lundi 4 juin 2007 - par Loïc Decrauze

Altermondialisme : l’idéologie de l’autruche

La mauvaise foi des altermondialistes, autruches idéologiques ne prenant pas en compte les réalités du fonctionnement humain, rappelle les entêtements communistes au XXe siècle.

Heiligendamm, comme hôte des huit premières puissances économiques, s’inscrira peut-être comme l’amorce historique, mais sans doute inutile, d’un changement de la gouvernance américaine à l’égard de l’environnement. Que le système d’échanges frénétiques intègre ce paramètre constitue en soi une avancée notable.

 

A des lieues de cette nouveauté résonneront les protestations et revendications d’altermondialistes pour qui l’intolérable s’accroît, les années de bénéfices passant.

 

A interroger nombre d’entre eux sur la cohérence de leur virulence à l’égard de systèmes historiquement plus néfastes, le malaise pointe rapidement. Pourquoi, à l’époque du communisme triomphant, du collectivisme achevé, ne trouvait-on aucun esprit de similaire mouvance idéologique qui dénonçât ces abus criminels ? Aucun des génocides sociaux engendrés par l’application de ces théories n’a sensibilisé leurs pairs.

 

Après quatre-vingts années d’idéologie communiste qui n’avait comme objectif, dans sa rivalité avec la pratique libérale à l’Ouest, que de montrer sa supériorité dans l’activité économique (au point d’affamer ses peuples), la vacuité de son application l’a fait s’effondrer sur elle-même, laissant quelques dizaines de millions de cadavres en héritage.

 

Que reprochent les altermondialistes au système économique restant, qu’ils qualifient volontiers de sauvage, de déchaîné, d’ultra... et pourquoi pas d’intégrisme libéral ? Quelques ouvrages et déclarations ont, d’ailleurs, osé détourner, sans conscience de l’infamie, des vocables réservés jusqu’alors aux pays privés de liberté, pour les accoler au libéralisme. Ainsi « La dictature libérale » de Rufin ou « le capitalisme totalitaire » de Séguin. C’est, en effet, cette ignoble pratique économique qui a permis à l’Allemagne de l’Ouest d’injecter quelque 765 milliards d’euros dans la partie Est, avec ses quinze millions d’habitants, parmi lesquels certains trouvaient encore à se plaindre de ne plus avoir leur misérable emploi à vie, n’admettant pas que liberté rime avec responsabilité.

 

Sans doute le libéralisme n’a pas, intrinsèquement, de vocation humaniste, mais quelle pratique organisationnelle viable peut l’avoir ? L’histoire a définitivement disqualifié les idéologies aux intentions généreuses qui doivent compter avec la nature fondamentale de l’être humain.

 

Ce qui effraye les altermondialistes, qui, curieusement, viennent souvent de pays déjà développés, c’est sans doute de constater qu’un groupe indien a pu se payer l’européen Arcelor, et donner ainsi naissance au premier groupe sidérurgique mondial. Onze mois après cette fusion, la réussite du projet a fait gagner soixante pour cent au titre. Ce qui navre les défenseurs d’une autre mondialisation, qui ne pourrait se faire que dans un autre univers que celui de l’être humain, c’est d’admettre ce qu’a pu en retirer le Brésil qui devient la dixième économie mondiale. En 2050, avec ce système injuste, 77% du PIB mondial proviendra des pays émergents alors qu’en 1975 les pays développés accaparaient 66,4% de la richesse produite. Et l’on en trouve encore pour prétendre que la mondialisation libérale dessert les plus pauvres.

 

La vraie question à se poser est celle de la stabilité politique et de la pérennité d’un état de droit. La tragédie africaine n’est en aucun cas due à la sauvagerie des règles économiques (sinon l’Afrique du Sud serait, depuis longtemps, dans le chaos) mais découle directement du cynisme politique d’autocrates entretenus, d’affrontements sanglants pour l’obtention du pouvoir sur la terre, de la lutte à mort pour imposer son idéologie. Un exemple frappant ? La République démocratique du Congo : après quarante ans de joug dictatorial et de désespérantes guerres civiles, le modèle démocratique a fini par triompher, portant au pouvoir un président élu. Résultat : plus de 6,5% de croissance pour 2006. Et même lorsque le pays n’a pas de ressources propres à forte valeur ajoutée, comme les hydrocarbures, la qualité de son régime et de ses pratiques politiques servt le développement d’une économie libérée.

 

Alors, sans doute me renverra-t-on les pauvres toujours plus nombreux, les riches encore plus voraces, et le système de plus en plus inégalitaire. La malhonnêteté de certains doctrinaires de l’altermondialisme consiste à balancer quelques chiffres bruts, sans aucune comparaison historique qui permettrait de se poser les bonnes questions. Qu’il y ait plus de pauvres aujourd’hui qu’il y a cinquante ans, en valeur brute, c’est indubitable, mais en pourcentage respectif de la population à chaque époque ?

 

On reproche au système libéral de ne faire aucune place à la protection des individus les plus faibles. Là encore l’agitation altermondialiste oscille entre l’inculture confortable et l’hypocrite négation de quelques réalités historiques.

 

Prenons le cas français : le 22 mars 1841, donc bien avant la vague idéologique rouge, le libéral François Guizot, qui a encouragé la grande bourgeoisie capitaliste à la prospérité par le travail et l’épargne, fait voter une loi pour limiter le travail des enfants à l’usine. Un début timide, certes, mal appliqué, convenons-en, mais la première marche du progrès social scellée par cet adepte d’un « libéralisme éclairé, surveillé ».

 

Autre idée reçue : le syndicalisme serait l’initiative première d’esprits de gauche. L’histoire, encore, dément : le libéral Emile Ollivier parvient à faire adopter la loi du 25 mai 1864 qui légalise le droit de grève (lesquelles grèves augmenteront de 37,5% par rapport à l’année précédente, ce qui confirmera la nécessité de cette avancée) sous conditions qui paraissent, aujourd’hui encore, d’une sagesse moderne : pas de violence ni d’atteinte à la liberté du travail (ce qui ne plaira pas aux jusqu’au-boutistes partisans des piques pour les têtes patronales). Vingt ans plus tard, le libéral Waldeck-Rousseau attribue la personnalité civile aux syndicats. Effet spectaculaire : plus 650% de syndiqués en moins de dix ans.

 

Pour parachever la démolition des idées reçues dans la répartition caricaturale de la paternité du progrès social, une question : pourquoi sont-ce dans les pays qui n’ont pas eu à connaître l’activisme communiste que le syndicalisme est le plus ancré et pratiqué, et donc le plus puissant ?

 

La mauvaise foi des altermondialistes, autruches idéologiques, ne prenant pas en compte les réalités du fonctionnement humain, rappelle les entêtements communistes au vingtième siècle. Ainsi, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, alors que l’économie des pays de l’Ouest profite d’un essor exceptionnel qui permettra à la classe ouvrière d’accéder à l’aisance moderne, les communistes théorisent autour de la « paupérisation absolue » des ouvriers dans nos contrées. Quel aplomb dérisoire lorsqu’on sait ce qui se passait pour les peuples de l’autre côté du rideau de fer...

 

Sans doute faut-il réglementer davantage, encadrer un peu plus la mondialisation actuelle ; mais cela ne peut s’allier avec la rupture idéologique d’altermondialistes qui reproduisent les schémas de ce qui a déjà, et criminellement, échoué.

 



31 réactions


  • bulu 4 juin 2007 13:50

    L’altermondialisme n’est pas une ideologie comme vous le pretendez.

    C’est un fourre tout dans lequel on classe tous les gens qui sont contre le systeme dominant actuel mondialiste qui derive. Ce fourre-tout est constitue de plein de groupes avec des ideologies souvent antagonistes.

    On aimerait que vous fassiez plutot la critique de certains themes chers aux alter : la privatisation du bien commun et du vivant par exemple et peut-etre illustrer s’ils font l’autruche.


  • Ronny Ronny 4 juin 2007 15:44

    @ auteur

    Je crois que vous n’avez pas bien compris ce qu’est l’alter mondialisme. Aussi je vous suggère d’aller faire un tour sur le site d’ATTAC par exemple...

    http://www.france.attac.org/r1

    Le problème auquel nous sommes confrontés est l’émergence d’une seule « culture économique », celle du capitalisme pur et dur pour simplifier, et ce depuis la chute du mur de Berlin. Nous avons tous salué cet évènement sans nous rendre comte qu’en même temps risquaient de tomber nos avancées sociales, la protection des plus pauvres, la qualité de vie sur la planète, etc.

    Les altermondialistes (dont je suis) ne sont pas contre le capitalisme. Ils sont contre le capitalisme non régulé. Il ne sont pas contre l’individu mais contre l’individualisme.

    Si vous n’imposez pas de contrainte forte au capitalisme, vous tirerez l’ensemble de nos sociétés vers le bas. Ce sera toujours une prime au moins disant social, au moins disant régulatoire, au moins soucieux de l’environnement. On « marchandisera » les biens publics : la santé, l’éducation, la fourniture d’énergie. Si l’on pouvait nous faire payer l’air que nous respirons, on le ferait ! La corruption ne sera pas combattue, les détournements fiscaux non plus, les mafias survivront tant qu’elles rentrent dans le système, les plus riches seront encore plus riches, et les plus pauvres encore plus pauvres... C’est ce que nous constatons depuis 20 ans. Ce n’est pas mon idéal d’un futur meilleur pour mes enfants. Peut être est ce le votre ?


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 11:22

      C’est bien le problème des contraintes fortes que vous évoquez pour finir... D’autres idéologies l’ont proné et on a pu observer les dégâts criminels occasionnés et la destruction totale du tissu économique qui ont non seulement tiré les pays victimes vers le bas, mais ont enterré les opposants aux inculqueurs du bonheur, par la contrainte.


  • ZEN ZEN 4 juin 2007 17:43

    Difficile de faire davantage dans la simplification et dans l’amalgame...


  • Le Hérisson Le Hérisson 4 juin 2007 17:55

    Vous parlez d’un sujet que vous ne connaissez manifestement pas, bien que je ne sois pas altermondialiste moi-même. Les « alters », en tout cas la majorité d’entre eux, ne sont pas « anti mondialistes ». Ils veulent surtout agir afin qu’un pouvoir politique puisse émerger et contrôler les flux économiques, ainsi que cela se passait à l’échelon d’une nation à partir du XXème siècle. L’autre objectif est de taxer les flux financiers afin que le travail le soit moins. La disproportion entre les deux est énorme, alors que des enjeux fiscaux sont considérables (santé, grand âge...) et nous attendent.

    Le problème principal aujourd’hui est celui d’une « financiarisation » du capitalisme, et non le capitalisme lui-même. C’est à dire que l’on gagne davantage à placer son argent dans les fonds de pension que dans une entreprise industrielle, fut-elle dans un secteur en expansion.

    De grâce, ayez un peu plus de culture économique avant d’écrire un article.


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 5 juin 2007 13:31

      La volonté de l’altermondialisme est bien de faire accroire qu’on peut insuffler un certain dirigisme par une utopique gouvernance mondiale qui respecterait les libertés individuelles... Pas de la technique économique, mais le simple bon sens du fonctionnement humain suffit à démontrer qu’il n’est pas possible d’appliquer ce programme sans dérive, à la manière du communisme... La comparaison d’impose, donc.


  • Tatanka 4 juin 2007 19:45

    La RDC un exemple n’est ce pas ? Un exemple en tout cas dans vos termes puisque seuls les chiffres de la croissance économique du pays semblent être digne d’être cités. Mais que penser alors de la déforestation massive (avec la bénédiction de la banque mondiale) qui y règne actuellement ? Est-ce là le prix que demande le libéralisme pour qu’un pays pauvre sans hydrocarbure puisse exister ?


  • Manuel 4 juin 2007 22:29

    Confondre l’alter-mondialisme avec les régimes communistes, c’est au moins aussi stupide que d’amalgamer capitalisme et libre entreprise avec fascisme. Surtout que bon le niveau des arguments faut arrêter là, la République du Congo, un exemple en Afrique, le ridicule ne tue pas mais s’en rendre compte peut être utile pour éviter de passer pour un gogo.


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 5 juin 2007 13:26

      Encore de l’oligophrène en couche là... Le bougre n’a rien compris au choix de la RDC : à aucun moment je n’ai voulu en faire un exemple pour l’Afrique. Je cite simplement un chiffre le concernant quant à une croissance qui peut laisser espérer de meilleurs jours si les dérives politiques et sociales cessent (et qui n’ont rien à voir avec le libéralisme en tant que tel !). Rien de plus. Cessez donc les extrapolations bancales.


  • Forest Ent Forest Ent 4 juin 2007 22:32

    Visiblement, l’auteur a coincé son compteur en 1987. Personne n’a un truc pour exorciser le fantôme de Jean-François Revel qui publie encore régulièrement ici ? smiley


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 10:18

      Le lumineux Revel reste en effet bien plus pertinent que nombre d’essayistes ralliant la bonne pensée monobloc telle que la majorité des intervenants ici la charrient. Quant au compteur, il va falloir réviser vos chiffres mon bon monsieur : « La grande parade » publiée en février 2000 « L’obsession anti-américaine » publiée en août 2002


    • Forest Ent Forest Ent 6 juin 2007 11:30

      Et en plus vous n’avez pas le sens de l’humour ! Je vais devoir être plus explicite. Votre article est creux. Vous critiquez quelque chose que vous ne connaissez pas, en le comparant à quelque chose qui n’existe plus et qui n’a rien à voir.

      Je suis « antilibéral », au sens où je suis opposé à la mondialisation telle qu’elle se pratique, et je ne me sens pas du tout concerné par votre article. Si vous souhaitez vous familiariser avec ce mode de pensée, j’ai résumé mes convictions sur ce sujet dans cet article :

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24259


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 22:40

      Je vais moi aussi être beaucoup plus clair : je réserve mon sens de l’humour aux esprits qui en valent la peine et pas aux animalcules censeurs qui encombrent ma page. Votre jugement sur mon degré de connaissance, sous-entendu comparé au vôtre magistral, renifle encore une fois le dérisoire inconséquent, mais fier de l’être. Quant au communisme qui n’existerait plus : aller dire ça aux Coréens du nord et au Cubains ! Et mieux encore, dans votre raisonnement lumineux : comme il n’existerait plus, interdiction absolue de le comparer avec cette fallacieuse doctrine de l’altermondialisme. La conséquence tirée d’une constatation mensongère laisse pantois... Laissez donc mon article « creux » tranquille : en l’espèce mon « creux » crée le relief et la profondeur aux antipodes de vos platitudes. Vous êtes anti-libéral, bravo ! Je suis moi anti-altermondialiste, et je vous emm...


    • Forest Ent Forest Ent 6 juin 2007 23:47

      « Je suis moi anti-altermondialiste, et je vous emm... »

      Voilà un point d’équilibre sur lequel nous resterons effectivement. smiley


  • snoopy86 4 juin 2007 23:18

    Il n’est pas interdit de préferer JF Revel à José Bové


  • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 5 juin 2007 10:08

    Gros succès pour votre article, à en juger par la notation !

    Comparer le communisme à l’alter mondialisme est non seulement sectaire et manichéen, mais complètement idiot.

    J’ajoute que les autruches, la tête dans le sable, sont plutôt les défenseurs d’un système auquel s’opposent les alter, justement, le capitalisme libéral, qui est en train de détruire la planète.


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 5 juin 2007 13:15

      Puisque vous adoptez l’attaque ad hominem de bac à sable le benêt Bonnet, je ne vais pas m’attarder à vous démontrer que ces deux démarches, sous apparence généreuse, recèlent la même inapplicabilité. Que vous n’ayez rien compris à la thèse de mon article est une chose, en modèle d’esprit limité que vous campez à merveille, mais que vous insultiez au lieu de contre argumentez ne mérite que de vous conchier puissamment. Mauvais vent pour le sieur dérisoire sus nommé.


    • Jimd Jimd 5 juin 2007 21:09

      @ olivier. ce sont les hommes qui detruisent la planete. les hommes. par leurs comportement, leurs achats, leurs usines. ce sont les hommes qui decident de tout ca. et se sont les hommes qui sont incapable politiquement de stopper la pollution. il ne faut pas se defausser sur un systeme qui est certe imparfait.


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 10:23

      Je suis bien d’accord avec vous... l’être humain ne peut appliquer des systèmes qui se veulent dirigistes dans la générosité. Un leurre qui nous fait perdre du temps sur l’adaptation du libéralisme aux impératifs du siècle.


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 10:27

      Ce qui est navrant c’est que vous appeliez à retenter l’aventure idéologique gauchiste, faussement généreuse sous couvert de génocides sociaux contre les catégories qu’elle juge possédante. Le communisme est intrinsèquement criminogène, cf. l’excellent documentaire « La faute à Lénine » qui part des textes premiers des théoriciens de la pseudo révolution de 1917.


  • white scarf 5 juin 2007 17:41

    Bonjour, votre exemple Arcelor Mittal est déconnecté de toute réalité. Mittal Steel était une société néerlandaise, à capitaux anglo-américains, et sans une seule usine en Inde. Ses propriétaires sont nés en Inde. Tout ça est l’exemple même d’une mondialisation au service des grands squales. Quant au « succès » de la fusion, il ne concerne que les actionnaires, c’est à-dire avant tout la famille Mittal. Renseignez-vous sur la R&D, le climat social, le traitement des ressources humaines, etc. : vous aurez une idée des bienfaits de cette mondialisation-là...


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 10:41

      Vous n’avez pas bien saisi le choix de cet exemple : ce qui compte ce n’est pas les alambiquages capitalistiques de la société, mais bien l’impact psychologique de la nationalité du phagocyte économique, en l’espèce un Indien ! Peu importe qu’il y ait ou pas des employés dans le pays, peu importe la politique des ressources humaines, ce qui compte c’est la tendance fondamentale d’un système qui permet un début de redistribution des cartes. Par ailleurs, j’aurais pu vous citer le géant minier brésilien Companhia Vale do Rio Doce (CVRD) qui s’est emparé du Canadien Inco ou le sidérurgiste russe Evraz qui s’est payé son concurrent américain Oregon Steel.


  • flamandrose 5 juin 2007 18:36

    Vous avez une méconnaissance totale des oppositions au stalinisme et au capitalisme d’Etat.Modérez vos leçons d’histoire et éloignons-nous de l’histoire officielle du Kremlin ou de la CIA. Face au bulldozer capitaliste et aux incapacités structurelles du communisme totalitaire, ne pouvonsnous pas (re)penser le socialisme libertaire pour que la gauche allie enfin efficacité créativité écologie sociale démocratie directe autogestion liberté laicité solidarité internationalisme...


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 10:51

      Et c’est moi qui joue au donneur de leçon... Vous revendiquez un combat libertaire, de la même façon que le faisaient les étatistes gauchistes du XIXe. En quoi devrait-on vous croire davantage et risquer de nouveaux massacres légalisés sous couvert de générosité organisationnelle ? Moi je préfère la gestion libre du monde selon le principe, certes imparfait du fait de la nature cupide et ambitieuse de l’être humain, de l’équilibre des forces économiques en présence.


  • yvesduc 5 juin 2007 22:50

    Navré mais je ne vois pas le lien avec le communisme. Je suis altermondialiste, pas communiste, et je suis étonné de me voir taxé (dans votre conclusion) de soutenir un “schéma criminel”. Il y a un pas entre critiquer les excès du libéralisme et prôner un régime communisme, et ce pas vous allez un peu vite en nous attribuant de l’avoir franchi ! Il y a des communistes chez les altermondialistes, certes, mais pas seulement.

    ATTAC, dont je suis adhérent, fait un formidable travail d’éducation populaire et de décryptage des illusions du libéralisme. Les libéraux ont besoin de critiques et d’être critiqués et ATTAC remplit ce rôle. Vous critiquez les altermondialistes et c’est votre droit à votre tour mais malheureusement, en abordant trop peu le fond et en introduisant un élément parasite, le communisme (qui n’a rien à faire là).

    Vos références aux libéraux qui ont fait ceci et cela (François Guizot, Emile Ollivier) sont anecdotiques et ne montrent rien d’autre que l’existence de points de convergence entre certains libéraux et les altermondialistes/communistes/syndicalistes - au choix et selon la période étudiée. Ne soyons pas surpris que ces points de convergence avec les altermondialistes existent puisque ces derniers veulent “dompter” le fauve libéral, pas le “tuer” (je rappelle cette évidence qui ne semble pas l’être dans votre vision de l’altermondialisme).

    Vous avez raison, l’altermondialisme est en opposition avec un pan des réalités du fonctionnement humain. Notre travail consiste précisément à cultiver l’autre pan. Mais le libéralisme effréné, lui, est en opposition avec les réalités du fonctionnement de la planète et nous mène droit dans le mur environnemental et énergétique. Les décades à venir et notamment le Pic Pétrolier, prévu pour 2010-2015 (“ah, les prévisions !” me direz-vous... mais enfin, là c’est l’ASPO qui le dit (1)), trancheront et nous verrons à l’occasion comment votre belle économie florissante se comportera avec une production pétrolière en déclin ! L’un des reproches faits à l’économie libérale est son irresponsabilité devant les citoyens et la Nation : personne ne sera responsable, personne ne sera coupable... Le capitalisme vise l’enrichissement personnel à court et moyen terme - et après moi le déluge. C’est - vous avez raison - une facette de l’homme, mais pas la plus intelligente et la nature saura nous le rappeler un jour.

    « Ce qui navre les défenseurs d’une autre mondialisation (...), c’est d’admettre ce qu’a pu en retirer le Brésil qui devient la dixième économie mondiale. »

    Non, ça ne nous navre pas du tout et le rachat d’Arcelor non plus. En fait, nous ne voyons pas du tout les choses comme vous : ce n’est pas la réussite du Brésil qui nous intéresse mais en quoi elle profite - ou non - aux Brésiliens. Vos chiffres ne disent rien. Si les Brésiliens sont heureux, qu’importent les chiffres ? Et inversement. Le libéralisme apporte le progrès mais aussi des inégalités. Voyez la “règle des 50/2” (j’approxime (2)) : sur la planète, 2% des gens possèdent 50% des richesses et 50% des gens possèdent 2% des richesses. La petite frange d’ultra privilégiés, que nous pouvons appeler les oligarches tant leurs rapports avec le pouvoir politique sont parfois proches, n’ont plus aucune perception des réalités. Ils vivent dans un petit cocon doré où tout est rose et ils semblent désormais prêts à toutes les folies (guerres, fabrication d’attentats contre leur propre peuple, etc.) pour préserver et accroître leurs privilèges. L’argent leur est monté à la tête. Ils sont devenus fous. Appeler à un peu de modération n’est pas “communiste” : c’est juste le bon sens ! Quant à la croissance éternelle, c’est une illusion dangereuse.

    (1) “C’est bien l’énergie et l’économie qui sont en jeu” : http://yves.ducourneau.club.fr/119/clark.html

    (2) “2% de la population du monde possèdent 50% de ses richesses” : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=285


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 6 juin 2007 11:07

      Là où je vous rejoins, c’est sur l’impossible croissance éternelle. Le très beau livre d’Albert Jacquard, « Mon utopie » en parle très bien. En revanche, je sens poindre sous vos souhaits utopistes la même dérive qui a conduit la volonté communiste à imposer aux collectivités ce qui leur semblait bon pour eux, sans intégrer la tendance foncamentale humaine qui est de détourner à son profit tout système dirigiste, si généreux soit-il. Je le répète : le libéralisme est un moindre mal. Enfin : l’aveu même de la présence de communistes dans vos rangs laisse augurer le pire pour votre mouvement !


    • yvesduc 6 juin 2007 23:03

      Est-il préférable de voir LES gens « détourner à [leur] profit [un] système dirigiste » (finalement, à vous entendre, ce détournement est collectif donc d’une certaine façon, équitable), ou DES gens (une petite poignée) détourner à leur seul profit un système non dirigiste ? Aucun de ces deux extrêmes ne me satisfait, à vrai dire.

      « le libéralisme est un moindre mal »

      Cela ne veut pas dire que l’on doit laisser la machine s’emballer ni cesser de réfléchir au juste dosage entre sphère marchande et sphère non marchande. Il y a des nuances dans le libéralisme et je préfère certaines nuances à d’autres... Sous votre plume, le « dirigisme » ne désigne-t-il pas tout simplement (je pose la question) le pouvoir politique, donc le pouvoir du peuple souverain ? Vous me répondrez que tout consommateur a un pouvoir mais c’est alors un pouvoir directement indexé sur la richesse de l’individu. Prenons un exemple : pensez-vous qu’il est une bonne chose de mettre entre les mains du marché la question de l’énergie (électricité, pétrole) ? Le marché prendra-t-il de meilleures décisions qu’un gouvernement ? (je n’ai pas la réponse, là) Prenez le Pic Pétrolier : le marché pourrait-il prendre la décision d’investissements massifs pour démarrer la grande mutation industrielle de l’après-pétrole ? Ou les « les réalités du fonctionnement humain » préfèreront-elles toucher aujourd’hui leurs dividendes et ne pas soucier du sort de nos enfants, dont l’avenir n’est pas côté en Bourse ? Ma question sous-tend une réponse mais je n’ai, en réalité, pas cette réponse...


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 7 juin 2007 09:42

      En effet, vous posez de vraies questions, ce qui tranche avec certaines réactions-éructations que j’ai pu découvrir sous mon article aux teintes vitriolées, je l’admets. Bien sûr que je ne suis pas pour un libéralisme statufié (c’est d’ailleurs un peu antinomique, voire oxymorique) ad vitam aeternam : voyez ma conclusion. Ce qui m’inquiète, c’est la démarche sous-jacente chez certains altermondialistes qui reprennent de vieux schémas de dangereuse générosité : soit par une tromperie intellectuelle inapplicable, soit par une dérive contre productive.


Réagir