lundi 27 août 2018 - par Jean-François Dedieu

VOYAGE EN TCHÉCO (3)... / De la plaine de l’Hérault au Causse du Larzac...

Lézignan-la-Cèbe. « A la cèbe, à la cèbe ! » criait l’homme avec une montagne de ces gros oignons doux sur le plateau de sa camionnette dans nos rues et sur le « sable mouillé » de la plage du temps du camping libre sur la plage. Doux au point d’accompagner parfois et chez les puristes le déjeuner matinal.

Oignon doux des Cévennes. Wikimedia Commons. Author Office de Tourisme Mont-Aigoual.
 
Paulhan ? j’associais un homme de lettres à ce village, si fort, mais ce n’était qu’une homonymie et pour la localité il faut articuler un « Pauillan » bien occitan.
L’A75 passe aussi à l’écart de Clermont-l’Hérault, capitale oubliée du raisin de table… Ceyras, les olives sur les rives de la Lergue. 
 
Lac du Salagou Auteur Gérard Witzke.

Collégiale_Saint-Paul_de_Clermont-l'Hérault Wikimedia Commons Author Tournasol7
 
La terre rose, lilas ou violette aux abords du lac de Salagou. A droite les terroirs de St-Saturnin-Montpeyroux déjà mis en valeur dans les années 80.
 
Un supermarché pour les kilomètres dans la nuit, la montagne où il devrait faire plus frais. Pour les cousins, Blanquette de Limoux dans les 5 euros, sangria pour la moitié du prix. Pour le chauffeur du Lavazza à 10 € le kilo, de l’énergétique à 4,5€ /L . Pour la troupe, des madeleines (3,9€/kg), une mousse de canard pas chère, une mousse aux marrons, des yaourts, du lait, des bananes (1,49 €/kg), des tomates (1,69 €/kg), courgettes (1,49 /kg), des aubergines, des poivrons (2,39), des oignons (on cuisine en route !), des doux mais rouges pour la salade (1,99 la botte)… du douce sous douche (2 x 3,73) et un corps réparateur (2 x 3,04) pour elle (je n’y suis pour rien), un sac pour lui en quatrième (19,90)… je garde le ticket de caisse juste pour voir, au chapitre « Tu veux te voir avec moins d’argent ? », déjà dans un an, de combien ça va augmenter…  

 
Collégiale_Saint-Paul_de_Clermont-l'Hérault Wikimedia Commons Author Tournasol7
 
Lodève, ville des évêques dont Bernard Gui, tenace inquisiteur en Languedoc qui joue un rôle clé dans Le Nom de la Rose où Guillaume de Baskerville est censé représenter Bernard Délicieux sauf que dans le film, ce n’est pas Sean Connery qui meurt en prison mais l’inquisiteur quand son coche aux roues massives est précipité dans le ravin par les paysans… 
 
Avec l’autoroute qui aujourd’hui ondule grâce aux ponts et tunnels pour moduler les rampes qui font passer de 200 à 728 m sur13 km, qui pourrait penser encore à la nationale de jadis épousant le pays, elle, plus collée aux courbes de niveau, plus liée au paysage. 
 
La 403 Retour de Tchéco en 1970. 

 

1965, une 403 noire monte vers le Causse du Larzac. C’est un matin d’août… Nous ne partions qu’une fois prêts et à n’importe quelle heure. En bas les dernières vignes. Accrochées aux pentes, des laisses et restanques retenues par des pierres montées par des mains d’hommes et qui nous faisaient chanter « Pourtant que la montagne est belle ». 

A droite une départementale et, sur le panneau indicateur « Cirque du Bout du Monde », une destination qui me fait rêver encore. A présent la promo touristique locale appelle de l’autre côté, vers le cirque et la grotte de Labeil. 
 
Pas_de_l'Escalette Wikimedia Commons Author Vpe
 
En profitant du travail millénaire de la Lergue dont les eaux ont entaillé ce rebord rétif du Massif Central, les Gavaches[1] (chacun est le gavach d’un autre et j’en suis un pour les catalans) ne passaient pourtant que difficilement sur le Larzac par le Pas de l’Escalette où il fallait escalader sinon passer par une échelle (des marches taillées dans le roc ?).
 
Du Caylar à La Cavalerie, le Causse, loin d’être plat, déroule ses éminences et dolines. A peu près à 800 mètres d’altitude, la route longe le trop fameux camp du Larzac, arrêté, dans les années 70, dans sa propension à refouler moutons et paysans. De çi de là, les murs épais d’une jasse tapie pour parer aux vents neigeux de l’hiver, une lavogne pour faire boire le troupeau. Le poème « Lou pastre » d’Antoni Roux vient comme un tableau. Il déborde, tant pour le paysage, les rudes conditions du plateau que la vie intérieure, d’une plénitude intemporelle qui, dans sa langue originelle, submerge l’esprit : 
 
« … Sus lo causse auturòs qu’es coumo sa patrio…

… Tot solet, luènh dau monde, amont se crei lo rei… » 

(Sur le causse altier, semblable à sa patrie...

... tout seulet, loin du monde, là-haut il se prend pour le roi) 

Larzac+Brebis_en_p%C3%A2ture+aut+Jean-Claude+Charri%C3%A9
 
[1] De « gavot » : paysan montagnard. Les Gavaches descendaient traditionnellement dans la plaine pour les vendanges jusqu’à ce que le relais soit pris par les travailleurs espagnols.


7 réactions


  • capobianco 29 août 2018 18:12

    Je connais assez bien la région appelée « la petite Camargue », Aigues mortes, Lunel , le grau du roy, la sublime ville de Brassens, Sète. En fait toute la région regorge de lieux fantastiques, les Cevennes et ses cours d’eau, les châteaux cathares, ST enimie et les gorges du tarn et tous ces villages qui ont conservé les architecture médiévales... Sans oublier la culture espagnole bien présente dans certains villages comme Mauguio.

    Merci pour vos articles.
    Ps : je suis à moitié tchec ou slovaque par ma mère mais n’ai jamais pu y aller...Regrets.  

    • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 29 août 2018 18:49

      @capobianco

      merci du soutien et škoda (dommage) que vous n’ayez pas eu encore l’occasion de verser vers l’atmosphère slave.
      Sinon, je partage tout à fait cette curiosité pour l’altérité. 

  • alinea alinea 29 août 2018 18:48
    J’ai été interdite de commenter depuis quarante huit heures ; j’ai passé une réclamation en vain ; j’en ai parlé à Olivier Cabanel, et voilà.
    Je suis un peu perdue dans le feuilleton ; je le reprends en douceur à mon rythme, et sans commenter. Un chat échaudé craint l’eau froide dit-on.

    • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 29 août 2018 18:57

      @alinea
      Comment est-ce possible ? Pour avoir bloqué dernièrement un (celui qui te renvoyait aux corvées ménagères) avec qui le dialogue n’était pas possible, j’ai d’autant plus de mal à comprendre que tu es à des lieues de ce genre de personnage.  


    • alinea alinea 29 août 2018 19:07

      @Jean-François Dedieu

      Je ne me suis pas vexée parce que c’était inconcevable, mais disons comme j’ai tendance à toujours attirer les emmerdes, je suis un peu abattue.Tu as peut-être fait une fausse manipe ? Bon on ne saura jamais cependant que je n’aime pas du tout les mystères qui ne s’éclaircissent pas !! smiley
      Je viens d’avancer jusqu’à Paray-le-Monial !! Toute la route je la connais bien ; Millau en 78 plus proche de ta photo de 65 que de celle de 14, avant l’autoroute jusqu’à Clermont, puis après, avant le viaduc et puis après !! mais pour moi plus loin c’était au nord, Paris, ou à l’ouest, Bourges ; jamais rejoint la Bourgogne comme ça.
      Merci

  • Xenozoid 29 août 2018 18:56

    je croyais que c’était nabum


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