lundi 19 août 2019 - par Martin de Wallon

Affaire Jeffrey Epstein : Marlène Schiappa et Adrien Taquet demandent qu’une enquête soit ouverte contre le financier en France

Alors qu’il avait été inculpé pour de présumées exploitations sexuelles sur des mineures aux États-Unis, le riche financier new-yorkais s’est suicidé le samedi 10 Aout, dans sa cellule de la prison fédérale de Manhattan. Le scandale et l’euphorie qui l’entoure peuvent-ils être aussi jugés en France ?

« Suicide apparent »

Ce n’était pas la première fois que le multimillionnaire était mis en cause dans des affaires similaires. En 2005, la police de Palm Beach avait entamé une enquête sur la base d’un témoignage accablant : Une femme affirmait que sa fille de 14 ans avait été emmenée au manoir de M Epstein, payée 300$ après avoir été déshabillée et massée.

Après une perquisition révélant des notes, photos et objets compromettants, cinq autres témoignages de victimes et témoins assermentés, les enquêteurs avaient conclu que le suspect avait payé plusieurs « escorts » pour accomplir des actes sexuels avec lui.

Des caméras cachées enregistrant les rapports sexuels entre des personnalités et des prostituées, de chantage sont retrouvées. En mai 2006, il est finalement inculpé pour relations sexuelles illégales avec des mineurs et atteinte à la pudeur. Curieusement, après plusieurs coups de théâtre et interventions du Procureur, le grand jury ne retient qu'une seule accusation criminelle : sollicitation de prostitution.

Epstein s’en sort en purgeant une peine de 18 mois d'emprisonnement dans un établissement qui l'autorise d’ailleurs à travailler à son bureau. Même s’il est inscrit sur la liste des délinquants sexuels, une grosse polémique plane sur la gestion de cette affaire juridique.

Après d’autres révélations choquantes s’égrainant années après années, une autre femme sort en 2016 de son silence. Elle porte plainte devant un tribunal civil. Le scandale est énorme puisqu’il met en cause Epstein et Donald Trump, en ce moment candidat républicain à la présidentielle. Elle explique avoir été violée en 1994, à l’âge de 13 ans, de manière répétée, attachée à un lit, battue puis menacée de représailles physiques contre elle et sa famille.

Le 7 juillet 2019, Epstein est arrêté pour trafic sexuel de mineurs. Le 10 août, est annoncé son suicide « apparent » par pendaison dans sa cellule du Metropolitan Correctional Center. Deux enquêtes restent ouvertes à cet effet par le FBI et l'Inspecteur général du département de la Justice des Etats-Unis. Cette disparition est une échappatoire pour de nombreuses personnalités publiques et politiques. Dans le Figaro, le ministre de la Justice William Barr, fait allusion à «  de graves irrégularités  » à la prison où il était détenu.

Une enquête pourrait être ouverte en France

L’affaire Jeffrey Epstein peut-elle être relancée en France  ?

Le lundi 12 Aout, deux ministres français ont demandé à ce qu’une enquête soit ouverte en France sur les activités malveillantes du riche financier Jeffrey Epstein. Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, et Adrien Taquet, le secrétaire d’État à la Protection de l’enfance ont dans un communiqué commun insisté sur la nécessité de cette démarche : «  L’enquête américaine a mis en lumière des liens avec la France. Il nous semble ainsi fondamental, pour les victimes, qu’une enquête soit ouverte en France afin que toute la lumière soit faite  ».

La directrice de l’ONG Innocence en Danger, Homayra Sellier, a affirmé de son coté au Figaro : «  Epstein avait une résidence à Paris, dans le XVIe, avenue Foch, depuis le début des années 2000, et il a déjà été inculpé dans une affaire de prostitution et trafic de mineurs…  »

Cette dernière organisation s’était désolée du «  silence  » du procureur de la République de Paris après avoir réitéré la même demande d’enquête dans un courrier dévoilé par l’Obs : « De source fiable, Innocence en danger a eu confirmation récemment que plusieurs victimes du réseau prostitutionnel, créé par Jeffrey Epstein et ses complices, sont également de nationalité française  ».

Freinant cette vague, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a rappelé, citée par l’AFP, qu’il n’appartenait pas au gouvernement de décider de ces poursuites.

Le secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats (USM) Jacky Coulon s’est exprimé toujours dans le Figaro, sur les conditions qui pourraient donner lieu à la tenue de cette enquête : «  Aucun ministère n’a vocation à demander une enquête judiciaire, d’autant que, pour exercer des poursuites pour un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement à l’étranger, il est nécessaire d’avoir une plainte préalable de la victime ou de ses ayants droit, ou encore une dénonciation officielle par l’autorité du pays où le fait a été commis (…) De plus, dans le doit Français, on ne peut pas poursuivre les morts  ».



6 réactions


  • lautrecote 19 août 2019 10:59

    « Dans le droit français, on ne peut pas poursuivre les morts »

    On parle d’enquête, pas de poursuite.

    Ça ressemble à... comment dire.... du camouflage ?

    Ah bon, on ne veut pas enquêter ? Vous avez peur ?


    • Le421... Refuznik !! Le421 19 août 2019 20:37

      @lautrecote
      Une enquête sur des personnes politiques influentes en France ???
      Comment dire...
      Mmmmooouuuuuarff arf arf arf !!  smiley  smiley  smiley

      On demandera à ceux qui s’occupent de Benalla...


  • leypanou 19 août 2019 11:18

    Aucun ministère n’a vocation à demander une enquête judiciaire, d’autant que, pour exercer des poursuites pour un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement à l’étranger, il est nécessaire d’avoir une plainte préalable de la victime ou de ses ayants droit, ou encore une dénonciation officielle par l’autorité du pays où le fait a été commis 

     : pour le magistrat donc, tout ce qu’a fait cette personne depuis 2000 est parfaitement légal.

    Quand on ne cherche pas, on ne risque pas de trouver, les priorités sont ailleurs tout simplement.

    Même cette enquête demandée dans le titre de l’article me semble ridicule pour se donner bonne conscience.


  • mac 19 août 2019 12:25

    En même temps maintenant qu’il est mort...


  • troletbuse troletbuse 19 août 2019 14:13

    Et sur Benalla, cette bécasse ne demande rien ?


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