mercredi 25 novembre 2020 - par Christophe Bugeau

2021 : 10 % de PIB en moins et 1 million de chômeurs en plus ?

 

L’année du COVID-19 aura était aussi catastrophique du point de vue économique que du point de vue sanitaire. Les restrictions apportées auront eu de graves conséquences qui se feront sentir les prochaines années et particulièrement en 2021, qui verrait certes un début de redressement mais dans quelle limite ?

Les estimations de la Banque de France et du FMI tablaient pour la France (avant le second confinement) sur une baisse du PIB de l’ordre d’un peu moins de 10 %. Nous serons donc certainement au-delà au début de l’année 2021. Cette dernière verrait un rattrapage important avec une croissance de l’ordre de 5 % qui permettrait de compenser en partie cette récession qui sera la plus importante depuis la seconde guerre mondiale (voire depuis un siècle et demi si l’on met de côté la fin de la seconde guerre mondiale).

Dans les faits, les choses seront plus complexes : ces prévisions faites avant le second confinement ne tiennent pas compte des fermetures d’entreprises qui vont avoir lieu en début d’année 2021 quand sera venue l’heure de faire les comptes. 

Et ces derniers risquent d’être assez catastrophiques : dans le seul secteur de l’hôtellerie-restauration, les syndicats de branches estiment que ce serait 50 000 entreprises qui feraient faillite entraînant la perte de 250 000 emplois. Les projections de la Banque de France tablent sur une perte de 800 000 emplois au total pour l’ensemble de l’économie. Mais là encore, ces estimations tiennent compte du plan de relance de 100 milliards d’euros et surtout se basent sur l’idée que la confiance dans l’avenir va revenir et que les entreprises ne vont pas débaucher massivement.

Car pour l’emploi, le risque est surtout dans l’affaissement de la structure économique : celui-ci n’a pas trop diminué en 2020 car cette dernière a pour l’instant tenu du fait des aides de l’état qui ne seront pas éternelles.

Mais si les faillites se multiplient ce ne sera pas le chômage technique qui augmentera mais bel et bien le chômage tout court. Or, nous partons déjà d’un haut niveau : d’après pôle-emploi nous étions au troisième trimestre 2020 à 6 429 000 chômeurs toutes catégories confondues (dont 3 673 000 pour la catégorie A qui est prise en compte d’habitude dans les statistiques). Ceci sur une population active qui compte 29 millions de personnes.

A plus long terme, au-delà de l’année 2021 se pose la question du retour au PIB d’avant la crise : pourrons-nous vraiment avoir une croissance de 3% par an permettant d’ici 2022-2023 de revenir au PIB de 2019 ? Cela paraît désormais peu crédible, la crise devenue structurelle par la fermeture de nombreuses entreprises ne sera pas effacée en si peu de temps.

D’autre part, quid de la dette à long terme que nous allons accumuler du fait de cette année 2020 et de ses suites ? Notre dette à la fin de cette année arrivera à 120 % du PIB et au vu des perspectives, le financement des dépenses publiques en 2021 risque de se faire pour moitié par l’endettement (du fait des dépenses nécessaires pour compenser la chute de l’économie et du fait de la baisse des recettes créée par la baisse du PIB). Dans le contexte d’une croissance faible et de l’absence de création monétaire directe, c’est un véritable boulet qui va peser fortement sur nos perspectives.   



9 réactions


  • rogal 25 novembre 2020 08:16

    On va voir si Bayrou parvient à tracer, en deux temps trois mouvements, les lignes qui entraineront la Nation dans une politique de réorganisation et de redressement économique. Ne devra-t-il pas avaler son européisme ? Quant à l’autre, pas grand-chose à en attendre.


  • Clark Kent Séraphin Lampion 25 novembre 2020 08:35

    « Dans le contexte d’une croissance faible et de l’absence de création monétaire directe, c’est [la dette] un véritable boulet qui va peser fortement sur nos perspectives. »  

    Qui c’est, NOUS, dans « nos » perspectives ?Les Français ?

    Les perspectives ne sont pas les mêmes pour tous les Français.

    La dette, collective ou individuelle, est au cœur du modèle économique « libéral ».

    Elle permet de transférer et prélever, par les intérêts, la richesse du travail vers le patrimoine des plus riches, ceux qui peuvent prêter. Les banques prêtent, aux états comme aux particuliers, de l’argent privé.

    Pour assurer le paiement des intérêts de la dette, on met en place des politiques de rigueur et/ou d’ »ajustement structurel ». Toujours pour le plus grand bénéfice d’une minorité.

    L’endettement est le meilleur gage de servilité.


    • Trelawney 25 novembre 2020 11:36

      @Séraphin Lampion
      Si vous êtes personnellement endetté, posez vous la question de savoir à quelle hauteur.
      On parlera de la servilité plus tard.


  • troletbuse troletbuse 25 novembre 2020 13:31

    Pour l’instant tout se déroule comme l’a prévu.le N.O.M. et son obligé Micron.

    Un espoir, Trump va probablement être réélu.


  • zygzornifle zygzornifle 25 novembre 2020 14:28

    Enfin une bonne nouvelle, le nombre de chômeurs ne pourra pas dépasser le nombre de travailleurs, au moins ce n’est pas comme les cartes vitales ou leur nombre dépasse alégrement le nombre d’assurés .... 


  • Le421... Refuznik !! Le421 25 novembre 2020 20:56

    On s’en fout !! L’important, c’est de voter pour notre sauveur en 2022.

    Macrounet 1er, empereur des brebis égarées...


  • Tesseract Tesseract 27 novembre 2020 15:03

    Mais vous rêvez complètement !
    Des commerces ferment, d’autres ouvriront, des boites seront en faillite, d’autres viendront à la place, des emplois seront détruits, d’autres seront créés...

    La nature a horreur du vide, il n’y a jamais eu autant de capitaux en attente d’investissement, la bourse est euphorique...
    Dans toutes les « crises » comme celle-ci, réelles ou artificielles, les cartes sont rebattues. Des fortunes s’écroulent et d’autres se constituent. Rien de nouveau sous le soleil...

    Dans cette histoire, E. Macron n’est qu’un petit télégraphiste et la France ne représente pas grand chose sur le plan international ; comme les cocus les Français sont les derniers à s’en rendre compte et les gesticulations de nos politiques -tous partis confondus- sont dérisoires.

    Le vent a tourné depuis longtemps, les « équilibres » planétaires se sont déplacés, mais, comme au casino, la banque est toujours gagnante...


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