6.000 euros pour sauver son fils

Quelque part perdue du côté de Calais et de Boulogne-sur-Mer, à deux pas de Saint-Omer, il y a une petite commune de moins d'un millier d'habitants qui s'appelle Dohem .
Là-bas vit Peggy qui a accouché de son premier enfant, Thaïs, le 11 novembre 2010 à la maternité, dans de douloureuses conditions. Depuis son fils a des séquelles musculaires.
Coiffeuse à domicile, elle a cessé son activité pour le soigner et le conduire tous les jours chez le kiné et à l'école. Elle veut le faire opérer à Barcelone par un chirurgien réputé. Le coût : 6 000 euros. Mais elle n'a pas cette somme.
6.000 euros, ce n'est même pas 6 mois de smic.
Qu'est-ce que 6.000 euros face aux 33 milliards d’euros de CICE qui représentent le montant total des mesures de soutien aux entreprises prévues par le projet de finances pour 2016, présenté le 30 septembre à Bercy ?
3,3 à la puissance -14 Ce n'est même pas un pourcentage. C'est un pouième. C'est un chouia.
http://www.economie.gouv.fr/vous-orienter/entreprises/projet-loi-finances-2016-mesures-entreprises
Le crédit d'impôt compétitivité emploi, le CICE, est entré en vigueur le 1er janvier 2013. L'adoption de cette mesure faisait suite au rapport Gallois pour restaurer la compétitivité de nos entreprises.
C'est simple : 4 % de la masse salariale pour la partie des salaires inférieure à 2,5 fois le SMIC.
C'est un super-niche fiscale accordée aux entreprises imposables.
Elle est basée sur le postulat que le travail est trop cher et que c'est la seule variable parmi les composantes des coûts de production.
Elle a été accordée en même temps qu'on a augmenté l'impôt sur le revenu des salaires, des traitements, des retraites et des pensions, ainsi que la TVA.
Dès octobre 2014, le MEDEF se réjouissait que malgré leur faible taux de marge et leur compétitivité chancelante, les entreprises ont distribué 40,7 milliards d'euros de dividendes.
Il vaut mieux être actionnaires (rentiers) que salariés ! Une hausse de 30 % sur un an.
Par exemple, dans la région Nord-Pas-de-Calais, là où vit Peggy, 19 654 entreprises disposaient de 242,2 millions d'euros de créance de CICE en 2014, soit une moyenne de 12 320 euros par entreprise.
La société Radiall, dont le président, le très célèbre Pierre Gattaz, est aussi celui du Medef, a dû payé (en 2014) en France 202 000 euros d'impôt sur les sociétés, alors que le groupe avait réalisé un chiffre d'affaires de 235 millions d'euros et dégagé un bénéfice de près de 25 millions d'euros. L'entreprise bénéficie de 876 000 euros de créance de CICE à « épuiser » d'ici à 2017.
Pierre Gattaz lui-même s'est vu accorder 247 000 euros de dividendes, une somme supérieure à l'impôt payé par son groupe.
En termes d'emplois, le modèle du Trésor évoque 396 000 créations à l'horizon 2017.
Si 66,1 milliards d'euros de créance CICE prévus à l'horizon 2017 sont divisés par 396 000 emplois créés attendus, la charge unitaire est d'environ 167 000 euros par emploi créé ! Il s'agit non plus d'emploi aidé mais d'emploi privé sous perfusion d'argent public, et ce à fonds perdu !
http://www.economiematin.fr/news-cice-sert-verser-dividendes-marges-entreprisescritique-emploi-gattaz-radiall par Marie France Beaufils 27/10/2014
Revenons à Peggy et à son association « Un combat pour Thaïs », au 24 D rue de Maisnil 62380 Dohem, qui recherchent 6.000 euros et qui vont organiser une soirée-repas année 80 le 7 mai 2016 à Dohem à 19 h 30, sous réservation par téléphone au 06 83 94 40 24.
Si nous transmettions l'invitation à Monsieur le président du Médef, peut-être qu'il n'a pas dépensé entièrement les sommes versées directement ou indirectement au titre du CICE ?
Si nous invitions aussi les députés qui ont voté la loi sur le CICE pour qu'ils se posent la question du bien-fondé d'un dispositif qui semble enrichir les riches et appauvrir les pauvres mais qui paraît ne pas permettre un rétablissement de la santé économique de la France et inverser la courbe du chomage ?
Et peut-être que les députés aiment la musique des années 80 ?
Page Facebook : Le combat pour Thaïs.