samedi 12 février 2022 - par Marcel MONIN

2022 : élections … Au fait : comment ça marche ?

 

2022 : élections … Au fait : comment ça marche ?

 

A quelques semaines du renouvellement des titulaires de postes décisionnels (président de la République, députés), qui permettra pour cinq ans au président de la République de commander les citoyens (en faisant signer décrets et arrêtés s’appuyant sur des lois dont le texte est rédigé par les mêmes équipes) il est intéressant de revenir sur l’acte qui permet à cette mécanique de fonctionner : l’élection.

 

Ce qui n’est pas une entreprise facile. Car on a l’habitude d’insérer la réalité du moment dans des concepts anciens ou théoriques alors même que le contenu, ou à tout le moins l’utilisation qui en est faite, ont en réalité pu beaucoup évoluer. Comme on relie la présidence Macron aux institutions de la Vème République (*). Alors même que le texte de la constitution était fait pour un tout autre homme et pour une toute autre politique. Et que ledit texte était fait pour surmonter les errements du monde politique (*) qui, depuis, ont été remplacés par d’autres ou se sont déplacés.

 

Revenons à l’élection et analysons cette institution dans le contexte de l’année 2022.

 

L’élection est le mode de désignation de personnes qui auront le droit de gérer ce que ceux qui les désignent ont identiquement à défendre. Défense qui nécessite que des décisions soient prises dans l’intérêt commun. (1)

 

Les intérêts et les objectifs communs à ces personnes, peuvent être contraires aux intérêts et objectifs d’autres groupes de personnes qui vivent sur le même espace (1).

Et le problème est alors de savoir dans les relations entre ces groupes, quel groupe imposera sa volonté ( ses intérêts) aux autres (dont l’intérêt peut être contraire).

Il s’agit là d’une banale et éternelle question de rapports de force. Le fort, réussissant à imposer aux faibles que ces derniers s’inclinent. Indépendamment de l’effectif de chacun des groupes.

 

Les forts, dans toute société, ont toujours été les possesseurs de la richesse du moment (2).

NB. Aujourd’hui, c’est dans le texte de traités (3) que les intérêts des groupes dominants ont été explicitement énumérés et organisés.

 

Lorsque le droit de vote est distribué à tout le monde (1848 en France, au moins pour les hommes), il n’est tolérable pour les détenteurs de la richesse (du moment) que si le résultat des élections ne fait pas passer le pouvoir décisionnel des mains des premiers vers les mains de ceux « qui ne sont rien » (4)

 

D’un autre côté, lorsque les élections permettent de maintenir les mêmes dans leurs fonctions décisionnelles, il faut absolument préserver ce mode de désignation. Car il donne une première légitimité à ceux qui gouvernent puisqu’ils sont élus. Et une deuxième légitimité aux décisions qu’ils prennent, puisque les décisions sont prises par la majorité … des mêmes (des élus).

NB. Les critiques des élus et de leurs décisions, peuvent alors, et inversement, être présentées comme illégitimes (5) 

 

Comment faire en sorte d’obtenir des électeurs qu’ils croient que les jeux sont « ouverts » ? et comment éviter qu’ils ne pensent qu’il sortira des urnes … ce qu’il était en réalité prévu qu’il en sorte ?

C’est simple : en les maintenant dans l’idée que les élus seront leurs « représentants ». Alors que lesdits élus ne seront en réalité que les gestionnaires d’intérêts particuliers, lesquels sont ceux d’une minorité. Elus qui peuvent à leur tour avoir été « éduqués » à croire à des théories économiques . Qui fournissent (avec l’habituelle aimable coopération d’universitaires) un habillage à ces intérêts matériels. Et qui procurent aux décideurs convertis l’absolution, en rémission de ce qu’il font … contre l’intérêt général (qui inclut concrètement … les intérêts des gens modestes) .

 

Comment faire en sorte que les élections donnent le résultat escompté ?

C’est également simple : en « truquant » le processus électoral.

Les vieilles astuces ( suffrage censitaire, bourrage des urnes, …) sont, avec les progrès de la connaissance de la psychologie (psychologie, psychologie sociale), et les progrès des techniques de communication, devenues inutiles. Ou presque. Il ne reste guère aujourd’hui, que l’exploitation des parrainages. Qui, initialement, avaient été imaginés pour empêcher de se présenter ceux qui voulaient simplement bénéficier d’un temps d’antenne. Parrainages qui permettent aujourd’hui, ainsi qu’on le constate dans les faits, de rendre inéligibles les candidats perturbateurs. Il reste aussi, ce qui n’est guère relevé, la nécessité de disposer de sommes faramineuses pour la campagne présidentielle. Ce qui écarte de l’élection présidentielle, comme jadis avec le suffrage censitaire, certains candidats comme ceux qui sont susceptibles d’incarner les besoins et les intérêts des couches défavorisées de la population.

 

Aujourd’hui, la manipulation suffit (6) .

Les techniques de manipulation sont connues depuis longtemps. Leur connaissance a fait des progrès. Et, aujourd’hui, la concentration des médias entre les mêmes mains, facilite leur diffusion. Parfois nuit et jour sur certaines chaînes de télévision, dont les employés, animateurs ou journalistes, ne prennent même plus la peine de le faire avec un peu de subtilité.

Il suffit de priver les gens d’information, de toucher leur cerveau, pour leur faire penser ce que l’on veut. (7) Et les faire voter comme on le souhaite.

 

Evidemment tous les individus ne sont pas affectés, comme ils l’auraient été si on avait exigé que chacun soit traité avec des psychotropes à la manière de vaccins anti réflexion. Mais ces derniers ne pèsent guère. Puisque, compte tenu de ce qu’à un moment donné, les mécontents ( que les études permettent d’identifier et de chiffrer) se transforment en résignés, et s’abstiennent ou votent blanc ou nul. Et compte tenu du fait, révélé par d’autres études, que ceux qui sont plus ou moins satisfaits de leur sort, ou / et ont peur de la « populace », votent dans le « bon sens ». Ou votent pour des candidats, qui sous diverses étiquettes, et au delà du discours électoral, ne font que briguer des postes. Dans lesquels ils feront, (parce qu’ils sont des « ralliés » à l’idéologie dominante, ou pour les nécessités de la carrière) en réalité (et obligatoirement du fait des traités ou de la puissance de nuisance dissuasive de certains réseaux) la même chose.

 

Dans les élections qui viennent, les gouvernants potentiels ont toujours intérêt à ce qu’un peu d’électeurs utilisent leurs bulletins de vote. Pour leur permettre d’avoir un blanc seing ( théorie du mandat « représentatif ») pour gérer la société selon les dogmes sociétaux et les techniques politiques mis en place dans les traités de Maastricht et quelques autres rédigés dans la même logique et le même objectif. Et pour bénéficier de la « légitimité » et de ce qui y est attaché.

Par ailleurs, il ne faut pas que d’éventuels candidats non maastrichiens aient la moindre chance d’être élus, ni à la présidence de la République, ni comme députés à l’Assemblée Nationale.

Sur ces points, les équipes sortantes peuvent être rassurés : les programmes des candidats et les sondages montrent que le futur président de la République sera « maastrichien » (idéologie sociétale et programme décidé et non modifiable).

Les effets du jumelage de l’élection présidentielle et des élections législatives, font par ailleurs attendre une répartition des postes de députés entre les amis des candidats ( avec une prime aux amis du président élu). Avec, au total une majorité (fut elle une addition de partis) nécessairement et largement « maastrichienne ».

 

Ceci ayant été dit, on ne voit aucun mode de représentation qui soit plus adapté au concept de démocratie que l’élection.

Dès lors que l’on a identifié les facteurs par lesquels l’élection est détournée de son objectif ( représenter ), on peut imaginer la mise en place d’instruments pouvant permettre à l’élection de retrouver sa fonction.

 

Mais cela suppose que les postes dans lesquels se prennent les décisions changent de mains (8).

Le moment ne semble pas arrivé.

 

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités.

 

(*) sur la question, v. notre commentaire : « textes et documents constitutionnels depuis 1958 ; analyses et commentaires ». Dalloz Armand Colin.

(1) Exemple contemporain : Les propriétaires des appartements d’un même immeuble désignent parmi eux un conseil syndical et un président du conseil syndical ; les locataires désignent un bureau et un président de l’association des locataires.

(2) Exemple de référence : A la Révolution, les détenteurs de la richesse du moment ont utilisé l’élection pour mettre en place certains des leurs (des vrais représentants) qui géreraient les intérêts du groupe. Le roi étant privé de son pouvoir en la matière. Et la populace elle, n’ayant pas le droit de vote.

Autre exemple : Avec le colonisation, les colons gérèrent leurs affaires sans que les populations vivant sur « leurs » anciennes terres, n’aient droit au chapitre.

(3) Maastricht, Marrakech, et quelques autres traités. Ce qui ne change rien à la situation traditionnelle, à ceci près qu’avec ces textes, qui s’imposent aux Etats, les élus n’ont plus de prise sur les intérêts des plus forts, et les citoyens encore moins avec (ce qui reste de) leur bulletin de vote

(4) et qui souffrent des décisions des premiers ( ou, soit dit concrètement aujourd’hui, qui subissent les conséquences négatives de la « mondialisation » telle qu’elle est pratiquée en application des règles et des mécanismes des traités). NB. « ceux qui ne sont rien » est une formule plus douce que celles qui ont pu être utilisées dans le passé pour désigner cette masse d’individus qui a toujours été méprisée, qui a toujours fait peur et dont il a fallu se protéger (lorsqu’elle ne se contentait pas de pleurer sur son sort, ou qu’elle se refusait à culpabiliser), par des sanctions, voire en lui tirant dessus.

(5) Se rappeler comment sont présentées les personnes qui à un titre ou à un autre (comme scientifiques, politiques, simples citoyens) expriment un désaccord quelconque avec la ligne dictée par le groupe dominant : a - sociaux, personnes intellectuellement dérangées, extrémistes dangereux, sous-citoyens, diviseurs et semeurs de haine … ( v. le sort – allant jusqu’aux sanctions- et les qualificatifs réservés aux Prs Raoult, Perronne, Montagnier, aux gilets jaunes ou aux participants au « convoi de la liberté », comme aux multiples personnalités politiques qui osent dire que « quelque chose ne tourne pas rond »).

(6) En 1848 déjà, Tocqueville disait à ceux qui s’inquiétaient des effets possibles de l’introduction du « suffrage « universel » , c’est à dire du droit de vote octroyé aux pauvres : « ils voteront comme on leur dira ». Les techniques de manipulations utilisées par les gouvernants actuels ont fait l’objet d’études. On ajoutera en tant que de besoin l’organisation de conventions diverses organisées par le pouvoir, qui sont présentées comme constituant une pratique de la démocratie (sic).

(7) v. les techniques utilisées durant l’épidémie de covid, qui ont convaincu beaucoup de personnes qu’un document administratif -le passe sanitaire/vaccinal- pouvait protéger d’un virus - sic ! -.

(8) La perte de leurs fonctions par certains individus est souvent l’occasion qui est donnée aux juges de sanctionner les turpitudes. On observe en effet que certains personnages qui ont exercé d’éminentes fonctions au sein de l’Etat, se trouvent condamnés (et parfois emprisonnés) après que leur page a été tournée. Non seulement parce qu’ils ne bénéficient plus des immunités ou des privilèges de juridiction attachés auxdites fonctions. Mais sans doute aussi parce que les magistrats ne risquent plus leur carrière. Non pas parce les magistrats seraient pleutres, mais parce leurs « clients » potentiels ont, à leur disposition tant qu’ils sont en poste, un pouvoir de décision qu’ils peuvent oser, ou qu’ils osent mettre au service de leurs turpitudes et de leur protection personnelle.

On signale au passage que lorsqu’un peu de temps se sera écoulé, que la société ne sera plus sous l’emprise d’un état d’esprit paralysé par la peur du virus, et que les gens recommenceront à réfléchir (notamment sur les étapes de leur soumission à des mesures défiant parfois l’entendement), il est probable que des analyses seront faites. Qui feront le tri entre les études qui ont été présentées au public avec prière de leur accorder crédit, qui mettront au jour les liens d’intérêts, et qui établiront si oui ou non, des morts auraient pu être évités … Et qui déboucheront possiblement sur une mise en jeu douloureuse pour certains personnages, de leurs responsabilités ( pénale, pécuniaire, disciplinaire) quand ceux-ci, remplacés par d’autres, ne seront plus « dangereux ».

 



11 réactions


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 12 février 2022 17:38

    Rappel d’une autre démocratie possible

    https://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=237839


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 12 février 2022 17:40

    L’article déjà publié début décembre n’est-il pas encore plus d’actualité !

    et surtout une proposition, une solution sur tous les débats actuels

    * candidat ou pas candidat

    * 500 signatures ou pas 500 signatures

    * comptabiliser les temps de parole

    * suivre les budgets de campagne

    * etc.

    https://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=237839

    UNE BONNE SOLUTION pour l’avenir, allons dans ce sens !

     

    Et pour ceux qui rejettent le vote électonique, car risque de pression face au secret et à la liberté dans l’isoloir, la remarque est judicieuse, mais est-elle numériquement significative ? y a t-il réellement un nombre significatif de personnes votant dans le secret de l’isoloir à l’inverse des opinions affichées ? ces situations, possibles dans tous les camps, ne se compensent-elles pas ?

    Difficile bien sûr de savoir, mais n’est ce pas négligeable par rapport à tous les avantages ?


    • Lynwec 12 février 2022 18:22

      @lecoindubonsens
      On a vu avec la dernière présidentielles aux USA combien l’électronique était un gage d’honnêteté dans un scrutin. Je comprends que les micronistes y soient favorables...


  • Lynwec 12 février 2022 18:11

    « Ceci ayant été dit, on ne voit aucun mode de représentation qui soit plus adapté au concept de démocratie que l’élection. »

    Si. Il y en a probablement plusieurs. Le tirage au sort avec encadrement évitant les dérives. Ou le système existant autrefois des représentants de corporations de métiers qui assureraient la représentation de tous et pas seulement des avocats ou professions libérales. Ou un mélange des deux. Eventuellement d’autres idées pour compléter l’équilibre du système.

    Mais pour ça, il faut une constitution crédible qui assure la séparation des pouvoirs, pas celle de la tyrannie de la cinquième république, constitution qui d’ailleurs a péri en 2007.


    • sylvain sylvain 12 février 2022 18:44

      @Lynwec
      et surtout un pouvoir moins mafieux .
      Le grand enjeux d’une nouvelle constitution serait de faire en sorte que le pouvoir ne se retrouve pas comme toujours aux mains d’une bande de mégalos


  • Lynwec 13 février 2022 08:25

    Si on commençait déjà par ne plus jamais élire un candidat qui a été pris sur le fait au moins une fois en train de nous mentir, les choses pourraient s’améliorer un peu.

    Voilà l’autre girouette qui s’étonne qu’une partie de la France ne croit plus rien de ce qu’on lui dit. Ben atterris, pépère, vous nous mentez en permanence, ça finit par se voir, même pour les plus bornés...

    https://resistance-mondiale.com/convoi-de-la-liberte-francois-bayrou-evoque-un-mouvement-de-secession-dune-partie-du-pays-qui-a-un-desir-de-revolte


  • wagos wagos 13 février 2022 12:20

    Comment ça marche les élections ? 

    Ben on fait croire au brave citoyen que c’est lui qui par son vote va élire celui qui va défendre ses idées pour les concrétiser..

    En réalité , l’élu obtient juste un permis de s’en foutre plein les poches et de couillonner ceux qui se sont laissé avoir par son baratin !


    • Lynwec 13 février 2022 12:30

      @wagos
      Comment ça marche ? Georges Frèche, qui ne mâchait pas ses mots disait, parait-il :
      "Donc vous faites des trucs, vous vous faites élire, 6 ans. Les 2 premières années vous devenez maximum impopulaire, vous leur tapez sur le claque bec, etc… ah salop le peuple aura t’a peau, on t’aura, moi je dis cause toujours, je vous emmerde. Ensuite 2 ans vous laissez reposer le flan, vous faites des trucs plus calmes. Et les deux dernières années, plus rien du tout, des fontaines, des fleurs, et des bonnes paroles, je vous aime, oh catalans, je vous aime, oh occitans mes frères, je vous aime, vous faites un petit institut, une merde pour propager le catalan auprès de 4 guguss, tout le monde est content, tout le monde est content, évidemment ils parlent catalan comme ça personne les comprend à 3 km de chez eux. Mais ça leur fait plaisir. Moi je men fous,"

      ------------------------------------------------------------------------------------------
      Donc, mode d’emploi en résumé : promesses aux cons-trahison-noyage de poisson-petit sprint de dernière minute pour rattraper le coup-promesses aux cons... La boucle est bouclée..


  • zygzornifle zygzornifle 14 février 2022 11:19

    Quand un politique te serre la main n’oublie pas de recompter tes doigts .....


  • zygzornifle zygzornifle 14 février 2022 11:19
    N’attendez pas la solution de vos problèmes des hommes politiques puisque ce sont eux qui en sont la cause !
    (Alain Madelin)

  • Lynwec 14 février 2022 11:29

    Une autre indication du mode de fonctionnement : quand le pion précédent est bien cramé par cinq ans de mesures impopulaires ( se faire tabasser/exploiter/empoisonner... est rarement gage de popularité), on sort en urgence les affaires (précédemment enterrées) et toute la presstituée d’y aller de ses cris d’orfraies.

    Exemple : https://www.crashdebug.fr/l-affaire-qui-peut-faire-tomber-macron-pecresse-tatiana-ventose

    Bah oui, Alstom, avant février 2022, personne ne savait rien, vous pensez...

    Puis tapis rouge pour le prochain pion jetable...


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