American Circus
Les caucus dans l'Iowa ont livré leur verdict : une surprise - l'échec de Donald Trump bon second, l'antichambre de l'oubli selon ses propres dires - et une demi-surprise, la victoire étriquée de Hillary Clinton sur son challenger Sanders, proclamé socialiste ( à la sauce américaine, ce qui avec nos critéres le situe loin à la Droite de Macron, pas de quoi effrayer un chat)
Les tonitruantes déclarations de Donald Trump, une sorte de ruminant perdu au milieu des ânes et à qui manque la placide chaleur du regard bovin, ne lui ont pas permis d'entamer la course à l'investiture républicaine en tête.
Les élections dans l'Iowa, un état rural qui lui allait comme un gant et où ses meuglements auraient dû faire florès, a livré son verdict.
Sa grossière rusticité censée lui gagner l'adhésion des rustres n'a pas convaincu une majorité de participants.
L'homme pourtant avait de quoi convaincre : milliardaire, une qualité qui sied si bien à ceux qui font vertu de ne rien avoir et jouisseur, ce qui attire forcément les sympathies des frustrés avec un petit bémol pour sa vie officielle émaillée de trois mariages qui fait un peu tache dans des comtés ou l'on se jure fidélité pour la vie et où l'adultère ne va pas jusqu'au divorce.
On peut évidemment considérer qu'il n'y a pas de grandes différences de philosophie politique ( je me demande si un alpha privatif ne s'imposerait pas à philosophie ) entre Cruz et lui, sinon chez le premier une façon plus policée d'égrener les mêmes sottises.
En tout état de cause, cela doit être un grand soulagement chez les hiérarques du parti républicain qui voyaient avec consternation le Great Old Party sombrer dans la caricature et les coups de gueule prendre peu à peu le pas sur une réflexion un peu plus élaborée.
Sarah Palin, autre égérie de la stupidité en politique, excitée greluche discourant ( si l'on peut appeler discours un enfilage de perles d'inculture ) aux rombières emperlousées et aux nuques épaisses dont les capacités cognitives sont dépendantes des vapeurs alcooliques ( on connaît ça chez nous aussi ), lui avait apporté son soutien.
Peut-on y voir une relation de cause à effet ? On aimerait bien mais il vaut mieux rester prudent.
En principe, le sujet des élections présidentielles américaines est censé nous concerner fort peu.
En outre, nous n'avons pas du tout de prise sur le déroulement de ces bizarreries américaines où les pires extravagances hollywoodiennes ont tendance à pousser comme champignons après la pluie. Néanmoins nous nous sentons tout de même un peu concernés par le pedigree des impétrants dont l'une ou l'autre pourraient diriger une puissance du calibre des USA .
Bien qu'en déclin, ils continuent de nous servir de boussole pour fixer nos orientations.
Au demeurant, Cruz et encore moins Trump ne devraient poser de problème insoluble à Hillary Clinton qui est à nos yeux comme à ceux de l'Amérique éduquée la moins pire. Sanders avec ses références est plus sujet à controverses enflammées dont on ne sait jamais quelles sanies peuvent émaner.
Disons qu'il y aura plus d'enthousiasme développé aux USA dans le choix du moins mauvais candidat qu'il n'y en eut en France où on a voté en 2012 pour se débarrasser d'un fâcheux sans se soucier outre mesure du format de celui qui était appelé à combler le vide,
Plus fondamentalement on peut déplorer que le peuple français ait toléré les abandons successifs de ses classes dirigeantes en subordonnant le jugement de la nation sur les affaires du monde à nos dépendances multiples.
Le fait est là qui mérite considération et même que l'on se fasse du souci quand le pouvoir suprême US ( qui est devenu fatalement aussi celui qui s'exerce à nos dépens ) risque de tomber dans les mains de paltoquets imprévisibles qui peuvent d'un barrissement provoqué par un court-circuit neuronal nous engager dans des aventures funestes.
Le secret de Donald Trump avec ses airs de béat contentement à chacune de ses saillies est dans sa satisfaction animale à apporter des réponses à des questions qui ne se posent normalement pas : chez lui l'organe crée la fonction et suscite l'adhésion de ceux qui se contentent d'avaler des suites de mots et la perplexité chez ceux qui font l'effort de les analyser.
C'est sa force mais aussi sa faiblesse.