mercredi 24 juillet 2019 - par Paul ORIOL

A propos du choc des civilisations

La chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS, bonne nouvelle, triomphe du monde de l’Ouest, vu de l’Ouest… paix universelle, éternelle…..
Certains pensaient que l’histoire s'achèverait le jour où un consensus sur la démocratie libérale et le marché mettrait fin aux conflits : fin des idéologies, fin de l’histoire, fin des conflits…

 

La chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS, bonne nouvelle, triomphe du monde de l’Ouest, vu de l’Ouest… paix universelle, éternelle…..
Certains pensaient que l’histoire s'achèverait le jour où un consensus sur la démocratie libérale et le marché mettrait fin aux conflits : fin des idéologies, fin de l’histoire, fin des conflits…

C’était, à la fois, présomptueux, de croire à la victoire définitive de la démocratie libérale et du marché, et illusoire, de croire que la fin de du bloc soviétique et de quelques dictatures était la fin des dictatures. D’autres avaient essayé d’organiser, avec des moyens relativement puissants, au-delà d’une prédiction littéraire, une paix générale avec la Société des nations (SDN) après la Première guerre mondiale et l’Organisation des nations unies (ONU) après la Seconde (la deuxième ?)… Sans grand succès.

 

Vingt années de paix après la première guerre mondiale ? Soixante et dix après la seconde  ? Périodes de paix, en réalité de non guerre directe entre les grandes puissances occidentales et sous la menace permanente d’un affrontement entre celles-ci regroupées autour des États-Unis et l’Union soviétique et ses alliés ! C’était oublier facilement la continuité des multiples conflits armés, peut-être exotiques ou locaux pour ceux qui les dirigeaient ou en profitaient mais non pour ceux qui les subissaient : guerres civiles ou guérillas internes, conquêtes coloniales puis luttes armées anticoloniales, conflits frontaliers, interventions extérieures de grandes puissances. Il suffit de taper guerres ou conflits au 20ème siècle sur un moteur de recherche pour en trouver une longue liste sur wikipedia, inachevée...

L’Union soviétique, empire du mal, selon Ronald Reagan, à peine disparu, voici le grand Satan, l’islam, et le choc des civilisations promus nouvelles sources des conflits. Cette fois, l’Occident choisit l’islam comme sujet principal d’affrontement. Reléguant au second plan - pour le moment ? - la Chine ou d’autres réalités sociales, économiques ou politiques, tout aussi conflictuelles..

Les deux derniers conflits mondiaux ont été déclenchées par des puissances européennes. Il n’est pas sûr qu’elles puissent avoir un tel rôle néfaste à l’avenir. Désignant l’islam comme ennemi principal, sous différentes formes comme les talibans, El Qaïda, État islamique, Iran,… les États-Unis prennent une option pour un possible relais…

Certains États européens s’engagent et veulent entraîner l’Union européenne dans ce changement de perspective.

Hier, sous la tutelle des États-Unis et face à l’Union soviétique, des États européens, à 6, à 9, à 12… ont essayé de s’unir pour éviter de nouveaux conflits entre eux, homogénéiser leur situation économico-sociale et constituer une puissance relative face à l’URSS.
Cette union a, aux yeux de certains, le grand mérite d’avoir assuré plus d’un demi-siècle de paix. Paix en Europe due probablement plus à l’équilibre de la terreur entre les États-Unis d’Amériques (ÉUA) et l’URSS. Mais non à l’extérieur avec les guerres dans lesquelles la France a pris une large part de l’Indochine (1946-54) à l’Algérie (1954-62) ou le Portugal en Angola (1961-75), en Guinée (1953-74) ou au Mozambique (1964-75)… Tout en constatant que l’expédition franco-israélo-britannique lors de la nationalisation du canal de Suez (1956-57) a été interrompue sous la pression internationale (ÉUA, URSS) et non des pays européens. Et actuellement, l’intervention des États européens, la France surtout, au Sahel… Sans oublier les petits conflits locaux en Europe : Slovénie (1991), Croatie (1991-93) Yougoslavie (1991-2001), Bosnie (1992-95), Kosovo (1998-99) et la malheureuse initiative franco-britannique en Libye (2011)...

Emboîtant le pas des États-Unis, un certain nombre d’Européens veulent aujourd’hui construire une Europe non plus au nom de la paix (face à l’Union soviétique) mais au nom de la civilisation européenne (face au monde musulman). Comme pour construire l’unité nationale, rien de mieux que de trouver un ennemi extérieur commun pour tenter de réaliser une unité européenne et surtout la difficile Union européenne, tout en lui donnant une nouvelle orientation interne.

Dans le cadre de l’affrontement avec l’URSS, il fallait valoriser la démocratie par opposition à la dictature soviétique et la social démocratie pour que les travailleurs ne rejoignent pas en masse les puissants partis communistes. Le danger communiste passé, il est possible d’assumer la nature austéritaire du capitalisme : austérité et autoritarisme. Le président Macron en est l’incarnation évidente actuellement : contre-réforme économico-sociale, le parti communiste a disparu, la gauche n’est pas dangereuse, répression plus qu’énergique, satisfaisante pour la droite...

L’affrontement avec l’islam comme religion, l’Islam comme civilisation, souvent difficiles à différencier dans les discours implique de redéfinir l’Europe. Non plus comme un État ou un ensemble d’États, démocratiques face à un ou des États non-démocratiques, menaçants, comme l’Union soviétique hier mais la civilisation européenne qui n’est plus obligatoirement démocratique, comme la démocratie illibérale de Viktor Orbán, mais identitaire, blanche, chrétienne. Et même judéo-chrétienne, depuis peu. Face au monde arabo-musulman, ce qui peut justifier la recherche d’une alliance avec Israël, de certains partis ou États antisémites. Et promouvoir une politique commune contre l’immigration souvent colorée, d’origine africaine ou asiatique et, parfois aussi, musulmane.

Avec une touche de souverainisme national identitaire, qui permet, aujourd’hui des alliances au sein de l’Union européenne mais qui peuvent devenir des facteurs de désunion et d’affrontement nationalistes.

 

Face à la première conception de l’Europe, capitaliste et pro-atlantique, la gauche a opposé sa volonté d’une autre Europe, sociale ou même socialiste, neutraliste, dénonçant, tout en en bénéficiant, le parapluie nucléaire étasunien.

Face au choc des civilisations, une certaine gauche part d’un vieux principe : si la droite dit le Royaume-Uni est une île, la gauche doit affirmer le Royaume-Uni n’est pas une île. Plutôt que réfléchir à la situation concrète et à construire un pont... Comme la droite parle de choc ou de guerre de civilisations, pour eux, il n’y a pas de choc ou de guerre de civilisations.
Les Indiens des Amériques ne doivent pas être absolument d’accord. Qui ont été quasiment exterminés, physiquement ou culturellement. De même que tous les peuples colonisés...

 

Une autre façon de contester le choc des civilisations est de montrer, surtout en parlant des pays musulmans, qu’il n’existe pas un monde musulman, que les musulmans sont très divisés. Les musulmans ne sont pas, majoritairement, arabes, sont divisés en multiples courants, sunnisme, chiisme, kharidjisme, avec, en plus, une division en nations, pour certains plus opérationnelles que les précédentes. Par ailleurs, dans des études par sondages, on peut montrer que ce qui préoccupe les musulmans en général n’est pas d’affronter, d’envahir, de conquérir, de convertir les non musulmans.
Tout ceci ne semble pas contestable.

On peut soutenir, exactement la même chose pour les Occidentaux. Le monde chrétien est tout aussi divisé : tous les chrétiens ne sont pas blancs, ne sont pas européens, il existe de multiples courants, catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans…, sans compter ceux, de plus en plus nombreux qui se disent sans religion, et aussi une division en nations… Et il ne fait pas de doute que les préoccupations fondamentales de la majorité des peuples occidentaux n’est pas, n’a jamais été d’aller convertir, coloniser… le reste du monde.

Malheureusement, les peuples ont été entraînés, hier, et peuvent être entraînés demain, à participer, de gré ou de force, à des entreprises que la majorité désapprouvait ou désapprouve.

 

A propos du choc des civilisations
A propos du choc des civilisations

Pour éviter le renouvellement d’affrontements meurtriers, il est utile de démonter l’hétérogénéité des uns et des autres, de montrer la diversité d’intérêts au sein de ces grandes masses prétendument homogènes et de dénoncer pourquoi certains poussent d’autres à entre-tuer...
Mais cela ne suffit pas. Il faut combattre les va-t-en guerre des deux côté qui instrumentalisent le choc des civilisations, établir des ponts entre les deux camps,, dont l’intérêt bien compris n’est pas l’affrontement mais le dialogue et l’échange.

 

La bataille n’oppose pas religion musulmane/civilisation musulmane et religion chrétienne/civilisation chrétienne ou occidentale. Malgré une longue histoire de conflits. Mais ceux qui, dans chaque camp, défendent les valeurs universelles de justice, de démocratie, d’égalité et ceux qui, dans chaque camp, essaient d’utiliser les différences pour pérenniser leur pouvoir, leur domination. La liste est longue des peuples qui se sont levés dans les deux camps pour plus de liberté, d’égalité, de démocratie. Qui ont trouvé en face d’eux leurs maîtres traditionnels qui avaient le soutien politique, économique, financier, militaire des maîtres du camp adverse.

A propos du choc des civilisations

Le choc de civilisations basées sur des religions n’est que la formulation nouvelle de chocs identitaires qui ont toujours existé à des échelles différentes et souvent à la base de conflits violents : nations, régions (petites nations), obédiences religieuses (hier catholiques et protestants ci, là, sunnites et chiites aujourd’hui) et qu’on peut même retrouver à l’intérieur des sociétés actuelles, lutte des communautés….

Faut-il théoriser, amplifier ces luttes ?

A propos du choc des civilisations
A propos du choc des civilisations


8 réactions


  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 24 juillet 2019 08:32

    Les penseurs messianiques des années 1990 ont cru à une fin de l’histoire", parce qu’ils croyaient qu’enfin leur rêve s’était réalisé : la fin de la philosophie et la mort de l’esprit critique, l’avènement du grand tout qui allait figer pour l’éternité les positions des uns et des autres, géographiquement et socialement.

    Or, c’est la théorie de « la fin des idéologies » qui nourrit celle de "la fin de l’histoire", et elle est elle-même idéologique.


  • Salade75 24 juillet 2019 13:18

    Bonjour,

    "La bataille n’oppose pas religion musulmane/civilisation musulmane et religion chrétienne/civilisation chrétienne ou occidentale."

    Effectivement, elle oppose, au moins chez nous, des républicains laïques à une religion musulmane qui est politique.

    Les combattants musulmans et leurs soutiens veulent en faire une guerre de religion, ce que ce n’est absolument pas.

    De même, les adeptes du Burkini qui se réclament de Rosa Parks, comme dans l’article les enfants que l’on instrumentalise pour citer du Luther King, dévoient totalement le message initial de ces 2 là, qui doivent se retourner dans leur tombe.

    Eux qui luttaient pour être comme les autres servent aujourd’hui d’alibi à ceux qui veulent être différents.


    • Pascal L 24 juillet 2019 14:30

      @Salade75
      Tout à fait. pour les Musulmans, l’islam est « dīn, dunyâ, daoula » ce qui signifie croyance, société et Etat. Bien que des Musulmans dits « modérés » essaient d’appuyer sur le volet religion, ils ne peuvent s’empêcher de penser que l’islam l’emportera à la fin des temps, ce qui est du domaine politique. Le volet religieux est souvent bien plus proche d’une superstition que d’une spiritualité et l’essentiel du discours Musulmans se concentre sur les volets société ou politique (la charia et le califat). Les salafistes comme les Frères Musulmans ont bien une ambition politique de prise de pouvoir en occident et utilisent une technique de grignotage pour avancer. Le Burkini, par exemple, n’a absolument rien de religieux et devrait plutôt être considéré comme haram (interdit) à cause de l’exhibition des corps que cela produit quand il est mouillé. Le fait qu’il soit mis en avant montre donc une ambition politique qui n’a que faire des principes de l’islam. Il sera toujours temps de revenir aux fondamentaux lorsque le pouvoir sera entre leurs mains.
      Bien entendu, utiliser le principe chrétien de laïcité pour combattre une idéologie politique n’a aucun sens.


    • Pascal L 24 juillet 2019 21:45

      @OMAR
      « «  dīn, dunyâ, daoula  » n’a été pratiquement instauré ou a réellement été appliqué dans aucun pays musulman »
      Ah bon, je croyais que la charia était le système politique et social des 47 pays de l’OCI. Avec des variantes, mais tout de même... Que l’on ne soit pas arrivé à la perfection dans chacun de ces pays, j’en conviens, mais la perfection n’est pas de ce monde.

      Les Frères Musulmans, je les fréquente par la mosquée qui est à 4 km de chez moi. Ils viennent souvent prêcher la bonne parole aux bons citoyens que nous sommes, mais si cette parole était vrai, cela fait longtemps qu’ils auraient été condamnés pour apostasie. J’ai compté une fois 8 mensonges pour une demi-heure de discours. Les Musulmans présents dans la salle n’en revenait pas, car ils n’avaient pas été prévenus et leurs questions montraient un certain désarroi. Pour la Takiya, les Frères sont très forts. Pour la stratégie, ils ne s’en cachent pas : commencer par séparer les Musulmans de la communauté française pour pouvoir leur appliquer la charia puis prendre le pouvoir en France. Ils disent eux-même que lorsqu’ils auront 30% des suffrages, le pouvoir leur sera acquis. Bon, ils en sont encore loin, mais l’ultra-gauche pourrait leur apporter une partie de voies manquantes. Le burkini est tout à fait dans cette stratégie de grignotage.

      Par ailleurs, j’ai entendu un prêche sur youtube par un prédicateur des Frères bien connu et ce qu’il a dit était proprement scandaleux. Il faisait son prêche sur le paradis musulman et sur les conditions d’y accéder. Il a dit que les bonnes et les mauvaises actions étaient enregistrées et que la miséricorde d’Allah s’appliquait en fonction des bons ou des mauvais points acquis. Jusque là rien de révolutionnaire, mais à un moment, il s’est lâché et a fait une parenthèse : « Et pour ceux qui ont beaucoup péché, ce sera difficile, mais il y a un moyen d’éviter le jugement et d’entrer directement. C’est écrit dans le Coran. Allez voir ». Dans un prêche en français, il ne pouvait pas se permettre d’en dire plus, mais c’était déjà trop. J’ai regardé dans le Coran et j’ai trouvé :
      « Dieu aime ceux qui vont jusqu’à tuer sur son chemin [c’est-à-dire pour Lui] en rangs serrés, pareils à un édifice renforcé » (S61, 4). Si Allah aime ces personnes, il ne peut que leur offrir le paradis. De toutes façons, « Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués » (s8,17). J’ai aussi cherché un contexte qui pourrait réduire la porté de ces versets, mais je n’ai rien trouvé. Si DAECH a appliqué ce programme, c’est bien parce que c’est écrit dans le Coran.

      Les Frères Musulmans sont considérés comme organisation terroriste dans plusieurs pays de l’OCI et au Royaume Uni. Que font-ils en France ?


    • Jonas Jonas 24 juillet 2019 23:14

      @OMAR "Alors arrêtez de fantasmer et de terroriser les lecteurs par une inimaginable et impossible prise de pouvoir des frères musulmans en Europe.« 

      Le jihad islamique existe depuis 1400 ans, il a déjà pris le pouvoir en Europe, et il est impossible de donner une liste exhaustive des massacres, pillages, meurtres, réduction de populations en esclavage, réalisés par les conquérants musulmans ( au Portugal, en Espagne, en Grèce, en Bulgarie, une partie de la Hongrie, en Roumanie, en Moldavie, en Sicile, en Ukraine, en Serbie) imitant le Prophète Mohamed (« le beau modèle ») au cours des siècles sur les différents continents africain, européen, asiatique et au moyen-orient. Je vous invite pour plus d’informations à vous reporter aux ouvrages sur l’Histoire du Jihad islamique, on peut citer, parmi des centaines d’autres :
      - « Crucified Again » de Raymond Ibrahim
      - « Jihad » de Paul Fregosi
      - «  Esclaves chrétiens, maîtres musulmans » de Robert C. Davis
      - « Le génocide voilé », de Tidiane N’Diaye
      - « Islamic jihad » de M.A. Khan
      - « Les chrétientés d’Orient » de Bat Ye’or
      - « Conquerors, Brides, and Concubines : Interfaith Relations and Social Power in Medieval Iberia » du professeur d’Histoire Simon Barton
      - « Captifs en Barbarie » de Giles Milton
      - « History of Jihad » de Robert Spencer
       »Chrétiens, juifs, musulmans, dans al-andalus" Dario Fernandez Morera
      Les témoignages de ces ouvrages décrivent, à partir de documents historiques de sources chrétiennes, juives ou musulmanes, les humiliations subies par les peuples sous domination islamique, ainsi que les grandes figures du monde européen oubliées ayant lutté contre les invasions islamiques (Afonso Henriques, Jean Hunyadi, Skanderbeg, Romegas, Don Juan d’Autriche, Jean de La Valette, Nikola Zrinski, Miklós Zrínyi...)
      http://islamineurope.unblog.fr/2015/10/11/limam-misogyne-antisioniste-antioccidental-et-negationniste-hassan-iquioussen-theologien-de-reference-et-invite-par-les-responsables-de-la-grande-mosquee-de-limoges/

      Bien qu’il y ait eu une période d’accalmie suite aux colonisations occidentales (période allant du XIX jusqu’au milieu du XX siècle), la décolonisation a entraîné de nouveau le réveil de l’Islam, toujours par le Jihad. (En 2013 au Mali, Syrie, Nigéria, Libye, Soudan, Irak, Pakistan, Afghanistan, Indonésie, etc...)
      La décolonisation, la fin du communisme et provoqué un rejet de l’Occident, ravivé au fil des décennies les identités islamiques dans ces pays autrefois soumis et influencés par la culture européenne.
      L’Islam reprend progressivement ses droits :
      Pakistan, Afghanistan,Turquie, tous les pays du Maghreb, Indonésie (la fin de la dictature de Suarto est progressivement remplacée par la charia dans les provinces indonésiennes), et même dans certaines banlieues de villes européennes.


    • Jonas Jonas 25 juillet 2019 01:30

      @OMAR « Quant à la charia, aucun pays arabo-musulman n’en a fait son système politique et social. »

      La charia islamique était la loi de tous les califats existants (au moyen-orient, en Afrique, avant la colonisation européenne).
      Un exemple, le statut d’indigénat dans l’Algérie coloniale empêchait les Algériens d’acquérir la nationalité française, car ils devaient renier les lois coraniques, comme la polygamie, pour que leur dossier de demande de nationalité puisse être étudié par les administrations françaises.
      « Pour expliquer le nombre très faible de musulmans d’Algérie demandant l’accession à la pleine nationalité, la raison la plus couramment invoquée est le souhait d’une très large majorité d’entre eux de conserver le statut personnel dicté par le Coran. Il est vrai que le sénatus-consulte de 1865 oblige le musulman d’Algérie non pas à renier sa religion musulmane – il peut continuer de la considérer en tant que code moral et comme recueil de prescriptions religieuses-, mais à respecter le Code civil français, c’est-à-dire à ne plus pratiquer les cinq coutumes qui lui sont incompatibles : la polygamie ; le droit de djebr, qui permet à un père musulman de marier son enfant jusqu’à un certain âge ; le droit de rompre le lien conjugal à la discrétion du mari ; la théorie de « l’enfant endormi » qui permet de reconnaître la filiation légitime d’un enfant né plus de 10 mois et jusqu’à cinq ans après la dissolution d’un mariage ; enfin le privilège des mâles en matière de succession. »
      Patrick Weil - « Le statut des musulmans en Algérie coloniale »


    • Pascal L 25 juillet 2019 21:57

      @OMAR
      « Vous fréquentez des « frères musulmans »  » Ils font des prêches à 4 km de chez moi et je me voilerais la face ? Leur discours n’est pas accepté par tous les Musulmans du lieu, mais il fait des ravages chez les jeunes. J’en rencontre souvent qui sont fanatisés, aussi bien des hommes que des femmes. Ceux-ci sont toujours heureux de me parler de leur foi car ils espèrent des points pour leur paradis s’ils réussissent à me convertir. Aucune chance !
      Je rencontre aussi quelques intellectuels musulmans qui se prétendent réformistes. C’est également une impasse car ils ne représentent qu’eux-même et un petit groupe qui suit chacun d’entre eux. Il n’existe aucun point commun entre toutes ces théologies et ils ne vont pas jusqu’au bout de leur réflexion. De ce fait, leur théologie n’a aucune chance d’emporter l’adhésion d’une majorité de Musulmans. D’ailleurs, s’ils allaient au bout, ils apostasieraient comme beaucoup.
      La grande majorité des Musulmans que je rencontre ne connaissent pas vraiment le Coran. Il s’agit d’un islam reçu dans une tradition orale et là-aussi, il y a une infinité de nuances.
      L’islam est morcelé et le restera.

      Quand à la charia, il semble tout de même que ce soit la référence du droit dans les 47 pays de l’OCI. Le problème du mal est évoqué dans le Coran, mais n’est pas un manque d’amour pas comme pour les Chrétiens, il est ici évoqué uniquement comme une désobéissance à la loi. La charia se présente comme les décrets d’application d’une norme juridique qui est le Coran. Tous les pays qui appliquent la charia pensent éradiquer le mal de cette façon. Comme le Coran n’est pas très précis sur les aspects juridiques, il faut scruter les Hadîths pour trouver des solutions juridique.
      A partir du moment où les lois sont définies par des oulémas et non par une chambre élue démocratiquement, nous sommes sur le domaine de la charia. Aujourd’hui, la charia se définit par pays, puisque le califat est éteint et l’autorité d’un ouléma ne dépasse pus les limites d’un pays. Cela pose d’ailleurs le problème de l’origine pour ceux qui veulent introduire la charia en France. Faut-il prendre une référence algérienne, marocaine, turque, égyptienne... ? Sans oulémas en France, cela n’a aucun sens.


  • Pascal L 24 juillet 2019 15:06

    « mais au nom de la civilisation européenne (face au monde musulman) »

    Ne cherchez pas dans les religions une origine à la guerre. Toutes les guerres proviennent des ambitions politiques qui n’hésitent pas à prendre les religions en otage et/ou à rassembler des troupes derrière une idéologie. Les idéologies utilisent notre instinct grégaire et notre besoin de reconnaissance pour nous entraîner dans un combat contre un ennemi désigné. D’ailleurs, si vous avez un ennemi, c’est que vous vous êtes fait avoir.


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