samedi 7 octobre 2017 - par Robert Bibeau

Alstom – Siemens – Boeing – Bombardier et les autres

 Un média à la solde, la revue Marianne, déconcertée par la délocalisation annoncée de l’industrie « nationale » française, titre rageusement : « France, ton industrie fout le camp !  »,

 

Le mariage Siemens – Alstom.

Marianne, déconcertée par la délocalisation annoncée de l’industrie « nationale » française, titre rageusement : « France, ton industrie fout le camp !  », tentant ainsi de culpabiliser le « peuple citoyen » (ceux d’en bas), pour la concentration de l'économie européenne par en haut. Sur les médias sociaux, des pèquenots reprennent cette sentence et proclament que « Alstom est bradée à l’Allemagne des boches. Bradage de « notre » industrie française » comme si ce pauvre bougre était milliardaire et propriétaire de « notre » industrie française… Mais elle n’est pas à nous l’industrie de France. De plus, le fait que l’actionnariat soit français ne protège nullement les emplois du prolétariat français… comme en fait foi cette fusion intercapitaliste (1). Incidemment, Alstom possède du capital (des usines) au Canada où elle concurrence Bombardier la multinationale canadienne. Cette fusion Siemens – Alstom est donc une transaction mondiale que nous allons examiner succinctement.

Si la Française Alstom est absorbée par l’Allemande Siemens, les usines changeant peut-être de propriétaires, mais pas de prolétaires. Le capital financier lui, qui représente ce capital productif (usines, main-d’œuvre, technologie et brevets) changera de main, passant de Francfort à Paris, consolidant ainsi l’union capitalistique France-Allemagne et menaçant le capital financier canadien, américain (Bombardier) et chinois (CSR). Nous le répétons inlassablement, la politique impérialiste est le reflet de l’économie capitaliste, en voici la preuve évidente avec cette fusion géante. Siemens en avalant les capacités productives d’Alstom s’approprie aussi le carnet de commande de la Française. Parions que l’Allemande se départira du prolétariat français, mais jamais du carnet de commandes…

Mais pourquoi ce jeu de chaise musicale entre ces deux capitales du grand capital ? C'est que depuis des années le grand capital français s'est financiarisé en accélérée, et les milliardaires français sont devenus essentiellement des commerçants et des usuriers, bref, des spéculateurs boursiers, des « tondeurs de coupons » disaient Lénine, avant l’ère de la numérisation Internet. Peu importe aux milliardaires apatrides, occasionnellement résidents de l’hexagone, que ce soient des ouvriers français, canadiens, allemands ou chinois qui rapportent la plus-value pourvu que leurs actions en bourse (à la City, mais plus pour longtemps), à Francfort et à Paris, fluctuent à la hausse – ce qui est le cas présentement. Historiquement, le grand capital allemand s'est vu attribuer le rôle de père Fouettard du capital manufacturier, charger de presser le citron ouvrier jusqu'à l'étrangler, ce en quoi il a excellé, performance que Macron ne parviendra pas à inverser malgré sa volonté et ses mesures d’austérité.

Chacun son métier, la trique est allemande, le prêt usuraire est français, en tandem, l'un est spéculateur boursier, l'autre extracteur de plus-value sous-évaluer. Vous comprenez maintenant pourquoi le CAC40 s’approprie des profits mirobolants alors que l’économie française stagne. Qui pourrait contester cette distribution des rôles sur l'échiquier impérialiste mondialisé ? Certainement pas l'État fétiche - majordome des riches - des deux côtés du Rhin. Et encore moins les ouvriers que ces milliardaires méprisent au plus haut point... de la chair d'expatriés – de la graine d'exploités – quand ce n'est pas de la chair à canon pour les tranchés. Voilà un excellent motif pour les routiers de bloquer les routes de France et les raffineries des franchisés.

 

Les go-gauches écolos-écono-nationaliste.

Les gauchistes nationalistes sponsorisés voudraient que l’ouvrier sacrifie sa vie pour conserver le patrimoine industriel français au pays de l’hexagone et cela contre le gré de ses propriétaires nationaux avérés, des Celtes de souche pourtant (2). Engoncés dans leur écharpe tricolore, socialistes et communistes « insoumis » peuvent aller se rhabiller, les milliardaires mondialisés n’ont rien à faire de leurs remontrances nationalistes. Le prolétariat français n'est pas concerné par cette France d’en haut qu’il méprise. Pour l’ouvrier français ce qui lui reste à faire ce n'est pas d’empêcher le grand capital de l’hexagone de forniquer avec le capital allemand pour consolider la division internationale du capital – mais de se battre pour conserver ses emplois, ses conditions de vie et de travail – sans compter sur l’État des riches, en attendant de renverser ce système capitaliste.

 

Le divorce Boeing – Bombardier.

Alors que d’aucuns se marient, d’autres se divorcent. En Amérique, deux factions du grand capital atlantique se disputent le marché lucratif de l’aéronautique. Le géant multinational Boeing attaque la multinationale Bombardier. Assurément, Boeing (143 000 employés et 94 milliards USD par année) est une grosse bouchée comparée à Bombardier (71 000 employés et 18 milliards USD par année), pourtant trois facteurs avantagent Bombardier. D’abord, l’importance de l’entreprise de Montréal dans l’économie industrielle canadienne. Le gouvernement des riches canadiens ne peut laisser tomber Bombardier. Ensuite, la solidité relative du capital financier canadien (comparée à la superstructure financière américaine). Enfin, en Irlande du Nord, Bombardier emploie 8000 salariés ce qui signifie que la décision du secrétariat américain au Commerce d’imposer des droits compensatoires de 220% sur la valeur du contrat de Delta Airlines bouscule les intérêts britanniques et ceux de Delta-USA. D’ailleurs, l’exagération de la sanction est l’assurance d’une stratégie de « négociation ». D’autant plus que les avions de la CSérie, vendus par Bombardier, sont d’une catégorie intermédiaire (110 à 160 passagers) ce que Boeing ne produit plus depuis une décennie. Les deux avionneurs s’activent sur des marchés différents, non concurrents. Ces mastodontes multinationaux finiront par s'entendre sur le dos de leurs ouvriers que d'ici là on aura formatté à défendre "leur compagnie"...

 

Le prolétariat canadien.

Peu importe que Boeing soit en service commandé pour le compte du Département du commerce américain en train de renégocier le pacte de « libre échange » (sic) de l’ALENA (États-Unis–Canada-Mexique). Le prolétariat canadien n’a pas à se sacrifier pour défendre les capitalistes canadiens contre les capitalistes américains. Les deux sont solidement intégrés au sein de la même structure monétaire où tout s’équilibre de toute manière (comme pour Alstom-Siemens). Si ce n’est pas Bombardier qui récolte la plus-value ouvrière canadienne, ce sera Boeing – qui promet des milliers d’emplois au Canada suite aux contrats d’achats des avions militaires FA-18 Hornet par le gouvernement militariste canadien. Comme son camarade de France, le prolétaire canadien doit défendre ses conditions de vie et de travail, quelle que soit la multinationale spoliatrice au drapeau étoilé ou à la feuille d’érable unifoliée qui l’exploite, et ce jusqu’au jour où il pourra lui aussi renverser la dictature des riches.

 

 

Notes

 

  1. https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/alstom-siemens-stx-le-nouveau-197228
  2. Robert Bibeau (2017). Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne. L’Harmattan. Paris. 2017.

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15 réactions


  • pallas 7 octobre 2017 16:12
    Robert Bibeau

    Les loi de la nature sont simple « le fort survie et le faible disparait ».

    C’est pareil pour les peuples, nations, empires.

    La France est une nation faible, elle disparait, effacer de l’existence et de l’histoire.

    J’ai honte de faire partie de ce peuple, qui est indigne de tout.

    Salut


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 7 octobre 2017 16:47

      @pallas


      N’ayez pas honte d’etre francais mais comprenez mieux ce que cela signifie. La France c’est d’abord des millions de prolétaires valeureux - courageux - batailleurs (même si présentement ils hésitent parce que ils savent que la prochaine lutte de classe sera sanglante) 

      La France c’est aussi des millions de petits-bourgeois en voie de paupérisation et qui voudraient mobiliser le prolétariat (ils l’appellent le PEUPLE - façon de ne pas prononcer le mot effrayant d’ouvrier-prolétaire) pour défendre leurs intérêts de bobo Mais le prolétariat français qui en a vu d’autre = probablement le contingent ouvrier mondialisé le plus expérimenté au monde - refuse de se sacrifier pour sauver la petite bourgeoisie effrayée.

      Puis il y a de français aussi cette classe - caste de riches capitalistes qui place son capital n’importe où à travers le monde = elle se moque bien des frontières qu’elle a érigé du temps de son take off terminé c’est bon pour les pseudos communistes et autres gauchistes  les frontières nationales comme en Catalogne et au Québec 

       

    • Robert Bibeau Robert Bibeau 8 octobre 2017 23:23

      @Jao Aliber


      UNe erreur à mon avis 

      Le mode de production prolétarien-communiste - supérieure il est vrai au mode de production capitaliste décadent  et anarchique que nous voyons ne sera pas basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme  (C’est à peu près la seule chose que Marx a pu dire de ce système qu’il ne connaissait pas et ne pouvait imaginer en 1860) 

      Le reste des caractéristiques de ce nouveau mode de production sont à inventer NON PAS PAR L’AVANT-GARDE DE MES DEUX, Dieu nous en préserve - mais par la classe prolétarienne elle-même 

      Ne cherchez pas on sera dans le domaine de l’inimaginable sous le capitalisme moribond  



  • gogoRat gogoRat 7 octobre 2017 19:21

    avis d’employés pour Alstom :
    https://www.indeed.fr/cmp/Alstom/reviews


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 7 octobre 2017 20:10

      @gogoRat


      Voila du concret = j’aime 

      que dois-t-on en déduire de ces avis d’employés  selon vous  ??? 

      Merci pour la référence 

       

    • Clemoutch 9 octobre 2017 14:37

      @Robert Bibeau

      Que les 30 glorieuses et la planche à billets ca a du bons pour certains... pour les autres ... on repassera ... demain...


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 9 octobre 2017 19:37

      @Clemoutch


      OUI ET LE PROLÉTARIAT LE SAIS PARFAITEMENT MAIS IL N’A AUCUN = AUCUN POUVOIR POUR EMPÊCHER LA PLANCHE À BILLET 

      Alors on la subit vous comme moi jusqu’au jour ou 



  •  C BARRATIER C BARRATIER 8 octobre 2017 19:11

    Ceux qui savent le fa, font, entrepreneurs que tout le monde peut tenter de devenir....d’autres vivent de du dénigrement de ceux qui font


    • Le421... Refuznik !! Le421 8 octobre 2017 19:18

      @C BARRATIER
      Désolé, je n’ai pas branché mon décodeur.
      Ceux qui savent le fa... Ou le do ou le si.
      Des musiciens ?
      Non, vraiment, désolé.


  • Le421... Refuznik !! Le421 8 octobre 2017 19:16

    De toute façon, la croissance est de retour et le chômage baisse.
    Du moins sur BFMTV...
    C’est merveilleux, non ??


  • Orageux / Maxim Orageux / Maxim 9 octobre 2017 11:57

    Je suis ravi d’être revenu sur Agoravox....si si.......nous avons de brillants économistes, analystes, philosophes, savants, théologiens , même des révolutionnaires et tutti quanti !!!

    Mais que font -ils ici alors que nos gouvernants pataugent dans la semoule depuis 1981 !!!

    Ici nous avons les spécialistes et nous ne profitons pas de leur expérience et compétence .....

    et je lis « Un nouveau mode de production prolétarien » ......ça n’a pas trop fonctionné non plus , et puis prolétaire, c’est pas très honorifique non plus.....

    Bonjour, je me présente, je suis prolétaire ( j’imagine l’autre personne ....Ah bon c’est quoi ce machin ??? une maladie ?


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 9 octobre 2017 22:58

      @Orageux / Maxim


      bONJOUR PETIT D’HOMME 

      1) NOUS NE DÉSIRONS NULLEMENT AIDER « NOS » gouvernements = VOS gouvernements à sortir de la choucroute minable =  nous souhaitons éradiquer - exterminer « VOS » gouvernements des riches incapables de sortir des emmerdes de ce mode de production moribond - décadent - dégénéré.

      2) YES ignare - un nouveau mode de production prolétarien afin de bien le distingué des systèmes dit SOCIALISTES - OU COMMUNISTES qui ne furent TOUS que du capitalisme d’État comme on peut l’observer aujourd’hui ignare 

      Merci beaucoup pour votre provocation qui m’aura permit de faire ce point.




  • Clemoutch 9 octobre 2017 14:33

    Dire que peu importe la nationalité de l’actionnaire il faut continuer a défendre ses conditions de travail.
    C’est dire : Peu-importe quel diable vous fait signer il faut continuer à jouer avec les mêmes dés pipés.

    D’accord : Que l’actionnaire soit Anglais Americains Allemand ou Français ne changent rien en théorie.
    D’accord : Le sentiment nationaliste qui voudrait qu’on soutienne (nous Français) « un fleuron » de l’industrie française c’est aussi avoir le prolétaire sur le billot et les actionnaires qui se marrent !!

    Mais avant d’expliquer que l’industrie capitaliste n’a plus de frontières et que si ont veut continuer a bosser il faut faire avec ce qu’on nous propose. Je comprend pas pourquoi vous n’avez pas commencer par dire que l’industrie capitaliste n’as pas de morale et que la suppression des frontières leur a permis de s’affranchir du rôle contraignant de l’état qui obligeait de garder un minimum de garanties pour le salarié.

    Je ne dit pas qu’il faut retrouver un Etat fort qui garantisse « le minimum » pour le salarié( une idée probablement vétuste qui na plus sa place aujourd’hui), Je dit surtout que si c’est la merde pour certains (les salariés) :
    1) c’est que le monde du travail c’est pas le pays de Casimirs.
    2) c’est que d’autres (fonctionnaires, politiciens, institutions) ont perdus et ou se sont désengagés de leur missions.
    3) l’individualisme et l’egocentrisme permettent de conserver un système hierarchique qui ecrasera toutes bases solide de revendications.

    En faite rien de nouveau sous le soleil si ce n’est que plus sa va moins ca va parceque tout le monde explique qu’il faut continuer dans le meme sens.
    Aussi tout l’intérêt est de retrouver une structure qui nous fait travailler et survivre ensemble ! Et non pas chacun dans son coin !!!
    Mais la il y a du taf !!!!


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 9 octobre 2017 20:01

      @Clemoutch

      EXCELLENT COMMENTAIRE QUI POSE DE VRAIS QUESTIONS IMPORTANTES 


      PRENONS EN UNE DE QUESTION. Vous écrivez « l’industrie capitaliste n’as pas de morale et que la suppression des frontières leur a permis de s’affranchir du rôle contraignant de l’état qui obligeait de garder un minimum de garanties pour le salarié. »

      1) Oui le capital n’a aucune morale = la morale c’est pour la petite bourgeoisie de bobo si facile à faire brailler sur la liberté alors qu’elle est enchainée par les biens de consommation dont on la privera de plus en plus soyez patient.
       2)  Ils n’ont pas voulu détruire les frontières = vous vous trompez comme tous les communistes de France = le mode de production capitaliste en évoluant a EXIGÉ la disparition des frontières capitalistes internationaux et États à leur SOLDE  se sont exécutés  et ce sont les traités de libre échange 
      3) NON NON l’État bourgeois n’est en aucun cas un garde fou des pouvoirs ouvriers sinon pour les écrasés - les éliminés jamais pour les protégés jamais SEUL L’État prolétarien défendra en exclusivité - uniquement - le pouvoir ouvrier 

      Mais  pour cela il faudra d’abord détruire leur mode de production moribond PAS LE RÉFORMER POUR LE CORRIGER NON = LE DÉTRUIRE - L’ÉRADIQUER 

      ROBERT BIBEAU HTTP ://WWW.LES7DUQUEBEC.COM 

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