A en manger sa cravate (épisode 3)
En entrant comme ils l’ont fait dans le pays, comme on vous l’a dit, ç’est à dire à toute vitesse, les Russes vont faire des découvertes. Et pas des moindres, car il semble bien qu’ils avaient déjà une idée derrière la tête en fonçant sur certains objectifs précis. L’une des plus intéressantes, sans nul doute, est la capture de six 9A33 OSA "Gecko". Un engin assez incroyable : imaginez une station radar amphibie à partir d’un châssis de Zil-157, le camion le plus répandu en ex URSS, et lui-même souvent vecteur de batterie Grad, cette fois muni d’une batterie de missiles anti-aériens et d’un radar de tir. Drôle d’engin... qui n’avait pas été répertorié dans l’inventaire de Jane’s du matériel de l’armée géorgienne. En 1999, l’engin avait été crédité de meilleur chasseur d’avions volant bas, à 25 m, mais capable aussi d’en repérer jusqu’à 5 000 m d’alititude. Les engins proviendraient.. d’Ukraine, selon Jane’s, et auraient été achetés à la hâte assez récemment, dans la crainte de représailles aériennes russes à une offensive georgienne. Leur découverte est une (demi) surprise et provoque le 13 août la fureur (légitime) de Moscou : "Il y a pratiquement une semaine, un grand convoi d’aide humanitaire russe est parti pour l’Ukraine. Lorsque nous apprenons que l’Ukraine octroie de l’aide militaire pour l’extermination des citoyens russes, on a du mal à comprendre", a indiqué le ministre russe lors d’un duplex Moscou-Vladikavkaz".
L’Ukraine orange, grande alliée des américains, à joué un terrible double jeu que Moscou se complaît à rappeler. Tout en étant elle-même cliente de l’Ukraine, notamment pour ses missiles (L’Ukraine fabriquait des missiles balistiques pour l’URSS). Des S-200 ou S-300 notamment, redoutablement efficaces, même quand ils se trompent de cible... la Russie en sait quelque chose. Vous allez me dire mais ça ne sert à rien aux russes, de récupérer un matériel qui provient au départ de leur usines (au temps où l’Ukraine était russe) ? Et bien si, car ce n’est pas exactement ça. Les modèles récupérés sont des S8, modèles modifiés récemment en Ukraine, autre nouvel ami des américains, qui présentent deux innovations importantes. Celle d’avoir des missiles plus petits et plus efficaces enfermés désormais dans un caisson, et surtout d’être munis d’un détecteur et d’une antenne IFF travaillant entre 1030 et 1090 mhz. Un détecteur IFF est un détecteur d’Identification, Friend or Foe (IFF), à savoir un système crypté pour savoir si l’avion qui approche est ami ou ennemi. Vous suivez toujours ? Dans ce cas vous avez déjà compris : les OSA Georgiens sortaient tout juste de grandes manœuvres le 17 juillet dernier, au nom assez prémonitoire (à rebours) "Immediate Response 2008" avec... les Etats-Unis, la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et l’Arménie... et la présence d’avions américains dans le ciel géorgien. Un exercice tenu à la base Vaziani, ancienne base russe, près de Tbilisi, ayant coûté la bagatelle de 8 millions de dollars. Une base où avait été pris en photo le 23 avril 2005 le précédent ministre de la défense, Irakly Okruashvili, suspecté depuis d’avoir ourdi un complot contre Saakashvili en l’accusant d’avoir fait éliminer physiquement des opposants. Le système IFF des OSA devait encore contenir les directives pour reconnaître les avions US et ne pas leur tirer dessus. Imaginez maintenant que cela tombe aux mains des russes. C’est inespéré, et c’est très certainement ce qui s’est produit. Même si on a effacé à la hâte des données des mémoires des ordinateurs de tir, on peut faire confiance aux Russes pour décrypter ce qu’il voudront retrouver. La perte de six OSA est une catastrophe pour... les américains : désormais, on connaît leurs gammes de fréquences d’approches "amies". Leurs avions sont désormais détectables et "brouillables" surtout . C’est catastrophique pour eux. Pendant que se tient l’exercice, et depuis trois ans au moins, sur une autre base, on démantèle de vieux stocks russes. C’est à Ponichala, qui a bénéficié comme Vaziani d’une aide de 478 000 euros financés par l’Otan pour démantibuler les vieux missiles, dans lesquels ont trouve de tout. Vraiment de tout. Du sol-air... à l’air-sol... consciencieusement enfermés dans des cylindres d’acier, sous gaz neutre souvent, et démontés pièces par pièces avec moult précautions ou parfois moins. Une véritable aubaine aussi pour les amateurs de pièces détachées. Et à Ponichala, en 2005, on découvrait encore autre chose... sur la fameuse route de la soie, on trouve aussi de la poudre blanche et non seulement de la noire.
Une mésaventure, cette découverte de fréquences, qui rappelle d’autres événements historiques du même acabit. En 1973, lors de la guerre du Kippour, celle-ci avait fort mal démarré pour les avions israëliens qui perdirent 105 avions sur 488 à cause des missiles SAM 6 nouvellement installés. Et de leur nouvelle fréquence de guidage de départ, qui avait été relevée par rapport aux autres missiles précédents. Les américains et les israëliens n’en connaissaient que 4 sur 6 de fréquences, les égyptiens n’ayant utilisé la plupart du temps que les 2 nouvelles, une en "G" à basse altitude et une en "H" à haute altitude. Les radars de Panthom israëliens ne pouvaient plus les détecter, ou du moins arriver à les brouiller, leurs fréquences étant trop hautes. La maîtrise des fréquences de l’adversaire est primordiale, et le gouvernement inepte de Georgie vient d’en faire cadeau à l’URSS. En 1973, Les israëliens on dû bricoler des lances-leurres type papier chocolat comme au bon vieux temps de la seconde guerre mondiale pour s’en sortir, puis des leurres plus sophistiqués pour feinter les auto-directeurs à infra-rouge, le SAM6 sachant en phase finale d’attaque se verrouiller seul sur les émissions de chaleur de l’adversaire.
Mais l’OSA avait aussi défrayé la chronique d’une toute autre manière... le 10 août dernier en israël encore... avec l’assassinat du chef des armées syriennes, l’omniprésent Brigadier-General Mohammed Suleiman, accusé d’avoir donné au Hezbollah justement, une batterie de SA-8. L’homme, en réponse, avait été tué de quatre balles dans la tête à partir d’une vedette rapide évoluant près de la côte : la signature évidente des services secrets israëliens. L’OSA représente bien un terrible danger pour Israël et ses F-16. Détenteurs d’une batterie de missiles... et des codes d’identification amis-ennemis américains, désormais, à défaut d’être israëliens, à moins que les israëliens d’Elbit se soit mis en tête aussi d’intervenir sur la batterie.. géorgienne ! On le voit, la perte des six OSA aux codes américains est une DOUBLE catastrophe, une pour les Etats-Unis et aussi une pour israël. Saakashvili n’a absolument pas pesé la portée de son acte insensé. Il peut bien en dévorer sa cravate. Et Poutine s’en offrir une nouvelle : l’expédition ratée de Tchétchénie est oubliée.
Vous vous souvenez du super article de Charles Bwele ici à propos du raid des israëliens sur une infrastructure syrienne décrite comme étant un réacteur nucléaire ? Les avions de Tsahal avaient réussi à leurrer les nouveaux lance-misslles Thor récemment installés, les mêmes que ceux achetés par l’Iran. Le Thor n’est qu’une amélioration du principe de l’OSA. Les iraniens peuvent aujourd’hui ne plus craindre l’arrivée des F-16 israëliens : leurs Thor reconfigurés, qui savent tout désormais des chasseurs ennemis, ne se feront plus berner ni brouiller, et en revanche pointeront facilement sur les F-16 aux étoiles à six branches. La capture des OSA rend une attaque iranienne beaucoup plus complexe pour israël comme pour les USA. La capture de tels appareils est donc bien une véritable aubaine pour les russes. Et un revers monumental pour Saakashvili. Un bloggeur peut bien écrire : "En fait, le cessez-le-feu n’est réellement intervenu qu’une fois que les Russes ont atteint leurs objectifs politiques et militaires, laissant au bouillant Mikheïl une Géorgie plus affaiblie que jamais, renforçant leurs pions abkhazes et ossètes, galvanisant l’opinion publique russe autour de la défense des « frères ossètes massacrés » et exaltant un nationalisme victorieux qui efface le syndrome tchétchène". La bourde présidentielle ne fait déjà plus recette. Le grand perdant, c’est bien lui. Et la grande gagnante peut être bien déjà sa grande rivale Nino Bourdjanadzé.
Mais une guerre, ça se prépare autrement qu’avec du matériel militaire. Il faut aussi marquer les esprits. Rien de tel qu’une belle histoire d’agression de l’adversaire pour embarquer l’opinion encore réticente ("Ils nous ont attaqué, ripostons !"). Les Géorgiens s’y sont appliqués pendant ces derniers mois avec force exemples. Tout commence avec des débris de missiles. En 2007, il y a un an jour pour jour avant l’offensive à Tsitelubani, en Georgie, dans le district de Gori, près de la frontière Ossète, tombe un énorme missile. Pour les géorgiens, c’est sûr, le missile est un Raduga russe Kh-58 ARM. Au vu de la forme des dérives restantes, ça semble exact. C’est un des rares a avoir pareille configuration avec ailes fixées au milieu du corps. L’engin long de 4,80m, est un gros missile anti-radar de 640kg. Emoi de la communauté internationale : le missile serait russe. Des marquages l’attesteraient. Des marques bien visibles qui révèlent aussi une date : 1992. Automatiquement, la Georgie insiste sur le missile est l’avion largeur : ce serait un Fencer Su-24, susceptible de pouvoir larguer pareil engin. On est un peu surpris, même si dans les faits le SU-24 a déjà été présenté comme étant capable de le faire. Ainsi d’ailleurs que le Mig 25BM chez les russes. Mais on comprend vite pourquoi cette insistance et cette proposition : dans l’arsenal géorgien, point de Fencer. C’est donc bien un missile russe, obligatoirement, qui a été largué d’avion, qui a donc dû violer l’espace aérien géorgien ! Seulement voilà. Un simple Frogfoot Su-25, que possède bien la Georgie peut aussi en larguer (sans savoir ensuite le guider, à moins de s’équiper d’un pod de de suivi ce qui est aussi possible). Ou mieux encore : le 17 juillet, un article de l’AFI Research Complimentary Intelligence Briefing annonce la présence sur le sol Georgien de plusieurs SU-24, restés plutôt discrets à dessein. "Unconfirmed presence of 5 Su-17, 4 Su-24, 12 MiG-25, 18 MiG-21 and numerous Su-25 airframes at the TAM Tbilisi Aerospace Manufacturing (Tbilaviamsheni” former Soviet GAZ-31 factory), though at least one MiG-21UM was in flying condition. However this facility which produces the upgraded Su-25 Ground Attack fighter with technical support from Israel was heavily bombed on several occasions during the conflict and significant damage resulted)". Des SU-24 Fencer et des MiG25BM : les deux vecteurs possibles de lancement du Raduga !
Et ce n’est pas tout. Sur le site de la firme TAM, on note un texte du 28 Novembre 2007, où l’on annonce que "TAM-Tbilisi Aircraft Manufacturing and Israel Aerospace Industries Ltd (IAI) are in process of negotiation to establish a strategic alliance, in order to actively involve two companies in a wide variety of projects around the world in military aviation projects as well as civil aviation projects". Tous les Su-25 qui sortent de la TAM Tbilisi Aerospace Manufacturing sont en effet aux nouvelles normes Su25K "Scorpion", équipés par Elbit. Et là où ça devient intéressant, c’est quand on apprend que cette version intéresse depuis longtemps... l’Iran : "last year (en 2006) two of these Su-25Ks entered service with the Islamic Revolutionary Guards Corps Air Force (IRGCAF), after having been refurbished with help from Georgian technicians." La Géorgie aurait bien vendu deux Su-25 aux iraniens, équipés de matériel israëlien !!! Voilà qui remet pas mal d’idées reçues en place ! Et comme on ne vous prive de rien, on vous les a retrouvés, ces fameux SU-25 des Pasdaran en plein détroit d’Ormuz en train de provoquer la presse occidentale et américaine ! D’après certains clichés, bien plus que deux auraient été vendus.... Sachant que le Su-25 est considéré comme le Thunderbolt russe, possède un redoutable bitube à l’avant et représente un vrai camion à bombes, la menace est sérieuse. La Géorgie a besoin de liquidités pour acheter des armes, et la TAM-Tbilisi Aircraft Manufacturing de Pantiko Tordia, ce grand ami de Shevardnadze, a marché à fond ses dernières années pour lui obtenir avec ses hangars ne produisant que du Su-25... Israël, si prompt à dénoncer l’armement Iranien comme un danger pour son pays... est bien fournisseur d’armes des iraniens, via la société géorgienne TAM et Elbit, son fournisseur ! Il y a des jours, sans doute où l’intérêt financier prime sur l’intérêt d’état. On voit mal l’état d’Israël reprocher au maire de Tel-Aviv Roni Milo une collusion effective avec l’ennemi juré du moment. Et pourtant... c’est bien le cas. On peut aussi ajouter, comme l’affirme le Jerusalem Post, que la Croatie aurait vendu ses stocks russes de....missiles S-300, disposés depuis autour des sites nucléaires..."By September 2006, no fewer than 26 anti-aircraft missile batteries had been placed around the centrifuge installation at Natanz....". Des missiles qui ne se feront plus leurrer grâce aux codes saisis et à leur reprogrammation, comme ceux de l’article de Charles Bwele déjà cité... l’attaque de l’Iran est désormais fort difficile, voire impossible à réaliser. Ou en tous cas, avec d’énormes risques.
Et au sol, notre fameux engin réduit en miettes à l’impact mais sans avoir totalement explosé (son cône de plastique est intact !) est manipulé très rapidement, à en croire qu’il n’avait pas de tête explosive réelle : elle est pourtant effectivement présente et manipulée devant les caméras... alors que lors d’un démantèlement, on l’a vu, on prend bien davantage de précautions. Mais il y a mieux encore, car les deux stations radar 36D6-M, ou système de détection passive ukrainien « Kolchuga » toutes neuves, dont la première soi-disant visée par le raid russe n’auraient gardé aucune trace de l’action sur leurs écrans. Ces radars sont pourtant remarquables : passifs, il sont indétectables par les avions... et les missiles, et en revanche voient tout dans un rayon de 800 km. Le radar anti Awacs en lui-même est toute une histoire. Ce qu’il y a d’amusant, c’est que ce même radar aurait été vendu en 2000 à l’Irak de Saddam par l’Ukraine selon les américains, qui avaient alors émis une vive protestation de leur part au président Ukrainien ... sans jamais en trouver un seul sur place une fois le pays envahi. Encore une WMD de plus ? Les USA avaient alors baissé l’aide américaine attribuée directement au gouvernement ukrainien de 30 millions de dollars. Histoire de gagner quelques dollars, sans doute... l’histoire avait recommencé pareil en 2006, avec cette fois l’Iran comme point de mire.... et avec un démenti ukrainien similaire... décidément le Kolchuga focalise toutes les revendications américaines chez les autres pays... alors qu’ils l’ont visiblement laissé s’installer... en Géorgie.
On ne comprend donc pas comment un missile chargé de s’accrocher à une fréquence radar pour le faire exploser peut viser un radar indétectable qui n’émet pas. Et en même temps le rater sans que ce dernier ne soit capable, bien que le plus performant au monde, de donner le type d’appareil l’ayant largué ! L’engin, par les traces laissées au sol, semble bien avoir été tiré, sa charge propulsive ayant été mise en route. Ne reste que deux solutions possibles : un tir/largage par erreur d’un avion (mais pas nécessairement russe non plus, vu que le radar n’a pas de traces) soit... une mise en scène complète. Ce dont on se doute. Un général et un spécialiste russes, appelés par une commission indépendante, ne se font pas prier pour rappeler que de pareils missiles traînent partout en Géorgie : "When the missile could have appeared. During Soviet times several air force units were based on Georgian soil. Two of them directly had this type of weapon in service. At these airfields there were depots with air armament, storing more than a hundred of this kind of missiles. In addition, a central depot sat on Georgian soil. There were cargoes an ammunition stored in it, including it’s hard to say - more than a thousand such missiles All of this was there until December 1992. Thus, the missile could have been from Soviet stockpiles, or have got into Georgia some other way." Revoilà le contenu de nos fameux containers et les effrayants dépôts du temps de la guerre froide ! sans oublier... Ponichala et son dépôt de "déstockage de l’Otan " auquel on songe tout de suite, à avoir vu la science du démontage des géorgiens ! Ou également notre si étonnant vendeur d’armes Leonid (Efimovich) Minin, qui puisait allègrement dans le stock de Ponichala ! Un autre, plus observateur, fait remarquer qu’il manque les 2/3 du missile alors que sa tête n’a pas explosé "To which the Georgian side began saying that the separation could have occurred from the blast. But upon closer study of the seam it is clearly and distinctly visible that the section was cut off using mechanisms for cutting metals and did not separate due to the blast. That is this section had earlier, very long ago been separated from an X-58 missile. The more detailed study of this cut showed the presence of much corrosion and rust, which on the high-alloy steels of which these missile parts are made do not arise at once. Too little time had passed." Et termine en enfonçant le clou : "One of the photographs of the Georgian side shows a fragment of a device the inscription on which is executed in a foreign language. According to the Georgian side’s statement, the missile was made in 1991-1992. But, under the legislation of the USSR and the Russian Federation, mounting foreign, imported units on Defense Ministry air attack weapons is prohibited". Selon les russes, il y a manifestement mise en scène : lancer en 2008 un engin datant de 16 ans d’âge, sachant qu’il fonctionne à carburant solide, qui peut se détériorer avec le temps, même bien conditionné, est prendre un risque insensé. Surtout que dans l’inventaire de l’arsenal russe, les missiles anti-radars récents ne manquent pas. Le Kh-31P (vendu à la Chine) est un exemple. Le missile développé en Ukraine par Motor Sich un autre. Mais il y a mieux encore.
La réponse de la Georgie est plus surprenante en effet. La Géorgie conclut ainsi à la suite de l’incident : "while a Russian air attack is no doubt more likely than an assault by land, Georgia must be prepared for more, greater and different forms of intimidation. These include, but are not limited to, special forces actions in the conflict zones, environmental attacks, quest or economic control of strategic assets, or cyber warfare". Le pays passe d’une menace aérienne à une menace terrestre en un coup de baguette magique assez extraordinaire, le missile devient un appareil détruisant l’environnement, et devient surtout une excuse pour renforcer sur place son potentiel d’armée terrestre. Ce qui serait presque l’aveu d’une belle mise en scène. Un an pile avant, on prépare déjà l’opinion à une invasion russe. Avec force rubans de plastique déployés devant les caméras georgiennes façon enquête des séries policières américaines et des "spécialistes" de l’environnement habillées de blanc... qui manipulent à mains nues le débris accusés de contenir des produits toxiques. A Ponichala, on y était allé avec davantage de précautions, à croire que le missile en provenait directement... une fois vidé. Ponichala n’est qu’à quelques kilomètres de Tbilissi, et on vient juste de refaire les routes... Pour se retrouver en la présence d’un missile retrouvé par miracle non loin de là, dans un endroit qui semble avoir passablement été excavé. Préparer une riposte, donc. Quitte à la provoquer. "La guerre de Saakashvili, d’une façon effective et ouverte à partir du 7 août et, bien entendu, au-delà du 12 août, a été une guerre de propagande à destination des médias", note le vigilant Dedefensa.org. Nous dirons qu’elle a commencé bien avant. Depuis 2004, même. Quatre années à préparer la guerre, en armement et en paroles.
Et avant de la provoquer, de continuer à prêter à Israël ce qu’il souhaite. A savoir des aérodromes de repli ou de rechange en cas d’agression vers l’Iran. Un site réputé, Space War, nous en fait part, à notre grand étonnement. En annonçant tout de go entre deux phrases les accords secrets passés entre les deux pays : "In a secret agreement between Israel and Georgia, two military airfields in southern Georgia had been earmarked for the use of Israeli fighter-bombers in the event of pre-emptive attacks against Iranian nuclear installations. This would sharply reduce the distance Israeli fighter-bombers would have to fly to hit targets in Iran. And to reach Georgian airstrips, the Israeli air force would fly over Turkey". L’annonce sonne comme un coup de tonnerre. Ce qui était prévu, c’était donc ça ! Et non pas l’attaque sur un coup de tête des provinces alliées aux russes ! Les israëliens peuvent aujourd’hui maudire Saakashvili : il vient de leur rendre la tâche deux fois plus dure. Avec son impétuosité, l’Iran vient de se trouver un allié inattendu. Nous verrons dans l’épisode prochain que les radars ne sont pas les seuls engins compromettants saisis dans ce fiasco d’attaque géorgienne. Les russes ont fait main basse sur d’autres choses encore, toutes aussi vitales pour les américains.