mercredi 11 septembre 2013 - par Fabienm

A la découverte du RH

Séparé des Renseignements Généraux par une seule petite lettre, ce n'est pas l'amour des fiches nominatives qui les séparera. Quoi que dans le cas du RH, on parlera plutôt d'étiquette. Ce n'est pas, en effet, la moindre des qualités du RH de pouvoir sortir à tout instant, et en général tout à fait hors-à-propos, des éléments de votre passé professionnel (ou pas) que vous espériez tombés aux oubliettes de l’histoire.

« Je n’ai rien contre l’humanité en général, ce sont les gens en particulier qui me font chier ».

JP Desproges.

 

 

Le parcours du combattu

A chaque fois que j’ai rendez-vous avec un RH, la question qui m’assaille est « Mais comment fait-on pour devenir RH ? » (j’avoue parfois même utiliser plutôt le terme « finir », car sortir d’une telle ornière ne me semble pas des plus aisé). Sur la base de quelles compétences supposées est on recruté dans un service RH ? Ou alors est-ce une sorte de poubelle destinée aux cadres en fin de carrière ? A noter que dans cette éventualité, il semblerait que la carrière de certains finisse manifestement tôt.

En tout cas, il paraît que le ‘H’, c’est pour humain, et le ‘R’ pour designer les ressources de l’entreprise. Vaste programme.

A noter que le ratio du nombre de RH par employé est un bon indicateur de la façon dont votre entreprise considère ses ressources, un peu à l’instar du nombre de médecins par habitant qui nous permet de savoir que l’on aimerait bien que les gens de la Creuse crèvent la gueule ouverte. En dessous d’un certain seuil, il est clair qu’on a ni le temps ni les moyens de gérer des ressources, mais qu’on gère plutôt des besoins : « Ha zut, un Directeur a démissionné, qui je vais pouvoir proposer pour le remplacer ? ». J’ai un problème, comment mon « pool » de connaissances peut y répondre ? Autrement dit, plutôt que de chercher à développer les carrières des gens – ce que le ‘RH’ n’a physiquement pas le temps de faire (sans parler de l’envie) –, comment je vais boucher les trous dans l’organigramme à partir de ce que je sais ? Difficile dans ces conditions de traiter autrement ce genre de problème que par des réseaux de copinage et de cooptation, le réseau parallèle se mettant en place plus facilement que le réseau structuré, faute de temps (la nature ayant horreur du vide, les gens vont vite se mettre à se parler pour trouver des solutions de recrutement lorsque les RH auront déserté cette fonction et donc à fonctionner sans ces fauteurs de trouble).

Mon premier est un connard, mon deuxième est incompétent, mon tout est…

Ceci étant posé, analysons l’animal RH. Peu enclin à l’optimisme (pour cela il faudrait qu’il puisse quelque chose pour vous), le RH est souvent oiseau de mauvais augure. Ainsi, alors que vous pensiez bêtement que la diversité de votre expérience était un plus dans un monde en constante évolution, il y détectera une forme d'inconstance, voire la caractéristique de quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il veut. Si par mégarde, vous êtes resté plusieurs années dans la même branche, vous vous serez « enfermés ». Le RH fonctionne avec ces étiquettes qu’il vous colle dans le dos, sans trop savoir en général de quoi il parle. Si par malheur, vous commencez à parler de choses concrètes, du « métier », alors il vous expliquera que votre CV est de toute manière très mal rédigé (ou alors que vous êtes mal coiffé).

Le RH n’a-t-il vraiment aucune compétence ?

Il est vrai que j’ai été un poil méchant. Il a une ou deux compétences. Ainsi, il a une capacité à faire semblant de travailler tout à fait exceptionnelle. Il sait aussi reconnaître un costume de grande marque à 1,50 mètre (la distance qui vous sépare de lui en entretien). Il a enfin une capacité à trouver des raisons de ne pas augmenter les gens qui force le respect. Il n’existe d’ailleurs qu’un contrefeu possible pour contrer une tentative de non augmentation : dire au RH « si tu ne m’augmentes pas, je dis à tout le monde que tu m’as augmenté ».

Dans quels cas doit-on, malgré tout, « passer par lui » ?

Malheureusement, c’est un fait, le RH ne peut rien pour vous, mais il peut vous causer du tort. Imaginons par exemple que vous ayez trouvé par piston (cela va sans dire) une nouvelle affectation. Aïe, le RH veut vous voir. Il est fort probable qu’il va alors essayer de vous mettre des bâtons dans les roues. Non seulement, cela lui permet d’exister, mais surtout cela lui permet de valider l’hypothèse selon laquelle rien ne peut se faire sans lui, tout doit passer par lui. Sans aucun doute, il arrivera alors à pointer une faille dans ce transfert en devenir. Par exemple, la personne que vous êtes censé remplacer est brillante, et donc cela risque d’être difficile (traduction : « Il a fait une meilleure école que vous »). Ou alors, vous demandez beaucoup quand même (traduction : « Tu sais où tu peux te la mettre ta prime de rideau ? »). Etc., etc. Le but n’est pas de vous aider, mais bien de vous faire comprendre qu’il y a des règles ici. Et la plus importante est : « Je ne peux rien vous, mais rien ne peut se faire sans moi ».

La reproduction du modèle

Comme la plupart de ses compatriotes incompétents, le RH ne perdure dans l’entreprise que parce qu’il applique bêtement les consignes de la Direction et qu’il ne fait pas de vagues (et aussi qu’il ne dénonce pas les autres incompétents). En reproduisant le modèle qui l’a vu naître, il s’y intègre parfaitement et fait partie de la grande famille des gens qui polluent l’entreprise sans rien lui apporter. En étant totalement inutile, il remplit ainsi parfaitement son rôle.

L’évolution de la société veut, de plus, qu’on ne recrute plus de collaborateurs (qui ne sont de toute manière que des « charges » et ajoute du travail au RH qui n’a même plus le temps de licencier), l’évolution ultime est donc d’embaucher des stagiaires RH… pour recruter d’autres stagiaires, afin de combler les manques de personnel de l’entreprise.

Les vrais RH peuvent ainsi se focaliser sur les problématiques à forte valeur ajoutée, comme les plans sociaux ou les licenciements pour faute grave, perpétuant ainsi le cycle éternel de précarisation de la société.

La boucle est alors bouclée.

Je vous laisse, j’ai un entretien d’évaluation.

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