Octave Lebel Octave Lebel 11 janvier 2021 18:57

@Jean Dugenêt

Le nous renvoie au-delà de nos propres personnes à un grand nombre de nos concitoyens qui si on regarde de près ont manifesté une forme de motion de censure populaire par l’abstention aux dernières présidentielles et législatives. Ce qui est assez remarquable étant donné la pression exercée à ce moment là par les médias en vue de modeler l’opinion et de fabriquer les cartes du jeu électoral que l’on sait.

En 2017 entre le 1er et le second tour, il y a bien une prise de conscience au second tour (trop tard) et une dynamique de refus bien présente. Des voix qui se sont perdues dans l’abstention et qui à l’insu de leur plein gré ont fait la courte échelle à MLP puis EM. Un jeu assez subtil a été tenté par la gauche libérale avec succès par le jeu des primaires et la multiplication des candidatures afin d’éparpiller les électeurs et d’empêcher et décrédibiliser les ralliements au 1er tour. Cela a réussi de peu en fait et fait porter une responsabilité à ceux qui les ont organisés. Si les choses avaient été présentées comme cela à nos concitoyens, ils auraient mieux compris les enjeux et le mécanisme électoral, bien maîtrisé par contre par les conseillers politiques et stratèges des classes dirigeantes et les médias qui les appuient.

Nos concitoyens ont sous-estimé jusqu’à présent les capacités tactiques et la force d’influence des médias sur les indécis assez peu informés et politisés qui font, c’est un paradoxe cruel, l’appoint décisif au premier et second tour pour maintenir au pouvoir les classes dirigeantes actuelles par l’intermédiaire de leurs politiciens. Ces derniers étant assez interchangeables, non dénués de capacités rhétoriques et talents d’adaptation et capables de donner le change. Les indécis sont d’autant plus déterminants qu’une part importante de nos concitoyens qui ont une colonne vertébrale politique (ils ont bien compris les reniements d’une grande partie de la classe politique et les limites du système actuel), échaudés, ont du mal à se projeter dans l’examen d’un projet alternatif et posent leur abstention comme un geste politique. Cette configuration renforce la capacité d’influence des médias en donnant un poids déterminant aux indécis qui les intéressent tant. Tout est fait par ailleurs quasi en permanence pour personnaliser les enjeux, caricaturer les opposants, exacerber ce qui peut diviser les citoyens afin d’éviter à tout prix l’émergence d’une approche électorale fondée sur la confrontation des fondements et effets des politiques menées et les analyses et propositions d’un projet alternatif porté par une coalition.

La conclusion à en tirer c’est le moins possible de dispersion des voix au premier tour, c’est-à-dire pour certains ne pas voter par fidélité pour son candidat de cœur mais pour le candidat qui a les meilleurs chances d’arriver au second tour. Si chacun attendait d’être d’accord sur tout avec son voisin pour travailler avec lui, rien ne se ferait jamais. Et surtout nous avons pu mesurer à nos dépens les capacités d’adaptation et capacités manœuvrières de ceux qui travaillent à maintenir les classes dirigeantes au pouvoir. Ils font et feront tout pour mettre en valeur les différences entre leurs adversaires parce que ce qu’ils craignent avant tout, c’est la prise de conscience de la convergence de nos intérêts primordiaux. Regarder le résultat de la dernière mascarade : Macron= PS+Juppé et Fillon+ en supplétifs précieux MODEM/UDI. Belle entourloupe. Chapeau les artistes, c’était juste mais vous nous avez bien eus. Dommage pour le pays que ce soit à peu près la seule fois où ils ont vraiment eu du talent.

Vos deux points sont évidemment cruciaux et déterminants (Frexit + candidat unique PC/PS/LFI).La réalisation du second semble peu probable et c’est très dommage. La responsabilité en est partagée à mon avis entre les 3 composantes et ne nous cachons pas les yeux au-delà des personnes. Il y a aussi à mon avis certaines priorités concernant le pilotage économique et le renouveau institutionnel qui font l’objet d’une guérilla de positions qui se dénouera en réalité dans l’épreuve du feu et l’exercice du pouvoir. Ce serait mieux autrement mais faut-il se draper dans son indignation et laisser un boulevard aux néolibéraux. C’est bien ce qui s’est passé avec le programme commun de la gauche dans le sens que l’on sait. C’est pour cela que j’ai rappelé que nous venons de voir qu’un mouvement citoyen est capable de se faire entendre des politiques et qu’il s’agit de faire de l’élection et sa préparation l’expression citoyenne de cette volonté qui s’adresse à l’ensemble de ceux qui souhaitent s’impliquer directement en politique. C’est pour cela que ma ligne rouge c’est une réforme institutionnelle élaborée avec notre participation si nous voulons récupérer notre capacité de citoyens à être représentés et à contrôler nos représentants, à participer à l’élaboration des décisions, leurs mises en oeuvre et leur contrôle parce que nous savons tous ce que valent les convictions et la volonté politique de ceux que l’on appelle une fois élus nos dirigeants. Ceci n’a jamais existé dans notre pays.

Je note aussi que le niveau socio-culturel du pays s’est élevé, qu’il y a une intelligence collective, des savoirs-faire à l’œuvre dans les syndicats, les associations, les mutuelles, l’économie solidaire etc.. des aspirations à un véritable changement démocratique qui cherchent un chemin dans le même temps que la sphère médiatique est très combattive et présente pour brouiller cette prise de conscience (76% de non confiance dans les médias, le record en UE). Vous savez bien que le front populaire a permis des avancées fortes parce qu’il y avait une mobilisation populaire forte qui a fait pression sur le politique et le patronat de l’époque. La ligne de crête est étroite mais chacun voit bien que les lignes bougent et que les pilotes au pouvoir naviguent à l’estime. Et puis en avons-nous une autre en dehors de la résignation ou du chacun pour soi qui sera à mon avis chacun son tour tout en étant bien conscient que les choses vont de plus en plus vite dans le sens que l’on sait.


 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe