lundi 21 octobre 2013 - par Pierre JC Allard

Allez, salope, fais-moi peur !

… Et les enfants tremblant, livides, les yeux écarquillés regardent. Ils voient la terrible ogresse, coutelas à la main, s’approcher en ricanant du grabat où repose nu, enchainé, le jeune missionnaire… Va-t-il abjurer sa foi ? Le suspense est insupportable. Pour les moins de 10 ans, bien sûr....

Les plus vieux étouffent un bâillement, et Papa Obama, fort de l’appui tacite des adultes du système financier, surfe vers le canal des faits divers, pendant qu’on conduit au dodo les bambins qui rechignent. Il pourront continuer au lit leur délectation morose. On reprendra plus tard leur entraînement par étapes à la jouissance sado-maso de la vie made in USA.

C’est qu’il faut bien se préparer avec sérieux à une vie où chacun veut la peau de tout le monde. Une vie où l’on se déteste entre religions et entre races, entres jeunes et vieux, entre hommes et femmes, entre Démocrates et Républicains…. Ce n’est pas le premier venu qui peut comprendre spontanément que le but final de l’existence est d’accaparer et de gaspiller tout ce qu’on peut, d’écraser le faible, de trahir toute parole donnée, au nom d’une ambition qui permettra d’avoir, la richesse, la gloire … et un jour le Paradis, juste en répétant le nom de Jesus…

On nait égoïste, mais on devient un fieffé salopard. Il faut se former ; Il faut un modèle et de la pratique. La gouvernance états-unienne a pris sur elle de se donner en modèle d’infamie. Elle l’a fait en engageant une lutte à finir, au Sénat et au Congres, pour des motifs minablement partisans. L’enjeu ? Réussir in extremis à priver 50 millions d’Américains de toute couverture médicale. Les plus déshérités, naturellement. Ceux qu’on a déjà privés de leur travail, en exportant les jobs en Asie pour engranger quelques milliards de plus pour les riches. Ceux qu’on a déjà expulsés des maisons qu’on leur avait vendues à des conditions frauduleuses.

« DONNER » des soins a ces gens ? Vous voulez rire ! On croit si peu aux USA qu’ils le méritent, qu’on peut calculer qu’il y a des points politiques à marquer en étant de ceux qui s’affichent comme les plus féroces adversaires de cette »faiblesse » !

Le « Obamacare », tel qu’accepté l’an dernier, est déjà un pieuse hypocrisie ; une abomination qui, loin d’aider vraiment les pauvres, les force a mettre la priorité sur une protection médicale – aux coûts outrageusement gonflés au profit des médecins et des assureurs – en rognant sur leurs autres besoins essentiels d’alimentation et de logement. L’Obamacare est une telle nauséabonde caricature d’un vrai régime de santé gratuite, qu’on comprendrait que se livre une farouche bataille pour le bonifier.

Mais quand on s’aperçoit que la farouche bataille à Washington ne se livre pas pour l’améliorer, mais pour le saboter, pour donner encore moins, partager encore moins, émasculer totalement ce régime qu’on voulait déjà impuissant dès le départ…. Quand on comprend ce qui est en jeu, toute sympathie disparait pour cette nation où l’on met toute sa fierté perverse à se faire du mal les uns les autres.

Les dernières traces de sympathie pour l’Amérique disparaissent. Moment de soulagement, quand on croit qu’on pourra enfin accepter ce désamour et s’accorder le plaisir de ne plus penser à cette excroissance maligne sur notre pauvre monde. Mais çà ne dure pas. Cette Amérique revient nous pousser du coude et exiger que nous lui redonnions notre attention. Ayant gagné notre antipathie, elle vient s’imposer à notre mépris.

Un indicible mépris. Car, à un niveau plus bas encore que faire le mal, il y a celui de vouloir le faire et de ne même pas y parvenir. Tous ces politiciens qui se sont battus à Washington pour le triomphe de l’égoïsme et de la mesquinerie sont apparus ineptes dans la méchanceté. Ils sont apparus instrumentés par ceux encore plus méchants, mais hélas bien plus retors, qui ne voulaient pas de cette provocation inutile de sabrer un peu plus dans cette apparence de solidarité réduite à sa portion congrue qu’est l’Obamacare

Les vrais méchants ne le voulaient pas. Les clowns à face de monstres du Parti Républicain n’ont pas été soutenus et n’ont donc pas pu livrer tout le mal qu’ils voulaient. Ils se sont vautrés dans l’abjection et on ne les a même pas jugés dignes de faire semblant de croire à leurs gesticulations. Warren Buffett, l’oracle d’Omaha, s’est empressé de dire de cette « crise’ » : « Nous allons aller jusqu’au point extrême de l’idiotie, mais nous n’allons pas aller au-delà. » Déjà, samedi, Baudouin Prot, le patron de BNP Paribas, avait assuré qu’ »un défaut de paiement ne peut pas arriver. Je ne crois pas une seconde à ce scénario. » 

Ce spectacle était pour la plèbe, par pour ceux qui savent. Les marchés financiers n’ont donc pas bronché.  Le guignol a épuisé sa malice factice puis s’est terminé.

À tous ceux qui ont joué cette ridicule farce il ne reste qu’a offrir notre plus sincère mépris. Comment le peuple américain peut-il supporter à sa tête, et feignant de le diriger, ces hâbleurs sans idées, sans dignité, sans véritable engagement ? Si on ne peut créer un vraie démocratie, un corporatisme qui dit son nom ne serait-il pas moins malsain que ce simulacre qui est une insulte a l’intelligence ?

Et ne nous y trompons pas. Quand on tient compte des idiotismes historiques et culturels, ce qui est vrai aux USA n’est-il pas vrai dans toutes les démocraties à l’occidentale ? N’y a t-il pas partout une gouvernance salope qui cherche des façons de faire peur ? Peur de l’Islam, peur du fascisme, peur de la dette. peur d’agir et de changer … Des guignols qui nous font peur et parfois bien du mal.

 



10 réactions


  • gaijin gaijin 21 octobre 2013 11:37

    face a l’évidence de leur échec les gouvernements ne peuvent plus tabler sur la confiance il ne leur reste donc plus que la peur comme levier ........
    Bêêe


    • Robert GIL ROBERT GIL 21 octobre 2013 13:16

      cela va meme au dela de la peur, voici quelques exemples visant à comprendre pourquoi les gens ne se révoltent pas et semblent accepter l’ordre dans lequel ils sont plongés, même s’ils s’y trouvent défavorisés ou exploités........

      voir : LES THEORIES DE LA DOMINATION


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2013 18:50

      @ Gaijin 


      Le drame, c’est que ça ne prend plus. Il n’y a pas que les initiés qui n’y croient plus ; même les réceptionnistes curieuses des bureaux d’avocats et les vieilles rentières effarouchées n’y croient plus. Elles ont rejoint les semi retraités en mal de potins pour les power lunch allongés et la jeunesse en bloc - qui n’en a rien a foutre -pour conclure que rien de vrai ne se dit dans les médias, et que rien d’intelligent ne se dit entre politiciens. Tout ça est spectacle , et croire que Quidam lambda peut changer quoi que ce soit ne fait plus recettes. Alors la peur est disparue....la paille du Marathon de Boston a brisé dos du chameau... 


      Pourquoi est—ce un drame ? Parce que si on ne marche plus a la peur ils vont devoir nous faire mal . Alors comment allons-nous réagir quand le fouet ne claquera plus en l’air, mais sur nos épaules ? On s’écrase ou on passe au coup pour coup ?

      Si tout ça vous semble trop déprimant, voyez ce superbe video de Fauve/Personne. Et croyez a l’espoir


      PJCA

    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2013 21:11

      @ Robert Gil


      On peut en effet considérer que la domination est le moyen d’obtenir plus dans un monde de rareté, auquel ça l’abondance qu’a apportée la révolution industrielle explique pourquoi la lutte pour le ’pecking order«  se calme, a la mesure de la surabondance qui promet la satisfaction pour tous. Mais l’on est bien conscient que que cette lutte n’a pas completement cessé et que »dominer pour dominer" demeure une source de conflit. Pourquoi ?

      Une bonne explication de ce phénomène est l’hypothèse Andrew Lobacewski, psychologue polonais qui prétend qu’un pourcentage (environ 6%) de la population a le gout de gagner pour gagner indépendamment du but atteindre. Cette compulsion procure a ceux qui ont cette attitude un avantage qui les propulse vers des positions clefs, d’ou ils servent de modèles déterminant le comportement inutilement hostile de sa majorité. Une thèse qui n’est pas prouvée, mais dont on comprend l’extreme importance de vérifier les assertions... 





      PJCA

    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2013 18:58

      @ Acheron


      C’est la deuxième fois que je constate que vous êtes à côté de la plaque, ne discutant pas du sujet, mais d’un autre point que vous voulez fourguer, comme si vous étiez payé à la ligne agate pour passer des messages dont on vous a donné une liste. Quand vous dites vous « arrêter-là »... pourquoi n’arrêtez-vous pas... ?

      PJCA

    • ricoxy ricoxy 22 octobre 2013 10:03

      P.S. Cela ne s’adresse pas à l’auteur de l’article, bien sûr, article que je trouve intéressant.


  • Loatse Loatse 21 octobre 2013 12:52

    Bonjour Pierre

    L’obamacare ressemble comme deux gouttes d’eau à notre système de mutuelle qu’il est non pas obligatoire mais nécessaire d’avoir afin d’être pris en charge correctement.. donc c’est tout comme..

    Les foyers les plus modestes bénéficieront d’un crédit d’impôt qui fera baisser le coût de la prime d’assurance, mais uniquement s’ils choisissent un plan doté d’une couverture assez large.
     Le taux de couverture combiné au prix de la police d’assurance doivent faire en sorte que le coût de l’assurance santé ne dépasse pas 9,5 % du revenu. Prévu pour englober un maximum de bénéficiaires, ce volet de la réforme prévoit toutefois quelques exemptions : c’est le cas notamment des personnes non imposables, des immigrants illégaux, des personnes incarcérées et des Indiens.

    Je trouve cela ma fois bien ficelé.. sans doute les républicains craignent il une hausse de leurs assurances (il faudra bien que celles ci répercutent quelque part le manque à gagner par leurs offres de tarifs préférentiels )

    Ensuite, je n’ai pas de statistiques sous la main, mais l’état de santé des américains ne me semble pas florissant...on y mange mal, culture fast food, très carnée aussi..

    Sans doute y aurait il là matière à action préventive qui allègerait le coût du secteur santé...

    quoiqu’il en soit, ce qu’il en ressort c’est que cette polémique c’est.............

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=SX_vPyN507k




    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 octobre 2013 19:38

      @ Loatse


      Un système de santé peut toujours être amélioré et la santé va toujours perdre la dernière bataille puisque nous mourrons tous. La question n’est pas là. Ce qui est en jeu, c’est la volonté de ne PAS être solidaire. L’obstination à penser qu’il faut toujours ne penser qu’a soi, alors qu’une société repose essentiellement sur une collaboration. et que l’ Interdépendance croissante qu’apporte la complémentarité dans une société complexe IMPOSE cette collaboration. l

      La société américaine nie cette évidence, que le succès de l’individu ne peut être optimisé en termes absolus que si le groupe lui-même reçoit des participants l’attention requise. Dans la mesure ou chacun est appelé a se réaliser au dépens de la société, l’Amérique ne cherche donc à se réalise donc qu’au détriment de chacun. ... Et chacun résiste.

      L’Amérique ne se sent solidaire que si une entité externe hostile est là qui l’oblige a une cohésion, ce lui rend indispensable l’existence d’’un ENNEMI ....Elle s’en crée et se transforme donc elle-même en ennemi de tous et de l’humanité.

       On ne peut que souhaiter que cette société soit détruite et chacun, à la mesure de sa force, a le devoir moral d’y contribuer.

      PJCA






  • tf1Goupie 21 octobre 2013 15:53

    Pendant sa periode hippie JCA a du fumer beaucoup de petards jusqu’à croire que ce message naïf : « pays et amour dans le monde entier » était réel ...


Réagir