jeudi 16 juillet 2015 - par Christophe Bugeau

Allemagne + 2, Grèce – 2 fin d’une certaine idée de l’Europe

Comme c’était à craindre Alexis Tsipras a cédé à la pression de ses homologues en début de semaine et a accepté les conditions des européens et des allemands en particulier, car ce qui ressort des discussions (et les langues commencent à se délier), c’est la position particulièrement dure de l’Allemagne qui impose sa vision du monde envers et contre tous.

Tant pis pour ceux qui espéraient un divorce de velours (j’en faisais partie), celui-ci aura lieu plus tard et avec perte et fracas : le 3éme plan d’aide aura bien lieu, l’agonie de la Grèce va continuer et cela se terminera mal. Le premier ministre grec l’a avoué dernièrement, il a cédé et c’est un mauvais accord pour tous. La Grèce aura droit à une rallonge d’environ 85 milliards d’euros (un vrai tonneau des Danaïdes !) mais elle devra diminuer ses retraites et augmenter la TVA ce qui diminuera la croissance et accentuera le chômage, alors qu’elle a déjà un excédent budgétaire primaire.

La dette comme l’a précisé dernièrement le FMI va donc continuer d’exploser si elle ne fait pas l’objet d’une restructuration. Le pays sera donc bien à terme contraint de quitter l’Euro, ce n’est désormais qu’une question de temps. Le refus des autres Etats d’une restructuration se traduira par un défaut majeur et au lieu de perdre un peu, nous perdrons beaucoup (voir http://www.christophebugeau.fr) !

Mais le plus étonnant est la façon dont se sont déroulées les dernières négociations. La fuite indiquant que l’Allemagne était favorable à une sortie provisoire de la zone Euro, les confidences de Varoufakis ministre grec des finances qui a démissionné et qui explique la stratégie allemande de M. Schauble d’imposer une ligne dure au sein de l‘eurozone sont très révélatrices…

Il est clair que la France défend une certaine idée (naïve) de l’Europe, quand les allemands défendent leurs intérêts nationaux sans faiblir ! Le soulagement de F. Hollande à la suite de ce Diktat pour la Grèce, les trépignements de N. Sarkozy qui souhaitait une plus profonde « entente » avec l’Allemagne sont des plus explicites, nous voulons un accord à tout prix pour faire plaisir à nos si charmants voisins qui eux voient surtout leurs intérêts immédiats.

Car qui va croire le ministre allemand des finances M. Schauble lorsqu’il propose une sortie non préparé de la Grèce de la zone Euro ? Cela signifierait un défaut de paiement qui couterait fort cher à l‘Allemagne et probablement une recapitalisation de la BCE qui perdrait une bonne partie des prêts fait à la Grèce. Les allemands l’accepterait sans coup férir ?

Désormais, il est clair que nous sommes sur une pente raide, l’Allemagne ne veut pas de changement dans la zone Euro et il y a fort à parier que nous allons à la fois vers une remontée des taux d’intérêts et vers une remontée de l’Euro. Quant à des sorties négociées, multilatérales et en douceur de la zone, il ne faut pas y compter.

L’éclatement prévisible de la zone se fera au coup par coup, dans la précipitation à chaque fois et sans qu’un système de substitution ne soit mis en place. Car c’est là le fonds du problème : l’Europe a besoin d’un système viable, permettant de donner à chaque pays des marges de manœuvre suffisante pour mener sa propre barque et non d’un SME ou d’un Euro uniquement fait pour l’Allemagne et ses satellites.

L’Europe a besoin d’un système monétaire ou d’une monnaie commune basé sur des principes viables : une parité réaliste par rapport aux monnaies extérieures, des parités fixes mais ajustables annuellement entre monnaies de la zone et la possibilité de rétablir un contrôle des changes lorsque c’est souhaitable. Hors de ces conditions, point de salut !



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