samedi 6 avril 2019 - par Coeur de la Beauce

Aldebert, chanteur pour cancres, anti-sécuritaire allié des démagogues de l’éducation

Source de la photo : https://francepolice.files.wordpress.com/2019/03/aldebert-guillaume-plainte-c3a9ducation-nationale-police.png?w=788

La crise de l'école primaire et les difficultés d'éducation des enfants ne datent pas d'hier matin. C'est une question d'exemplarité civique et morale des adultes, ainsi que d'un environnement culturel propice au développement intellectuel des enfants. Les parents, les enseignants et les artistes sont ces modèles d'éducation.

Le dénommé Aldebert, chanteur pour enfants de profession, fait l'objet d'une polémique au sujet d'une de ses compositions intitulée Pour louper l'école. C'est l'histoire d'un petit cancre qui ne veut pas étudier et qui est prêt à tout pour zapper les cours : "faire pipi sur la police", "prendre ma soeur en otage", et "faire sauter l'école à la dynamite" (!)

Certes, ces paroles sont à placer dans le contexte général d'une diatribe de plusieurs paragraphes. Comme dans certains textes religieux, ce ne sont que quelques passages qui incitent à la haine. De plus, la chanson date de 2008, bien avant la terrible vague d'attentats qui a frappé la France. Aldebert a voulu faire du Brassens et du Léo Ferré sur des rythmes à la Joey Starr, sans tenir compte de la réalité sociale de notre pays.

Toutefois, un syndicat de police a déposé plainte à son encontre. Le courage du colonel Beltramme (officier de gendarmerie et non policier) mais aussi la banalisation des violences vécues par les policiers sont évoquées. A notre époque où les jeunes ne respectent plus l'autorité et l'ordre républicain, sauf quand ils viennent de milieux familiaux conservateurs (et encore), nous pouvons comprendre la légitime colère des policiers. Car Aldebert ne fait pas que vendre des disques, il se produit aussi dans les écoles. Il devait animer une fête de fin d'année dans un établissement de Meurthe-et-Moselle, où des parents mécontents (voire simplement lucides et réveillés) se sont renseignés et ont fait barrage à sa venue.

Tout d'abord, les partisans de la liberté d'expression (de gauche) n'ont rien à craindre : la justice condamne rarement un artiste pour incitation à casser du "flic". Ensuite, Aldebert n'est que l'héritier des rappeurs crétins qui meuglaient de l'incitation à tout casser il y a quelques années. Sachez que le syndicat Snuipp (majoritaire chez les professeurs d'école) avait invité à une de ses fêtes locales un groupe nommé... ZEP, dont le titre phare était justement "Nique la France"... 

Perte des valeurs et du bon sens, conditionnement des adultes par les médias depuis les années 80 aux sous-cultures de la banlieue, le personnel des écoles n'a pas échappé au conformisme ambiant. Comment des enseignants sensés ont-ils pu programmer Aldebert et enseigner ses chansons ? On ne peut pas entonner la Marseillaise ou du Guy Béart à longueur d'année, certes. L'humour, quand il est subtil, est nécessaire. Mais tout de même, en période d'attentats, de guerre civile larvée (les gilets jaunes) et de délinquance généralisée dans les quartiers populaires, il aurait été préférable de rechercher du consensuel et de l'éducatif, plutôt que de promouvoir le pipi-caca "anarchisant". Flatter les bas-instincts du peuple pour vendre des disques au lieu de mettre en valeur l'intelligence, le travail et le mérite, ce n'est pas servir la cause du "vivre-ensemble". 

Donc, Aldebert n'est pas un éducateur. Il n'est pas non plus très "tradition", en témoigne quelques unes de ses oeuvres : On en a marre de noêl, les super-pouvoirs pourris ou aux âmes citoyens qui raille l'hymne national. Pour animer l'espace enfance de la fête annuelle de Lutte ouvrière, pourquoi pas. Pour rassembler de jeunes citoyens autour de valeurs communes et du patriotisme républicain, non. Libre à lui de gagner sa vie comme il l'entend, mais il n'a pas à pervertir le grand public avec la complicité d'éducateurs abrutis qui confondent laicité avec contre-éducation.

Il parait que des policiers auraient fait part de leur sympathie à Aldebert, se désolidarisant de leur syndicat. L'auteur de l'article, qui a été professeur des écoles publiques en ZEP notamment, apporte son soutien à la démarche des gardiens de la paix mécontents. Comme les profs, ils en ont assez de se faire humilier à longueur de journée. La différence avec eux, c'est que dans leur majorité ils ne sont ni autistes ni schizophrènes, ils ne soutiennent pas les délinquants et ne votent pas pour l'ultra-gauche aux élections. Mais il y a aussi des enseignants qui désapprouvent la démagogie contre-éducative ambiante et qui entendent lutter contre la loi de la jungle...

Personnellement, je n'ai jamais aimé les chanteurs pour enfants. Quand j'étais gosse, les Chantal Goya et les "Musclés" me laissaient de marbre. J'avais déjà compris que derrière leurs sourires forcés se cachait une volonté de faire du fric, en vendant des disques sur le dos de mes parents. Devenu enseignant, je n'avais pas le temps d'apprendre des chansons à mes élèves, car je privilégiais les enseignements fondamentaux. Parfois, je passais de la musique classique, notre patrimoine européen, pendant le cours d'arts plastiques : cela se mariait très bien. Si les belles mélodies, la musique de qualité, permettent de sensibiliser les plus jeunes aux vraies oeuvres lyriques, alors en avant ! Les vrais artistes tentent d'ailleurs d'unir enfants et adultes dans le rêve lyrique... En voici d'ailleurs un exemple, avec le méconnu et toutefois talentueux Brice Kapel, qui intervient dans les écoles primaires tout en jouant sur scène. Comme quoi il est possible de proposer des chansons de qualité aux jeunes :



6 réactions


  • L'Astronome L’Astronome 8 avril 2019 09:59

     

    Les paroles haineuses des rappeurs passent, elles, comme une lettre à la poste.

     


  • ouh_la_la 8 avril 2019 10:59

    Je n’ai jamais vu un argumentaire aussi peu fondé, je ne relèverai pas les critiques gratuites (et à mon sens injustes) sur la qualité de la chanson et du chanteur car chacun est libre d’apprécier au non.

    Par contre, n’oubliez pas qu’il s’agit d’une chanson pour enfant, à aucun moment, il n’y a d’appel à la haine...je vais vous donner un scoop : c’est du second degré, de l’humour, quoi !! Ma fille qui n’a pas encore 5 ans l’a compris (oui, mais bon, en même temps, c’est pas bien compliqué).

    J’ai de l’admiration pour le travail des gendarmes, le respect de la république et en même temps, j’encourage toutes les initiatives (des enseignants et des autres) qui permettent aux enfants d’avoir du sens critique, de l’humour et qui leur permet de faire la différence entre un « appel à la haine » (je tombe de ma chaise en écrivant ça) et une chanson rigolote...la cause du « vivre-ensemble », de la tolérance, du respect des autres et de la planète, qui sont des fondamentaux de la vie en société et de la vie tout court sont parfaitement véhiculés dans les chansons. 


  • jaunibegood 8 avril 2019 11:27

    Rarement vu un article autant a cote de la plaque.

    Ne vous en deplaise, les 2 albums d’aldebert « enfantillages » sont de grande qualite et vont etre utilises de nombreuses annees comme support en cours de musique. Les enfants adorent.


  • INsoMnia 8 avril 2019 22:27

    « de guerre civile larvée (les gilets jaunes) » ce qu’il ne faut pas lire... la c’est du premier degré !

    Il est vrai qu’il n’y a plus de second voir troisième degré dans ce monde aseptisé par les diktats en marche !

    Monsieur le professeur, je vous ai « moinssais ».


  • dscheffes 9 avril 2019 09:43

    lire ce genre d’article a, pour moi quelque chose de rassurant. Il démontre en effet qu’il existe des individus nettement plus cons que moi !!!


  • Stéphane Marrin 12 avril 2019 11:29

    Bonjour,

    Cet événement montre à quel point notre société est fracturée.

    Certains pensent que c’est dans l’impertinence qu’il faut construire les enfants. D’autres que c’est dans le respect des ses institutions.

    Lundi 25 mars, deux hommes de 20 ans ont été écroués en Seine-et-Marne pour avoir projeté un attentat contre "une école ou un policier". 

    Jeudi 28 mars, un enseignant de maternelle a été roué de coups dans la cour d’une école maternelle de Toulouse par un parent d’élève.

    Vendredi 8 février, des hommes cagoulés ont agressé un professeur à Grenoble dans l’enceinte du Lycée. Ce même Vendredi 8 février, à Béziers, un couple de parents d’élèves a roué de coups un professeur dans un lycée.

    Chaque année, des écoles sont saccagées, des enseignants sont frappés, insultés, défiés par des parents d’élèves ou par leurs propres élèves. Et la maîtresse de faire chanter à des enfants de 6 ans, « Les cahiers au feu, la maîtresse au milieu » ! C’est ubuesque.

    Et le principal syndicat de l’éducation nationale d’appeler au rejet de la loi Blanquer car l’article 1 vise à interdire "les expressions publiques dénigrant l’institution scolaire«  ! Oui, oui, vous pouvez relire. Certains enseignants (heureusement minoritaires, enfin on l’espère...) réclament le droit de dénigrer l’institution scolaire ! Et manifestement, certains ne se gênent plus de le faire au sein même de l’école, avec le soutien de leur hiérarchie.

    Et nos lâches politiques laissent faire, cautionnent. Parce que cette chanson, finalement, ce n’est »que de l’humour".

    Ce matin, une maman pose fièrement à coté de son fils car elle estime qu’un jour de renvoi pour avoir déclencher une alarme incendie au lycée, c’est trop !

    Mais dans quel monde on vit ?

    Stéphane.


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