d’infrastructures sportives dernières cri permet aussi de lancer ou de relancer la carrière de sportifs dans le pays mais aussi une certaine réussite dans ces disciplines de « basse fréquentation ». Dernier exemple en date : Li Na, la tenniswoman chinoise pourtant pro depuis 1999 relance sa carrière a Pékin avec une belle 4e place et qui 3 ans plus tard devient la première joueuse de tennis remportant un tournoi du Grand Chelem à Roland Garros et se plaçant bien dans les tournois majeurs depuis trois ans.

L’amour patriotique est un moteur fort pour beaucoup d’athlètes. Mais cette fierté de porter ses couleurs nationales sur le dos peut pousser à enfreindre les règles et parfois à déjouer la carte de l’honnêteté  pour bien figurer durant la quinzaine. Une fois de plus, à Londres les responsables du CIO accompagnés de l’AMA (Agence Mondiale Antidopage) veilleront au grain, des milliers de tests programmés et inopinés sont d’ores et déjà annoncés mais beaucoup plus qu’à l’accoutumé, ces institutions jouent la carte de la prévention et de la dissuasion de prise de produits illégaux. L’étau se ressert autour des tricheurs ces dernières années.

Enfin, l’été prochain s’annonce palpitant avec du spectacle à profusion et on souhaite naturellement de nombreux coups d’éclairs, venu pourquoi du Jamaïcain Bolt déjà prêt a faire fondre le tartan anglais en bagarre avec son compatriote Blake, coté français l’espoir olympique repose notamment sur les épaules du jeune Teddy Riner ou encore des équipe de France de Football féminine impressionnante cet été en Allemagne ou encore la bande à T.P. (Tony Parker) au Basket et plus encore la clic à Claude Onesta et son équipe d’Experts préparée pour aller croquer de l’or massif sur le parquet londonien  et garder leur couronne de laurier glané il y a 3 ans à l’ « Empire du Milieu ». N’oublions pas non plus les quelques  milliers d’athlètes paralympiques que concourront un mois à peine après les valides.

Certes, si les Jeux Olympiques est le théâtre d’une guerre de gros sous au premier abord mais que beaucoup préfèrent éluder, notons toute foi que durant cette période, le moral des habitants du monde entier est positivement dopé par les exploits sportifs de leurs compatriotes et des autres. Les Jeux Olympiques a ce don d’inhiber les multiples conflits mondiaux durant ces 15 jours sportifs où on a cette impression que les notions de courage et de respect prennent le dessus sur la destruction, la pauvreté, la lâcheté de la guerre. D’où ce paradoxe olympique, une mise en place des Jeux très onéreuse qui permet intimement  de soulager les souffrances de notre monde mais qui ne peut toutes les arrêter.

Rendez-vous à Londres le 27 juillet prochain ….




Réagir