2014, un triste bilan
L'année 2014, comme toutes les années depuis 1914, s'inscrit dans la logique des événements qui sont, directement ou indirectement, liés au premier grand conflit mondial qui a éclaté au début du XXe siècle.
Cent ans après la déclaration de ce qu’elle devait être ‘’la der des ders’’, le monde continue à subir les séquelles du premier grand conflit mondial engagé dès le début du XXe siècle. La ‘’guerre de cent ans’’ des temps modernes. L’Europe dans ses tentatives de sortir de l’engrenage qu’elle a elle-même provoquée, continue à se heurter aux crises géopolitiques qui, en 2014, secouent aussi bien ses territoires périphériques (Ukraine) que ses régions voisines au Proche-Orient (Irak, Syrie) et du Sud méditerranéen (Libye, Égypte).
L’année 2014 est l’année de la destruction des États fantoches créés par le partage de Sykes-Picot des territoires arabes de l’ancien Empire ottoman. L’État islamique proclamée en Irak et en Syrie n’a que faire de ses lignes frontalières artificiellement établies par les puissances coloniales. L’EI (Da’ech en arabe) sème la terreur, provoque la mort d’innocents, pratique la purification ethnique (exil de centaines de milliers de chrétiens, de Kurdes, de Yazidis). Un régime de barbarie s’abat sur une région, jadis berceau de la civilisation humaine.
L’année 2014, pour l’Ukraine est toute aussi dramatique. Une guerre civile qui, nourrie par les ingérences de puissances étrangères, laisse dégager une odeur nauséabonde de guerre froide. « L’Occident » – les États-Unis, l’UE, l’OTAN – porte une lourde responsabilité pour son soutien indéfectible au gouvernement de Kiev dans la guerre contre les insurgés du Donbass et pour son encouragement à une orientation politique et économique exclusivement pro-occidentale. Mais la Russie joue aussi, dans ce conflit, un rôle aussi grave. L’annexion de la Crimée, l’appui politico-militaire apporté d’une façon inconditionnelle aux insurgés russophones de l’Est n’a fait qu’attiser les tensions et ériger un nouveau mur.
L’année 2014 a également apporté au peuple meurtri de Gaza son lot de destruction de désolation et de mort. Dès le 8 juillet de cette année, les Gazaouis sont victimes d’une véritable boucherie commise par l’armée de l’occupation israélienne. Plus de deux mille morts et des dizaines de millier de blessés parmi eux un nombre considérable d’enfants, de femmes et de personnes âgés. Un crime contre l’humanité est perpétré sous le regard passif voire complice des pays occidentaux donneurs de leçons sur les droits de l’homme. En cette fin d’année 2014, les Palestiniens de Gaza sont encore très loin de voir le bout de leur tunnel.
L’année 2014, pour le Liban, est une année historique. Au sens négatif du terme. Pour la première fois, depuis la naissance de la République libanaise, la magistrature suprême de l’État est vacante. Jamais cela ne s’est produit. De 1926 à 2014, de Charles Debbas à Michel Sleiman, jamais le Liban n’a connu ce vide constitutionnel. Aux pires moments du mandat français, comme aux pires moments de la guerre civile, l’unité de l’État était toujours garantie par la légalité et la légitimité du président de la République. Le Liban se livre acéphale au destin qui l’entraîne.
Restons cependant confiants. Les Américains rétablissent leurs relations diplomatiques avec Cuba. Un autre mur de la guerre froide est en train de tomber. Et le baril du pétrole est sous la barre des soixante dollars. Une note d'optimisme pour finir cette malheureuse année 2014.